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Il a été tiré de cet ouvrage cinq exemplaires numérotés sur papier de Hollande

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A L ' É T A P E

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Il a été tiré de cet ouvrage cinq exemplaires numérotés sur papier de Hollande

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PAUL-ADRIEN \ S C H A Y É

A L ' É T A P E

B I B L I O T H È Q U E OMNIA 20, 'Rue Duret

PARIS

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OUVRAGES DU MÊME AUTEUR

Pivoine \Réty, éditeur).

L'Impasse (Réty, éditeur).

Un Tour de Manivelle et l'on part (Bibliothèque Omnia).

Journal de Cloud Barbant neurasthénique (Ollen- dorff, éditeur).

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A L ' É T A P E

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L'ARRÊT A NIVEAU

E

N arrivant devant le passage à niveau, nous trouvâmes la bar- rière fermée.

C'était une barrière normale, faite de pièces de fer entrelacées et soigneu- sement peintes en blanc. Le tout devait coulisser sur des rails. Un homme, confortablement installé dans une guérite, somnolait à côté d'une sonnerie grelottante et ininterrompue.

Plus loin, à quelques centaines de mètres, on apercevait les bâtiments d'une gare, un hangar brun, deux wagons chargés de foin qui leur donnaient l'air de barbets à longs poils, et u n train de marchandises, précédé d'une locomotive cuivrée, immense et puissante, dont la colonne

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de fumée noire grimpait droit vers le ciel. J'avais poussé mon auto jusqu'à la barrière, afin de ne pas perdre une minute lorsqu'elle s'ouvrirait pour me donner le passage libre. Ce n'était point que je fusse particulièrement pressé. Mais on aime, n'est-il pas vrai ? à maintenir ses moyennes, et cette satisfaction intime ne doit pas être refusée aux honnêtes touristes. D'ail- leurs, en face, une autre voiture, venant en sens inverse, venait de stopper, arrêtée elle aussi de l'autre côté de la voie. Nous nous regardions ainsi comme deux HP de faïence, prêts à bondir, tandis que nos moteurs tour- naient au ralenti.

Les portes, cependant, ne glissaient pas/ sur leurs rails. Ce que voyant, j'interpellai le fonctionnaire qui sta- tionnait dans sa guérite et lui deman- dai ce qu'il attendait.

— Que le train parte, me répondit-il sans se retourner.

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Un coup de sifflet brusque et déchi- rant, un bruit complexe de vapeur lâchée et de roulements défectueux, puis le convoi lentement s'ébranlait, venant vers nous. Quelqu'un dans la voiture remarqua qu'une rame de wagons restait décrochée, en face de la gare.

— Rapport à la manœuvre, ajouta l'employé avec obligeance.

Nous constatâmes alors, avec beau- coup de chagrin, que le train allait manœuvrer. Notre moyenne, suivant la forte expression sportive, était dans les choux.

Lentement, avec une majesté qui témoignait du reste d'un peu d'asthme, la locomotive traîna sa fidèle rame, poussa u n cri strident et stoppa. Un homme, installé sur le marchepied, en descendit, alla jusqu'à une aiguille,

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s'appuya sur un levier. Puis il fit en- tendre deux coups de sifflet, auxquels le mécanicien répondit par deux autres coups de sifflet. Et comme il y avait, en cet endroit, un bon écho, ce qua- druple bruit se reproduisit agréable- ment à nos oreilles charmées.

Cependant, le convoi ne bougea point. Les efforts de la machine étaient vains. Ses roues patinaient comme des virtuoses sur la glace, avec cette diffé- rence toutefois qu'aucun mouvement n'était provoqué par l'effort de ses dix- huit cents chevaux. On ne voyait plus le camarade, séparé de nous de l'autre côté du passage par des boîtes sales et noires, hommes 32-40, chevaux 8 (en long). Des flots de suie tombaient autour de nous. L'endroit était déli- cieux, du reste, enveloppé de soleil et encombré d'une foule qui, peu à peu, se massait.

A côté de notre voiture, une autre auto était venue se placer, puis une

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limousine ornée de dames admirables, et une charrette emplie de veaux, et deux cyclistes, et un vague criminel enchaîné entre des gendarmes.

Mais le mécanicien causait avec l'homme de l'aiguille. Son train ne pouvait démarrer en arrière. 11 imagina de le mouvoir en avant. Le tout glissa de quelques mètres. Après quoi l'on entendit quelques paroles :

— Tout de même, vieux, je te l'avais bien dit. C'est à cause que le fourgon de tête est rempli de matières explo- sibles.

Et ceci ne nous rassura point.

On ouït ensuite un nouveau coup de sifflet, puis un autre, puis deux autres, puis l'écho. Et le convoi recula vers les wagons à longs poils, qui furent brutalement tamponnés et bu- tèrent l'un dans l'autre.

Le passage à niveau était dégagé.

Mais les barrières restaient herméti-

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quement closes. En face, une foule compacte se pressait. Une vingtaine de dragons en manœuvres, la lance au poing, étaient massés. Une énorme fourragère vide semblait hérissée de pointes. Deux chiens se battaient avec une furia canine, et leurs propriétaires, indifférents, fumaient leurs pipes en souriant.

Il y avait dix minutes déjà que nous séjournions dans cet endroit de délices.

Notre stage n'était point terminé.

Nous vîmes la locomotive revenir, traînant derrière elle, tout au loin, les deux wagons barbets, puis se faire aiguiller à nouveau, reculer encore, aller à la recherche de la rame oubliée le long du quai. Nous vîmes le chef de gare s'approcher du mécanicien, lui faire des recommandations urgentes,

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et u n scribe chargé de paperasses les remettre au directeur du train, qui en prit note avec u n louable soin, ce pendant que nous nous livrions à des observations critiques.

Il nous sembla, en effet, que les gares dussent être organisées de telle façon que les manœuvres des trains ne se fissent pas sur la route. Nous consta- tâmes encore que l'on eût pu facilement mettre bon ordre à cet état de choses, en construisant une voie supplémen- taire et de garage. Il nous apparut enfin que, les passages à niveau devaient être des passages, comme semblait l'indiquer leur nom. Mais ces réflexions, toutes personnelles, n'influèrent en rien sur la marche de la destinée.

— En route ! cria de sa voix lointaine le chef, dont on apercevait la casquette blanche à travers des rameaux de vigne vierge et des bosquets de ver- dure.

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Lentement encore, cette fois pour de bon, le train de marchandises passa.

Les wagons défilèrent en un ordre par- fait, suivis d'une lanterne rouge dans laquelle se jouaient élégamment les rayons du soleil. Tout le monde s'était élancé, les uns sur leur siège, les autres vers leur manivelle de mise en marche ; et déjà les moteurs ronflaient, les che- vaux se cabraient, les chiens, en meil- leure harmonie, tiraient la langue dans l'attente d'une longue course.

— Ouvrez donc ! criait-on des deux côtés.

La barrière, en effet, restait im- muablement close. Dans sa guérite, l'homme, intéressé, stagnait. Son âme était de cristal. Il ne l'encombrait point de ces soucis ardents qui préoccupent les gens de la ville. A côté de lui, tou- jours, la petite sonnette grelottait par trente degrés de chaleur.

— Ouvrez donc !

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Il passa lentement à travers son rideau de vigne-vierge et répondit :

— Impossible, rapport à l'express de 4 h. 23.

Il ajouta, du reste, avec une grande obligeance :

— Il a peut-être du retard. Cela

lui arrive souvent.

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IL TOURNE ROND

J

'ÉTAIS allé rendre visite à mon ami Ilenry. Cela m'arrive quelquefois.

D'ordinaire, il est chez lui. Ce jour-là, la soubrette blonde et précise qui veille à sa destinée me déclara qu'à l'aurore il s'en était allé.

Je m'aperçus bien vite, du reste, que la tristesse régnait dans la maison.

Le patron avait emporté, le matin, un repas froid, ayant décidé qu'il ne pourrait revenir à temps pour déjeuner.

Tout s'en trouvait désorganisé. On avait coutume de le voir présider au repas de la famille, et l'on s'était con- tenté, ce jour-là, de parler de son absente personnalité.

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Où donc se trouvait Henry? La petite soubrette me l'avoua à voix basse. — « Il est au garage, monsieur, et il a bien dit qu'on n'en parle à personne, parce qu'il y travaillera toute la journée. »

Je m'en fus donc. Et comme jus- tement je passais devant le garage, j'entrai.

— M. Henry ? me dit le gardien stupéfait. Comment savez-vous que M. Henry est ici ? Il a interdit à quiconque de l'approcher. S'il vous voit, ce sera un épouvantable désastre.

Néanmoins, avec un certain cou- rage, je jetai les yeux sur le box où il remise d'ordinaire son auto. La voi- ture s'y trouvait bien. A travers le grillage, on apercevait ses cuivres polis et son vernis étincelant. Une lampe lointaine s'y reflétait même.

Mais d'Henry, pas l'ombre.

— Il doit être assis dans un coin, me dit l'employé timidement. En

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approchant à pas de loup, vous le verrez peut-être.

Je m'approchai, en effet. Il me sembla entendre un ronronnement.

Bientôt mes oreilles perçurent la ca- dence mathématique d'un moteur tournant au ralenti. Et comme je jetais un regard par l'interstice du grillage, je constatai que mon ami Henry était tassé dans un coin, sur un strapontin minuscule et plongé dans une rêverie sans fin.

— Bonjour, old boy, hasardai-je à voix haute.

Alors je vis sa haute taille se re- dresser lentement; son corps robuste tourner sur lui-même et sa figure apparaître en face de la mienne. Il y avait, sur ce visage, de larges taches de cambouis. Sa barbe noire était lubrifiée de graisse consistante. Et de ses lèvres tombèrent ces seuls mots :

— Il tourne rond.

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J'entrai dans le box... Mais Henry m'arrêta d'un geste.

— Ecoutez, cher ami, me dit-il amicalement. 'Ecoutez, et vous m'en direz des nouvelles. Depuis ce matin, je soigne mon nouveau 9° x 120. Je

l'ai d'abord essuyé avec une brosse souple, puis oint grâce à cette burette d'huile appropriée. Je lui ai fourré dans le ventre tout ce qu'il faut pour bien marcher. J'ai remplacé l'eau de la circulation. J'ai démonté le car- burateur. J'ai dit mon mot au poin- teau. J'ai remonté le tout. Et au premier quart de tour, il est parti. Il

tourne. Il tourne rond.

C'était vrai. Voici qu'en un instant je fus pris, moi aussi, par l'agréable cadence des quatre cylindres, le bruit à peine perceptible des clapets, le ronron discret et continu du volant.

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Et nous restâmes ainsi, muets, con- tents, admiratifs, devant la mécanique en action.

- Ne croyez pas, me dit Henry, que cela marche ainsi tout seul. Il y a deux jours, toutes sortes de mau- vaises aventures me sont arrivées. Le troisième cylindre ne donnait pas. Je change la bougie. J'en remets une neuve. Il était toujours muet. Je cherche. Je trouve. Un contact stupide, u n fil dénudé. Alors, j'ai changé tous les fils, et c'est le deuxième cylindre qui a raté. Je cherche. Je trouve. La bougie, cette fois, était cause de tout le mal. On ne se doute pas des soucis que peut donner u n moteur, lorsqu'on le met au point. Enfin, cette fois-ci, je crois que ça y est. Mais c'est un travail, mon ami, tout un travail...

Il était vraiment content, robuste et riant même. J'aperçus dans un coin du box les reliefs d'un frugal repas.

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— Et vous avez quand même pu déjeuner ? lui demandai-je inquiet.

— Il a fallu m'y reprendre à plu- sieurs fois, me répondit-il le plus simplement du monde. A peine avais- je terminé mon aile de poulet que certains bruits anormaux se firent entendre aux environs des soupapes d'échappement. L'allumage et ma digestion en ont été aussitôt coupés.

-Le temps de démonter et de remonter tous les ressorts, de les placer dans leurs logettes avec un soin méticuleux, et j'ai pu attaquer mon jambon froid et mon pâté de foie gras. Jvlalheureu- sement, au moment où je me préparais à manger un morceau de tarte, il m'a semblé que l'aiguille du manomètre de l'huile descendait au-dessous de la normale. Alors, j'ai purgé le moteur.

Cela lui a fait du bien. Je l'ai à nouveau graissé. Et j'ai pu terminer mon repas. Les cerises de la tarte avaient du reste un drôle de goût. Je

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crois qu'elles ont été légèrement arro- sées. N'importe. Je suis content. Il tourne rond.

Je m'aperçus alors seulement que Henry était tout de bleu habillé. Des taches noircissaient bien un peu la teinte azurée de son individu. Mais, d'une manière générale, il donnait l'impression d'un robuste zingueur- plombier. Et un rayon de soleil, en pénétrant par le toit vitré, l'éclaira d'une auréole.

Il me sembla, et je ne mis à cette idée aucune pensée machiavélique, que la voiture serait mieux sur la route que dans son box, et que les cylindres, en fonctionnant ainsi, repré- sentaient une force inutilisée et ab- surde. Je le dis à Henry qui m'écouta en hochant la tête.

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— Je vous assure, insistai-je, que les routes sont sèches, dures, belles et roulantes, ce qui n'est pas à dédaigner. Il a gelé cette nuit. Les flaques d'eau sont recouvertes d'une légère couche blanche. En u n jour comme celui-ci, les moteurs doivent avoir u n rendement considérable. Les roues ne collent pas au sol. Et le' vulgaire taxi-auto qui m'a mené chez vous semblait avoir une multiplication de dix chiffres pour le moins. Le moment est venu pour vous d'ouvrir la porte de cette remise, de manier avec élégance le levier de changement de vitesses et d'embrayer cette voiture, ce qui nous permettra de faire u n agréable tour

Henry me regarda en haussant les épaules, avec u n parfait dédain.

— Le tour de la société, n'est-ce pas, avec une tasse pour y récolter des sous. Très peu pour- lllOi, mon cher. J'ai coutume d'aimer l'automo-

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bile pour elle-même, et ne recherche nullement le spectacle que vous me proposez de donner à mes concitoyens.

On a de suffisantes satisfactions dans la marche schématique, la marche de principe d'un moteur. Est-ce qu'il faut à une étoile de la danse deux kilo- mètres de piste pour se livrer à des variations ? Non, n'est-ce pas. Un petit coin de scène lui suffit...

Il ajouta d'ailleurs, avec une grande désinvolture :

— Et puis, je ne sais comment cela se fait, mais ce sacré moteur qui tourne rond au garage, ne tourne plus du tout quand il est sur la route...

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CONTRACTION D'ALÉSAGE

c OMMENT vous portez-vous ?

— Pas bien.

Il souriait, mais d'un air triste. Je remarquai sa pâleur — et ses y e u x profonds, et ses traits tirés. Un si bon garçon. Il me fit de la peine.

— Pourquoi ne consultez - vous pas?

— Inutile. Je sais ce que j'ai.

Ceci me froissa. Je crois aux méde- cins. J'y crois pour les autres. Rien ne me déplaît davantage que les esprits forts, qui, lorsqu'ils sont at- t teints par le mal, méprisent les gens auxquels la loi donne le droit de faire une ordonnance. Car s'il est à peu près avéré que les médicaments ne

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font jamais de bien, il est aussi par- faitement connu qu'ils ne font point de mal. Et c'est une satisfaction per- sonnelle dont on se prive pour le plaisir.

— Venez déjeuner chez moi demain.

Il y aura, parmi les convives, un bon docteur.

— Cet homme possède-t-il une auto?

— Oui.

— Grosse voiture ?

— Très grosse.

Alors, j'irai.

Et je me dis en le quittant : « Il eût peut-être mieux valu ne pas l'inviter, par simple prudence. C'est un homme étrange. »

Le lendemain, nous étions à table lorsqu'il arriva, fort en retard.

Il se traînait avec difficulté. Sa mauvaise humeur faisait peine à voir.

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C'était une usine ambulante de neu- rasthénie.

— Puisque notre hôte le désire, dit-il à mon médecin, je vous con- sulterai à la fin du repas.

Et l'autre, après avoir profession- nellement fait la moue, pour le prin- cipe, ingurgita son déjeuner, but son café, prit son petit verre et ensuite - à part — son client.

— Vous voudrez bien m'assister, me déclara le patient, puisque vous êtes également automobiliste.

Et, s'étant installé, il expliqua :

— Voici : j'avais une voiture, une bonne voiture, qui avançait, et qui faisait soixante chevaux, une 140 d'alésage avec laquelle je ne crai- gnais personne. Un coup d'accéléra- teur et elle bondissait comme u n chat-tigre de garenne. Exemple : u n jour, je rencontre u n gros tacot en bas de Rolleboise. Je le passe. Il démarre : c'était u n tacot truqué,

3

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pour la course. On en met. Les deux moteurs ronflent. Et je le bats au virage. Ça m'a fait du bien.

Je respirais à l'aise. Aujourd'hui, j'étouffe.

— Vous avez peut-être vendu votre auto ? dit le médecin en allumant une cigarette.

— Compliments. Diagnostic immé- diat. Oui, j'ai vendu ma voiture.

Vous comprenez, les impôts, l'assu- rance, les temps difficiles, la gêne des affaires... Et je me suis payé à la place une petite bagnole miteuse et haletante, une 60 d'alésage, qui fait bien neuf chevaux et qui barbote lorsqu'elle rencontre du trois pour cent. Au début, cela ne me gênait pas trop. Et puis, maintenant, j'ai la gorge serrée, je me sens mal à mon aise et je m'ennuie. Voilà.

Le docteur affirma péremptoire- ment :

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— Vous avez une contraction d'alé- sage. C'est un cas connu. Je vais vous faire une ordonnance.

Sur la feuille de papier, le méde- cin avait écrit : « Laisser l'auto au garage. Prendre le train. Voyager en chemin de fer et à pied. Eviter tout autre mode de locomotion. Ne pas craindre la conversation des gens pauvres. Fuir celle des chauffeurs.

Six mois de traitement continu, avant de reprendre le volant ». Et mon pauvre ami s'en était allé, avec la prescription dans . sa poche, en haussant les épaules.

— Un fantaisiste, votre homme de l'art, m'avait-il dit. Son traitement est enfantin. Je le suivrai à la lettre.

Et ceci m'avait indiqué combien ses idées étaient embroussaillées.

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Je n'en entendis donc plus parler pendant fort longtemps. On ne peut pas s'intéresser toute la vie à des gens qui sont atteints de contraction d'alésage. Puis un jour, l'an dernier, me trouvant en Savoie, je descendis dans un hôtel où habitait un autre de mes amis, ingénieur en quête de houille blanche, et qui séjournait là depuis le début de considérables travaux.

Nous nous installâmes, lui et moi, à une table.

— Sans doute, m'expliqua l'ingé- nieur, la vie n'est pas drôle ici en hiver. Mais j'aime cet effort qui con- siste à capter les forces incroyables de la montagne. On les pressent, on les découvre, on les enveloppe, on les saisit, on les enserre, on les force à fondre sur les turbines, on les asser-

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vit pour toujours. Et on se retrouve homme de proie, comme aux pre- miers âges, mais homme de proie dont l'arme est la mathématique et dont le piège est la descente métalli- que qui reste accrochée au flanc de l'abîme...

Je crus devoir me passionner pour cette œuvre industrielle et lui deman- dai :

— Vous avez installé une grosse usine?

— Voyez vous-même, me répondit- il avec satisfaction. Elle s'abrite au fond de la vallée, tapie comme une bête monstrueuse et vivante. J'aug- mente sans cesse ses forces Depuis de longs mois, je cherche à lui amener une puissance nouvelle. Je viens encore d'arracher à la mon- tagne 5.000 chevaux...

Quelqu'un cria, derrière nous : - Mâtin !

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