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UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (PARIS 6)
FACULTE DE MEDECINE PIERRE ET MARIE CURIE
ANNEE 2014 THESE N° 2014PA06GO13
DOCTORAT EN MEDECINE
SPECIALITE : Médecine Générale
Par
Fabien COMTE-SPONVILLE
Né le 24/11/1983 à Fontainebleau (77)
PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 27 Février 2014
Etude sur l’évaluation des maîtres de stage universitaires en stage ambulatoire de niveau 1 à l’Université Pierre et Marie Curie
DIRECTEUR DE THESE: Pr. Jean LAFORTUNE PRESIDENTE DE THESE: Pr. Anne-Marie MAGNIER
JURY DE THESE: Dr. Gladys IBANEZ Pr. Luc MARTINEZ
Dr. Éric Laurent OLSEM
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Remerciements
A mes parents. Merci pour tout.
A Jean Lafortune. Pour sa sympathie, sa pédagogie et sa disponibilité.
Et pour m’avoir conforté dans mon choix d’exercer la médecine générale.
A Laurence Taieb. Pour sa pédagogie, son engagement et son courage.
Vous resterez toujours pour moi l’exemple à suivre.
A Anne-Marie Magnier et aux autres membres du jury. Merci de m’avoir fait l’honneur d’être présents lors de ma soutenance.
A tous mes collègues, tous les enseignants, tous les médecins
hospitaliers et tous les maîtres de stage que j’ai rencontrés au cours de
mon cursus. Merci pour le savoir que vous m’avez inculqué.
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Table des matières
1. Introduction ………. p.4 2. Contexte ……….. p.5 2.1. Historique de la formation des médecins généralistes ……… p.5 2.2. Description du stage ambulatoire de niveau 1 et du questionnaire
d’évaluation des maîtres de stage universitaires ……….…………. p.8 2.3. Résultat global des évaluations ……….………….... p.11 3. Méthode ………..… p.13
4. Résultats ………. p.14 4.1. Entretien collectif du 05/02/2013 (texte intégral) ……… p.14 4.2. Entretien collectif du 05/03/2013 (texte intégral) ………... p.19 4.3. Entretien collectif du 09/04/2013 (texte intégral) ……….... p.21 4.4. Synthèse des entretiens ……….. p.28 4.4.1. Sur les évaluations précédentes ………. p.28 4.4.2. Sur la correspondance entre la grille d’évaluation sur internet et
l’impression des internes en pratique………... p.28
4.4.3. Sur les problèmes rencontrés par les internes lors des évaluations …...…... p.29
4.4.4. Sur les solutions proposées par les étudiants ………... p.30
5. Discussion ……….... p.31
5.1. Sur les commentaires des internes ………... p.31
5.2. Sur les entretiens ………..…….. p.32
5.3. Sur le questionnaire d’évaluation ………..……… p.32
6. Conclusion ………... p.36
7. Annexes ……….………... p.37
8. Bibliographie ……….……… p.40
9. Résumé ……….…. p.41
4 1. INTRODUCTION
Le stage ambulatoire de niveau 1 (SA n°1) est l’unique stage de médecine générale obligatoire lors du cursus des futurs médecins généralistes. Il a pour but d’autonomiser les internes à la pratique de la médecine générale et ces derniers sont d’ailleurs autorisés à faire des remplacements après avoir validé ce stage. Son importance est donc primordiale. Chaque interne travaille avec un à trois maîtres de stage universitaire (MSU) qui se répartissent la formation de l’étudiant durant six mois. La validation de ce stage passe par une évaluation obligatoire des enseignants via un questionnaire disponible sur internet, questionnaire qui n’est pas anonyme. Les maîtres de stage ont accès en différé à leurs évaluations, permettant ainsi une amélioration de leur pratique en fonction des critiques faites par les étudiants. . La plupart des MSU ont de très bonnes évaluations, pourtant chaque année, beaucoup d’internes rencontrent des problèmes qui n’apparaissent pas sur les questionnaires.
Ces résultats reflètent-ils la réalité et la pratique quotidienne des internes durant leur
formation ? Quelles sont les difficultés rencontrées par les étudiants qui n’apparaissent pas sur
les évaluations ? Pourquoi ? Et est-ce que les internes ont des solutions ou des voies
d’amélioration à proposer ?
5 2. CONTEXTE
2.1. Historique de la formation des médecins généralistes
Le décret du 23 Février 1802, portant sur le règlement général pour le service de santé, institue les concours d’externat et d’internat des Hôpitaux de Paris. La réussite à ces deux concours permet l’apprentissage de la médecine et de la chirurgie dans le cadre d’une pratique hospitalière. En cas d’échec l’étudiant devient « stagiaire » des hôpitaux : son rôle, sa formation et sa place dans l’équipe soignante sont dépendants du chef de service.
Au lendemain de la guerre, l’essor économique et scientifique enclenché par la loi Debré de 1958, qui crée notamment les centres hospitaliers universitaires, rapproche les facultés de médecine des hôpitaux de haut niveau, valorisant les soins hospitaliers et favorisant ainsi la recherche scientifique de spécialité. C’est le triomphe des « médecines d’organes » et de leurs prouesses appuyées sur des explorations biotechnologiques de plus en plus sophistiquées. De ce fait, la médecine générale se trouve exclue de l’enseignement et de la recherche française alors même que ceux-ci se développe dans les pays anglo-saxons.
En 1968, le concours de l’externat est supprimé. L’externat devient accessible à tous les étudiants de 2
èmecycle des études médicales.
En 1972 est instauré le « numerus clausus », limitation du nombre d’étudiants admis en 2ème année du 1er cycle des études médicales qui permet une régulation de la démographie médicale. Les ministères de tutelle de l’Education et de la Santé fixent chaque année le nombre de place disponible après un concours très sélectif, ne pouvant être présenté que deux fois par les étudiants. Fixé à 8588 étudiants par an, l’année de sa création, le « numerus clausus » connaît des chiffres élevés dans les années soixante-dix où 60000 médecins ont étés formés en huit ans, puis décroît régulièrement, s’étrangle en 1993 où seuls 3500 étudiants sont admis, remonte faiblement dans les années quatre-vingt-dix puis fortement ces dernières années où environ 7000 étudiants par an sont admis.
Dans les années soixante-dix, les futurs généralistes effectuent six années d’études en
commun avec les futurs spécialistes et n’ont pour formation spécifique qu’un stage interné, en
septième année, correspondant à un stage hospitalier d’une année sans réel contenu théorique
ni pratique. L’étudiant obtient le diplôme d’Etat de Docteur en Médecine par la réussite à trois
examens dits cliniques et la soutenance d’une thèse.
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Le 1er Juillet 1970, le Conseil national de l’Ordre souligne l’intérêt d’une réforme des études médicales afin d’améliorer la formation de l’omnipraticien.
La loi du 13 juillet 1972 donne aux étudiants l’autorisation et non l’obligation d’effectuer une partie de leur pratique auprès d’un médecin généraliste.
Le 5 juillet 1973, le gouvernement forme la commission FOUGERE qui propose le 1er avril 1975 la création d’un 3ème cycle de médecine générale dont elle précise en mars 1977 les modalités : « une formation hospitalière de dix-huit mois, un stage extra-hospitalier sous la forme de vingt à quarante demi-journées réparties sur trois à six mois et un enseignement théorique de 150 heures ».
En 1977, le journal officiel de la communauté européenne fait paraître la Résolution 1977/30-CEE qui stipule : « l’enseignement sur le terrain par des omnipraticiens demande un rapport numérique enseignants/étudiants tels que ces derniers s’habituent à résoudre des problèmes au lieu d’emmagasiner simplement des faits.
Ainsi, de 1984 à 1996, les résidents bien que statutairement astreints à effectuer onze demi-journées par semaine à l’hôpital sont autorisés à suivre un médecin généraliste agréé.
C’est en 1984 qu’est introduite en France une formation spécifique à la médecine générale.
Jusqu’en 1984, un étudiant peut devenir spécialiste de deux façons : soit par la voie hospitalière sélective du concours de l’externat puis de l’internat, soit par la voie universitaire non sélective des certificats d’études spécialisées (CES). La réforme des études médicales de 1984 supprime les CES médicaux et exige le passage de l’internat obligatoire pour l’accès à la spécialité [1]. Elle interdit par ailleurs toute conversion ou toute évolution de carrière. Il est désormais impossible, en dehors des capacités acquises en une ou deux années, d’obtenir une qualification sous forme de compétence ou de s’orienter secondairement vers une spécialité.
Ce passage possible autrefois par la voie du CES ne l’est plus. Seul l’internat permet l’accès à la spécialité. Le passage de l’activité de médecine générale vers d’autres modes d’exercice devient difficile alors qu’il demeure possible dans la majorité des autres pays de la communauté européenne.
L’article 1 de l’Arrêté du 6 Septembre 1985, portant sur l’organisation du 3ème cycle des
études médicales, donne à celui-ci une durée de deux ans. Il comprend une formation
théorique et pratique. L’article 4 fixe la durée de l’enseignement théorique du 3ème cycle à
200 heures. L’étudiant qui se destine à la Médecine Générale poursuit ses études, après le
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2ème cycle commun à tous, par un 3ème cycle d’une durée de deux ans spécifique de la formation à la médecine générale appelé résidanat [2] dont l’accès est direct pour les étudiants se destinant à la médecine générale contrairement aux futurs médecins spécialistes qui doivent se présenter au concours de l’internat. Le futur médecin généraliste est sélectionné par l’échec ou l’absence de présentation au concours de l’internat.
En 1993, le journal officiel de la communauté européenne fait paraître la Résolution 1993/16-CEE qui définit la formation spécifique en médecine générale. « La formation est plus pratique que théorique. Elle se déroule durant au moins six mois en milieu hospitalier et six mois dans le cadre d’une pratique de médecine générale ou de centre de soins primaires ».
L’Ordonnance 96/345 du 24 avril 1996 prépare pour 1997, une réforme importante qui répond à la nécessité d’une formation pratique du médecin généraliste sur les lieux mêmes de son futur exercice : l’introduction d’un stage o––bligatoire de six mois à temps plein auprès des praticiens généralistes et par voie de conséquence, l’allongement du résidanat à deux ans et demi. Les Décrets et arrêtés 97/494 du 16 mai 1997, la circulaire DGS/DGES 97/620 du 24 septembre 1997 confirmée par décret n° 97-1214 du 24 décembre 1997 organisent le stage de six mois dans un cabinet de médecine générale et fixent le cadre budgétaire.
En 2001, la durée du résidanat passe à 3ans [3].
La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 apporte une évolution majeure à l’enseignement de la Médecine Générale en imposant à tous les étudiants en médecine de 2ème cycle, futurs généralistes comme futurs spécialistes, de se présenter aux épreuves classantes nationales de l’internat.
Le décret du 16 Janvier 2004, relatif à l’organisation du 3ème cycle des études médicales, permet aux internes d’avoir accès, à l’issue de l’examen national classant (ECN), à l’ensemble des spécialités dont fait désormais partie la Médecine Générale.
L’arrêté du 22 septembre 2004 fixant la liste des diplômes d’études spécialisées, reconnaît la médecine générale au même titre que les autres disciplines comme les spécialités médicales, chirurgicales, la pédiatrie, la médecine du travail [4]…
La médecine générale devient donc, aux termes de la réforme des études médicales de 2004, une spécialité à part entière et une discipline universitaire sanctionnée par l’obtention d’un diplôme d’études spécialisées (DES) conférant au médecin diplômé à partir de 2007 le titre de
« praticien spécialiste en médecine générale ».
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En novembre 2003, les étudiants en troisième cycle de médecine générale bénéficient d’un second stage en milieu libéral dans le cadre du Stage Autonome en Soins Primaires Ambulatoires Supervisés (SASPAS) réalisé lors du cinquième ou sixième semestre. Le SASPAS permet d’optimiser la formation des futurs généralistes en garantissant l’adéquation de leurs compétences à la réalité des problèmes de santé rencontrés en médecine générale.
2.2. Description du stage ambulatoire de niveau 1 et de la fiche d’évaluation des maîtres de stage universitaires
Le stage ambulatoire de niveau 1 est un stage chez un médecin généraliste qui a pour objectif de mettre en autonomie l’interne de façon progressive. Il s’effectue sur 6 mois.
L’étudiant effectue son stage auprès d’1 à 3 maîtres de stage. Il effectue 11 demi-journées par semaine : 7 demi-journées au moins au cabinet du ou des médecins généralistes, 2 demi- journées éventuellement dans un autre lieu en soins primaires (dispensaire, protection maternelle et infantile (PMI), crèche, pharmacie et caisses primaires d’assurance maladie) et 2 demi-journées de formation théorique par semaine (enseignements dirigés et/ou rédaction de thèse).
Le maître de stage universitaire mettra en œuvre les trois phases pédagogiques du stage intriquées selon les compétences développées par l'interne :
L’observation ; au cours de laquelle le stagiaire se familiarise avec son environnement ;
La supervision directe ; l’interne peut exécuter des actes en présence du maître de stage ;