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Douleur et Analgésie : Article pp.113-114 du Vol.12 n°2 (1999)

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Editorial

J'ai I'impression que certains liens entre recherche fondamentale et recherche clinique dans le domaine de la douleur et de son traitement, assez etroits de la fin des ann6es 60 ~ la fin 80, ont tendance a se rel~cher depuis ces dernieres annees. Plusieurs facteurs peuvent 6tre ~ I'origine de ce phenomene, je n'evoquerai ici que la complexite du systeme nerveux. Dans le cadre de la recherche fondamentale, notamment de la biologie mol6culaire, la situation est actuellement florissante, en revanche les cliniciens, I'exception de quelques molecules nouvelles qui devront faire leurs preuves definitives au cours du temps, ne disposent que de molecules anciennes.

La recherche fondamentale est Iongue et difficile, par exemple environ 20 ans se sont ecoul6s entre I'identification biochimique des principaux types de r6cepteurs opioides (ix, 8, K, 1973) et leur clonage (1992-1993). Entre autres difficultes d'ordre metho- dologique, signalons la multiplicite de types et sous-types de recepteurs (il en existe une quinzaine pour la serotonine!), la colocalisation de nombreuses substances au sein d'un m6me neurone. Pour mieux apprehender ces problemes complexes, differents modeles experimentaux de douleur ont et6 utilis~s ou mis au point depuis une vingtaine d'annees. Si ces modeles sont loin de mimer parfaitement les syndromes rencontres en clinique humaine, ils ont neanmoins permis des avancees notables pour mieux comprendre aux niveaux periph6rique et medullaire certains mecanismes physiopathologiques des douleurs d'origines inflammatoires et des douleurs neuropathiques consecutives ~ certaines lesions nerveuses peripheriques.

Je comprends n6anmoins que mes collegues cliniciens se trouvent parfois decontenanc6s par I'avalanche des donnees fondamentales qui sont loin d'etre homogenes et sont parfois contradictoires. Nous percevons d'ailleurs tres nettement que nos messages passent aujourd'hui plus difficilement que par le passe. Cela n'est pas surprenant Iorsque I'on sait qu'a la p6ripherie une trentaine de substances chimiques interviennent pour moduler indirectement ou directement I'excitabilite des terminaisons des fibres nociceptives. Mon collegue allemand H.O. Handwerker avait propose voil~ une dizaine d'annees le terme de {< soupe peripherique >>. II ne croyait sans doute pas si bien dire car les ingredients de cette soupe ne font que s'accrGtre au cours du temps et aujourd'hui le terme de <~jungle peripherique >> me semble encore plus approprie.

Une autre jungle se situe au niveau de la moelle 6pini6re oQ de nombreux r~cepteurs et transmetteurs ont 6te identifies au niveau des terminaisons des fibres afferentes primaires dans les couches superficielles de la moelle ou sur les neurones postsynaptiques de la corne dorsale. Ici encore la liste est Iongue, peptides (substance P, CGRP, somatostatine, CCK, neuropeptide Y, galanine), acides amin6s excitateurs (glutamate et ses multiples recepteurs, aspartate), acides amin6s inhibiteurs (Gaba, glycine), oxide nitrique, metabolites de I'acide Arachidomique, opioi'des endogenes, adenosine, mono- amines (serotonine et noradrenaline) et bien d'autres.

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Le clinicien comprendra alors aisement que parfois il est bien difficile de lui presenter un tableau idyllique de la situation, d'autant plus que certaines substances ubiqui- taires sont tres largement reparties au niveau du syst6me nerveux, tel est le cas de certains peptides et des acides amines excitateurs qui interviennent dans differentes fonctions physiologiques et dont les antagonistes ou agonistes peuvent ~tre ~ I'origine de nombreux effets secondaires indesirables. De plus les mecanismes et les sites d'action de differentes substances peuvent 6tre multiples. Telle la morphine qui agit au niveau de la moelle epini6re, du tronc c6r6bral, d'autres regions supraspinales ainsi qu'au niveau de la p6riph6rie t

Ces quelques exemples suffisent ~ expliquer un certain d6senchantement aussi bien du c6te fondamental que clinique. II est donc souhaitable que chacun d'entre nous fasse un effort. Les fondamentalistes doivent faire preuve de plus de modestie et de prudence, les cliniciens doivent garder leur esprit critique tout en approfondissant leurs connaissances afin d'exploiter eventuellement les donnees de la recherche fondamentale.

N'oublions pas que nous sommes passes d'une recherche empirique ~ une recherche plus rationnelle qui devrait bient6t porter ses fruits.

Dr Jean-Marie Besson

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