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Il a été tiré de cet ouvrage .

30 exemplaires sur papier pur fil des papeteries Lafuma, à Voiron, dont 20 exemplaires numérotés de 1 à 20, et 10 hors commerce, marqués H. C. 1 à H. C. 10.

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SANS SAVOIR

QUI JE SUIS

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DU MÊME AUTEUR :

Pia Malécot. Roman. (GALLIMARD).

Tendresse inhumaine. Roman. (GALLIMARD).

Souviens-toi d'une auberge. Roman. (GALLIMARD).

La Tête au vent. Roman. (GALLIMARD).

Le Souffle de l'autre rive. Roman : I. Démons mes amis.

II. Qui es-tu, Seigneur ?

(ÉDITIONS DU MONT-BLANC).

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PIERRE DE LESCURE

SANS SAVOIR QUI JE SUIS

roman

P A R I S

LIBRAIRIE PLON

LES PETITS-FILS DE PLON ET NOURRIT Imprimeurs - Éditeurs - 8, rue Garancière, 6

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Copyright 1955 by Librairie Plon.

Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays, y compris l' U. R. S. S.

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I

De la route inondée de sable, le passant n'aperçut, parmi les dunes, que les vieilles tuiles du toit. C'était une petite maison sans étage, pareille à toutes les autres qu'habitent les pêcheurs le long de la côte de Nieuport à Heyst. Le passant songeait au fusil de l'homme qui vivait là. Un jour, cet homme, ce Leu- mont, l'avait menacé de son fusil en l'accusant d'avoir tué son chat. Un pas commode ! Pourquoi tuer un chat? D'un geste violent, le passant enfonça davantage sa casquette à la visière très large, et ses grandes oreilles rougirent. Il marchait d'un pas égal, et son pantalon de toile bleu, le vent rude d'une fin d'été le gonflait. Le ciel se couvrait. Sur la nuée se déta- chaient le beffroi de Fumes et les reflets d'argent de la flèche. Le passant continuait à penser au fusil et au chat, puis il pensa à la femme. La femme et Leu- mont n'étaient pas mariés. Ils demeuraient ensemble depuis longtemps. La femme s'appelait Marie Del- porte. Une Wallonne comme Leumont. Une belle fille. La veille, elle était entrée à la poissonnerie de Cappeldrecht sans parler à personne. Elle ne parlait jamais à personne. Une belle fille, jeune et robuste, mais elle engraissait.

Une longue auto luisante klaxonna et le sable

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jaillit sous les roues. Le passant se gara. L'auto ra- lentit. Elle s'arrêta. Il n'y avait que deux femmes dans la voiture, deux dames. La blonde conduisait, une grande avec un morceau d'étoffe rouge sur la tête. Elle agita son bras tout nu. Elle criait quelque chose en français, elle demandait quelque chose. Le passant ne répondit pas, il tourna le dos, il continua son chemin en observant le ciel. Au-dessus de Furnes, les nuages s'amoncelaient, les plus gros encore blancs, mais d'autres d'un vert aussi sombre que la mer.

L'amie de Leumont, la Wallonne un peu grasse, leva aussi les yeux vers les nuages, en sortant de la petite maison des dunes. Elle avait entendu aussi l'auto qui freinait. « Une visite? » se demanda-t-elle.

Elle essuyait ses mains à son tablier rapiécé. Elle s'inclina vers André Leumont qui, devant la façade recouverte d'une chaux rosâtre, écrivait avec appli- cation une lettre.

« As-tu entendu? » lui demanda-t-elle.

Leumont, d'un coup de genou, repoussa la table en fer rouillé, il se leva et l'encrier de verre dansa, le petit dictionnaire Larousse se referma tout seul, la feuille de papier quadrillé tomba parmi les gros pavés de la rigole. Une poule blanche se sauva. Leu- mont et Marie regardèrent, au delà du puits, au delà de la barrière, le sentier qui rejoignait la route. Ils attendaient dans une immobilité brusque. Ils étaient aussi grands l'un que l'autre, paraissaient aussi jeunes.

André dépassait pourtant la trentaine, et parmi ses cheveux un peu fous, d'un blond très pâle, il y en avait beaucoup de blancs. En voyant ses traits se tendre, ce pli dur entre ses gros sourcils, Marie se dit qu'après trente ans, les rhumatismes, ça peut se porter Dieu sait où, engourdir un poignet, nouer les doigts, et la sculpture alors? Dans les dunes, c'est partout l'humi-

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dité. A l'intérieur de la maison, les murs étaient déjà humides ; durant l'hiver, il faudrait un poêle bien plus grand dans la grange qui servait d'atelier, et, en continuant à écouter les bruits qui pouvaient venir de la route, elle observait avec méfiance la petite grange voisine de la petite maison.

« C'est Mme Rombouts », chuchota-t-elle.

Dans le sentier, un bras nu s'était levé au-dessus d'un turban rouge, deux dames élégantes avançaient et Mme Rombouts cria :

« On vous dérange? Leumont, je viens vous en- vahir. Mais je vous amène quelqu'un, quelqu'un qui... »

Elle se tut parce qu'elle sentit sur son bras la pression d'une petite main ferme. Elle se détourna vers sa compagne et elle rit. Elle riait avec éclat en ouvrant sa belle grande bouche, et sa poitrine gon- flait sa robe de toile blanche. Blanche et rouge et grande, claire et blonde, gesticulant à côté de l'autre plutôt petite, mince, semblait-il, malgré son manteau de laine bleu tendre. La démarche tranquille de l'autre faisait aussitôt remarquer le calme de tous ses mouvements. Le bleu pervenche du manteau accen- tuait le noir des cheveux, la peau brune et lisse, l'humidité sombre des grands yeux.

« Ça, c'est un joli nez ! Quelles narines fines ! » pensa Marie, sans doute parce qu'André pinçait sou- vent son nez à elle en s'écriant : « Ton bon gros nez ! » Elle jeta son tablier sur la chaise abandonnée par Leumont. « Qu'elle est jolie ! » se répétait-elle sans plus savoir pourquoi elle la trouvait aussi belle. Elle était certaine, en même temps, que c'était une étran- gère et très riche, mais sans s'attendre, bien sûr, à ce qu'elle fût « une Princesse », comme l'annonça Mme Rombouts quand ils se furent rejoints.

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« La Princesse Arseniev », dit comme en criant la voix de Mme Rombouts.

Marie sourit autant qu'elle put sans en avoir envie.

Elle se demandait ce qu'il fallait faire, tendre la main ou quoi? Elle regardait André, ses traits qui restaient durs, tandis que Mme Rombouts continuait :

« Voici donc mon grand homme, mon beau sculp- teur ! »

Alors, la Princesse dit sans aucun accent étranger, d'un ton uniforme et bas, comme si c'était elle qui fût la timide :

« Je suis contente de vous connaître. » Mme Rombouts s'écria encore en désignant Marie et Leumont :

« N'est-ce pas qu'ils sont mignons, tous les deux? » La Princesse laissa aller son regard autour d'elle et, sans paraître s'adresser à André Leumont, elle demanda :

« C'est dans cette grange que vous travaillez?

C'est une ancienne grange? »

Leumont dit que c'était bien, en effet, une grange, une ancienne grange. Il paraissait à son aise comme toujours devant tout le monde, et Marie admirait qu'il fût ainsi, aujourd'hui encore, à côté d'une Princesse, puis elle se disait : « Pourquoi ne serait-il pas comme il est? Il vaut bien plus qu'eux tous. » Elle songeait qu'ils venaient tous le voir, lui ne se dérangeait jamais pour aller ici ou là, et même une princesse venait. Elle en eut de la satisfaction dans tout son corps, une démangeaison sous les bras, et « on leur offrira le thé, pensait-elle, je ferai du thé pendant qu'André montrera sa sculpture dans la grange ». Malheureusement, il n'y avait jamais beaucoup de statues à montrer. André travaillait lentement, il croyait rarement que ce fût tout à fait

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réussi et il y avait des choses qu'il ne voulait pas montrer.

Mme Rombouts dut parler encore, mais Marie n'écouta plus. Elle sentait ses joues brûlantes. Elle eût voulu que son tablier ne fût plus sur la chaise.

« Et puis après? pensait-elle aussi. Je suis bête ! Un tablier, c'est un tablier. » Ce fut à cet instant qu'un coup de tonnerre éclata :

« Mon Dieu ! s'écria la Princesse. Je n'aime pas l'orage. »

Elle avait l'accent d'une toute jeune fille et André et Marie se regardèrent malgré eux parce qu'ils se demandaient en même temps, sans doute, si elle n'était pas beaucoup plus jeune qu'elle ne leur avait d'abord paru. « Mais qu'est-ce que ça fait qu'elle soit jeune », aurait voulu dire Marie à André, et André pensait que les femmes riches ont l'air plus jeunes que les autres, c'est naturel, ça n'a pas de tracas et ça ne fait pas beaucoup dans l'existence. Mme Rombouts semblait atteindre à peine trente-cinq ans et elle dépassait, il le savait, la quarantaine, et celle-ci avait peut-être vingt-cinq, peut-être vingt-sept ans, et elle n'en paraissait guère plus de vingt. Marie avait seulement dix-huit ans quand ils avaient commencé de vivre ensemble et on lui en donnait vingt-cinq à l'époque. Une forte fille, une belle, et il songeait aussi que toute mince qu'elle était, celle-ci, la Princesse, ne devait pas être n'importe qui. Non parce qu'elle était une princesse, les nobles ne l'impressionnaient pas, Mme Rombouts lui avait, une fois, amené un baron, mais c'était un soûlard comme un autre, tandis que cette femme, même quand elle fermait les yeux à cause du tonnerre, il sentait qu'il se passait des sentiments en elle qui ne ressemblaient sûrement pas à ceux de Mme Rombouts, par exemple, « et

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Mme Rombouts est une bien brave, songea-t-il encore, mais l'autre ce n'est pas ça, c'est bien différent de tout ça », et il se persuadait que sa beauté le frappait parce que ce ne devait pas être quelqu'un d'ici. « Une Orientale? Une Arménienne? » se deman- dait-il en cherchant qui lui avait parlé déjà de l'Ar- ménie mais il avouerait bien sans honte qu'il igno- rait où se plaçait exactement ce pays-là, ce n'était pas son métier de savoir la géographie pas plus que l'orthographe, et il regarda, de nouveau, Marie, et Marie comprit tout ce que pensait André rien qu'à le voir serrer les lèvres comme il faisait chaque fois qu'il était sûr de quelque chose, maître de quelque chose en lui-même.

Puis leurs pensées à tous zigzaguèrent comme la foudre, se rejoignant soudain, tandis que l'orage se rapprochait avec fracas et que de grosses gouttes de pluie tombaient. Mme Rombouts se rappela qu'elle n'avait pas fermé les vitres de la voiture. Elle courut vers la route, Leumont essayant de la protéger sous une vieille couverture brune. Elle songeait : « Elle ne va pas nous piquer une crise de nerfs à cause du tonnerre ! Elle ne me fait pourtant pas l'effet d'une hystérique », mais elle songeait aussi qu'elle ne la connaissait guère et elle eut envie de raconter à Leumont qu'elle avait rencontré pour la première fois cette Princesse, l'avant-veille, dans le pullman Paris- Bruxelles, « mais il me prendra pour une folle de l'avoir déjà invitée à la Campagne, les gens comme André et Marie n'ont pas notre fantaisie. » Elle adorait sa fantaisie à elle et la Campagne qui était le nom de sa maison brabançonne près de la brasserie de ses beaux-parents. Leumont se disait que cette Princesse, puisque Mme Rombouts l'avait amenée, ce devait être quelqu'un qui aimait la sculpture ou les artistes,

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une acheteuse. Marie, dans « la salle » où elle avait fait entrer la Princesse, se disait la même chose qu'André, bien qu'elle n'osât pas encore faire admirer sur la cheminée le petit torse en bronze. Elle s'étonnait que la Princesse ne regardât rien autour d'elle, et la Princesse se répétait : « Je ne vais pas me donner en spectacle ! », mais comment cacher qu'on a peur de l'orage? Elle eût souhaité prier, se confier à Dieu, mais il y avait longtemps qu'elle ne concevait plus ainsi la prière, ce signe de croix qu'on fait comme le passant qui s'abritait, à présent, au creux d'une énorme dune, plus loin, au bout de la route.

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II

Ils se retrouvèrent tous les quatre dans la salle, autour de la table ronde garnie de tasses à fleurs roses et du sucrier en verre épais.

Mme Rombouts faisait « Ouf ! » en remuant sa chaise, elle riait, et avec de grands éclats de voix, elle parlait de l'averse, de la couverture brune, de sa voiture qu'on venait enfin de lui livrer et on ne livre encore les voitures américaines « qu'au compte-gouttes ».

Marie affirmait que l'orage s'éloignait, ça tonnait bien plus loin, les orages, près de la mer, s'en vont vite, l'air de la mer ou quelque chose les attire.

A cause des fleurs roses, des tasses et du sucrier bleuâtre, de toute la laideur de cette salle à manger

« qui doit aussi leur servir de chambre », la Princesse se rappelait l'intérieur du chalet du portier du Palace Rizzavone de Lucerne : cet homme gagnait beaucoup d'argent, et il aurait pu s'initier aux jolies choses, car le Palace de Lucerne, comme les autres Palaces Rizzavone, était arrangé et meublé avec goût, mais enseignera-t-on jamais le goût aux « gens du peuple »?

Elle revit ce portier de Lucerne que, contrairement à tout le monde, elle n'avait jamais trouvé beau garçon, c'était un ancien cocher, un petit voiturier, il avait été aussi liftier; son père le trouvait intelligent et

« de première classe », mais elle se rappelait que tout

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était affreusement vulgaire à l'intérieur du chalet que s'était acheté le portier. « Pourtant, ce garçon-ci est sculpteur, se disait-elle, Mme Rombouts n'est pas une ignorante et elle le croit très bon sculpteur. Il devrait avoir du goût. C'est à n'y rien comprendre ! » Elle tenta de se rappeler quelques noms de grands artistes « sortis du peuple », mais l'orage l'avait énervée et elle éprouvait cette impressionnabilité qui lui fai- sait toujours désirer être là où elle n'était pas. Qu'elle avait donc été ridicule de se laisser persuader de passer quarante-huit heures chez une inconnue ! Elle était désemparée dans ce pullman Paris-Bruxelles et la gentillesse familière de cette Belge l'avait séduite.

Et puis, il n'était pas plus stupide d'avoir accepté une invitation fantaisiste que d'avoir pris le train pour Bruxelles parce que Mme Germaine, sa vendeuse de chez Luc Dardy, venait de partir subitement pour la succursale de Biarritz. « Je voulais surtout voir les Cranach du musée de Bruxelles », se répé- tait-elle. Elle croyait tantôt que c'était la longue femme nue de Cranach à la toque rouge, aux yeux bridés, énigmatiques, qui l'attirait, tantôt elle se persuadait qu'elle voulait approcher la ferveur reli- gieuse d'un Roger van der Weyden.

« Eh bien ! cette sculpture? » dit-elle tout à coup.

Elle trancha une phrase de Mme Rombouts qui pensa plus tard, une fois remise de son petit choc, qu'après tout une femme du monde se fait respecter et même admirer en ne se souciant nullement de la conversation des autres, et désormais elle interrom- prait aussi les autres. Marie dit bien d'une voix hésitante qu'elle allait justement verser le thé, mais Leumont, qui s'était tu jusque-là, se leva en remuant bruyamment sa chaise et, comme si c'était lui qui avait eu l'idée d'aller visiter l'atelier à cet instant

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même, il s'écria : « En avant ! » d'un ton qui étonna même Marie et mit encore plus mal à son aise la Princesse Arseniev.

La grosse pluie semblait s'être calmée. De vieux parapluies aux baleines disloquées suffirent pour ga- gner la grange. C'était d'ailleurs à deux pas. Il n'y avait qu'à longer le grillage du poulailler ; mais le sol était détrempé à cette place et la boue sablonneuse se mêlait à d'innombrables saletés. « Mes sandales seront perdues ! » pensa la Princesse sans oser regarder le cuir blanc ; elle éprouvait pourtant un apaisement presque joyeux à la pensée que l'orage s'éloignait.

Dans la grange, en présence des statues, elle chercha en vain les mots qu'elle pouvait dire.

Heureusement, Mme Rombouts s'exclamait, mais la Princesse Arseniev eût détesté crier ainsi n'importe quel adjectif qui ne correspondait à aucune des qua- lités des œuvres de ce garçon. Ces œuvres avaient- elles vraiment des qualités, la qualité qui fait une œuvre? La Princesse ne s'était jamais trouvée aussi indécise. Devant la femme en granit grenu, debout, les bras simplement pendant le long des cuisses opulentes, elle ne pouvait détacher son esprit de l'image de l'amie du sculpteur qui lui servait de modèle, lui avait dit Mme Rombouts, depuis les longues années qu'ils habitaient ce lieu isolé dans les dunes. On possède pourtant quelque chose au fond de soi quand on supporte une solitude pareille ! Elle se reprochait d'imaginer que seul un amour violent et brutal retenait ce garçon loin du monde. Mais, dans la lumière de la petite grange que l'approche du soir ternissait déjà, tous ces blocs de pierre ne lui semblaient s'animer que d'une vie bestiale. Elle se souvint avec satisfaction de quelques mots lus elle ne savait plus dans quel livre de Rilke sur le texte

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primitif de Dieu. Voici, voici : l'artiste doit revenir au texte primitif de Dieu. N'était-ce pas au sujet de Rodin, ou la phrase ne serait-elle pas de Rodin lui- même? Mais comment dégager de la pierre une forme qui ne soit pas lourdement charnelle, lorsqu'on se donne pour modèle une femme qui n'est qu'une grosse femme?

Elle n'osait plus regarder le sculpteur et elle tour- nait autour d'un corps nu, d'un nu allongé, « affalé » pensait-elle, puis elle revenait à cette statue-ci qui n'était que deux fesses et elle se hâtait vers un torse, se hâtait vers le dos d'un torse pour finir par mur- murer :

« Ah ! le problème de l'ombre en sculpture... » Elle n'acheva pas et elle avait commencé d'ailleurs en s'étant persuadée que le mieux, la solution la plus polie, serait de hacher des termes sans suite, d'interroger, oui, de poser quelques grandes questions générales qu'on peut interpréter comme une marque d'intérêt. Mais elle se sentit heurtée, froissée (oh ! elle n'attendait aucun égard de la part de cet homme) plutôt confusément agacée parce qu'elle supportait mal la grossièreté, quand cet homme, sans paraître prêter attention à ses paroles, s'adressa brusquement à Mme Rombouts : « Vous savez, lui dit-il, la lettre au Comité des Américains, je l'ai commencée...

— Ah ! comme je suis contente ! Et finalement, vous acceptez, j'espère? demanda Mme Rombouts.

— Non, je n'accepte pas », dit André Leumont.

Mme Rombouts fit un « Ah ! » ou un « Oh ! », le ah ! ou le oh ! d'une sincère déception et cette expres- sion de vie aux jaillissements si simples qui plaisait à . la Princesse Arseniev délaissa son visage, mais elle se ressaisit vite et elle expliqua à l'usage de la Prin-

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cesse qu'il s'agissait d'un comité américain de com- battants américains qui voulait faire élever un grand monument, un somptueux monument aux morts américains de la guerre et alors le monument est mis en concours, il y aura un jury, il faut soumettre des projets et pour le gagnant c'est une somme folle à gagner, tout simplement folle, « et vous ne voulez vraiment pas vous mettre sur les rangs? de manda- t-elle encore à Leumont. C'est le dernier de vos derniers mots?

— Cela m'entraînerait dans des affairesd'argent, dit André Leumont.

— De l'argent qu'on verserait dans vos poches ! s'écria Mme Rombouts en retrouvant sa joie de vivre.

— J'abandonnerais tout pour m'occuper de ce projet, dit Leumont, et il y a une date limite et je sais bien que dans des histoires pareilles il y a toujours des combines. C'est une affaire d'argent, et puisqu'ils paieront, ils voudront ceci et cela, ils me feront changer ça et puis ça, et je ne veux pas m'encombrer de tous les soucis de l'argent. Seulement gagner le nécessaire pour vivre, pour travailler.

— Je comprends, dit Mme Rombouts avec moins d'élan qu'à son ordinaire. Et Marie? Que pense Marie? » ajouta-t-elle d'une voix encore plus hésitante.

André Leumont, pour la première fois depuis l'ar- rivée des deux femmes, éclata de rire. Un rire sonore et bref.

« Elle pense ce qu'elle veut, dit-il, et moi je fais ce que je veux. »

Mme Rombouts lui donna une grande tape sur l'épaule :

« Cet André ! s'exclama-t-elle. Mon grand homme ! Mon beau sculpteur. »

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Leumont prit Mme Rombouts par la taille et on ne savait pas s'il y avait dans son geste une familia- rité condescendante pour une femme plus âgée ou de la moquerie. Il continuait à sourire et il cligna même de l'œil comme s'il prenait à témoin la Prin- cesse. Celle-ci fut irritée tout en se répétant que c'était là une coutume belge : la veille, pendant le dîner, Mme Rombouts avait cligné ainsi à propos d'une réflexion du valet de chambre sur la nouvelle cuisi- nière, à propos d'un télégramme de son mari qui annonçait qu'il prolongeait d'une semaine son séjour en Écosse, à propos de tout. « Mais ce garçgn exagère, pensa-t-elle, il est tout de même d'un autre monde qu'elle, et comment une femme peut-elle accepter ces manières? » La silhouette de Mlle de Bihor se présenta à son esprit, l'institutrice qui l'avait élevée et était devenue sa demoiselle de compagnie jusqu'à son mariage. Que Mlle de Bihor eût-elle pensé, du haut de sa distinction racée, de tous ces gens, de ce milieu, et la Princesse s'aperçut qu'elle confondait dans « ce milieu » Mme Rombouts et les deux habitants de la pauvre maison des dunes. « Quel orgueil ! pensa- t-elle. Je ne m'en débarrasserai jamais. » Elle se gourmandait intérieurement comme une petite fille.

C'est ce qu'avait aimé en elle son mari, « cette âme d'enfant », ainsi qu'il disait durant leurs fiançailles, et, comme chaque fois qu'elle pensait à Piôtr, elle formula vaguement une sorte d'invocation vers l'in- visible, vers l'inconnu, ce qui pouvait être Dieu, et elle ferma les yeux pour cacher l'angoisse qui la saisissait au souvenir du terrible accident.

Aussi nettement que lorsqu'on lui avait annoncé, cinq mois après son mariage, la double mort de Piôtr et de Mlle de Bihor, elle imagina encore une route ruisselante de pluie après un orage et une voiture

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qui dérape, une voiture qui s'écrase contre un des peupliers de la route. C'était une route de la vallée du Rhône. Elle n'avait jamais voulu revoir la route, passer par cette route, proche de Sierre et de Sion, elle ne verrait plus les teintes du Valais, ses couleurs qui semblent si violentes quand on vient du Tessin transparent et lumineux. Elle pensa à Sierre, aux maisons couvertes d'ardoises, aux balcons d'angle, aux chemins pierreux. Les paysans du Valais con- duisent de bruyantes charrettes attelées de mulets : l'Espagne, prétendait Rilke, « et je veux bien le croire », se dit-elle en sortant soudain de sa rêverie.

Les deux autres, Mme Rombouts et le sculpteur, parlaient bas au seuil de la grange.

Elle se trouva assise sur une vieille chaise paillée, en contemplation devant le torse de femme qui frappa de nouveau son regard. « Quelle heure est-il donc?

se demanda-t-elle. L'heure de partir certainement.

Les routes seront glissantes. Elle ne va pas me faire aller à cent à l'heure ! » De nouveau, la route du Valais noire de pluie la hanta et, en même temps, elle com- prenait qu'il s'agissait bien entre les deux autres du départ, de leur retour à elles, et Mme Rombouts chuchotait qu'elle n'oserait jamais lui demander de coucher ici : « Ce n'est pas pour déprécier votre Palace, mon vieil André. Mais vous savez, les femmes de luxe aiment leurs petites aises. »

La Princesse Arseniev sursauta à ce mot de Palace qu'elle haïssait.

Mme Rombouts reprit qu'après tout on pouvait toujours tenter l'aventure ; ils s'approchèrent et Mme Rombouts expliqua qu'il était déjà tard, les routes seraient mauvaises et la Princesse approuva aussitôt car elle avait senti la peur s'installer en elle comme chaque fois qu'elle repensait à la route de la

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vallée du Rhône ; elle était alors aussi vulnérable que sous l'orage, aussi piteuse.

Mais il fut question de draps.

Mme Rombouts et elle coucheraient sur le grand divan de la salle, expliqua André Leumont, il existait aussi dans la salle un petit divan où dormirait Marie, et lui irait dans la maison voisine, une maison toute proche qui n'était pas louée et dont il possédait en garde la clé. Mais il y avait le problème des draps.

L'autre paire de grands draps se trouvait déjà dans la lessiveuse et il faudrait se contenter des draps pas très, très propres du grand divan.

La Princesse devint pourpre, la peau brune de ses joues fonça si fort que Mme Rombouts s'en aperçut aussitôt et ne sut plus que dire. Mme Rombouts venait de s'exclamer : « A la guerre comme à la guerre ! Lorsque les Anglais sont entrés à Bruxelles, je vous assure que la question des lits pour tous ces libérateurs, on l'a vite résolue ! On fraternisait, ah ! oui, on fra- ternisait ! » Elle se trouva décontenancée de nouveau par cette Princesse. « La gaffe, se dit-elle. Je vais trop fort ! »

« Mais nous pourrions toutes les deux aller coucher dans cette maison voisine dont vous parlez », dit la Princesse Arseniev, et ce sera déjà assez horrible, songea-t-elle, car jamais elle n'avait dormi dans le lit d'une autre femme. « Ce sera horriblement gênant de coucher avec cette Belge », se répétait-elle.

— Là-bas, dit Leumont, c'est à peine meublé. Il n'y a qu'une espèce de sommier très étroit dans une espèce de soupente.

— J'irai seule là-bas, dit la Princesse d'un ton sec.

— Alors vous, vous coucherez sur le petit divan, dans la salle avec nous, dit Leumont à Mme Rombouts de son ton familier et moqueur.

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— Oh ! moi », murmura Mme Rombouts. Elle continuait à être décontenancée. Elle commença à l'adresse de la Princesse :

« Je suis désolée...

— Mais c'est sans importance, Madame », coupa la Princesse Arseniev.

Elle ajouta, en ouvrant à peine les lèvres, ce qui, cette fois, lui donnait un accent d'étrangère :

« Tout est bien qui finit bien, n'est-ce pas? » André lui-même se demanda alors si cette femme ne les méprisait pas tous, mais il ne comprenait pas pourquoi. « C'est parce qu'elle est étrangère », son- gea-t-il, et il repensa à l'Arménie et il se dit que

« l'Arménie », ça devait lui être resté dans l'esprit à cause du papier d'Arménie qu'on vendait dans l'estaminet de ses parents, à l'écluse du canal de Peruwelz ; il en brûlait parfois des bouts qu'il dérobait dans la boîte : il en donnait aux autres gosses ; il en brûlait dans la cour de l'École des Frères avec les autres garçons. « Pourtant, pensa-t-il, si elle est Arménienne, ou d'un autre pays de par-là, il n'y a pas de quoi nous mépriser nous autres petits Belges. » Il aimait son pays, ses grands ciels, les champs de lin, l'âpreté de la mer et la lenteur des canaux sur lesquels avait navigué Marie dans la péniche de son père jusqu'à l'âge de seize ans. Marie, à seize ans, à la mort de son père, avait fait la servante sur la grande place, à Furnes, chez une tante à lui, et c'est là qu'il l'avait mieux connue, mais ils s'étaient déjà remarqués tous les deux aux passages de la péniche, à l'écluse de Péruwelz ; chaque fois que la péniche passait, Marie et son père s'arrêtaient à l'estaminet de ses parents pour y boire ou acheter une bobine de fil, un petit quelque chose, et Marie avait dix-huit ans lorsqu'ils avaient commencé à vivre ensemble,

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« et ce n'est pas parce que Marie a été servante dans un petit restaurant que celle-là nous méprisera ! » pensa-t-il.

« Allez, allez, dit-il à la Princesse, vous dormirez bien dans la maison du voisin, malgré les araignées et les limaces.

— Qu'il est méchant ! s'écria Mme Rombouts, et elle prit gentiment la Princesse par le bras :

— Je suis désolée... » recommença-t-elle.

Mais, au même moment, on entendit retentir des pas sur les gros pavés, devant la grange. Il y eut un bruit de voix et la Princesse reconnut l'accent alle- mand d'un des personnages qui apparurent :

« Eh bien ! André, on vient te faire la bonne visite. » Ils n'étaient que deux : un homme assez chauve, aux knickerbockers de tweed blanc, et une femme vêtue d'un imperméable vert amande, mais Marie était avec eux et, comme enhardie par leur présence, elle parlait assez bruyamment.

Mme Rombouts les connaissait. Elle fit les présen- tations. Elle passa ses bras sous ceux de M. et de Mme Wolfberg et, tournant alternativement la tête vers l'un et l'autre, comme si c'était pour eux qu'elle donnait ses explications, elle raconta que tous deux avaient pu fuir la Belgique jusqu'à la Suisse, à l'ar- rivée des troupes nazies, et qu'ils avaient fait leur bonne petite guerre en Suisse parce qu'avec des pro- tections et un peu d'argent... « Ah ! les débrouillards ! s'écria-t-elle.

— Mais nous avons été internés dans un camp, en Suisse, dit M. Wolfberg, nous avons été internés. »

Il insistait d'un accent pesant sur le mot.

« Vous en êtes vite sortis de votre camp ! s'écria Mme Rombouts.

— Nous étions malades, dit M. Wolfberg.

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— Malades nerveusement, reprit Mme Wolfberg.

— Les débrouillards ! s'exclama encore Mme Rom- bouts. Et à présent, on a repris ses petites occupa- tions... M. Wolfberg est céramiste, dit-elle à la Prin- cesse.

— Cela vous intéresse, Princesse, la céramique? » demanda M. Wolfberg d'une voix douce, puis, avec un tout autre ton, comme s'il soufflait entre ses dents :

« Arseniev, n'est-ce pas un nom de l'Ukraine? Ne venez-vous pas de l'Ukraine? reprit-il.

— Non, répondit la Princesse. D'ailleurs, c'est mon mari qui était russe. Je suis veuve. Je suis française.

— Française, s'écria Mme Rombouts.

— Elle est déçue, la pauvre ! dit la Princesse Arseniev avec un petit rire forcé.

— Mais pas du tout, du tout, dit Mme Rombouts.

Vous n'avez pas le type français, voilà tout.

— Ma mère était suisse, tessinoise, reprit la Prin- cesse. C'est elle qui a voulu me donner le nom d'Alda. » Alda Arseniev allait parler aussi de l'origine corse de son père, mais elle se tut en remarquant le visage attentif avec lequel l'écoutait l'Allemand. « C'est leur façon d'être poli, pensa-t-elle pour s'apaiser. Ils exagèrent toujours la politesse », mais elle ne pouvait se défendre de la crainte qu'on eût connu son père.

« Et l'aurait-il connu ! se répéta-t-elle avec insistance.

Papa est le plus honorable des hommes. Loyal, droit.

S'il avait été juif, lui, il ne se serait jamais arrangé pour sortir d'un camp alors que d'autres Juifs y res- taient. » Mais, en même temps, elle voyait son père s'incliner avec sa politesse exagérée, la même que celle de l'Allemand. Elle haïssait la politesse de son père, tout ce que cette politesse exprimait de sa servitude à elle, de l'isolement qui l'avait contrainte à une vie gâchée et, de nouveau, elle regarda M. et Mme Wolf-

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berg, mais cette fois avec hauteur, afin de leur imposer silence s'ils savaient qui elle était.

Tout le monde retourna dans la grande salle.

Mme Wolfberg confia à la ronde qu'elle avait ap- porté des tranches de gigot froid et un bocal de cor- nichons dans le cas où l'on ferait un pique-nique.

Marie dit que ce n'était pas la peine car elle gardait toujours un petit quelque chose pour les visites.

Mme Rombouts s'exclama qu'elle commençait à mourir de faim, et lorsque M. Wolfberg remarqua, sur la table, les tasses propres, tout le monde rit parce qu'on avait oublié le thé de Marie. Celle-ci semblait encore plus gaie que les autres. Seul André Leumont cherchait à s'expliquer pourquoi la Princesse Arseniev enroulait indéfiniment à ses doigts les franges du chemin de table en filet multicolore.

L'accès de violence intérieure d'Alda s'était calmé.

« Je me fais toujours des idées, pensait-elle. Ces gens sont gentils, même ces Allemands, et sauraient-ils qui est papa, ils ne m'en traiteraient pas moins bien », et elle se persuadait que ce qui continuait à la mettre mal à son aise, c'était plutôt la pensée de sa fortune, dans ce milieu de petites gens, car cet Allemand n'était, après tout, qu'un céramiste, et la Brasserie des Rombouts, si prospère fût-elle... La maison dans laquelle l'avait reçue Mme Rombouts était, certes, confortable et joliment arrangée. « Mme Rombouts me croit une aisance assez luxueuse, mais elle ne se doute pas que je suis aussi riche, stupidement riche. » Quand elle se répétait qu'elle était « riche », elle- même ne savait plus si son accent intérieur se nuançait d'ironie, de satisfaction ou d'angoisse.

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C 'EST entre 1935 et 1939 que Pierre de Lescure, après avoir fondé et dirigé La Quinzaine critique, publia ses premières œuvres : Pia Malécot, Tendresse inhumaine, Souviens-toi d'une auberge, La tête au vent. Une technique romanesque encore inconnue du public français s'y manifestait, visant à élaguer du récit tous les intermédiaires, à faire constamment appel à l'allu- sion, à établir les aventures à la fois en dehors et au-dedans des personnages et à vous donner le plus vivement possible l'impres- sion de la vie qui passe. « La grande qualité de Pierre de Lescure, écrivait Edmond Jaloux, est de montrer des gens qui vivent.

Aucune introspection, aucun commentaire de l'écrivain : des gestes, des actes, des paroles, qui se suivent devant nous sans que rien nous éclaire sur le fond des êtres. Et cependant, ce fond s'éclaire peu à peu et laisse apparaître une sorte de vérité, une vérité mouvante, indécise, complexe, comme l'est la vérité des caractères, comme l'est la vérité de la vie. »

Dès l'armistice de 1940, Pierre de Lescure s'engage dans la Résis- tance active; puis il fonde avec Vercors, en 1942, Les Éditions de Minuit. Recherché par les Allemands, il laisse à Paul Eluard la direction de ces dernières et gagne le maquis du Haut-jura où il participera aux attaques de 1944.

La guerre terminée, il écrit en Suisse les deux volumes du Souffle de l'autre rive et prépare la création de la revue Roman.

Mais, c'est à Saint-Paul-de-Vence où il se fixe en 1948 avec Célia Bertin, que se développe et s'affirme cette volonté de puri- fication et de renouvellement à l'origine de laquelle on trouve les lignes que le fondateur des Éditions de Minuit signait dès 1942 : Il ne s'agit plus de petites renommées personnelles. Peu importe une voie difficile. Il s'agit de la pureté spirituelle de l'homme. Lignes auxquelles ferait écho, dix ans plus tard, le manifeste collectif de la revue Roman : Le roman n'est pas un art d'agrément. Non plus de l'art pour l'art. Il n'y a d'art que par l'homme et pour l'homme.

En 1953, l'équipe de Roman monte à Paris et, en septembre de la même année, paraît la collection du même nom. Dès lors, un mouvement littéraire se développe, auquel se joignent, de plus en plus, des romanciers de tous les pays.

PLON

Imprimé en France. — TYPOGRAPHIE PLON, PARIS. — 1955. 65120. — Printed in France.

S . P.

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