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Seizième Année. — N° 20 P r i x du n u m é r o : 10 centimes

Jeudi 14 Mars 1901.

Bureaux: R u e de la S e r r e , 5 8 .

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suisses 20 ct., étrangères 23 et. la ligne OfTres et demandes de place

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Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, des Chambres de commerce, des Bureaux de contrôle et des Syndicats professionnels.

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Bureau des Annonces: HAASENSTEIN & VOGLER, 32, rue Leopold Robert, CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger.

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r

Léon Robert, avocats.

Endroit et envers

L'exposition universelle de 1900 est jugée plutôt sévèrement dans Y Emancipation et l'auteur de l'article que nous reproduisons nous parait donner la note juste :

En France, et surtout à Paris, toutes les fois qu'il s'est agit de l'Exposition, l'opi- nion publique s'est toujours emballée. Pour célébrer cette «gigantesque entreprise»,

« cette prodigieuse fête du travail », « ces étonnantes assises internationales», on a épuise les adjectifs sonores et les adverbes retentissants : on s'est mis à sec de formu- les laudalives.

L'emballement a été tel que quiconque essayait, je ne dis pas de formuler une cri- tique, mais seulement de hasarder timide- ment une légère réserve, était emporté, rou- lé, écrasé par le torrent de l'opinion. D'abord, le malheureux était véhémentement accusé d'être un ennemi des lumières, un rétro- grade. Puis, la politique s'en mêlant, on le traitait de réactionnaire, de clérical et — suprême injure ! — de nationaliste. Enfin, d'un mot, d'un seul, on le clouait au pilori : « Vous n'êtes pas patriote », lui criait-on. Et le tour était joué, le pelé, le galeux, était exécuté.

Or, aujourd'hui que s'éteint peu à peu le foyer d'éblouisscment et d'hypnotisalion, au risque de me faire coller, pour la cen- tième fois, sur le dos une épithèle déplai- sante, je voudrais essayer de redire pour la centième fois, et si possible de faire en- tendre, ce qu'en mon àme et conscience je tiens pour la vérité. Si j'erre, je ne demande qu'à être remis dans le droit chemin.

Deux questions se posent : 1° L'Exposi- tion a-t-elle matériellement réussi ? L'Ex- siliou aura-t-elle fait et Iaissera-t-elle après elle plus de bien que de mal? Aura-t-elle augmenté la moralité et le bonheur des

Français, en particulier, et des hommes, en général !

Sur la première question, je m'en rap- porte et laisse la parole aux personnes dites compétentes qui, je n'en doute pas, sont légion. Peut-être ne s'accordent-elles pas mirifiquement entre-elles. Mais qu'importe, c'est leur affaire. Soyons bon prince et ad- mettons, par hypothèse, que l'Exposition a réussi, mieux réussi que les précédentes, réussi même au-delà de toute espérance, et qu'au lieu d'une grosse carte à payer, elle laissera dans le Trésor un boni de plu- sieurs millions de francs. Fort bien. El après ?

Après ? Voici venir la seconde question.

On m'accordera, je l'espère, qu'imparfaite comme loule œuvre humaine, l'Exposition a produit tout à la fois et du bien cl du mal. Comme toule médaille, elle a son endroit et son envers. Or, si j'estime que l'envers l'emporte, et de beaucoup sur l'endroit, et si j'exprime hautement cette conviction, suis-jà, par ce seul fait, un obscurantiste, un césarien, le contraire d'un patriote ? En affirmant ce que je crois être la vérité, ne suis-je pas plutôt un ami de la lumière et de la liberté, un bon ré- publicain et un bon Français?

Or voici :

1° Endroit : L'Exposition a été une grande leçon de choses. « Nier sa puissance ins- tructive sur les masses, c'est s'inscrire en faux contre le principe de l'éducation mo- derne ». — Envers : Je n'ai garde de nier la puissance instructive des leçons de cho- ses. Mais qui a reçu les leçons données par l'Exposition ? Une partie du peuple de Paris, et la petite partie du peuple de province qui est venue à Paris dans ces trains dits de plaisir, parce qu'on y est à la torture. Tous ces ouvriers ont-ils profité?

Il est permis d'en douter, surtout quand on les entend causer ou qu'on les interroge.

La réceptivité humaine a des bornes. Ayant voulu tout voir, ces braves gens n'ont au fond rien vu. Ils sont revenus, la bourse vide, fourbus, et l'esprit encombré de je ne sais quel monstrueux kaléidoscope trou- ble. Pour donner au peuple de bonnes le- çons de choses, le seul moyen pratique,

ce sont les expositions régionales et spé- ciales. C'est pourquoi tous les dix ans, à Paris, on nous organise une exposition universelle.

2° Endroit : L'Exposition a poussé au travail et « l'oisif lui-même, devant la somme immense des efforts humains a emporté la honte de son oisiveté ». Envers : Peut-être, mais ce qui est sûr, c'est que les désœu- vrés du monde entier se sont donnés ren- dez-vous à l'Exposition. Ils sont venus y chercher des sensations neuves, des plai- sirs inédits. Après cette orgie des sens, il y a eu chez eux une terrible dépression, comme un réveil pénible et lourd. Aujour- d'hui, ils sont plus désœuvr'és que jamais.

Quant aux travailleurs, combien qui sont rentrés chez eux dégoûtés de leurs travaux quotidiens et de leur vie simple !

3° Endroit : L'Exposition a été une cause d'émulation entre les producteurs. Elle a stimulé les offorts individuels, décuplé les énergies, et, pour un grand nombre d'in- dustriels, de commerçants, de financiers, elle a augmenté le chiffre des affaires pour le plus grand bien du pays. — Envers : C'est possible. Mais l'Exposition n'a-t-elle pas exaspéré la lutte pour la vie ? N'a-t-ellc pas déterminé une énorme superproduc- tion et, par suite, un réel malaise écono- mique? Depuis longtemps, les autres nations ont compris que ces « grandes foires du monde » sont plus nuisibles qu'utiles et, peu à peu, elles y ont renoncé. De plus, comme pour exposer il faut avoir les reins solides, n'est-ce pas ici, dans toute sa beauté, l'écrasement des faibles par les forts ? Le succès des gros bonnets de l'in- dustrie, du commerce et de la finance, fait-il le bonheur et la gloire d'un pays?

Jusqu'ici, j'avais cru que c'était la moralité et le bien-être du plus grand nombre.

4° Endroit : L'Exposition a été un très puissant moyen de réclame. A une époque où l'industrie et le commerce vivent de ré- clame, la France s'est assuré un immense bénéfice industriel et commercial. Envers:

C'est ce que l'avenir nous apprendra. Mais,

en attendant, nous savons que la réclame

est une source d'immoralité. Qui dira ja-

mais ce qu'on a accumulé, dans un coin

114 LA F E D E R A T I O N H O R L O G E R E SUISSE de Paris, pendant les six mois qu'a duré

{'Exposition, de mensonges, de falsifica-

tions et de fraudes de tout genre ?

ri

⁰ Endroit: h'Exposition a enrichi Paris

et les grands industriels, commerçants et financiers. Envers : Je le veux bien. Mais à Paris et surtout en province, Y Exposition a ruiné bien des petits industriels, bien des petits commerçants. Il est vrai que pour certains économistes de rencontre, les gagne-petit, cela ne compte pas. Sans doute, ils sont très honorables. Toutefois, leurs professions précaires ne sont pas, parait-il, une force pour la France. Pourtant, je m'étais laissé dire qu'avec les agriculteurs et les ouvriers, ils constituaient le fond môme de la nation.

0° Endroit : L'Exposition a prouvé (pie les Français entendent rester les fournis- seurs de tout le luxe du monde entier. —

Envers : J'en conviens, et je le regrette,

car c'est une piètre supériorité que celle qui est fondée sur le luxe. L'Exposition a prouvé aussi que les Français sont un peu- ple étrange, dissimulant volontiers ses qua- lités solides et paraissant tout heureux de mettre en relief les côtés frivoles de son caractère, en somme, prenant plaisir à se faire mal juger.

7° Endroit : L'Exposition a été un bien- fait pour les agriculteurs. Elle a ouvert à leurs produits de nouveaux débouchés en augmentant la consommation de la ville de Paris. Envers : Que la consommation ail augmenté à Paris... pendant quelques mois, rien de plus évident. Mais qui a consom- mé ? Les provinciaux. Or, comme ils ne consommaient pas en province, n'étant pas doués du don d'ubiquité, les agriculteurs n'ont rien gagné. P]t qui consommait en- core '? Les étrangers. Une fois partis et rentrés chez eux, Paris s'est trouvé Gros- Jean comme devant, et les agriculteurs aussi. Je me- trompe. Pendant quelques mois, pareil à une pieuvre, par les tenta- cules qu'il envoie sur toute la surface du territoire, je veux dire par les chemins de fer, Paris ne s'est pas fait faute d'aspirer, pour en gaspiller une bonne partie, toutes les denrées alimentaires. Conclusion : dans les petites villes et les villages, ces den- rées ont renchéri et les agriculteurs ont perdu et au-delà, d'un côté, ce qu'ils avaient gagné de l'autre. Pauvre agriculture ! Fille a eu son pavillon à Y Exposition. Mais quelle triste figure elle a faite à côté de l'indus- trie, du commerce et de la finance ! Elle qui produit tout, elle a été scandaleusement éclipsée par l'industrie qui transforme, avec un fort déchet d'ailleurs, ses produits, et par le commerce qui les échange ! Et. quelle pauvre petite fille à côté de la finance, cette grande et « honneste dame », à la manière de Brantôme !

8° Endroit : L'Exposition a resserré les liens qui unissent les différents peuples.

Le monde entier l'a approuvée comme une œuvre de concorde et de paix. — Envers : Voilà l'apparence. Tout autre est la réalité.

Les nations qui se sont rencontrées à l'Ex-

position se sont jalousées. Q u e d'envies

réveillées! Que de convoitises exaspérées!

Ne vous laissez pas éblouir par l'apparat des réceptions officielles. Sous ces dehors brillants, la concurrence, la lutte pour la vie s'est déchaînée plus âpre que jamais entre les différents peuples, au triple point de vue industriel, commercial et financier!

De plus, après comme pendant et comme avant celte sorte de Congrès international,

l'Europe est et reste armée jusqu'aux dents.

Les Etats-Unis inondent de sang la terre des Philippines. Les Anglais se mettent à cent contre un pour exterminer le Trans- vaal et l'Orange. Les E u r o p é e n s ne s'en- tendent que pour conquérir la Chine et le jour vient où le partage de celte immense contrée mettra les conquérants aux prises.

Au Champ-de-Mars a triomphé une frater- nité factice et toute de parade, le mensonge de la fraternité.

9° Endroit : Si éphémère qu'elle soit,

l'Exposition constituera une nouvelle étape

de l'humanité vers le progrès et le bonheur.

Envers: Qu'il me soit permis d'en douter.

Faisons abstraction des vulgaires coups de clairon et de grosse caisse. Soyons assez perspicaces pour ne pas confondre le bruit et la vie. Nous sommes actuellement des agités dans toute la force du ternie, de vé- ritables névrosés. Nous nous grisons de nos déclamations, et nous ne voyons pas les analogies effrayantes que présente notre état social avec celui de l'Empire romain à son déclin. Même industrialisme exagéré, môme fièvre commerciale et financière, même dépopulation des campagnes au pro- fit des grandes villes, même coexistence de l'extrême misère et de l'extrême opulence, mômes corruptions, mômes iniquités. Si n o u s ne parvenons pas à nous ressaisir et à réagir, ce sera la môme décadence. Sous l'apothéose trompeuse de sa vitalité, notre civilisation « dissimule mal des pâleurs d'agonie. »

10° Endroit : L'Exposition a été une œuvre splendide. Envers : Soit ! Mais que de taches sur cette splendeur ! Il ne faut pourtant pas que la beauté nous empêche de voir l'immoralité, hélas ! trop réelle.

L'Exposition a contribué à augmenter une

centralisation déjà désastreuse. Plus que jamais, les étrangers se sont précipités vers Paris, et, avec leur or, nous ont apporté leurs vices et leurs extravagances. Ils s'en sont allés, mais toute cette vase est restée sur notre sol et y accélérera le développe- ment de tous les germes de corruption et d'iniquité. Plus que jamais les provinciaux rêvent de Paris. Des milliers, des centaines de milliers y sont venus, et, après y avoir exercé des métiers pas toujours avouables, y sont restés et y augmenteront l'armée des indigents et des malfaiteurs. Et malgré cette amère et angoissante réalité, plus que jamais la France s'absorbe dans Paris, et, dans ce centre surchauffé, prend conscience d'une fausse grandeur. Persuadé que le

« monde entier » pousse un cri prolongé d'admiration pour sa persévérance et son génie, elle se complaît dans la contem- plation satisfaite, dans l'exaltation d'elle- même. Nous qui n'en avions certes pas be- soin, nous sommes envahis par un orgueil de plus en plus démesuré. De là une écœu- rante foire aux vanités et une pluie, parait- il, devenue nécessaire, de récompenses et de décorations de tout genre.

Décidément, quand il s'agit de l'Expo-

sition, l'envers l'emporte, et de beaucoup,

sur l'endroit, le mal sur le bien, et il est vivement à désirer que cette aventure ne se renouvelle pas. L.

T R I A L .

Le consulat turc à Genève

Voici le texte de la circulaire que le dépar- tement politique de la Confédération suisse adresse, en date du 8 courant, à tous les gouvernements cantonaux :

Nous avons eu sous les yeux des passeports délivrés à des sujets ottomans par M. le baron de Richthofen, en qualité de consul général de Turquie à Genève, fonctions qu'il n'a pas le droit d'exercer, et sur lesquels la signature de M. Rich- tofen était biffée el remplacée par celle du sieur H. Haidar.

En vous confirmant notre circulaire du 5 fé- vrier dernier, nous tenons à vous rendre attentifs uu fait que H. Haidar, pas plus que M. de Rich- thofen, n'a reçu l'exequatur fédéral ; les docu- ments signés par Haidar, en qualité de consul général de Turquie à Genève, n'ont en consé- quence aucune valeur pour les autorités suisses.

Le consulat général ottoman à Genève n'a ac- tuellement pas de titulaire, car l'ancien consul général Ressoul effendi a été rappelé et n'a pas été remplacé. Si, ainsi que les journaux l'ont annoncé, Ressoul effendi devait retourner à Ge- nève, il serait obligé de solliciter de nouveau l'exequatur du Conseil fédéral avant de pouvoir reprendre ses fonctions de consul général de l'empire ottoman.

Nous aurons du reste soin de vous faire con- naître quand le gouvernement turc sera représenté à Genève par un consul général dûment reconnu par le Conseil fédéral.

Vous pourrez tolérer, sous votre responsabilité et jusqu'à ce qu'ils se soient procuré, dans un délai fixé par vous, des papiers de légitimation valables, les sujets ottomans qui ont actuellement des documents sans valeur délivrés par M. de Richthofen ou H. Haidar.

Veuillez agréer, monsieur le président et mes- sieurs, les assurances de notre haute considéra- tion.

Déparlement politique fédéral, (Signé)

BRKNNER.

Anarchistes et Républicains

Nous avons reproduit, dans notre dernier nu- méro, le compte-rendu de deux conférences don- nées à Genève par l'anarchiste Sébastien Faure.

Nos lecteurs nous sauront gré de reproduire aussi les réflexions que les théories du conféren- cier inspirent au Journal de Genève.

Plusieurs siècles avant le nôtre, au temps où le monde civilisé comme celui qui ne l'était pas, vivait sous le régime de l'absolutisme, bien avant la grande charte anglaise, le peuple suisse avait inventé à son usage le self government, c'est-à- dire le gouvernement du peuple par lui-même, el il jouissait de ce qu'on devait appeler plus tard les libertés nécessaires.

Tout ce qui s'est fait depuis dans ce petit pays formé d'Etats indépendants, a concouru à ren- forcer ce trésor des libertés publiques. Notre gé- nération y a ajouté le referendum, l'initiative, et, dans certains cantons, le complément néces- saire de ce régime politique, la représentation proportionnelle. C'est là le trésor que nous onl légué nos pères, que nous avons enrichi et que nous léguerons à nos enfants. Grèce à lui, nous sommes le peuple le plus libre de l'Europe et nous jouissons d'une paix politique à laquelle aucun autre n'est parvenu.

Aussi avons-nous lieu d'être étonnés que l'on vienne du dehors nous apprendre, chez nous, dans un local qui a vu l'exercice régulier de ces libertés publiques, que tout ce travail fait de courage, de persévérance, de fermeté et de droi- ture, est une erreur condamnable el criminelle et que le progrès se trouve très en arriére, dans un régime qui a existé aux temps les plus reculés de l'histoire, qu'ils appellent l'anarchie et que nous appelons de son vrai nom la barbarie ; c'était le temps où il n'y avait ni lois, ni gouver- nement, ni tribunaux et où chacun se faisait justice à lui-même.

Nous comprenons très bien que les éléments étrangers qui se trouvent au milieu de nous puissent aller applaudir de telles sornettes, mais que des citoyens genevois qui traiteraient fort mal ceux qui leur proposeraient de rétrograder de cinq cents ans en arrière et de répudier l'hé- ritage de libertés dont ils sont très justement fiers, aillent faire chorus à ces applaudissements et laissent croire par leur présence qu'ils approu- vent ce prétendu progrés, c'est ce qui nous paraî- trait singulièrement factieux.

Mais ceux de nos concitoyens qui étaient ve-

nus là, poussés par l'attrait de la curiosité, étaient

en bien petit nombre favorables aux thèmes dé-

veloppés avec talent d'ailleurs par le conféren-

cier, et la plupart d'entre eux ont éprouvé un

vrai soulagement de les entendre si vigoureuse-

LA FÉDÉRATION HORLOGERE SUISSE 115

ment el non moins éloquemment combattus par de solides arguments pratiques, des arguments du terroir.

Les raisons spécieuses tirées de certains abus des institutions militaires des pays voisins dé- tonnent quand on veut les appliquer à un pays où l'armée est tout le monde, où depuis deux siècles elles n'a point fait de conquête et ne mar- che aux frontières que pour les défendre contre une invasion possible ou pour receuillir les dé- bris d'une armée étrangère en détresse qui nous demande asile et protection. Applaudir à ces diatribes contre l'esprit militaire, qui chez nous n'est qu'un esprit de défense, est un non sens et un anachronisme. Et l'orateur qui a rappelé que notre principal héros, celui qui a sa statue sur une de nos places publiques, fut en môme temps le plus noble des citoyens, et le plus pacifique des hommes de guerre, a remis très justement les choses au point.

Que ceux qui combattent le militarisme gar- dent leur éloquence échauffée pour les pays où le militarisme existe avec tous ses abus, où il intervient dans le domaine de la justice avec des prétentions à l'infaillibilité auxquelles il n'a au- cun droit. Qu'ils cherchent le moyen de remé- dier à ce danger, c'est leur affaire et nous n ' y contredisons pas. Mais nous nous demandons pourquoi ils viennent nous dire tout cela à nous qui ne connaissons pas de telles choses et pour qui l'armée c'est tout le monde.

Il serait bon avant d'entreprendre ces tournées de missionnaires de s'informer un peu de l'his- toire et des institutions de ceux auxquels on vient prêcher des colères et des haines qui sont faites pour d'autres. Il n'existe rien chez nous qui puisse les motiver. Nous sommes contents du trésor de libertés que nous avons laborieuse- ment conquis et auquel notre constitution nous permettra d'en ajouter d'autres quand nous le voudrons et quand le besoin s'en fera sentir.

Quand à épouser les colères et les décourage- ments de ceux qui n'ayant jamais su pratiquer le gouvernement du peuple par lui-même essayent d'en dégoûter les autres en leur persuadant qu'il vaut mieux ne pas se gouverner du tout, c'est ce que nous nous garderons de faire, car ce serait

nous faire très gratuitement solidaire de leur im- puissance.

Nous ne pouvons que remercier et féliciter en même temps ceux de nos concitoyens qui ont eu le courage de relever le gant, très courtoisement jeté d'ailleurs par l'habile conférencier, et de ré- pondre, comme il convenait à des républicains pratiquant la république depuis bien des généra- lions, à ces utopies sans attrait, par des argu- ments de bon sens et de bonne pratique. Ils ont du reste été compris, si l'on en juge à la façon dont ils ont été applaudis par ceux mômes qui étaient venus là pour entendre et applaudir toute autre chose.

Nouvelles diverses

M o n t e u r s d e b o î t e s . — Dans les assemblées tenues vendredi à L a Ghaux-de-Fonds, les ou- vriers monteurs de boîtes or ont décidé en prin- cipe la fusion du syndicat des ouvriers monteurs de boîtes or avec la société des ouvriers des fa- briques de boîtes or. Il reste encore une question de tarif à examiner.

La p a s s i o n d e s l o t e r i e s . — Non seulement le gouvernement italien ne fait rien pour relever le peuple, mais il contribue encore à le ruiner en entretenant la passion des loteries au lieu de l'extirper. Son excuse, c'est que cela lui rap- porte ! Un procès qui a eu lieu récemment à Udine montre jusqu'à quel point cette passion est invétérée. Le receveur de cette ville était accusé d'avoir détourné 5,000 fr. ; il l'avoua. Cet argent avait été employé à jouer à la loterie. Et il sut si bien défendre sa passion, si bien dépein- dre l'espoir de gagner, fondé sur des calculs, des maximes astrologiques et cabalistiques, et sur des livres de s o n g e s , il sut si bien décrire le désespoir que lui causaient ses pertes, que le j u r y non seulement interrompit son long discours par des applaudissements prolongés, mais ac- quitta purement et simplement le prévenu. Cet argent n'entrait-il pas dans la caisse de l'Etat !

Fin d ' u n e g r è v e . — Nous avons annoncé l'autre jour que les ouvriers de la fabrique d'hor- logerie Williamson & Gic, à Büren (Berne),

s'étaient mis en grève parce que la direction de la fabrique avait jugé à propos de badigeonner en blanc les carreaux des fenêtres des ateliers.

Cette grève originale est aujourd'hui terminée : la direction a enlevé le « b a d i g e o n » et les ou- vriers ont repris le travail.

Tout est bien qui finit bien !

E c o l e d ' h o r l o g e r i e . — Dans sa séance du 8 m a r s , le Conseil général du Locle a décidé en principe la construction d'un bâtiment pour l'école d'horlogerie, sur un emplacement situé à l'ouest de la place publique projetée entre le Bied et l'usine électrique.

Procédés d'atelier

L e s a l l i a g e s d e l ' o r . — On sait qu'un métal acquiert des propriétés toutes nouvelles par ses alliages avec d'autres métaux, ou même avec d'autres corps simples ou composés. C'est ainsi que le cuivre communique à l'or une certaine dureté et une couleur r o u g e ; l'alliage d'argent le blanchit, celui de plomb le durcit.

Pour débarrasser l'or de l'arsenic et de l'anti- moine avec lesquels il peut se trouver mélangé, on profite de la volatilité de ces deux corps : on chauffe fortement.

On prépare un alliage brun rougeàtre, presque aussi dur que le feu et assez solide pour certains mécanismes d'horlogerie en fondant 18 parties d'or avec 13 de cuivie, 11 d'argent et 6 de palla- dium. Le métal employé à la fabrication des ar- ticles à bon marché est formé de 90 parties de cuivre, 2,5 d'or el 2,5 d'aluminium.

On obtient l'or vert avec des teintes graduées par des alliages convenables d'or, de cadmium et d'argent.

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On d e m a n d e u n

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p o u v a n t a u b e s o i n r e m - p l i r les f o n c t i o n s d e t e r m i n e u r , p o u r la p e t i t e p i è c e c y l i n d r e et |n g r a n d e pièce a n c r e , genre b o n c o u r a n t .

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& V o g l e r , C h a u x - d e -

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capable de diriger un aUgjp de sertissage.

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Certificats exigés. — Pla^e stable.

S'adresser sous chiffres L 7 4 5 C à l'agence de publi- cité H a a s e n s t e i n & V o g l e r , C h a u x - d e - F o n d s . 1143