Exercice 1. [⋆] Trouver un suppl´ementaire de F dans E dans chacun des cas suivants.
1. E=K2 et F =Vect((1,−1)); 2. E=K3 et F =Vect((1,−1,1));
3. E=Kn et F = {x∈Rn, x1+ ⋯ + (−1)n+1xn=0} ;
4. E = Mn(K) et F = Triang−n(K) l’ensemble des matrices triangulaires inf´erieures ;
5. E=K2n[X] et F =Vect(X2, X4, . . . , X2n).
Correction :
1. Comme F est de dimension 1, le suppl´ementaire de F sera de dimension 2−1 =1. Il nous suffit alors de trouver un vecteur qui ne vit pas dansF. Par exemple, (1,1) ∉F. On pose donc :
G=Vect((1,1)).
On v´erifie facilement queF∩G= {0}. Maintenant pour (x, y) ∈K2, on a la d´ecomposition :
(x, y) = x−y
2 (1,−1) + x+y 2 (1,1). Donc Gest un suppl´ementaire de F dans E.
2. IciF est de dimension 1. Donc son suppl´ementaire sera de dimension 2. L’id´ee est alors plus d´elicate ... On va prendre tout d’abord un premier vecteur de Fc, par exempleu= (1,1,1). Si on prend un deuxi`eme vecteur n’importe comment, cela pourrait ne pas marcher. En effet, le vecteur ˜u= (0,−2,0) ∉F. On aurait envie de poser ˜G=Vect(u,u˜). Cependant le vecteur
Correction :
(1,−1,1) =u+u˜∈F∩G, ce qui ne nous convient pas.˜ Pour construire G, on va en fait chercher un vecteur qui n’appartient pas `a H=Vect(u,(1,−1,1)). On sait que (x, y, z) ∈H si et seulement s’il existe λ, µ∈K tels que :
(x, y, z) = (λ+µ,−λ+µ, λ+µ),
ce qui revient `ax=z. Ainsi on peut prendre le vecteur v= (−1,1,1).
On pose G = Vect(u, v). On v´erifie rapidement que F∩G= {0} et que pour tout (x, y, z) ∈K3, on a :
⎛⎜
⎝ x y z
⎞⎟
⎠= x+y
2 u+z−x
2 v+z−y 2
⎛⎜
⎝ 1 1 1
⎞⎟
⎠. Donc Gest bien un suppl´ementaire de F.
3. Cette question est une g´en´eralisation des cas de coll`ege n = 2 et n = 3. En effet, dans ces deux cas, on sait qu’une “ droite perpendiculaire” est dirig´ee par le vecteur (1,−1) ou (1,−1,1). On pose alors le vecteur u= (1, . . . ,(−1)n+1) ∈Kn, puis G=Vect(u).
D´emontrons que F et G sont en somme directe. Soit x ∈F ∩G. On sait qu’il existe λ∈ K tel que x= λu.
Or x∈F. Cela implique que 0=λ+ ⋅ ⋅ ⋅ +λ=nλ, puis que λ = 0. On vient de montrer que F ∩G ⊂ {0}. Comme F (car c’est le noyau de l’application lin´eaire d´efinie parx↦x1+ ⋅ ⋅ ⋅ + (−1)n+1xn)) etG sont desK- espaces vectoriels, on sait que 0 ∈ F∩G. On a donc bienF∩G= {0}.
On sait que dimG=1. De plus, on remarque que pour tout i, vi = e1 + (−1)iei ∈ F. Donc on obtient que H=Vect(v2, . . . , vn) ⊂F. Comme(v2, . . . , vn)est libre, on a dimH=n−1. AinsiH⊕G=E. Or H⊂F.
Correction :
D’o`u H⊕G⊂F⊕G⊂E. Par double inclusion, on a bienE =F⊕G.
4. On remarque que F = Vect(Eij)1≤j≤i≤n. On compl`ete donc cette famille pour retrouver la base canonique, et ainsi avoir un suppl´ementaire.
On poseG=Vect(Eij)1≤i<j≤n. On remarque facilement queF∩G= {0}. AinsiF⊕Gest un K-espace vectoriel engenr´e par les (Eij)1≤i,j≤n : c’est forc´ement Mn(K). 5. On pose G=Vect(1, X, X3, . . . , X2n−1). On remarque
queF∩G= {0}. Ainsi on a :
F⊕G=Vect(1, X, . . . , X2n) =K2n[X].
Exercice 2. [⋆⋆] On note Diagn(R) l’ensemble des matrices diagonales `a coefficients r´eels.
1. Montrer que Diagn(R) est un R-espace vectoriel. Donner sa dimension et une base.
2. Trouver un suppl´ementaire S deDiagn(R). 3. Montrer que pourA∈ Mn(R) et pour i∈J1, nK,
EiiAEii=aiiEii.
4. Montrer que l’application suivante est lin´eaire : π ∶ Mn(R) → Mn(R)
A ↦ ∑ni=1EiiAEii Quel est son noyau ? Quelle est son image ? 5. Interpr´eter g´eom´etriquement π.
Correction :
1. Pour une matrice diagonale r´eelleM = (mij)1≤i,j≤n, on remarque que :
M =∑n
i=1miiEii.
R´eciproquement une telle matrice est clairement une matrice diagonale r´eelle.
On sait que 0∈E. De plus, pourM, D∈Diagn(R) et λ∈R, alors :
(λ⋅M+D) =λ
n
∑i=1miiEii+∑n
i=1diiEii=∑n
i=1(λmii+dii)Eii, o`uλmii+dii∈Rpour touti, j. Doncλ⋅M+Dest bien diagonale : Diagn(R)est un sous-R-espace vectoriel de Mn(R).
On a d´ej`a vu que (Eii)1≤i≤n g´en´erait Diagn(R). Comme il s’agit d’une sous-famille de la base canonique de Mn(R), elle est libre. Ainsi c’est une base.
On vient par ailleurs de montrer que Diagn(R) ´etait de dimensionn.
2. On a Diagn(R) = Vect(Eii)1≤i≤n. On va donc compl´eter cette famille pour retrouver la base cano- nique.
On poseS=Vect(Eij)1≤i,j≤n
i≠j . On remarque facilement queF∩S= {0}. AinsiF⊕S est unR-espace vectoriel engendr´e par les(Eij)1≤i,j≤n: c’est forc´ementMn(R), etS est un suppl´ementaire de F dansMn(R).
Correction :
3. Soit A∈ Mn(R) et 1 ≤i≤n. On sait que pour deux indices ketl :
(AEii)kl=∑n
r=1akr(Eii)rl=akiδl=i,
avecδl=i qui vaut 0 pour toute valeur del, sauf enl=i, o`u elle vaut 1. Ainsi on trouve que :
(EiiAEii)kl=
n
∑
r=1
(Eii)kr(AEii)rl=δk=i(AEii)il=aiiδk=iδl=i.
Cependant(aiiEii)kl=aiiδk=iδl=i. Donc par unicit´e des coordonn´ees, on a :
EiiAEii=aiiEii.
4. Soit A, B∈ Mn(R) etλ∈R. Alors on a : π(λA+B) =∑n
i=1Eii(λA+B)Eii,
=λ
∑n
i=1EiiAEii+∑n
i=1EiiBEii=λπ(A) +π(B). Doncπ est bien un endomorphisme de Mn(R). Soit A∈kerπ. Cela signifie que :
0=∑n
i=1EiiAEii=∑n
i=1aiiEii,
d’apr`es la question 3. Par unicit´e de la d´ecomposition dans la base (ici canonique), on a que pour tout indice 1≤i≤n,aii=0. Cela implique queA∈S. Par ailleurs, il est imm´ediat que siA∈S, alorsA∈kerπ. On a donc montr´e que kerπ=S.
Correction :
SoitM ∈Imπ. Alors il existe une matriceAtelle que : M =π(A) =∑n
i=1aiiEii,
d’apr`es la remarque faite ci-dessus. Cela veut exacte- ment dire que Im π=Diagn(R).
5. Calculons π2. SoitA∈ Mn(R). Alors on a : π2(A) =∑n
i=1(π(A))iiEii=∑n
i=1aiiEii=π(A). Cette ´egalit´e est vraie pour toute matrice A. Donc on a π2 = π. D’o`u π est une projection. Par la question pr´ec´edente, on a queπ est la projection surDiagn(R) parall`element `a S.
Exercice 3. [⋆ ⋆ ⋆] Soit A∈ M3(R). On d´efinit le polynˆome : P(X) = −X3+Tr(A) X2−Tr(A)2−Tr(A2)
2 X+det(A), avec Tr(A) = ∑ni=1aii la trace de A.
1. CalculerP(A).
2. Supposons que A est inversible. En d´eduire une expression de A−1 en fonction de A et de A2.
3. Soitλ∈Rtel qu’il existe X∈R3 NON NULavec AX=λX. Montrer que λest une racine de P.
Correction :
1. Soit A = ⎛
⎜⎝ a b c d e f g h i
⎞⎟
⎠. On calcule en d´eveloppant par rapport `a la premi`ere ligne le d´eterminant deA :
det(A) =a(ei−hf) −b(di−gf) +c(dh−ge). On sait par ailleurs que :
Tr(A)2=a2+e2+i2+2(ae+ai+ei), et
Tr(A2) =a2+e2+i2+2(bd+cg+f h). Ainsi on peut simplifier le coefficient d’ordre 1 :
Tr(A)2−Tr(A2)
2 =ae+ai+ei−bd−cg−f h.
Par la suite, nous n’allons que pr´esenter certains calculs pour le coefficientP(A)11. Les autres termes se traitent de la mˆeme mani`ere. Tout d’abord on a :
Tr(A)2−Tr(A2)
2 a11−det(A) =
a2(e+i)−a(bd+cg)+b(di−gf)−c(dh−ge). Par ailleurs, nous avons :
(A2)11=a2+bd+cg, et
(A3)11=a3+2bad+2cag+b(ed+f g) +c(dh+ig). Tout cela mis bout-`a-bout permet d’avoir P(A)11=0.
En fait, P(A) =0.
Correction :
2. Comme A est suppos´ee inversible, on a detA≠0. On sait queP(A) =0. Ainsi on trouve :
A−1=A−1I3= 1
det(A)A−1(A3−Tr(A)A2+
Tr(A)2−Tr(A2)
2 A),
ce qui implique la relation : A−1= 1
det(A) A2− Tr(A)
det(A)A+Tr(A)2−Tr(A2) 2 det(A) I3. 3. Soit λ ∈ R tel qu’il existe X ∈ R3 NON NUL avec
AX = λX. Comme P(A) = 0 et que AkX = λkX (imm´ediat par r´ecurrence), on a :
0=P(A)X,
= −λ3X+Tr(A)λ2X−Tr(A)2−Tr(A2)
2 λX+det(A)X=P(λ)X.
3. On a donc montr´e que si X = (x1, x2, x3), alors pour touti :
P(λ)xi =0.
Comme X est non nul, il existe j tel que xj ≠ 0. En divisant par xj (chose qu’on peut faire car xj ≠ 0) le fait queP(λ)xj =0, on obtient queP(λ) =0.
Exercice 4. [⋆ ⋆ ⋆] Soit A= ( 0 1
−1 0) ∈ M2(C).
1. Montrer que pour toutλ∈C, il existeX∈C2, tel que AX=λX.
2. Trouver les λ∈Ctels qu’il existe X∈C2 NON NULavec AX=λX.
3. D´evelopper le polynˆome χ=det(A−XI2).
4. Montrer que lesλ de la quesiton b sont les racines deχ.
5. Soit D = (−i0 0i) et P = (−i i1 1). Montrer que P est inversible et que A=P DP−1.
6. Montrer que pour tout n∈N, An=P DnP−1. En d´eduire An pour tout n∈N.
Correction :
1. Il suffit de voir que pour toutλ∈C, siX= (0,0), alors AX= (0,0) =X etλX= (0,0) =X.
2. On chercheλ∈Cet un coupleX= (x, y)complexe non nul tel que :
AX=λX,
ce qui revient au syst`eme : { y=λx,
−x=λy, ⇔ { y=λx,
−x=λ2x,
en substituant y par λx dans la deuxi`eme ligne. La deuxi`eme ´equation nous am`ene `a traiter deux cas.
Correction :
Si x =0, la premi`ere ´egalit´e implique que y = 0 aussi, chose qu’on a ´eject´ee au d´ebut.
Six≠0, on peut diviser la deuxi`eme relation par x et on obtient le syst`eme :
{ y=λx,
− =λ2.
Ainsi les seuls λ∈C qui conviennent sonti(avec x=1 ety=ipar exemple) et −i(pour x=1 et y= −i).
3. On a :
χ=RRRRRRRRRRR
−X 1
−1 −XRRRRRRRRRRR=X2+1.
4. Il est imm´ediat que ±isont racines de χ, par d´efinition de i.
5. On sait que det(P) =2i≠0. DoncP est bien inversible.
On a :
P D= ( −i i
−1 −1) =AP.
En multipliant `a droite par P−1, on trouve que P DP−1=A.
Correction :
6. Montrons par r´ecurrence surn∈N, queAn=P DnP−1. Pour n = 0, on a An = I2 = P DnP−1. Supposons la propri´et´e vraie au rangnet montrons la au rangn+1.
On a :
An+1=A An= (P DP−1) (P DnP−1),
par hypoth`ese de r´ecurence. Ainsi on a trouv´e que : An+1=P D(P−1P)DnP−1=P Dn+1P−1.
La propri´et´e est donc d´emontr´ee `a tout rang n par r´ecurrence.
Tout d’abord, on a pour n∈N:
An=P DnP−1=P((−i)0ni0n)P−1,
=⎛
⎝
(−1)n+1
2 in (−1)n+12 +1in−1
(−1)n+1+1
2 in+1 (−1)2n+1in
⎞
⎠.