L’ANALYSE DES ALIMENTS DESTINÉS
AUX ANIMAUX ET L’INTERPRÉTATION
DES RÉSULTATS QU’ELLE FOURNIT
G. CHARLET-LERY, A. FRANÇOIS. A. M. LEROY
Chargée
de recherchesà l’l.N.R.A.,
Chargé de recherches
à l’I.N.R.A.,
Professeur à l’Institut national agronomique
Laboratoire de zootechnie de l’Institut national agronomique, Paris
PLAN DU MÉMOIRE
1
0 Exposé de la méthode classique
d’analyse.
- Précautions àprendre
pour obtenir des résultats suffisammentprécis
et fidèles. Défectuosités de cette méthode.2
° Modifications proposées pour l’amélioration de la méthode
précédente.
-Dosage
de la cellulosevraie,
de lalignine,
desglucides hydrolysables
àl’ébullition,
despentosanes.
Définition etdosage
de l’insolubleformique.
Dosage
despectines
et de l’acidepectique ;
ses difficultés.3
° Digestibilité comparée des constituants formant la fraction ternaire dégraissée d’un aliment. -
Comparaison
des résultats del’analyse
d’un aliment et de ladigestibilité
des substances entrant dans sacomposition.
4
° Détermination éventuelle du coefficient de digestibilité de la matièreorganique contenue dans l’aliment
d’après
l’examen des résultats del’analyse.
-Comparaison
avec les résultats fournis parl’expérimentation
directe.PREMIÈRE
PARTIEEYPOS1:
I>E LAMETHODE CLASSIQFE
H ANALYSE DES ALIMENTS Précautions àprendre
pour obtenir des résultats suffisammentprécis
et fidèlesDéfectuosités de cette méthode
La méthode couramment
employée
pourl’analyse
des aliments du bétail est entièrementconventionnelle,
et sesprincipaux
mérites sont sasimplicité
( 1
) Avec la collaboration technique de M""’ l3ozzt et de !Irs Lncutovte et MARTIN.
et sa relative
rapidité
d’exécution. Mais pour obtenir des résultatscomparables,
il
importe
derespecter scrupuleusement
certainesprécautions,
en l’absencedesquelles
de graves causes d’erreurspeuvent
seproduire.
Cette méthode est suffisamment connue pour que nous
puissions
nousdispenser
d’en exposer leprotocole
détaillé. Celui-ci a fait d’ailleursl’objet
d’unepublication
assez récente de l’Institut Professionnel de Contrôle et de recherchesscientifiques
des Industries de l’alimentation animale(r).
Nous nous borneronsà en commenter certaines
dispositions,
en raison du caractère essentiel de cesdernières.
Rappelons qu’il importe
tout d’abord de veiller avec leplus grand
soin àla
préparation
de l’échantillon. Celui-ci doit être d’autantplus
finement diviséqu’il présente
aupremier aspect
moinsd’homogénéité.
Les foins et lesmélanges composés,
dans la formuledesquels
entrent des substancespossédant
desdensités fort
différentes,
doivent être divisés avec le maximum deprécaution,
sous la surveillance d’un
personnel
habitué à l’exécution de cette tâcheparti-
culièrement délicate. On n’oubliera pas, au cours de cette
préparation,
que le passage dans lesappareils mécaniques
échauffe la matière etpeut
lui faireperdre
une certaine fraction de l’eauqu’elle
contient. Il faut tenircompte
decette
perte
encomparant
les résultats dudosage
de l’eau avant etaprès
letravail
mécanique
de division. Le taux d’humidité étant ainsi connu, tous les résultats ultérieurs serontrapportés
à ooog de
matière sèche duproduit
initial.L’analyse porte
successivement sur la détermination des matières miné-rales,
par incinération à 55odegrés centigrades,
sur la détermination de l’azote. à l’aide de la méthode deKjeldahl,
sur ledosage
deslipides
par une extraction à l’alcoolbouillant,
suivie par une seconde extraction à l’éthersulfurique,
etenfin,
sur deuxhydrolyses
successives d’une durée d’une demi-heurechacune,
la
première
avec une solution d’acidesulfurique
à 1,25 p. 100 et laseconde,
avec une solution de soude de même concentration.
Après chaque hydrolyse,
les substances non dissoutes sont
séparées
parcentrifugation
et lavées avecsoin. Le résidu de la seconde
hydrolyse, après dessiccation, pesée
et incinéra-tion pour
permettre
de déduire lepoids
descendres,
donne cequ’il
est convenude
désigner
sous le terme de celluloseWeende,
du nom de la StationAgrono- mique
Allemande où cette méthode a été mise aupoint (crude
fiber des auteursanglais
etaméricains).
Les conventions à
adopter
pour obtenir des résultatscomparables
sontles suivantes : tout
d’abord,
pour le calcul de la teneur en matièresazotées,
on admet la nécessité de
multiplier
laquantité
d’azote Nindiquée
par ledosage Kjeldahl,
soit par le coefficient moyen desprotéines, 6, 25 ,
soit par des coeffi- cients variables selon les substancesqu’il s’agit
de doser.Or,
les matièresazotées contenues dans les
fourrages,
lesgrains
et les tourteaux forment unmélange complexe
deprotéines vraies, d’amides,
et de substancesdiverses,
dont lesproportions
varientparfois
d’un échantillon àl’autre,
pour une mêmecatégorie
d’aliments, de telle sorte que le passage de laquantité
d’azote aupoids
exact de l’ensemble des matières azotéesexige théoriquement l’usage
d’un coefficient
spécial
pourchaque
groupe deproduits.
Afind’éviter
cettecomplication,
il estlogique d’accepter
commecompromis
un coefficient arbi- traire. Dans les calculsqui
fontl’objet
de cetexposé,
nous avons fait usage du coefficient6, 25 ,
à l’imitation de nosCollègues
duRoyaume-Uni
et des U. S. A.Le résultat fourni par le
dosage
deslipides
à l’aide de la double extractioncorrespond
à unmélange
deglycérides,
destérides,
dephospholipides
et d’im-puretés,
dont lespigments
diversprésents
dans lesvégétaux
forment uneimpor-
tante fraction. Ces derniers sont
particulièrement
abondants dans lesfourrages
verts et les foins. Avec
F’ R nrr Ç ois,
nous avons montré que lesglycérides repré-
sentent de 30 à 95p 100de cet ensemble de corps, les
proportions
lesplus
élevéess’observant pour les
grains,
les issus degrains
et les tourteaux, et lesplus
faiblespour les foins
( 2 ).
La cellulose Weende ne
correspond
pas à unproduit
pur.C’est,
enréalité,
un
mélange
de cellulosevraie,
de la fraction laplus
difficilementhydrolysable
des
polyholosides
noncellulosiques (mannanes, galactanes, xylanes, arabanes)
et de
lignine.
La fraction de cette dernière dans lemélange
obtenu par la mé- thode de Weende est d’autantplus grande
que la masse insoluble fournie par ledosage
est elle-mêmeplus élevée,
ainsi que le montrent les donnéesci-après :
Cependant,
cetterègle présente quelques exceptions.
Lespailles,
enparti- culier,
fournissent unexemple
d’aliment riche en cellulose mais relativement peulignifié (cellulose
Weende : 400-lignine
124-lignine
p. 100 de la cellu- lose 31 p.100).
La différence entre le
poids
de la matièreorganique
et la somme « ma-tières azotées -!- matières grasses + cellulose Weende » forme ce que l’on convient
d’appeler
les extractifs non azotés. Ils’agit
d’unmélange complexe
essentiellement
composé d’oses, d’osides,
depolyholosides
noncellulosiques
(amidon, fructosanes, glucosanes,
mannanes,galactanes, xylanes, arabanes),
d’hémicelluloses
uroniques,
decomposés pectiques
et delignine.
Les constituants de cemélange
sont assez facilementdécomposés
dansl’appareil digestif
des animaux,sous l’action des enzymesprovenant,
soit de l’animallui-même,
soit de
microorganisme
extrêmement nombreux et actifs. Le coefficient d’utilisationdigestive
de ces extractifs non azotés par l’animal est très sensiblement voisin de celui de la matièreorganique prise
dans sonensemble,
ce
qui
est une bonne preuve de la valeur alimentaire de ces substances.L’utilisation de ces mêmes
procédés
pourl’analyse
des matières fécalescorrespondant
à une alimentation déterminée soulèveégalement
de gravesobjections.
Ledosage
des matières azotées nepermet
pas deséparer
les résidusazotés
provenant
de la fraction nondigérée
des aliments des nombreux corps microbiens vivants ou morts, des sucsdigestifs
non résorbés et des débris del’épithélium intestinal, qui
constituent en fait ces matières. Le bilan brut de l’azote que l’onpeut
établir ainsi ne donne pour cette raisonqu’un aspect
de l’ensemble duproblème,
et une étudeplus complète
desphénomènes
de ladiges-
tion
exigeant
laséparation
de ces diversescatégories
de déchets se heurte enfait à des difficultés
expérimentales
difficilement surmontables.Les mêmes difficultés se retrouvent, à propos de
l’analyse,
par la double extraction à l’alcool et àl’éther,
deslipides
fécaux. Unegrande partie
de ceux-ci
proviennent
des sécrétionsglandulaires
del’animal,
et laséparation
de cesdernières
exige
desmanipulations chimiques qui compliquent
aupoint
de larendre
impossible
l’exécution en séries desanalyses indispensables
à la conduited’une
expérience.
Si le
dosage
de la cellulose Weende dans les matières fécaleséchappe
à cescritiques, puisque
les matériaux dosés par cette méthode nepeuvent
avoirqu’une origine alimentaire,
la détermination par différence des extractifs nonazotés fournit presque
toujours
un résultat entachéd’erreur,
carl’emploi
ducoefficient
6, 25
pour le calcul des matières azotées fécales nepeut
fournir en effetqu’une approximation grossière
de la masse totale de ces substances.L’importance
des erreurs commises au cours de l’exécution desanalyses
d’aliments a faitl’objet
d’un examen attentif de lapart
de A.F RANÇOIS .
Dansl’ensemble,
les résultats obtenus pour la matièreorganique
sont connus à0 , 4
p. 100
près, sauf,
pour la détermination de la celluloseWeende, qui, plus
délicate que les autres, entraîne des erreurs de l’ordre de 3,5 p. 100
( 3 ).
DEUXIEME
PARTIE M(>1>Ik’I(1
;’Tl(>Ni
lIlOPOSÉES
POI-11L A MËLIOUATIOX
1)E LAMETHODE l’IIFCi:IIF.!’!TE
Pour obtenir une meilleure
compréhension
desphénomènes
de ladigestion,
il est
indispensable
de modifier lestechniques précédemment exposées.
L’ensemble des matériaux ternaires formés de la cellulose Weende et des
extractifs non
azotés, qui correspond principalement
auxglucides
de réserveeL aux matériaux des
parois
cellulaires des matièresvégétales analysées, représente
de 40à go p. 100 de l’ensemble de la matière sèche des aliments.La division en deux
fractions,
dont l’une fort maldéfinie,
de l’ensemble de cette masse,apparaît
partrop simpliste,
et il estpossible,
sanstrop
decomplications analytiques,
deséparer
de la manière suivante ce que nousdésignerons
doréna-vant sous le nom de substances
organiques
ternairesdégraissées, mélange d’hydrates
decarbone,
decomposés pectiques
et delignine
dont la dénomina- tion sejustifie
par le faitqu’il
est exclusivementcomposé
decarbone, d’hydro- gène
etd’oxygène,
ces deux derniers étant enproportions légèrement
diffé-rentes de celles des éléments de l’eau.
a)
Dosage de la cellulose vraieParmi les méthodes de
dosage
de la cellulosevraie,
nous avonsporté
notrechoix sur la méthode à l’acide
nitrique,
décrite par Kuxscxrr!x( 4 ),
depréfé-
rence à la méthode à
l’hypochlorite
de CROSS et BEVAN. De nombreuxdosages
de
recoupement
effectués avec l’aide de la méthode au brome de G. BERTRANDprise
comme référence( 5 )
nous a montré que latechnique
de KURSCHNERjoignait
à sarapidité
d’exécution uneprécision
fortacceptable.
En voici leprincipe :
La matière
première
séchée à l’étuve à io5c estdégraissée
successivement àl’ébullition,
par l’alcooléthylique
et l’éthersulfurique.
Elle subit ensuite uneattaque
par la soude àl’ébullition, puis
par unmélange
d’alcool et d’acide ni-trique
concentré. L’insoluble obtenu est lavé àplusieurs reprises
par de l’eau distillée maintenuechaque
fois à l’ébullitionpendant
une demi-heure.h)
Dosage de la lignineIl
existe,
dans lalittérature,
de nombreusesméthodes
dedosage
de lalignine.
Parmi cesdernières,
nous avons choisi le traitement par l’acide sulfu-rique
à 72p. 100, àfroid,
décrit par MAHOOn et CABLE(6).
La matière
première
séchée etdégraissée
est mise en contactpendant
unevingtaine d’heures,
à laglacière,
avec l’acide concentré. Par dilutiondans l’eau,
le taux de l’acide est ramené à 3 p. 100. La solution ainsi obtenue est
portée
à
l’ébullition,
et traitéependant
deux heures. 9u cours de ce traitementbrutal,
la
lignine
initialeperd
un certain nombre desgroupements
-OCH,
de samolécule,
de telle sorte que le résultat dudosage
estlégèrement
inférieur à lamasse de
lignine
initiale. Des observations effectuées par nos soins montrentque cettè erreur
est de 7, 3 p. 100 pour lalignine
du foin deluzerne, et de 4 ,o
p. 100 pour lalignine provenant
des matières fécales de ruminants alimentés avec cemême foin
(7).
c)
Dosage des glucides hydrolysables à l’ébullitionLes
glucides hydrolysables
sont formés d’osides et depolyhosides
noncellulosiques,
ainsi que de corpsuroniques ;
cesglucides proviennent
soit duprotoplasma cellulaire,
soit des membranes des cellules.Pour obtenir une
hydrolyse
suffisammentcomplète
de ces corps, il con-vient de traiter la matière finement
divisée,
àl’ébullition,
par une solution d’acidesulfurique
à 2 p. 100.Après neutralisation,
défécation et filtration la détermination de la teneur en sucres del’hydrolysat
est effectuée par la méthode Bertrand. Les résultats obtenus sontexprimés
englucose.
d)
Dosage des pentosanesIl est
utile,
pour une meilleure connaissance du métabolisme desglucides,
de doser à
part
lespentosanes,
par l’un desprocédés classiques imaginés
dansce but. Nous utilisons la
précipitation
du furfurol par l’acidebarbiturique,
selon la méthode d’UNG!R et
J AG E R ( 7 ) après hydrolyse chlorhydrique
de lamatière à
analyser.
Le résultat estexprimé
enxylanes.
e)
Dosage de l’insoluble formiqueL’emploi
de l’acideformique
pour ledosage
des matériauxcellulosiques
desgrains
et des tourteaux a étépréconisé
par GUILLEMET etJACQUOT (8).
Nousutilisons cette méthode en traitant par l’acide
formique
la fraction de l’alimentayant
résisté àl’hydrolyse
au cours dudosage
desglucides hydrolysables,
dansles conditions suivantes :
On
part
de 2 gd’aliment,
que l’on soumet d’abord à unehydrolyse
àl’ébullition, pendant
unedemi-heure,
sous l’action d’une solution d’acide sulfu-rique
2 N. La fraction non dissoute est recueillie et lavée parcentrifugation.
Elle est ensuite
traitée,
au bain-mariebouillant,
par 60 ce d’acideformique
à8
0p. 100. Le
résidu, après’lavage pourrie
débarrasser duréactif, esf entraîné
dansune
capsule
desilice, séché, puis pesé. Après
déduction dupoids
des cendres résultant de lacalcination,
on obtient l’insolubleformique,
que l’onexprime
en grammes par
kilogramme
de matière sèche duproduit
initial.Le résidu obtenu par cette méthode
correspond
très sensiblement à lasomme de la cellulose vraie
(cellulose K URSCHNER )
et de lalignine.
Il estplus grand
que le résultat obtenu par la méthode deWeende, puisque
ce dernierne
comprend
que la fraction de lalignine particulièrement
résistante àl’attaque
par la solution diluée de soude. R. GUILLEMET et P. HAMEL ont
déjà signalé
que l’insoluble
formique correspond
sensiblement à la somme « cellulose vraie +lignine
». Nous avons pu constater quel’hydrolyse préalable
fournit unemeilleure corrélation entre les deux séries de valeurs.
Dans un certain nombre
d’aliments,
nous avons dosé l’insolubleformique,
la cellulose
W!!rrD!,
la cellulose vraie selon KuRSCxrr!x et lalignine.
Voici lesrésultats de ces
dosages, qui
ontporté
sur desfourrages,
desgrains,
des tour-teaux et des
mélanges
alimentairescomplexes.
La concordance entre l’insoluble
formique
et la somme de la cellulosevraie et de la
lignine peut
être considérée commesatisfaisante,
si l’on tientcompte
des erreurs dedosages provenant,
soit del’échantillonnage,
soit del’exécution des
techniques
utilisées./)
Dosage des composéspectiques
Les matières
végétales
contiennent unequantité plus
ou moins considé- rable decomposés pectiques.
I,esfourrages
verts, le marc de pomme, les racines ettubercules,
ainsi que lapulpe
de betterave en renferment notamment d’im-portantes quantités.
Enrevanche,
lespailles,
lesgrains
et leurssous-produits (sons
ettourteaux)
n’en contiennent que fort peu. Il convient dedistinguer
entre l’acide
pectique
et lespectines proprement dites, lesquelles
sont desesters
méthyliques
de l’acidepolygalacturonique, porteurs
d’un nombre va-riable de
groupements méthoxyles OCH 3 .
Ainsi que l’ont montré A. M. LFROY et A. MICHAUX(c!),
ces corps sont utilisables enmajeure partie
parl’organisme
animal bien que les détails de leur métabolisme demeurent en
grande partie
inconnus.
Brièvement
résumée,
latechnique
dudosage
descomposés pectiques est
la suivante :
La
prise d’essai, après
extraction deslipides
par l’alcool et l’éther bouillants est traitée à l’ébullition par del’eau, puis, successivement,
par une solution faible d’acidechlorhydrique
et une solution diluée de carbonate desodium,
afin de
séparer
le mieuxpossible pectine, pectose
et acidepectique.
La solution aqueuseprovenant
des deuxpremiers
traitements estconcentrée, puis
addi-tionnée
decinq
fois son volume d’alcoolchlorhydrique,
afin deprécipiter
la
pectine, qui
est ensuitepurifiée.
I,’extrait alcalin est traité de son côté parune solution de chlorure de
calcium,
afin d’obtenir dupectate
decalcium, lequel
est transformé ultérieurement en acidepectique
par l’acidechlorhy- drique.
Malheureusement,
cesdosages, qui comportent
desmanipulations longues
et
délicates,
seprêtent
fort mal à desanalyses
en série. Pour cetteraison,
endépit
des intéressantsrenseignements qu’ils peuvent fournir,
nous n’avonspu les effectuer que sur un
petit
nombred’aliments,
ainsi que sur les fècescorrespondants.
Mais les résultats obtenus nous ontpermis
de calculerapproxi-
mativement les
quantités
de ces substances dans un certain nombre d’aliments demélanges,
en effectuant des calculsd’interpolation
àpartir
des données de A. MICIIAUX( 11 - 12 ).
Nous nous sommes servisspécialement
pour lesfoins,
de l’existence d’une excellente corrélationentre
le taux de cellulose vraie dans la matière sèche de l’aliment et la teneur encomposés pectiques
correspon- dante.TROISIEME
PARTIEÉTUDE
DE LA1)IUESTIBILITÉ COMPAREE
DES CONSTITUANTS DE 1,’ENSEMIII,E 1)ES SUBSTANCESOIiGANIQI1ES
Tkàl?N klltfàsDEGRAISSEES
Afin de montrer l’intérêt de ces modifications
analytiques,
il était indis-pensable
d’effectuer un certain nombred’expériences
dedigestibilité.
Surdes boeufs et des moutons soumis à un
régime simple, composé
soit de foinseul,
soit de foin et d’alimentsconcentrés, pulpe
sèche debetterave,
son de blé- nous avons
procédé
à des mesuresprécises d’ingesta
etd’excreta, complétées
par des
analyses
détaillées des aliments réellementingérés
et des fècescorrespondants. Chaque période expérimentale
étaitprécédée
par unepériode
d’accoutumance au
régime
d’une durée d’au moinscinq jours
pour les porcs, dixjours
pour les ruminants. — Lespériodes
d’observationproprement
dites avaient des duréesrespectives
desept
et dixjours. Voici,
à titred’exemple,
comment se
présente l’analyse
d’un foin deluzerne,
distribué à des bovidés etréellement consommé par eux, c’est-à-dire
après
déduction des matériauxcomposant
les refus.On voit ainsi que la fraction non
identifiée,
obtenue par différences corres-pond
à un peu moins de 3 p. 100de la masse de matièreorganique.
Remarquons
tout d’abord que la concordance entre l’insolubleformique
et la somme de la cellulose vraie et de la
lignine dosée,
n’est pastoujours
aussisatisfaisante que ne
l’indique
notre tableau. D’autrepart,
la différence entre la cellulose WEENDE et la cellulose vraie necorrespond
pas exactement à la fraction de lalignine
insoluble dans la soude à r,25p. ioo, car il estpossible
de emettre en évidence dans la cellulose WEENDE de faibles
quantités
d’hémicellu-loses, dont
despentosanes.
Mais
l’objection
laplus
sérieuse que l’onpuisse
faire à un tableau de résul-tats tel que le
précédent provient
du fait que lesproduits d’hydrolyse désignés
sous le terme de
glucides hydrolysables proviennent
de substancesqui
diffèrentles unes des autres par leur
pouvoir
réducteur. Enparticulier,
les acides uro-niques
libérés des hémicelluloses et descomposés pectiques
parl’hydrolyse
ont un effet réducteur nettement moins élevé que ceux des
pentoses
et deshexoses
qui
lesaccompagnent.
Pour cette
raison,
l’ensemble de cesglucides exprimé
englucose,
cequi correspond
auxanhydrides primitifs augmentés
de io p. 100, se trouve ainsi nanti d’une erreur par défaut. Enrevanche,
la fraction réductrice descomposés pectiques, qui
intervient dans cedosage, correspond
à une erreur parexcès, puisque
ces corps, dans leurtotalité,
sont obtenus par une détermination directe.D’après
A. MICHAUX( II ),
lesquantités
de substances réductricesprovenant
de 100 g decomposés pectiques, exprimées
engalactose,
sont les suivantes :Il est donc
possible, d’après
cesdonnées,
de déduire de l’ensemble desglucides hydrolysables
l’effet réducteurcorrespondant
aux substances pec-tiques, (acide pectique,
acidespectiniques)
directement dosées. Onpeut également,
connaissant par leurdosage
direct lesquantités
depentosanes
contenues dans les échantillons
analysés,
calculer lepouvoir
réducteur corres-pondant
à cespentosanes exprimés
enxylose ( 1 ).
D’autre
part,
ainsi que nous l’avons ditprécédemment,
nous savons que lalignine
dosée estprivée
par le traitementsulfurique
d’unepartie
de sesgroupements méthoxy.
Pour lesfoins,
notamment, laquantité
delignine
in situqui disparaît
au cours dudosage
est d’environ 7 p. 100. Il nous a paru utile tenir decompte
de cetteperte,
et nous avons ainsi calculé ce que nous avonsappelé
la «lignine
totalecorrigée
o obtenue en affectant le taux delignine
dosée du coefficient de
majoration appropriée.
Dans ces
conditions,
nouspréférons
détailler les résultats de nosanalyses
de la manièreci-après,
en cequi
concerne lapartie
ternairedégraissée.
Nous sommes ainsi conduits à
admettre, d’après
cetexemple,
que les 142g de corps
uroniques
et depolymères
enC 6
ont unpouvoir
réducteurégal
à celui de ro7,5 g de
glucose. Remarquons,
pour ledéplorer,
que ledosage
par différence des corpsuroniques
et des hexosanes demeurecritiquable,
en l’ab-sence d’une méthode d’évaluation des corps
uroniques
suffisammentrapide
pour
pouvoir
seprêter
à desanalyses
en série.Avec l’aide des données
expérimentales
recueillies au cours de 3r essais dedigestibilité,
dont 9 avecboeufs,
19 avec moutons et 3 avec porcs, nous avons pu dresser le tableauci-après (tableau vi), qui
donne pourchaque
essai la compo- sition des alimentsconsommés,
ainsi que les coefficients dedigestibilité
desconstituants de ces aliments calculés au moyen des résultats de
l’analyse
desmatières fécales
recueillies pendant chaque expérience.
Nous remarquons tout
d’abord, qu’il
existe des différences essentielles entre les coefficients dedigestibilité
des différents groupes de substancesséparés
par
l’analyse.
Tandis que lesglucides
enC 6
et les corpsuroniques,
d’unepart,
(1
) En réalité, le dosage des pentosanes par la méthode à l’acide barbiturique est entaché d’une
légère erreur par excès. Les acides uroniques sont en effet générateurs de furfural dans les conditions de ce dosage. Nous avons obtenu, pour 100 g d’acide galacturonique pur, une quantité de furfural
correspondant à z3,3 g de pentoses, exprimés en xylose. D’après les données du tableau m, on en peut déduire que l’erreur commise en cette conjoncture est d’environ 4g p. 100 g de composés pectiques,
ce que nous nous croyons en droit de considérer comme pratiquement insignifiant.
et, d’autre
part,
les corpspectiques
et les matièresazotées, apparaissent
hau-tement
digestibles,
lespentosanes
et la cellulose vraie sont moins facilementattaquables
par les ferments microbiens del’appareil digestif
desanimaux,
ce
qui s’explique
aisément(voir
les données du tableauvu). Quant
au coefficient dedigestibilité
de lalignine, qui
est leplus
faible de tous, nous constatonsqu’il
se maintient assezrégulièrement
autour de 30 p. ioo. Le sort de la fraction de cecomplexe qui paraît
franchir la barrière intestinale pose desproblèmes
d’un
grand
intérêtqui
n’ont pas encore été résolusjusqu’à
cejour.
Une mention
spéciale
doit être réservée à ladigestibilité
des matières grasses. Pour cettecatégorie
desubstances,
le coefficient d’utilisationdigestive
obtenu par
l’expérience
necorrespond
pas exactement à lapartie
deslipides ingérés
retenue parl’organisme animal,
car nous savons que les déchets des sécrétionsglandulaires
et de laparoi
intestinale viennent enrichir en matières solubles dans l’alcool et l’éther les résidus des alimentsingérés.
Telle est laraison
principale
pourlaquelle
ce coefficientapparaît
anormalement bas,lorsqu’on
le compare à celui desprotides
et desglucides.
Nous savons
qu’il
existe une certaine relation entre la teneur en cellulose WEENDE
d’un aliment et la
digestibilité
de sa matièreorganique.
Pour vérifierce
fait,
avec les données recueillies par nossoins,
nous avons construit lafigure
i, obtenue enportant
en abscisses les teneurs en cellulose WEENDE des aliments ou combinaisons d’aliments mentionnés au tableau m, et enordonnées,
les coefficients de
digestibilité
pour la matièreorganique correspondants.
L’extrême
dispersion
despoints
obtenus montrequ’il
n’est paspossible,
sous
peine
de commettre degrossières
erreurs, deprévoir
ladigestibilité
d’unaliment avec la seule aide de la teneur en cellulose WEENDE fournie par l’ana-
lyse.
La valeur du coefficient de corrélationqui
lie ladigestibilité
de la matièreorganique
au taux de cellulose Wr!NV! estégale
ici à - 0,73 +0 , 0 6.
Devant ce
résultat,
nous avons eu l’idée de comparer le taux delignine
dosée par la méthode
précédemment
décrite à la somme des substances ternairesdélipidées,
c’est-à-dire à la somme de la cellulose WEENDE et des extractifsnon azotés
(ou
à la différence entre le taux de matièreorganique
et la sommematières azotées -!- matière
grasse)
tellequ’elle
est fournie par lesanalyses
courantes. Le coefficient de corrélation
qui
lie ladigestibilité
de la matière or-.
lignine
, l, 8. C ’1 .ganique
aurapport lignine
estégal
à -0,8 9
+ 0,03. Cette corrélation est M. T. D.donc très nettement
supérieure
à laprécédente
et montre que la méthode pro-posée
doitpermettre
une meilleure évaluation de ladigestibilité
àpartir
desdonnées de
l’analyse.
Dans ce but nous avons calculél’équation
de la courbereprésentative
duphénomème. L’ajustement
à la droite nous a conduit àl’équation
suivanteLa somme des carrés des écarts entre les valeurs mesurées et les valeurs calculées est
égale
à3 88,9
L’ajustement
à unehyperbole
conduit àl’équation
La somme des carrés des écarts n’est dans ce cas que de
31 8, 2 .
Nous avonsdonc choisi ce dernier
ajustement.
Voici, indiquée
dans le tableauYIII, quelle
est, pourchaque expérience,
la différence entre la
digestibilité
de la matièreorganique,
évaluée à l’aide dugraphique
de lafigure
2, et ladigestibilité correspondante
fournie parl’expé-
rimentation directe.
Remarquons
que ledegré d’approximation
de ladigestibilité
mesuréed’après
cette méthode est sensiblement du même ordre que les différences observées normalement entre les coefficients dedigestibilité
de la matièreorganique
mesurésexpérimentalement.
I,a courbe
s’applique
aussi bien aux bovinsqu’aux
ovins et auxporcins.
Elle est toutefois limitée dans le cadre de cette
étude,
aux valeurs durapport lignine
_lignine comprises
entre 4,7 et2 6,6.
Nous n’avons pas fait
figurer
sur notre tableau les résultats del’expérience
n° 13, effectuée avec de la
paille
de blé. Lapaille
semble secomporter
d’unefaçon
différente de celle des autresaliments,
pour des raisonsqui
nouséchappent
et que des essais ultérieurs devraient
permettre
depréciser.
Il convient de remarquer que les
points
de lafigure
2qui
sont situés au-dessus de la courbe et les
plus éloignés correspondent
à lapulpe
de betterave, .
lignine
solubleet aux
mélanges
en contenant.Or,
pour cesaliments,
lerapport lignine totalelignine totale e
est
particulièrement
élevé. Inversement lespoints représentatifs
situés au-dessous de la courbe
correspondent
à des valeursparticulièrement
faibles. Onpeut imaginer
une correction basée sur la valeur durapport
du taux delignine
soluble dans la soude à 1,25
%
au taux delignine
totale. Nous étudionsactuellement cette correction.
CONCLUSIONS
En
résumé,
la nouvelle méthoded’analyse
des’aliments du bétail que nouspréconisons présente l’avantage
deséparer
les matièresanalysées
en groupes mieux définischimiquement
que ceux de la méthodeclassique
utiliséejusqu’à
ce
jour.
Enparticulier,
lalignine,
les corpspectiques
et les diversglucides
sontdosés
systématiquement,
et lesproportions
relatives de ces corpspermettent d’apprécier
avec une assez bonneapproximation
ladigestibilité
de l’aliment sansqu’il
soit nécessaire d’effectuer la déterminationexpérimentale
de cette der-nière. A ce
point
de vue, la méthode décrite ci-dessusreprésente
unprogrès
indéniable par
rapport
à l’ancienprocédé
basé essentiellement sur ledosage
de la cellulose WEErrn>~.
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