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Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository
Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:
Messari, I. (1999). Caractérisation structurale et dynamique du C60.4C6H6 : étude par RMN d'un solvaté de fullerène (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté des sciences, Bruxelles.
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D 0ES01
umversité Libre de Bruxelles Faculté des Sciences
Matière Condensée et Résonance Magnétique
Caractérisation structurale et dynamique du C 60 . 4 C 6 H 6 : étude par RMN
d'un solvaté de fullerène
Thèse de doctorat
présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences (Sciences Physiques)
Imad MESSARI
Juin 1999
Université Libre de Bruxelles Faculté des Sciences
Matière Condensée et Résonance Magnétique
Caractérisation structurale et dynamique du C 60 . 4 C 6 H 6 : étude par RMN
d'un solvaté de fullerène
Thèse de doctorat
présentée en vue de l'obtention du grade de Docteur en Sciences (Sciences Physiques)
Imad MESSARI
Juin 1999
Remerciements
Ce travail a été effectué dans le service de Matière Condensée et Résonance Magnéti
que. Je remercie les nombreuses personnes qui m’ont accueilli au sein de ce laboratoire, et qui ont ainsi contribué à la réalisation de cette thèse.
Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur Francis Masin de m’avoir donné l’opportunité de travailler sur un sujet aussi passionnant. Je lui suis infiniment recon
naissant pour sa disponibilité, pour son aide constante, pour sa compréhension, et par le soutien qu’il m’a toujours accordés durant toute la réalisation de cette thèse de doctorat.
Je tiens également à remercier Monsieur Jean Jeener et Monsieur Paul Broekaert pour les nombreuses discussions que j’ai eues avec eux au sujet des problèmes de la RMN ; leurs cours sur la résonance magnétique et les réponses à mes nombreuses questions m’ont été d’une aide précieuse tout au long de ces années.
J’adresse également mes plus vifs remerciements à Monsieur Guy Gusman pour ses patientes corrections d’orthographe. Ses encouragements et ses conseils m’ont été fructueux.
Je tiens à exprimer ma gratitude envers Monsieur Piotr Tekely pour les discussions que nous avons eues au sujet des problèmes rencontrés lors de la réalisation de ce travail.
Je remercie Monsieur M. Meidine pour son aide quant à la méthode de préparation des échantillons.
Je tiens à remercier Monsieur Michel Gelbcke et Madame Juliana Vandercammen de nous avoir aidé pour la synthèse de nos échantillons.
Un grand merci également à Monsieur William Stone pour son aide et ses conseils, il était toujours prêt à répondre à mes questions.
Pour m’avoir permis de découvrir le monde fascinant des polymères hyperbranchés, je tiens à remercier Monsieur Yves Geerts, ainsi que son doctorant Hafid pour son aide.
Je tiens à remercier Pascal Pirotte pour sa compétence et sa présence aux moments
voulus pour résoudre les petits problèmes du spectromètre Brüker.
Je tiens également à remercier Anne-Sophie Grell avec qui il m’a été très agréable de partager un bureau toutes ces années et des discussions que nous avons eues.
C’est avec plaisir que je remercie mes collègues du laboratoire de thermodynamique électrochimique membrane et électrode, qui m’ont aidé à faire des mesures d’infra-rouge de mes échantillons.
Je remercie très sincèrement mes parents, ma sœur et mes frères pour leur affection,
leur précieux soutien et leurs constants encouragements.
Table des matières
1 Introduction 2
2 Rappels bibliographiques 6
2.1 Rappels sur les fullerènes... 6
2 . 1.1 La découverte... 6
2.1.2 Structure du solide Ceo ... 2.1.3 Quelques caractéristiques et applications... 8
2.2 Techniques expérimentales : RMN à l’état solide... 10
2.2.1 Introduction aux concepts physiques et mathématiques de la RMN 10 2.2.2 Fonctionnement d’un spectromètre... 12
2.2.3 Notion de relaxation... 13
2.2.4 Résonance magnétique nucléaire en milieu anisotrope... 14
2.3 La dynamique moléculaire du Ceo pur ... 16
2.3.1 Caractérisation des mouvements moléculaires par différentes tech niques de spectroscopie ... 16
2.3.2 Orientations du Ceo à base température... 18
2.4 Caractérisation de la dynamique moléculaire du Ceo pur par RMN . . 19
2.4.1 Introduction... 19
2.4.2 L’évolution de la raie des ^^C du Ceo en fonction de la température 20 2.4.3 Temps de relaxation spin-réseau Ti... 22
3 Préparation et caractérisation du solvaté Ceo-4CeHe 25 3.1 Insertion des alcalins dans le cristal de Ceo ... 25
3.2 Composés solvatés de Ceo... 27
3.3 Le solvaté de Ceo au benzène... 27
3.4 La structure du composé de Ceo-4CeHe... 28
3.4.1 Rayons X à 173 K :... 28
3.4.2 Rayons X à 104 K :... 30
3.5 Préparation et analyse des échantillons ... 32
3.5.1 Préparation : ... 32
3.5.2 Analyse par infra-rouge :... 33
1
11
4 Etude par la RMN du du C6o.4C6He 35
4.1 Introduction... 35
4.2 Dispositif expérimental... 35
4.3 La mesure du temps de relaxation spin-réseau Ti... 36
4.4 Etude de la forme de raie en fonction de la température... 37
4.4.1 Analyse des raies ... 37
4.4.2 L’évolution de la largeur de raie du du Ceo en fonction de la température ... 39
4.5 Mesure de Ti en fonction de la température... 40
4.5.1 Ajustement des données expérimentales... 41
4.5.2 Données expérimentales de la mesure en MAS de Ti du composé Ceo-dCeHe... 43
4.6 Interprétations et discussions des résultats... 45
4.6.1 Relaxation due au mouvement de réorientation du Ceo : Tf . . 46
4.6.2 Relaxation par interaction dipolaire due au mouvement de réorientation du benzène : Tf... 47
4.7 Conclusions... 49
5 Etude du Ceo dCeHe par la RMN du proton 51 5.1 Préparation des expériences... 51
5.2 Résultats des mesures... 52
5.2.1 Mesure de Ti en fonction de la température... 52
5.2.2 Analyse de la forme de raie ... 55
5.2.3 Etude de la variation avec la température de la largeur de raie . 55 5.3 Interprétation et discussion des résultats... 58
5.4 Comparaison des interactions hétéronucléaire I — S et homonucléaire I - I... 59
5.4.1 Calcul “approché” de la distance moyenne ^®C —^ H à partir des données de Rayons X... 60
5.4.2 Calcul du second moment hétéronucléaire < Aui^ >is ... 61
5.5 Conclusions... 62
6 Etude par la dynamique de polarisation croisée 64 6.1 Théorie de la polarisation croisée... 64
6.1.1 Approche phénoménologique : transfert incohérent ... 65
6.2 Technique expérimentale... 70
6.2.1 Préparation des expériences... 70
6.3 Résultats et discussions... 73
6.3.1 Analyse de la forme de raie CP : 73
6.3.2 Analyse de la forme de raie CPMAS :... 74
6.3.3 Comparaison du signal RMN de Ceo avec et sans polarisation
croisée... 74
1
6.4 Approche théorique de la dynamique de polarisation croisée ... 77
6.4.1 Cas de transfert incohérent... 77
6.4.2 Cas de transfert cohérent... 79
6.5 Détermination expérimentale des paramètres de la dynamique de polar isation croisée... 82
6.5.1 Analyse de la courbe de polarisation croisée du benzène... 83
6.5.2 A.nalyse de la courbe de polarisation croisée du Cgo .... 85
6.6 Conclusions... 86
7 Caractérisation du Ceo-dCeHe par l’inversion de polcirisation 88 7.1 Introduction... 88
7.2 Expérience... 89
7.2.1 La séquence d’impulsions utilisée... 89
7.3 Le modèle théorique ... 90
7.4 Résultats expérimentaux... 92
7.4.1 Analyse des raies d’inversion de polarisation... 92
7.4.2 Ajustement des données expérimentales... 95
7.5 Interprétation et discussions des résultats... 97
7.6 Conclusions... 101
8 Conclusions 103
Bibiographie 106
Chapitre 1 Introduction
Le buckmitisterfullerène Ceo a été découvert en 1985 ; il constitue la troisième forme allotropique du carbone, avec le graphite et le diamant. A l’origine de cette découverte se trouvent des travaux de recherche fondamentale en chimie de synthèse et en dynamique moléculaire [ 1 ].
Ces recherches, menées par Harold Kroto à l’université du Sussex, ont débouché, en collaboration avec des radioastronomes canadiens, sur la mise en évidence de très longues chaînes de molécules de carbone dans l’espace interstellaire. Ce travail a conduit tout na
turellement, en 1985, à une étude conjointe avec des chercheurs de l’université Rice, au Texas, sur la chimie à haute température dans les étoiles et qui a abouti à la découverte fortuite de l’existence du buckminsterfullerène Ceo [2]. Cette découverte a valu, en 1996, le prix No
bel de chimie à Harold Kroto de l’université du Sussex, Robert Curl et Richard Smalley de l’université Rice. Avant même l’article de Kroto et al. [2] qui leur a valu ce prix Nobel de chimie 1996, les propriétés de symétrie de Ceo avaient attiré l’attention de théoriciens [3, 4, 5]
qui avaient publié des calculs de stmcture électronique. La molécule de Ceo avait, cependant, une préhistoire : dès 1970, des chercheurs japonais en avaient envisagé l’existence et même prédit la stabilité de ces molécules de carbone [3].
En 1990, W. Krâtschmer et al. [ 6 ] ont trouvé un procédé de synthèse très simple fondé sur la production d’un arc électrique entre deux électrodes de graphite. Ceci a permis de produire du Ceo. en quantité suffisante pour l’étudier. Suite à ces développements, ce fut la mée des chercheurs vers les fuUerènes. Depuis qu’une intense activité s’est déployée autour
2
Chapitre 1. Introduction 3
des fullerènes, les surprises se sont accumulées.
La découverte des propriétés supraconductrices dans un matériau dérivé du Ceo en dessous de la température critique (Te) [7], a ouvert une voie nouvelle dans la recherche des matériaux supraconducteurs [ 8 , 9]. Certains dérivés du Ceo sont des matériaux organiques supracon
ducteurs ayant des températures critiques parmi les plus élevées (maximum à 40 K [10]).
Ces composés, de type binaire correspondent à la formule chimique, AxCeo- Us sont obtenus en intercalant des éléments alcalins {A = K,Rb,Cs,Na,...) dans le cristal de Ceo- La supraconductivité dépend de la nature de l’ion alcalin (taille et concentration de x) [ 11 ] et est fonction de la forme sphérique de la molécule de fuUerène.
Suite à la découverte des fullerènes, les chercheurs ont identifié un grand nombre de sous- produits, entre autre les nanotubes [12]. Les nanotubes de carbone sont des tubes souvent fermés à leurs extrémités, leur diamètre est de l’ordre du nanomètre et leur longueur peut at
teindre plusieurs microns [13]. La plupart de ces structures sont formées de couches carbonées concentriques, parfaitement rectilignes et fermées aux extrémités par des hémisphères. Les nanotubes s’assemblent par centaines et se présentent comme des monocouches de graphite enroulées. Ces faisceaux de tubes monocouches possèdent une résistance supérieure aux meilleurs aciers et conduisent le courant électrique aussi bien que le cuivre. Ils possèdent des propriétés spécifiques : magnétiques, électriques, supraconductrices et isolantes.
La spectroscopie par Résonance Magnétique Nucléaire (RMN) est un outil bien adapté pour étudier des composés carbonés tels que les fullerènes. En effet, historiquement, la RMN a joué un rôle clé dans le développement des connaissances courantes, et a permis une étude détaillée de la structure même des molécules de fullerène. C’est, en effet, la résonance magnétique nucléaire qui a permis de confirmer le caractère le plus remarquable du Ceo : ses 60 atomes de carbone sont chimiquement équivalents, et donc sa structure est sphérique [14]. Les études par RMN ont confirmé également que la molécule de C 70 a une forme plus ou moins ellipsoïdale. Un résultat particulièrement important donné par RMN est la mesure expérimentale des longueurs de liaisons C-C dans le Ceo [15].
La résonance magnétique nucléaire s’est avérée être un outil remarquablement polyvalent
pour l’élucidation des propriétés physiques de ces nouveaux matériaux. A titre d’exemple.
Chapitre 1. Introduction 4
les expériences de résonance magnétique nucléaire ont permis d’aborder les questions les plus cruciales des fullerènes dopés (alcalins-fullerites), c’est-à-dire, leurs propriétés structurales statiques et dynamiques ainsi que leur mécanisme de supraconductivité et leur structure d’état électronique [16].
Il existe une classe de nouveaux matériaux à base de fuUerène : les solvatés de fuUerène.
Ces solvatés de fuUerène ou de Ceo, peuvent être définis comme étant, des cristaux dans lesquels l’entité de base comporte un nombre défini de molécule de Ceo et d’un autre com
posé. Si les fullerènes dopés ont fait l’objet de nombreux travaux par résonance magnétique nucléaire, au contraire, les composés solvatés de fuUerène ont été extrêmement peu étudiés jusqu’à présent par cette technique. Par aiUeurs, la recherche de nouveaux matériaux présentant des propriétés supraconductrices ou magnétiques intéressantes pour d’éventuelles appücations suscite un grand intérêt. Les possibiUtés offertes par tous les composés qu’on peut préparer à partir des fuUerènes sont loin d’avoir été explorés en profondeur. Un des buts de ce travaü est l’étude de ces nouveaux matériaux, comme les solvatés de Ceo- Notre objectif est de caractériser l’effet de l’intercalation d’une molécule organique dans un cristal de Ceo, sur l’évolution de la structure ainsi que sur son comportement dynamique. Sur le plan fondamen
tal, ce type de composé doit nous permettre d’approfondir notre connaissance des matériaux, notamment des solvatés à base de fuUerène.
Le but de cette thèse est d’étudier le comportement dynamique d’un matériau tel que le fuUerène solvaté au benzène, Ceo-'iCeHe, par résonance magnétique nucléaire. Ce travaü porte tout d’abord sur l’étude de la dynamique moléculaire du composé Ceo-iCeHe en fonction de la température. Nous abordons ensuite la caractérisation structurale du composé par des méthodes RMN de haute résolution à l’état soUde. Les résultats que nous avons obtenus sont ensuite comparés à ceux qui résultent de l’étude par diffraction des Rayons X.
La présentation de ce travaü est la suivante :
Dans le chapitre deux, nous présentons, une brève introduction aux fullerènes décrivant
quelques caractéristiques et applications de ces molécules utües pour la compréhension de ce
travail. EUe est suivie ensuite, par la description de la technique de mesure expérimentale : la
résonance magnétique nucléaire. Il se termine sur un bref aperçu de la dynamique moléculaire
Chapitre 1. Introduction 5
du Ceo pur étudiée par différentes techniques de spectroscopie.
Le chapitre trois présente les composés solvatés de fullerène et leur mode de préparation.
Nous mettons notamment l’accent sur les études qui ont été réalisées sur le Ceo solvaté au benzène par diffraction des Rayons X.
Le chapitre quatre présente l’étude des molécules de Ceo dans ce composé, C
çoAC
qH
q, par la résonance magnétique nucléaire du carbone-13. Dans ce chapitre, nous décrivons l’approche expérimentale qui nous a permis de caractériser la dynamique moléculaire des molécules de Ceo- Nous proposons un modèle théorique pour l’ajustement de nos données expérimentales de temps de relaxation spin-réseau du Ceo- Et, finalement, les résultats ainsi obtenus nous permettent de proposer des valeurs des énergies d’activation présentes dans ce composé.
Au cours du chapitre cinq, nous présentons nos résultats sur l’étude des molécules de benzène dans ce composé par résonance magnétique nucléaire du proton. Les valeurs des énergies d’activation déduites sont comparées à celles obtenues dans le chapitre précédent afin de tirer une conclusion sur la dynamique moléculaire de notre composé.
Les chapitres six et sept décrivent l’aspect théorique de la méthode RMN de haute résolution à l’état solide et les modèles proposés utiles pour l’exphcation de nos mesures.
Nous présentons les mesures expérimentales effectuées sur notre composé par cette méthode.
Dans ces chapitres, nous verrons une caractérisation stmcturale et dynamique des deux con
stituants de notre composé, fullerène et benzène.
Finalement, dans le chapitre huit, nous tirons une conclusion générale des résultats des
chapitres précédents et nous tentons de définir des perspectives de recherches suscitées par le
présent travail.
Chapitre 2
Rappels bibliographiques
2.1 Rappels sur les fullerènes 2.1.1 La découverte
Le buckminsterfuUerène Ceo, troisième forme allotropique du carbone (figure (2.1)), a été découvert en 1985 par H. Kroto de l’université du Sussex à Brighton, R. Curl et R. Smalley de l’université Rice à Houston. Cette découverte leur a valu le prix Nobel de chimie, en 1996.
Bien que l’existence possible de cette molécule sphérique ait été mentionnée dans la httérature spéciahsée depuis les années soixante, ce concept restait purement théorique. C’est dans ce contexte qu’en 1985 H. Kroto, qui cherchait à mettre en évidence l’existence de certaines molécules hydrocarbonnées dans l’espace interstellaire, se rendit chez R. Smalley qui possédait un appareil à ablation laser, “pour tenter la synthèse de ces étranges molécules’’, susceptible de les produire en laboratoire. Les expériences furent entreprises et leur surprise fut grande de détecter à chaque fois l’existence d’agrégats qui pouvaient correspondre exactement à 60 atomes de carbone.
A l’époque, le seul argument en faveur de la forme d’icosaèdre tronqué de ces molécules était la valeur de leur masse atomique observée par spectroscopie de masse, néanmoins, en l’absence de preuve très décisive et d’une quantité de molécules suffisamment grande, la communauté scientifique restait sceptique.
Cette situation persista jusqu’en 1990, date à laquelle W. Krâtschmer et al. mirent au point un nouveau système pour obtenir du Ceo par la production de suie [ 6 ], le rendement de ce
6
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 7
procédé “dépassait de plusieurs ordres de grandeur celui de leurs prédécesseurs” permettant ainsi de produire plusieurs grammes de ces molécules. On s’aperçut très vite que le Ceo n’était pas tout seul mais constituait le chef de file de toute une famille de molécules en forme de cages et constituées de carbone pur. Elles sont dotées de leur propre “tableau périodique” qui fixe les propriétés de ces fascinants “superatomes”.
Les fuUerènes sont appelés à devenir les éléments d’une nouvelle chimie, chacun d’entre eux possédant ses propres caractéristiques de pseudo-valence et de réactivité associée, promet
tant ainsi des développements passionnants en science et technologie des matériaux du XX P siècle.
Figure 2.1: (c) Nouvelle forme allotropique du carbone “fullerène” qui s’ajoute aux formes cristallines connues; (a) graphite et (b) diamant.
2.1.2 Structure du solide Ceo
On sait que les molécules de Ceo peuvent donner des phases condensées en formant un
cristal de Ceo pur. Sa stmcture a été étudiée par diffraction des Rayons X [17] et de neutrons
[18]. A température ambiante, eUe est très simple : c’est un cristal cubique à faces centrées
(CFC). A basse température, le cristal de Ceo adopte une stmcture cubique simple. Dans
la stmcture cubique à face centrée, la covalence entre Ceo est faible et les interactions sont
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 8
plutôt de type Van der Waals. Cette structure réalise donc un empilement compact de Ceo, mais laisse néanmoins des vides importants entre les molécules.
La plupart des solides moléculaires dont la cohésion est due à des interactions de Van der Waals sont le siège de mouvements moléculaires, et cela jusqu’à des températures relativement basses. En effet, dans la maille cristalline, une molécule pourra avoir plusieurs orientations équivalentes, dans la mesure où la barrière d’énergie à franchir pour passer d’une position à une autre est suffisamment faible, la molécule peut effectuer des rotations activées thermiquement.
En effet, dans le Ceo pur, les expériences de diffraction de neutrons ont montré un désordre orientationnel des molécules. Ce désordre est lié à l’existence de mouvements moléculaires rapides. La stmcture du Ceo change à une température de l’ordre de T
q= 260 K, température à laquelle apparaît un ordre orientationnel des molécules. En dessous de T
qdes mouvements de réorientation subsistent jusqu’à une température de transition vitreuse
Tg.2.1.3 Quelques caractéristiques et applications
Le C$o cristallise très bien en une stmcture cubique à faces centrées, un sohde constitué de boules faiblement fiées les unes aux autres aux propriétés intéressantes. A l’instar d’une boîte pleine de billes, le cristal possède 34 % de volume fibre, ce dernier se partage entre des petits vides interstitiels “tétraédriques” et des vides interstitiels plus grands “octaédriques”
(figure (2.2)). La grande originalité du système résulte du diamètre important du Ceo : ces deux vides sont en effet assez grands pour accueillir presque n’importe quel atome du tableau périodique de Mendeleïv. En outre, l’insertion de tels atomes nécessite très peu d’énergie, puisque les sites d’accueil existent déjà. 11 est prédisposé à accueîlfir par intercalation d’autres espèces chimiques comme des atomes alcalins (Potassium, Rubidium, Césium en particulier), nous disposons désormais d’un merveilleux nouveau matériau dont la découverte a déclenché une explosion mondiale des recherches sur ses propriétés.
En ce qui concerne les applications, si aucune tendance très nette ne se dégage, on peut néanmoins définir quelques pistes intéressantes :
- L’optique non linéaire, avec les qualités de limitation optique que présente le Ceo (ou
un dérivé substitué) en milieu düué, mais aussi avec la génération des fréquences, double et
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 9
Figure 2.2: (a) Représentation des sites “octaédriques” et “tétraédriques”; polyèdre autour d’un vide octaédrique (b) et tétraédrique (c).
triple de la fréquence incidente, obtenues à partir de couches minces de Ceo-
- Les matériaux ultra-durs, issus des transformations du solide Ceo sous diverses conditions de pression et de température.
- Les réseaux de Ceo greffés, qui pourraient constituer de nouveaux matériaux apparentés aux polymères et ayant des propriétés mécaniques et électroniques inhabituelles.
- Les nanostmctures carbonées, mettant en jeu les propriétés électroniques (pour con
stituer des nano-conducteurs) ou mécaniques (pour renforcer des matériaux composites) des nanotubes de carbone, certains de ces tubes peuvent être remplis d’un élément ou d’un com
posé.
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 10
2.2 Techniques expérimentales : RMN à l’état solide
La Résonance Magnétique Nucléaire constitue un outil très performant pour explorer la matière, le champ d’application de cette technique est très vaste, s’élargit en allant de la chimie jusqu’au domaine médical.
La RMN appliquée à l’état solide a pris une place importante dans les techniques de caractérisation, d’étude de la stmcture et de la dynamique moléculaire. Nous avons utilisé cette technique de spectroscopie pour étudier notre solide. Nous nous limitons, dans ce paragraphe, à donner quelques notions théoriques et pratiques de cette spectroscopie, par l’introduction à la RMN et le fonctionnement d’un spectromètre de RMN.
2.2.1 Introduction aux concepts physiques et mathématiques de la RMN
Approche intuitive :
Grâce à l’existence d’un moment magnétique associé, un noyau de moment angulaire
intrinsèque appelé spin (7=1/2 par exemple) peut donc être considéré comme une aiguiUe
aimantée microscopique dont l’orientation est quelconque sauf si elle est placée dans un
champ magnétique B
q-, elle peut alors s’orienter soit parallèlement à celui-ci - position la
plus stable -, soit antiparaUèlement - position la moins stable -. L’équivalent en mécanique
quantique correspond à deux niveaux d’énergie distincts, séparés par une énergie AE = hu
(où 7 est le rapport magnétogyrique). Une des originalités de la RMN tient au fait que
la fréquence à laquelle a lieu la transition,
vq= 7 ^ 0 / 27
t, appelée encore fréquence de
résonance ou fréquence de Larmor, est proportionnelle au champ appliqué. Une approche
plus phénoménologique consiste à considérer l’excès de spins orientés parallèlement au champ
B
q, ce qui se traduit par l’apparition d’une aimantation nucléaire macroscopique M alignée
avec B
q. Cette aimantation M est animée d’un mouvement de précession autour de B
q. Il
s’agit de la précession de Larmor qui se justifie par de simples considérations de mécanique
classique. On peut l’écarter de cette position - dite position d’équilibre - par une perturbation
appropriée.
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 11
Approche quantique :
Traiter par la mécanique quantique le moment magnétique jl associé au spin implique que l’on considère les propriétés des opérateurs relatifs au moment angulaire et, en premier lieu, les relations aux vecteurs propres et valeurs propres indiquées ci-dessous.
Elles concernent l’opérateur Iz associé à la composante selon l’axe Z du moment de spin
^ A
/ et l’opérateur P associé à son carré - l’axe Z est généralement défini par la direction du champ B
q.
îz I m >= m I m >
P I m >= I{I + l) \ m>
notant que :
/ est un entier ou demi-entier, m varie entre —I tt +I et \ m > représente un état du système pour lequel les valeurs îz et P sont parfaitement déterminées. L’hamiltonien H qui
YhEo/a
A E * y h Bo
-Y hBo/2 Spin 1/2
Figure 2.3: Diagramme d’énergie et transition permise pour un spin 1 /2.
régit le comportement d’un spin est obtenu en considérant l’expression classique de l’énergie d’interaction du moment magnétique jl avec B
q: —jl • B
q.
Il suffit de remplacer les grandeurs classiques par leurs opérateurs associés. Comme B
qest orienté selon Z, on a :
H = -jl ■ Bo = -'yhBoîz
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 12
H possède donc les mêmes vecteurs propres que Iz, ce qui conduit au diagramme d’énergie de la figure (2.3) pour un spin 1/2 par exemple. Ajoutons un champ magnétique alternatif Bi, dont la fréquence i/ est conforme à la relation de Bohr, l’énergie est donc égale à la différence d’énergie entre les 2 niveaux (voir figure(2.4)). Ce champ Bi induit des transitions entre les 2 niveaux d’énergie, ces transitions sont équivalentes à la précession de l’aimantation autour de Bo+Bi, et la projection de cette dernière sur l’axe Z est proportionnelle à la différence de population entre les 2 niveaux d’énergie.
Figure 2.4: Représentation schématique de la différence des niveaux d’énergie AE ; la fréquence de résonance de transition et la fréquence de précession RMN,
uj.
2.2.2 Fonctionnement d’un spectromètre
La précession de l’aimantation nucléaire entraîne l’apparition d’une force électromotrice
induite aux bornes de la bobine de la sonde, la même bobine étant généralement utüisée
pour l’émission et la réception. Le montage expérimental d’un spectromètre par impulsions
est schématisé sur la figure (2.5). La source - synthétiseur de fréquence - fournit un signal
sinusoïdal à la fréquence Ur proche de la fréquence de résonance
uq. Ce signal est utilisé sous
forme d’impulsions grâce au modulateur Mj puis amplifié par l’amplificateur de puissance A
délivrant une puissance de l’ordre de 1 kW, et est appliqué à la sonde sous forme d’impulsions
de radio-fréquence (quelques ps). La sonde se compose d’un circuit LCi, approximativement
accordé à la fréquence i/r, la capacité C
2permettant d’adapter l’impédance de l’ensemble
(LC
i,C
2) à 50 fl purement résistifs où L représente le coefficient d’auto-induction de la
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 13
Figure 2.5: Schéma de principe d’un spectromètre par impulsion.
bobine, entourant l’échantillon à étudier. Les diodes tête-bêche permettent d’isoler le circuit d’émission durant la phase de réception et d’améliorer le rapport signal sur bruit du signal nucléaire. Le signal RMN, à la fréquence
i/
q, est détecté grâce au même circuit LC
1C
2. Le signal RMN est démodulé par rapport à la fréquence Ur par le démodulateur M
2et, ainsi, transformé en signal basse-fréquence {Ur —
vq) (détection synchrone en quadrature), à nouveau amplifié -R-, puis numérisé au moyen d’un convertisseur analogique-numérique (CAN) et finalement traité par l’ordinateur.
Un spectromètre RMN fait appel à toutes les possibilités de l’informatique en temps réel. Calculateur et spectromètre interagissent à des instants bien déterminés : gestion des différentes fonctions de l’instrument et des séquences d’impulsion, acquisition, mémorisation et accumulation des données.
2.2.3 Notion de relcixation
On distingue la relaxation longitudinale ou relaxation spin-réseau, et la relaxation transver
sale ou spin-spin. L’importance de la vitesse de relaxation c’est-à-dire la rapidité de retour à l’équilibre thermodynamique est caractérisée par un paramètre temporel, T\ pour la relaxation longitudinale et T
2pour la relaxation transversale.
- La relaxation spin-réseau (Ti) est due à l’interaction des spins avec le milieu dans lequel ils se trouvent (le réseau).
- La relaxation spin-spin {T
2) est due à l’interaction des spins entre eux. Elle est re
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 14
sponsable de la perte de cohérence entre spins c’est-à-dire au déphasage progressif qui tend à annuler la composante transversale de l’aimantation.
Pour déterminer expérimentalement le temps de relaxation spin-réseau ou relaxation lon
gitudinale, nous avons mesuré l’évolution la composante transversale M± de l’aimantation.
Pourtant la composante longitudinale Mz varie aussi dans le temps. Cette variation est décrite par une équation avec un temps caractéristique (Ti). Mais cette composante longitudinale n’est pas accessible directement. Aussi plusieurs méthodes permettent de mesurer l’état de Mz à un instant donné, parmi les méthodes souvent utilisées, on trouve la méthode de sat
uration partielle dite “Saturation recovery”, et la méthode de l’inversion-récupération dite
“Inversion Recovery”.
2.2.4 Résonance magnétique nucléaire en milieu anisotrope
- Définition d’un milieu anisotrope au sens de la RMN :
L’environnement d’une molécule au sein d’un liquide est en moyenne isotrope, c’est-à-dire qu’il est le même quelle que soit la direction de l’espace envisagée. Les échelles de temps qui prévalent en RMN font que cette notion d’isotropie, intimement liée à celle de moyenne, doit être précisée par référence aux interactions que subissent les spins nucléaires (effet d’écran et couplages).
On admet que le milieu est isotrope si toute grandeur dont relèvent les spectres RMN est moyennée sur toutes les orientations de l’espace, ce qui conduit aux deux conditions suivantes
- Lors du processus de réorientation, les mouvements moléculaires doivent être très rapides par rapport aux variations de toutes les interactions affectant les spins nucléaires.
- La molécule doit adopter toutes les orientations possibles avec la même probabilité.
Ces deux conditions permettent “a contrario” de caractériser un milieu anisotrope :
en général, les solides - sous forme de monocristal ou de poudre. Il est exceptionnel que
la première condition soit réalisée et encore plus exceptionnel que la seconde condition le
soit. Signalons au passage que le cristal de Ceo est justement un cas de solide où les deux
conditions sont remplies.
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 15
Cette notion d’anisotropie révèle le caractère tensoriel de toutes les interactions qui inter
viennent en résonance magnétique nucléaire :
Effet d’écran - par le biais de l’interaction Zeeman -, couplage indirect - par l’intermédiaire des électrons, couplage direct - ou dipolaire -, couplage quadripolaire qui n’intervient que pour les noyaux de spin supérieur à 1/2 dans les systèmes non cubiques.
- Interactions subies par les spins nucléaires en milieu anisotrope (solide) : Considérant deux systèmes de spin I et S (de rapport magnetogyrique 7 / et 75 ), on distingue deux types d’interactions qui interviennent en RMN [19] :
- Interactions des systèmes de spin I et S avec les champs externes (Bo, Bi),
He,t = Ho + H, ( 2 . 1 )
où Ho et Hi sont des hamiltoniens Zeeman dûs aux champs extérieurs B
qet Bi respective
ment.
- Interactions des systèmes de spin I et S avec les champs internes,
Hint = Hii + Hss + H
JS+ H
q+ H
s+ H
j^ (2.2)
Hjj et Hss sont les hamiltoniens de couplage directs (dipôle-dipôle) et couplage indirect - par l’intermédiaire des électrons - respectivement des spins I et S.
H
JSest rhamütonien associé à l’interaction directe et indirecte entre les spins I et S.
H q est l’hamiltonien associé à l’interaction quadripolaire des spins I et S respectivement, et qui n’intervient que pour les noyaux de spin supérieur à 1 / 2 .
H s est rhamütonien associé au déplacement chimique et au déplacement dit “Knight Shift” des spins I et S.
Hj, est associé aux interactions spin-réseau.
L’hamütonien global des interactions en RMN peut donc s’écrire comme ;
H = Hext + Hint (2-3)
En vue de préciser le caractère tensoriel des interactions subies par les spins nucléaires,
nous les avons représentées dans le tableau ci-dessous [ 20 ] ;
Chapitre 2. Rappels bibliographiques 16
Interactions Forme de l’hamiltonien déplacement chimique Hs = y ■ I ■ cr ■ Bo
dipôle-dipôle Hp = E.
t<J *3