Exercice 1. [⋆] Dites si les ensembles suivants sont desR-espaces vectoriels et si oui donnez leur dimension et une base.
1. E=R×C;
2. E= {x+iy∈C,∣x∣ + ∣y∣ ≤1};
3. E=Symn(R) l’ensemble des matrices complexes carrées symétriques ; 4. E l’ensemble des polynômes P∈Rn[X] tels que P′(0) =0, pour n≥1.
Correction :
1. On voit que E est un sous-ensemble de C2, dont les éléments sont de la forme :
(r, x+iy) =r(1,0) +x(0,1) +y(0, i).
Il s’agit donc de l’ensemble des combinaisons linéaires réelles de(1,0),(0,1) et(0, i). C’est donc un sous-R- espace vectoriel deC2, dont une base est :
B = ((1,0),(0,1),(0, i)).
En effet, cette famille génèreE d’après ce qui précède.
Il nous reste plus qu’à montrer qu’elle est libre. Soit λ,µ etν des réels avec :
0=λ(1,0) +µ(0,1) +ν(0, i) = (λ, µ+iν).
Par unicité de l’écriture en coordonnées, on aλ=0 et µ+iν =0. Cela implique bien que λ=µ =ν =0 : la famille Best libre, ce qui en fait une base deE. Ainsi dimE=3.
2. On sait que1∈E. Supposons queE soit un R-espace vectoriel. Dans ce cas, pour tout réelλ,λ⋅1∈E. Ainsi, pour λ=2, on obtiendrait que 2∈E. Or 2=2+i×0 ne vérifie pas la condition∣x∣ + ∣y∣ ≤1. Donc 2⋅1∉E, ce qui est incohérent. Donc E n’est pas un R-espace vectoriel.
Correction :
3. On rappelle qu’une matrice est symétrique si pour tous indices iet j, on aaij =aji, ce qui peut s’écrire sous la forme AT =A.
◇ E⊂ Mn(R);
◇ On sait que la matrice nulle est symétrique :E≠ ∅;
◇ SoitA etB deux matrices deE et un réelλ. On a alors que :
(A+λB)ji=aji+λbji=aij+λbij = (A+λB)ij,
pour tous indices ietj. Donc A+λB∈E.
On a montré que E était un sous-R-espace vectoriel de Mn(R).
On remarque qu’une matrice Asymétrique vérifie :
A=
n
∑
i,j=1aijEij =
n
∑
i=1
⎡
⎢
⎢⎢
⎢⎣
aiiEii+
n
∑
j=i+1aij(Eij+Eji)
⎤
⎥
⎥⎥
⎥⎦ .
Donc la famille B = (Eii)1≤i≤n⋃ (Eij+Eji)1≤i<j≤n gé- nèreE. Montrons qu’elle est libre. Considérons desaij
tels que :
0=
n
∑
i=1
⎡
⎢⎢
⎢⎢
⎣
aiiEii+
n
∑
j=i+1aij(Eij+Eji)
⎤
⎥⎥
⎥⎥
⎦ .
Par unicité des coordonnées matricielles, on a aij =0 pour tous i et j. Ainsi B est libre, puis est une base de E :dimE=#B =n+n(n−1)2 = n(n+1)2 .
4. On a E⊂Rn[X] et0∈E. Pour deux polynômes P et Qde E et un réel λ, on a :
(P+λQ)′(0) =P′(0) +λQ′(0) =0.
DoncP+λQ∈E, ce qui implique queE est un sous- R-espace vectoriel deRn[X].
Correction :
4. Un élément P de E s’écrivant sous la forme :
P =
n
∑
i=0piXi,
vérifie P′(0) = p1 =0. Ainsi on montre que la famille B = (1, X2, X3, . . . , Xn)génèreE. Il s’agit d’une sous- famille de la base canonique deRn[X] :B est libre. Il s’agit donc d’une base de E. On a alors que :
dimE= (n+1) −1=n.
Exercice 2. [⋆⋆] On définit l’application :
u ∶ R1[X] → R2[X] P ↦ XP +P′
1. Montrez que u est une application linéaire de R1[X] dans R2[X].
2. On note C la base canonique dans R1[X] et la famille de vecteurs B′ dans R2[X] suivante :
P1=X2+X, P2=X+1 et P3=1.
Montrez que B′ est une base deR2[X].
3. On définit la matrice M de u dans les bases C et B′. Dans quel espace vit M? Donnez M.
4. Est-ce queu est surjective, injective, bijective ? Correction :
1. SoitP, Q∈R1[X]etλ∈R. On a :
u(P+λQ) =X(P+λQ) + (P+λQ)′,
= (XP+P′)+λ(XQ+Q′) =u(P)+λu(Q). On vient de montrer que u était une application li- néaire de R1[X]dans R2[X].
Correction :
2. On sait que#B′=3=dimR2[X]. Montrons que cette famille est libre. Soit λ, µ et ν trois réels tels que λP1+µP2+νP3=0. Cela est équivalent au fait que :
λX2+ (λ+µ)X+ (µ+ν) =0.
Comme la famille (1, X, X2) est une base de R2[X], on a λ=λ+µ=µ+ν=0, ou encoreλ=µ=ν=0. La familleB′est libre de cardinal la dimension deR2[X]: c’est une base de R2[X].
3. On a M∈ M3,2(R). Comme :
u(1) =X=P2−P3,
et que :
u(X) =X2+1=P1−P2+2P3,
on a :
M=
⎛
⎜
⎝ 0 1 1 −1
−1 2
⎞
⎟
⎠ .
4. SoitP =aX+b∈keru. Dans ce cas, on a :
0=u(P) =aX2+bX+a.
Par unicité de la décomposition d’un polynôme dans la base canonique, on trouve quea=b=0, puisP =0.
Ainsikeru= {0} donne l’injectivité deu.
Comme dimR1[X] ≠ dimR2[X], u ne peut pas être bijective, et doncu n’est pas surjective.
Exercice 3. [⋆ ⋆ ⋆] On définit l’application :
u ∶ R3[X] → M4(R)
aX3+bX2+cX+d ↦ (b c+d d a )
1. Montrez que u est une application linéaire de R3[X] dans M4(R).
2. Donner la matrice M de u dans les bases canoniques de R3[X] et M4(R).
3. L’application u est-elle injective ? surjective ? bijective ? Correction :
1. Prenons deux polynômes P =aX3+bX2+cX+d et Q=eX3+f X2+gX+h. Dans ce cas, on a :
u(P+Q) = (b+f c+g+d+h d+h a+e ),
u(P+Q)= (
b c+d d a ) + (
f g+h h e ),
=u(P) +u(Q). De plus, pourλ∈R, on a :
u(λP) = (λb λc+λd
λd λa ) =λ(b c+d
d a ) =λu(P).
Donc u est une application linéaire de R3[X] dans M4(R).
2. On a :
u(1) = (0 1
1 0) =E12+E21, u(X) = (0 1
0 0) =E12,
u(X2) = ( 1 0
0 0) =E11, et u(X3) = ( 0 0
0 1) =E22.
Correction :
2. Ainsi la matrice M est :
M=
⎛
⎜
⎜⎜
⎜
⎝
0 0 1 0 1 1 0 0 1 0 0 0 0 0 0 1
⎞
⎟
⎟⎟
⎟
⎠ .
3. En développant le déterminant par rapport à la der- nière colonne, on a :
det(M) = ∣0 0 11 1 0 1 0 0∣.
En développant par rapport à la première ligne, puis en utilisant la formule du déterminant d’une matrice 2×2, on trouve que :
det(M) = ∣1 11 0∣ = −1.
Comme det(M) ≠ 0, on sait que u est injective.
Comme dimR3[X] =4= dimM4(R), l’application u est donc surjective, et bijective.
Exercice 4. [⋆ ⋆ ⋆⋆]
Étudions l’économie d’un pays et plus particulièrement à sa gestion de deux matières premières : l’acier et le blé. On suppose que pour une année n:
◇ les entreprises fabriquent une unité de métal en utilisant1/4d’une unité de blé et 1/2 de métal de l’an passé ;
◇ il faut utiliser1/2d’une unité de blé de l’an passé (pour faire des semis, etc.) et 1/4 de la production de métal (pour créer les machines) pour produire une unité de blé.
On note Xn = ( an bn
) un vecteur représentant à l’année n la quantité d’acier (an) et de blé (bn) produits dans le pays.
1. Montrer que :
Xn+1=AXn,
avec :
A= 1 4 (
3 2 2 3).
2. On poseP = (−1 11 1). Montrer queP est inversible et calculer son inverse.
3. Montrer que :
A=P(
1 4 0 0 54 )P−1.
4. Montrer que pour tout n, on a :
Xn=P(
1 4n 0
0 54nn
)P−1X0.
Correction :
1. Sont utilisés entre les annéesnet(n+1),3/4du métal et du blé pour produire de nouvelles ressources : plus précisément a2n +b4n de métal et a4n +b2n de blé. Ainsi la quantité d’acier en l’an(n+1)est :
an+1=an−3
4an+an 2 +bn
4 =3 4an+1
2bn. De la même façon, on a :
bn+1= 1 2an+3
4bn. Ainsi on vérifie queXn+1 =AXn.
Correction :
2. On a detP = −2 ≠ 0. Donc P est inversible et son inverse est :
P−1 = 1 2(
−1 1 1 1). 3. On vérifie l’égalité par produit matriciel.
4. Raisonnons par récurrence sur n:
◇ n=0 : Le terme de droite devientP I2P−1X0 qui est bien égal à X0.
◇ n→ (n+1) : Supposons l’égalité vraie au rangn.
On a alors :
Xn+1=AXn=P(
1 4 0
0 54 )P−1P(
1 4n 0
0 54nn
)P−1X0,
par la question précédente, et par hypothèse de ré- currence. On sait queP P−1=I2, puis par produit matriciel on obtient que :
Xn+1 =P⎛
⎝
1 4n+1 0
0 54n+1n+1
⎞
⎠
P−1X0.
D’où la propriété par récurrence pour toutn.