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Article pp.191-208 du Vol.1 n°2 (2003)

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Texte intégral

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stratégies pour une économie du savoir

Gaëtan Tremblay

GRICIS, UQAM

Département des communications Université du Québec à Montréal C.P. 8888, Succ. Centre-ville, Montréal Québec, Canada, H3C 3P8

tremblay.gaetan@uqam.ca

RÉSUMÉ. L’auteur présente ici les résultats d’une recherche documentaire sur les formes de partenariats au Québec et au Canada. Il en rappelle le contexte d’émergence et en évoque quelques définitions et typologies. Il s’attarde tout particulièrement sur les partenariats dans le secteur de l’enseignement supérieur. Il s’interroge finalement sur le sens et les fonctions des partenariats en tant que stratégies politiques, économiques et sociales dans des sociétés qu’on qualifie plus ou moins proprement de sociétés de l’information, sociétés du savoir ou sociétés en réseaux.

ABSTRACT. The author here sets out the results of a documentary investigation on the different forms of partnership in Quebec and Canada. He recalls the context of its emergence and provides some definitions and typologies. He gives special attention to partnerships in higher education. He finally wonders about the meaning and functions of partnerships as political, economic and social strategies in societies more or less properly called information, knowledge based or network societies.

MOTS-CLÉS : partenariat, université, Québec, Canada.

KEYWORDS: Partnership, University, Quebec, Canada.

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Introduction

Depuis une dizaine d’années, le partenariat s’est imposé comme un sujet d’actualité et un thème à la mode. Il fait partie, avec quelques autres termes comme imputabilité, orientation client, compétitivité, convergence, synergie, gouvernance, empowerment, etc., du lexique de base du discours politique contemporain. Jargon de spécialistes et d’administrateurs publics et privés, mais aussi ensemble de mots- valise et passe-partout dont on ne sait pas trop ce qu’ils recouvrent exactement mais qu’on est à peu près sûr de retrouver chez quiconque prétend discourir d’une manière qui se veut informée sur les solutions que commandent les grands problèmes de l’heure.

Le partenariat n’est cependant pas qu’un slogan. Des chercheurs l’ont pris pour objet. Des auteurs en dissertent. Des politiques, des institutions et des pratiques s’en réclament. Des instituts, des bureaux, des programmes de partenariat sont créés et se multiplient au fil des ans, dans les secteurs les plus divers et dans des pays aux traditions souvent différentes.

Le présent texte résulte simplement d’une curiosité piquée, interpellée par un tel engouement. Voulant en savoir plus, j’ai consulté livres, articles, rapports et sites web sur le sujet, avec pour objectif d’en couvrir les multiples facettes sans pour autant prétendre à l’exhaustivité. J’ai tenté de répondre à des questions élémentaires : qu’est-ce que le partenariat ? dans quel contexte émerge-t-il ? pourquoi en parle-t-on autant ? quelles fonctions remplit-il ? quel sens prend-il dans les sociétés contemporaines ? Mes intérêts personnels m’ont porté à accorder une attention particulière au secteur de l’éducation. J’exposerai le résultat de ma démarche en suivant un plan relativement simple en quatre points : 1) le contexte d’émergence ; 2) définitions et typologies ; 3) le partenariat en éducation ; 4) fonctions et sens du partenariat. Chemin faisant, au fil des précisions mais aussi des ambiguïtés et des complexités, se profilera peu à peu, je l’espère, la place qu’occupent les stratégies de partenariat dans des sociétés qu’on qualifie plus ou moins proprement de sociétés de l’information, sociétés du savoir ou sociétés en réseaux.

Le contexte d’émergence

Le partenariat est une expression qui nous vient de la tradition anglo-saxonne : partnership, lui-même formé à partir de partner. Aux États-Unis, les premiers ouvrages sur le partenariat portent sur des questions économiques et politiques, pour la construction d’infrastructures ou la fourniture de services publics. Consacrant l’intérêt pour l’approche, une organisation sans but lucratif, le National Council for Public-Private Partnerships1, voit le jour en 1985 et se propose comme le forum des

1. http://www.ncppp.org/

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idées nouvelles et des innovations en matière de partenariat public-privé. Au Québec, le premier texte en français sur le partenariat est publié en 1986. Il porte également sur des questions économiques et politiques. Les premières applications ont été faites dans le domaine de la santé mentale. Le partenariat entre les professionnels de la santé, les familles et les associations communautaires s’est imposé comme solution de rechange à l’internement dans les institutions psychiatriques.

En Amérique du Nord, l’engouement pour les diverses formes de partenariat s’est accentué depuis le début des années 90. Quelques indices en témoignent éloquemment. Les publications de toutes sortes, livres, rapports et articles, se sont multipliées. L’organisation sans but lucratif, le Conseil canadien des sociétés publiques-privées (Canadian Council for Public-Private Partnerships)2 a vu le jour en 1993. Convaincus que les citoyens sont bien servis quand les intérêts du gouvernement et du secteur privé se rencontrent, ses membres s’activent à promouvoir la collaboration publique-privée dans la prestation de services à la population canadienne. Au Québec, un institut pour le partenariat public-privé3 organise rencontres et conférences depuis 1997. Actif dans plusieurs secteurs, il a créé un comité sur l’éducation début 2001, lequel regroupe essentiellement des représentants d’institutions privées.

Les organismes qui subventionnent la recherche au Québec et au Canada ont adopté des politiques favorables au partenariat et, dans la foulée, plusieurs universités se sont dotées de bureaux de partenariat. Nous y reviendrons plus loin.

Puis le Secrétariat du conseil du trésor du Québec a mis sur pied son Bureau des partenariats d’affaires4, en 1999. Le ministère fédéral Industrie Canada5 a fait de même en 2001. Récemment, en mai 2002, le Conseil supérieur de l’éducation6 a diffusé une étude qu’il a réalisée sur les universités et le partenariat.

Même incomplète, cette rapide évocation de publications et d’institutions suffit à montrer l’importance acquise par le partenariat au cours de la dernière décennie. Cet engouement pour le partenariat s’est développé dans un contexte où les gouvernements locaux, régionaux et nationaux ont été soumis à de fortes pressions pour changer leurs manières de faire et trouver des solutions moins coûteuses et plus efficaces pour satisfaire une demande croissante de services publics. La structure bureaucratique des administrations publiques a souvent été incriminée pour sa lourdeur, sa lenteur, son insensibilité aux besoins de la clientèle et ses coûts de fonctionnement élevés. Dans un monde globalisé, où la concurrence est de plus en plus féroce, l’appareil gouvernemental a été sommé de rationaliser ses activités et d’améliorer la prestation de ses services, sans pour autant augmenter le fardeau

2. http://www.pppcouncil.ca 3. http://www.ippp.org

4. http://www.tresor.gouv.qc.ca/marche/partenariats 5. http://strategis.ic.gc.ca/sc_indps/co nstruction/index.html 6. http://www.cse.gouv.qc.ca

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fiscal. L’ouverture au secteur privé a été présentée comme une condition du changement et du renouvellement des pratiques. Le partenariat public-privé, à mi- chemin entre le monopole public et la privatisation, est apparu à plusieurs comme l’une des meilleures voies à suivre pour améliorer la qualité des services et réduire leurs coûts tout en préservant leur caractère de services publics.

Définitions et typologies

Une brève incursion dans la documentation sur le sujet permet de se rendre compte rapidement de la multiplicité des formes que peut revêtir le partenariat.

Devant un tel foisonnement, nombre d’auteurs renoncent à en donner une définition précise ou à en élaborer une typologie rigoureuse. Mais plusieurs s’y sont essayé et les définitions comme les typologies abondent. Certains ont tenté d’y voir clair en distinguant le partenariat d’autres modes de collaboration voisins. Landry (1994, p. 14), par exemple, situe le partenariat sur une échelle à huit degrés qui va du plus informel au plus structuré : l’information mutuelle, la consultation, la coordination, la concertation, la coopération, le partenariat, la cogestion, la fusion. Au premier échelon, l’engagement des acteurs l’un envers l’autre, se limitant à l’information réciproque, est faible et chacun conserve son entière autonomie. Au dernier échelon, l’autonomie des uns et des autres a pratiquement disparu dans une fusion en une nouvelle entité où la poursuite des objectifs se fait dans une grande interdépendance.

Se situant au sixième degré sur huit, le partenariat implique une entente contractuelle qui, si elle maintient l’intégrité de chacun des partenaires, définit et répartit les responsabilités et le rôle des uns et des autres dans la poursuite comme dans le partage des résultats attendus. Landry (1994, p. 15) en donne la définition suivante :

« Finalement, dans sa forme la plus accomplie et de façon générale, nous avançons que le partenariat résulte d’une entente entre des parties qui, de façon volontaire et égalitaire, partagent un objectif commun et le réalisent en utilisant de façon convergente leurs ressources respectives. »

Henripin (1994, p. 29) en formule une autre similaire, quoique un peu plus élaborée :

« Le partenariat est une relation équitable établie entre plusieurs parties ayant chacune sa mission propre en vue de travailler en étroite collaboration à la réalisation d’un objectif commun. Cela suppose une définition claire des rôles et des responsabilités des partenaires, le partage d’un minimum de valeurs communes sur lesquelles vont s’appuyer les actions et un bénéfice retiré par chacun des partenaires en contrepartie de ses contributions. »

Sur la base de sa définition, Landry identifie trois grands types de partenariat selon l’étroitesse de relation établie entre les organismes impliqués :

– le partenariat de service,

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– le partenariat de réciprocité, – des partenariats associatifs.

Kernaghan (1993) propose une typologie fondée sur le degré de partage du pouvoir : collaborative partnership (implication des partenaires dans le processus décisionnel), operational partnership (partenariat limité au partage du travail), contributory partnership (contribution d’un partenaire sans implication opérationnelle), consultative partnership (conseils prodigués par l’un des partenaires).

Certaines typologies concernent plus spécifiquement le partenariat public-privé.

C’est le cas des deux suivantes. Celle utilisée par le Treasury Board Secretariat du Canada constitue un système complexe établi en fonction des objectifs et des résultats du partenariat. Le système comprend neuf types. Mais la liste peut évidemment en être allongée à souhait au fur et à mesure qu’on précise les objectifs et les résultats attendus.

Le Canadian Council for Public-Private Partnerships7 et le B.C. Task Force on Public-Private Partnerships ont, de leur côté, opté pour une typologie basée sur le degré de risque transféré du public au privé, allant d’une simple contribution du secteur privé, sans partage de risque, à la mise sur pied ou au fonctionnement d’un service public à la privatisation intégrale, impliquant le transfert des risques liés à la propriété, à la construction et à l’opération des installations. Les types de partenariat résultent donc d’une combinaison de l’une ou l’autre des fonctions suivantes : le design, la construction, le financement, l’opération, l’entretien, la propriété, le transfert, la location, le développement ou l’achat.

Les typologies sont légion dans la documentation et aucune ne s’impose comme la typologie idéale. L’une ou l’autre peut s’avérer plus ou moins utile en fonction des objectifs poursuivis. S’il est vain d’en choisir une seule au détriment de toutes les autres, il l’est tout autant d’essayer de les fondre en une synthétique : son degré de complexité la rendrait parfaitement incompréhensible et inutilisable. Pour la clarté de notre exposé, nous opterons ici pour une typologie relativement simple, fondée sur le statut des partenaires. Gagnon et Klein (1991) distinguent ainsi quatre types :

– le partenariat interétatique,

– le partenariat mixte technoproductif, – le partenariat corporatiste de base privée, – le partenariat public-communautaire.

Ayant élaboré leur typologie au début des années 90, Gagnon et Klein ne pouvaient entrevoir toute la variété des partenariats appelés à se développer, en particulier entre le secteur public et le secteur privé. Les partenariats mixtes, par exemple, ne se limitent plus au secteur technoproductif. On rencontre maintenant

7. http://www.pppcouncil.ca

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des ententes de partenariats public-privé dans des domaines aussi divers que l’infrastructure de transport, l’énergie, la santé et les services sociaux, la gestion de l’eau, etc. Malgré tout, leur intuition initiale les a conduits à définir une typologie qui tient toujours la route, moyennant quelques adaptations. Le statut des partenaires constitue en effet un critère de base pour la définition des partenariats. La culture, les valeurs, les intérêts et les objectifs viennent forcément teinter la nature et le fonctionnement des différents types de partenariat mis en place. Compte tenu des développements subséquents survenus depuis 1991, nous proposons donc une version modifiée de la typologie selon les types d’acteurs impliqués :

– le partenariat entre États, – le partenariat de service public, – le partenariat public-privé,

– le partenariat public-communautaire, – le partenariat entre entreprises privées.

Nous remplaçons le type technoproductif par celui plus général de public-privé et ajoutons un autre type, le partenariat de service public qui peut s’établir entre divers organismes publics (entre un ministère et une université, ou entre un hôpital et un centre public de recherche, par exemple).

Nous ne traiterons pas ici du partenariat entre États, qui prend habituellement la forme d’accords commerciaux, diplomatiques ou militaires, relevant du droit international ; ni du partenariat entre firmes privées, de droit contractuel privé. Ces deux formes de partenariat ont une histoire ancienne et n’ont qu’un rapport indirect avec le mouvement constaté depuis le début des années 90. Nous nous concentrerons donc sur les trois autres types de partenariat, et tout particulièrement sur le partenariat public-privé, au cœur du débat sur la modernisation des structures étatiques.

Le partenariat de service public

C’est un type de partenariat dont on parle davantage en Europe qu’en Amérique.

Il correspond à une tentative de rénovation de l’intérieur des organismes publics, par l’adoption d’une culture fondée sur la mission de service public plutôt que sur l’exercice de la souveraineté étatique, par l’utilisation de nouvelles méthodes de management centrées sur l’efficacité administrative, par la promotion de la décentralisation et la participation associative et citoyenne :

« Le partenariat de service public, c’est le comportement stratégique que doivent avoir les organismes de service public (administrations et entreprises publiques) pour respecter dans leurs domaines, les principes du service public : remplir leurs "missions" et assurer un management public adapté.

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Il apparaît aujourd’hui comme une méthode de management pour prévenir les conflits et comme outil à la fois d’efficacité publique et de renouveau d’une démocratie plus active, refondant la représentation sur la participation. » (Brachet, 1994, 4e de couverture)

En Amérique du Nord, ce type de partenariat s’est également développé, même s’il fait moins l’objet de l’attention médiatique. Répondant aux vœux des citoyens et des entreprises qui font souvent les frais de stériles guerres territoriales, il se manifeste par la collaboration entre différents ministères, entre ministères et institutions publiques comme les universités, les hôpitaux et les organismes parapublics, entre ministères et agences régionales.

Le partenariat public-communautaire

Le partenariat entre des organismes publics, des associations sans but lucratif et des groupes communautaires a fait l’objet de peu d’études jusqu’à maintenant.

Pourtant aussi ancien et aussi développé que le partenariat public-privé, il est l’un des piliers de ce qu’on appelle maintenant l’économie sociale. Au Québec, il est même en grande partie à l’origine du mouvement puisqu’il était au cœur du processus de désinstitutionnalisation dans le domaine de la santé mentale. Et il se développe maintenant à l’aide de programmes gouvernementaux pour faciliter l’insertion ou la réintégration sur le marché du travail de certaines personnes qui en ont été exclues pour des raisons socio-sanitaires. Dans le domaine de l’éducation, l’Université du Québec à Montréal a fait œuvre de pionnier en créant, dès le début des années 70, un service à la collectivité ayant pour mission de rendre accessibles aux syndicats et aux milieux associatifs et communautaires des activités de formation et de recherche répondant à l’expression de leurs besoins.

Le partenariat public-privé

Le partenariat public-privé est au centre de l’intérêt, voire de l’engouement, qui s’est développé pour le partenariat au cours des dernières années. Entre le monopole public et la privatisation des services, il apparaît comme une solution de compromis dans le processus de rationalisation et de modernisation de la prestation des services publics. Il se fonde sur la reconnaissance du leadership du secteur privé dans le développement économique et la création d’emplois. Il se distingue de l’impartition et de la sous-traitance en ce qu’il implique, en particulier, un partage des risques et des bénéfices. Les définitions qui en sont données par les différents organismes qui en font la promotion présentent une remarquable homogénéité. En voici trois exemples, parmi beaucoup d’autres. Le premier est québécois, le second américain et le troisième canadien :

– Le PAPP (partenariat d’affaires public-privé) est une entente contractuelle entre des partenaires public et privé qui stipule des résultats à atteindre pour

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améliorer la prestation de services publics. Cette entente établit un partage réel des responsabilités, des investissements, des risques et des bénéfices de manière à procurer des avantages mutuels qui favorisent l’atteinte des résultats (Bureau des partenariats d’affaires du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec8).

– A Public-Private Partnership is a contractual agreement between a public agency (federal, state or local) and a for-profit corporation. Through this agreement, the skills and assets of each sector (public and private) are shared in delivering a service or facility for the use of the general public. In addition to the sharing of resources, each party shares in the risks and rewards potential in the delivery of the service and/or facility.(The National Council for Public-Private Partnerships9).

– An explicit element of most of these definitions is the co-operative nature of public-private partnerships: several specify the co-operative pursuit of shared or compatible objectives. Also common to several is the requirement that the partnerships yield mutual benefit. A particularly important common element is the emphasis upon risk-sharing and the associated value for money from the perspective of the taxpayer. Several also mention joint investment of resources, while still others place emphasis on the sharing of authority (Allan, 2000; p. 8).

Pour ses défenseurs et promoteurs, le partenariat d’affaires public-privé représente des avantages appréciables. Voici la liste qu’en dresse le Bureau des partenariats d’affaires du Secrétariat du Conseil du trésor du Québec :

– qualité de service accrue, – réduction des coûts du projet, – atténuation des risques, – cadre propice à l’innovation,

– accélération de la réalisation des projets, – gestion budgétaire facilitée,

– source de revenus additionnels.

On en trouve des applications dans les secteurs les plus divers. En Amérique, on en recense actuellement dans les domaines de la gestion de l’eau, des services municipaux, des activités culturelles, des centres de détention pénitentiaire, de la construction et de la gestion des infrastructures de transport, dans les services de santé et de services sociaux, en éducation, etc. Et la liste s’allonge tous les mois.

Le partenariat en éducation

Un sondage non scientifique réalisé auprès des 350 participants d’un colloque organisé par le CEFRIO en octobre 2002 (cf. bibliographie) a identifié les secteurs

8. http://www.tresor.gouv.qc.ca/marche/partenariats 9. http://ncppp.org/howpart/index.html

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de la santé (47 %), de la fonction publique (31 %) et des services municipaux (18 %) comme ceux qui gagneraient le plus au développement du partenariat. Est-ce à cause de la provenance des participants, de leur ignorance de l’histoire ou de leur satisfaction quant à l’état du partenariat dans le secteur ? Toujours est-il que l’éducation s’est retrouvée en queue de peloton avec un maigre 4 % ! Pourtant, les partenariats existent depuis plusieurs décennies en formation à distance ; ils font l’objet de politiques publiques volontaristes et fortement structurantes dans l’enseignement supérieur, particulièrement en recherche ; et leur développement est grandement favorisé, depuis quelques années, par le déploiement des technologies de l’information et de la communication.

Partenariat et formation professionnelle

La formation professionnelle a toujours constitué, depuis les premières tentatives de son institutionnalisation dans les sociétés industrielles naissantes, un lieu privilégié de la collaboration public-privé en matière de formation. Dès le début du XIXe siècle, le besoin de main d’œuvre spécialisée a conduit le secteur privé à prendre l’initiative d’une concertation avec les pouvoirs publics dans ce secteur vital pour son développement. Malgré des hauts et des bas au cours des deux siècles suivants, son implication ne s’est jamais démentie et connaît, de nos jours, un regain de ferveur :

« Au terme de cette analyse de l’évolution des rapports entre la formation professionnelle et technique, deux constats surgissent. Premièrement, le réseau d’enseignement spécialisé et québécois s’est d’abord constitué à partir d’initiatives du secteur privé en collaboration avec les autorités locales. Ainsi, dans un premier temps, les entreprises privées et les associations patronales, ainsi que les institutions et les organismes régionaux et locaux et, par la suite, les associations syndicales et l’État ont tour à tour assumé un leadership dans le développement de la formation professionnelle et technique. Deuxièmement, le secteur privé, à l’exception d’une interruption d’environ 25 ans (1960-1985) a toujours joué un rôle actif en formation professionnelle et les orientations actuelles font en sorte qu’il tente de reprendre sa place naturelle dans ce type de formation. » (Landry, 1994 ; p. 21)

Nous y reviendrons plus loin à propos du rôle du partenariat dans la mise en place de l’économie du savoir et de la société de l’information.

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Des politiques publiques structurantes dans l’enseignement supérieur

Le Conseil supérieur de l’éducation du Québec (CSE), aiguillonné par l’ampleur atteint par le partenariat en milieu universitaire et les craintes qu’il a suscitées10, a publié en mai 2002, suite à une étude approfondie, un avis adressé au ministre de l’éducation intitulé « Les universités à l’heure du partenariat ». D’entrée de jeu, le CSE rappelle, après un tour d’horizon des politiques et des pratiques des ministères et des organismes en charge du financement de la recherche au Canada et au Québec, que le partenariat11 constitue l’une des composantes principales de la stratégie déployée par les pouvoirs publics, au cours de la décennie 90, pour favoriser l’innovation et le transfert des connaissances :

« Les principales tendances dégagées de l’analyse de quelques politiques gouvernementales fédérales et québécoises mettent clairement en évidence le renforcement souhaité par l’État quant à la contribution des universités à l’innovation et, en conséquence, quant au développement des formes de partenariat entre les universités et leur milieu dans tous les domaines du savoir, afin d’accentuer les retombées des productions universitaires, et particulièrement de la recherche, sur le développement social et économique. » (CSE, 2002 ; p 21)

Plaçant l’innovation au cœur de la compétitivité de l’économie nationale dans un monde globalisé, les pouvoirs publics canadiens et québécois ont fait du transfert des connaissances une priorité de leur politique de soutien à la recherche universitaire. Depuis une dizaine d’années, les organismes chargés de son financement ont multiplié les programmes qui font du partenariat une condition d’accessibilité incontournable. Les chercheurs ont donc été fortement incités à multiplier les projets qui impliquent des entreprises privées et des organismes publics ou parapublics, et même des syndicats, des associations et des organismes communautaires. La recherche dite libre n’a certes pas disparu et continue de recevoir un appui financier important mais la part de la recherche en partenariat n’a cessé de croître au cours des dix dernières années. Et tout indique que le cap sera maintenu dans cette direction.

10. La Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université a, entre autres, sonné l’alarme en organisant un colloque sur le sujet et en publiant un rapport intitulé « La commercialisation de la recherche et de l’expertise universitaires dans les universités québécoises », Les Cahiers de la FQPPU, n° 5, oct. 2000, 91.

11. Le CSE donne du partenariat une définition adaptée au contexte universitaire, cohérente avec celle, plus générale, que nous en avons proposée précédemment : « Selon le Conseil, le concept de partenariat en milieu universitaire est défini comme une action commune orientée vers l’atteinte d’un résultat, impliquant au moins deux parties, dont l’une est issue d’un milieu autre que l’université, qui interagissent selon les modalités d’une entente négociée » (CSE, 2002 ; p. 39).

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Partenariat et déploiement des TIC en éducation

Le partenariat est devenu l’une des caractéristiques fondamentales de la plupart des projets de formation qui impliquent le recours aux Tic. Nous l’illustrerons par quatre exemples canadiens et québécois :

1) des projets d’apprentissage professionnel ;

2) l’implantation des TIC dans la formation à l’Université du Québec à Montréal ;

3) la création de l’école des technologies de l’information (ÉTI) ;

4) la formation à distance et la recherche à la Télé-université du Québec (Téluq).

Le partenariat arrive au premier rang des facteurs de succès identifiés dans des études de cas d’apprentissage à l’aide des Tic, réalisées pour le compte du gouvernement canadien par Lyndsay Green et Anna Stahmer (1999 ; p. 1). Les six facteurs en cause sont les suivants :

– partenariats,

– détermination des besoins des apprenants, – crédibilité du contenu,

– marché suffisamment vaste,

– plate-forme d’exploitation appropriée, – liens avec la reconnaissance professionnelle.

Qui plus est, le partenariat se retrouve plus ou moins impliqué dans les cinq autres facteurs de succès. La détermination des besoins, comme la reconnaissance professionnelle, bénéficient grandement de la collaboration des conseils sectoriels et des associations professionnelles. La production d’instruments d’apprentissage crédibles nécessite également la contribution de divers intervenants, spécialistes du contenu, de la technologie, de la pédagogie, de la clientèle. L’identification de la plate- forme d’exploitation appropriée ne peut se faire sans la concertation des fournisseurs et des utilisateurs et la connaissance du marché fait également appel à des expertises variées. Bref, le partenariat est au cœur de toutes les étapes d’un projet de formation à l’aide des TIC.

Le Plan d’action pour l’implantation des technologies de l’information dans la formation de l’Université du Québec à Montréal (UQAM, 1999) accorde une place de choix aux partenariats internes comme externes. Ses auteurs y voient « un moyen privilégié pour optimiser les coûts de développement et d’exploitation des nouvelles manières de faire à l’université » (UQAM, 1999 ; p. 4). Parmi les huit principes directeurs, le partenariat est mentionné deux fois, aux principes 4 et 5. C’est également l’un des neuf principes de développement technopédagogique de la stratégie uqamienne :

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« partenariats : le nombre et la diversité des intervenants pouvant jouer un rôle dans la conception, l’édition et la diffusion de contenus universitaires sont les nouveaux paramètres imposés par la mondialisation de la formation et l’accessibilité normalisée des technologies ; un esprit d’ouverture aux partenariats complémentaires et l’investissement des énergies nécessaires pour les réussir seront des facteurs clés pour contribuer positivement au plan d’action uqamien dans l’intégration des technologies de l’information dans la formation. » (p. 30)

Les partenariats occupent une telle importance stratégique dans le plan de l’UQAM qu’elle a même créé une instance administrative spécifique pour les développer et les gérer (le Bureau des partenariats). D’autres, comme l’université Laval, en ont fait tout autant.

La création de l’ÉTI (École des technologies de l’information) constitue un autre exemple du rôle central dévolu au partenariat dans le milieu universitaire. En ce cas, il fait partie de l’essence même du projet, comme en atteste son document de présentation. Technologie de l’information et partenariat y sont indissolublement liés :

« L’ETS (École de technologie supérieure), la TELUQ (Télé-université du Québec), l’INRS (Institut national de la recherche scientifique) et l’UQAM (Université du Québec à Montréal) ont joint leurs forces et leur expertise pour créer l’École de technologie de l’information. L’ETI est une institution universitaire d’un nouveau type tant par son cadre partenarial que par son campus virtuel. »

La formation à distance est un autre domaine de prédilection pour le développement des partenariats. Les caractéristiques de la clientèle et l’utilisation intensive des techniques d’information et de communication nécessitent la collaboration de plusieurs groupes d’acteurs. La Téluq a donc, depuis ses origines, développé les partenariats avec les autres constituantes du réseau de l’Université du Québec et avec les entreprises, à titre de fournisseurs autant qu’à titre de clients. Son centre de recherche-développement, le LICEF, est emblématique à cet égard.

Comme on peut le constater dans l’encadré ci-contre, ses objectifs font une large place à diverses formes de partenariat ; et la liste effective de ses partenaires est impressionnante12.

12. « ABL, CAE, CCFD, Banque de Montréal, Bell, BGW, CEFRIO, Centre de Recherche en Informatique de Montréal (CRIM), EduPlus, Ericsson, GDC, Groupe DMR, Innovitech, Laboratoire Armstrong (U.S.), NOVASYS, SIDOCI enr., Téléglobe, Vidéotron, et de nombreuses universités » (LICEF, dépliant de présentation, Télé-université, p. 3).

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Objectifs du LICEF

Faire avancer la recherche-développement en informatique cognitive appliquée à l’apprentissage.

Regrouper les meilleures compétences dans les champs de connaissances qui participent aux axes de recherche.

Favoriser les partenariats avec des chercheurs d’autres universités, de centres de recherche et d’entreprises œuvrant dans le domaine des technologies de l’information.

Diffuser les résultats de recherche par l’organisation de séminaires et de colloques, la publication d’articles et de notes de recherche et la participation aux événements scientifiques internationaux.

Encourager la valorisation des produits de la recherche en collaboration avec divers partenaires.

Contribuer au développement d’une main d’œuvre hautement qualifiée en accueillant des étudiants diplômés dans ses programmes de recherche (LICEF, dépliant de présentation, Télé-université, p. 1).

Les avantages du partenariat en milieu universitaire et les craintes qu’il suscite Selon l’étude effectuée par le CSE, le partenariat en milieu universitaire aurait des retombées bénéfiques sur la recherche comme sur l’enseignement, surtout aux cycles supérieurs. Le partenariat permet un ancrage plus concret des contenus d’enseignement. Il ouvre des possibilités de stages et de terrains de recherche aux étudiants, permet de construire des réseaux de collaboration et contribue au rayonnement et à la renommée scientifique des professeurs. Les étudiants qui y participent se disent également plus motivés dans leurs études et y effectuent des apprentissages utiles. Certains voient cependant la durée de leurs études allongée, lorsque le travail d’assistanat n’est pas en lien direct avec leur mémoire ou leur thèse.

Mais le développement tous azimuts des partenariats présente certaines menaces et soulève les craintes de plusieurs analystes. Les professeurs et leurs syndicats s’interrogent, en particulier, sur la compatibilité des objectifs poursuivis par le partenariat avec la mission traditionnelle de l’université, centrée sur la production et la diffusion de connaissances, la formation des étudiants et le développement de l’esprit critique. Ils s’inquiètent également de l’avenir de la recherche libre et fondamentale au détriment de la recherche appliquée, ainsi que du danger de scission dans le corps professoral entre ceux qui s’adonnent au partenariat et ceux qui s’y refusent ou en sont exclus. Ils redoutent aussi que les tâches liées au partenariat ne réduisent le temps disponible pour les responsabilités traditionnelles d’enseignement et de recherche. Enfin, ils redoutent les conflits d’intérêt potentiels et se posent des questions sur les règles qui régissent la propriété intellectuelle.

Le Conseil conclut sur une note optimiste, teintée de prudence :

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« À plusieurs égards, les inquiétudes soulevées ne résistent pas à une analyse empirique. Néanmoins, elles exercent une influence réelle sur la capacité de réalisation des volontés gouvernementales d’accroître la contribution des universités à l’innovation. Les tensions qui se développent au sein du corps professoral doivent donc être prises au sérieux. Aussi, le Conseil estime que ces inquiétudes doivent être prises en considération dans la mise en œuvre des politiques publiques et celle-ci doit reposer sur une meilleure compréhension des facteurs en cause dans le transfert de connaissances. » (CSE, 2002 ; p. 65)

Fonctions et sens du partenariat

Aux yeux de leurs promoteurs, les partenariats présentent indéniablement plusieurs avantages. Ils permettent de partager les expertises, les compétences et les risques. Ils facilitent l’accès à l’innovation, l’amélioration de la qualité et la réduction des coûts. Ils conduisent à la création de réseaux. Dans un monde de changement technologique rapide et de concurrence exacerbée, producteur d’un haut niveau d’insécurité et d’anxiété, le partenariat apparaît donc comme une stratégie pouvant procurer un peu de stabilité et de prédictibilité. Face à la perspective d’une concurrence sauvage et débridée à l’échelle internationale, le partenariat promet la création de marchés structurés, organisés, contrôlés. Il a pour fonction d’adoucir les rigueurs de la concurrence. Le partenariat, c’est faire des affaires en constituant et en cultivant des réseaux plutôt qu’en affrontant sans cesse de redoutables concurrents, de capricieux fournisseurs et d’imprévisibles clients.

Le partenariat n’est cependant pas qu’une astucieuse stratégie commerciale pour contrer l’incertitude des marchés par un partage de compétences, des coûts et des risques. Il implique des relations entre les acteurs qui vont au-delà des seuls intérêts économiques. En fait, le partenariat s’inscrit dans des stratégies autant sociales et politiques qu’économiques. C’est un mode de création et d’expression de solidarité sociale et de régulation politique qui joue un rôle majeur dans nos sociétés en transformation, qu’on les qualifie d’économies du savoir, de sociétés en réseaux ou de nouvelles formes d’organisation industrielle du capitalisme avancé (le gatesisme : Tremblay, 1995). C’est aussi, symboliquement, une façon pour les partenaires, de participer à un univers social plus large, de faire ou d’avoir l’impression de faire son devoir de bon citoyen.

Le développement accéléré des partenariats depuis une dizaine d’années relève, au Canada et au Québec tout au moins, d’une stratégie gouvernementale explicite. Il s’inscrit dans le cadre d’une rationalisation des interventions publiques à la recherche d’une plus grande efficacité à moindre coût et d’une politique de croissance économique qui mise sur le savoir et l’innovation. La collaboration plus étendue et plus étroite du secteur public et du secteur privé, même si elle ne représente qu’un cas de figure du partenariat, est au cœur de la stratégie. Les

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institutions d’enseignement supérieur, par la position centrale qu’elles occupent dans la production la diffusion des connaissances, en constituent une pièce maîtresse.

L’on sait le rôle fondamental que joue le savoir scientifique et technique dans le développement économique depuis la seconde révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Son importance est encore réaffirmée par les qualificatifs plus ou moins heureux de société de l’information et d’économie du savoir qui ont la faveur des technocrates et des responsables politiques depuis quelques années. L’innovation procède plus que jamais de l’application systématique du savoir scientifique. Et si, comme l’affirme la sociologie de la traduction (Akrich et al., 1988 ; p. 14),

« l’innovation, c’est l’art d’intéresser un nombre croissant d’alliés qui vous rendent de plus en plus fort », le partenariat a indéniablement parti lié avec l’innovation, comme forme contractuelle souple de l’intéressement. Le partenariat est plus qu’un type de collaboration, c’est une manière de mobilisation. C’est, comme toutes les définitions le soulignent, un partage des ressources et des risques dans la poursuite d’objectifs communs.

Le partenariat peut également être vu comme une composante essentielle de la société en réseaux de Manuel Castells. L’entreprise en réseaux renvoie bien sûr à des relations décentralisées entre les différents services et les succursales d’une même firme. Mais les principaux fournisseurs et clients de cette entreprise peuvent également appartenir à un même réseau, participant à des partenariats plus ou moins formalisés. Castells donne d’ailleurs de nombreux exemples puisés en Chine, en Corée ou au Japon, de réseaux qui fonctionnent plus ou moins selon des ententes de partenariat.

Il peut paraître surprenant que des sociétés, qui se réclament d’un modèle libéral fonctionnant selon les principes de la concurrence et qui multiplient les accords de libre échange, affichent une telle ferveur pour les partenariats. Mais le paradoxe n’est qu’apparent. C’est souvent pour faire face à la concurrence internationale que les partenaires s’unissent. De plus, sur les marchés nationaux comme mondiaux, la présence de partenariats ou d’autres formes de collaboration vient rappeler fort à propos qu’une société organisée ne peut fonctionner selon le seul principe d’une concurrence incontrôlée. Dans le champ de la société globale, la force centripète des partenariats vient contrebalancer la force centrifuge de la concurrence.

Le partenariat participe sans doute de la mise en place d’un nouveau mode de développement économique. On peut également le considérer comme une piste privilégiée dans la recherche d’un nouveau mode de régulation sociale et politique dans les sociétés capitalistes occidentales en transition (Tremblay, 2003a et b).

L’articulation du public et du privé dans des formes variées de partenariat autorise tout à la fois une marchandisation accrue de la vie sociale et l’inscription du contrôle public dans la prestation des services. La réalité en est cependant encore trop mouvante et les informations disponibles encore trop parcellaires pour en tirer des conclusions définitives.

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Conclusion

Le partenariat est un phénomène ancien qui a connu un important regain d’intérêt depuis le début des années 90. Ses applications sont multiformes et il est difficile de les recenser et de les classer méthodiquement dans une typologie rigoureuse. Forme contractuelle de collaboration économique et sociale, il implique de manière générale des partenaires de statut plus ou moins différent qui décident de mettre en commun leurs ressources et de partager risques et bénéfices dans la poursuite d’objectifs communs.

Dans le domaine de l’éducation, la formation professionnelle a toujours constitué un champ propice à l’établissement de partenariat entre les institutions éducatives et les représentants du marché du travail. Plus récemment, les organismes publics de subvention de recherche ont mis sur pied des programmes encourageant les partenariats en milieu universitaire, avec le but avoué de favoriser le transfert de connaissances et de stimuler l’innovation.

Le partenariat se développe comme une stratégie économique efficace permettant aux partenaires de partager leur savoir, de réduire les coûts et les risques et de mieux faire face à la concurrence. Mais c’est également une stratégie sociale et politique de coopération pour contrer les effets déstabilisants et antagonistiques de la concurrence sauvage par l’établissement de relations préférentielles stables entre fournisseurs et clients et le partage de ressources dans la poursuite d’objectifs communs. Au plan symbolique, il donne l’impression aux partenaires d’être intégrés à la société dans son ensemble et de faire œuvre utile en répondant de manière plus adéquate aux besoins des autres. Il peut également en résulter la satisfaction que procure l’association avec des partenaires prestigieux.

Les universités, creusets de création de connaissances, sont perçues comme des acteurs dont le rôle est crucial pour le succès de cette stratégie de promotion de l’innovation et du partenariat. Elles en retirent des avantages en termes d’ancrage des contenus d’enseignement et de financement des activités de recherche. Mais en pratiquant le partenariat avec le secteur privé à grande échelle, elles ouvrent la porte à l’influence grandissante des valeurs du monde marchand et industriel, lesquelles ne sont pas toujours facilement compatibles avec une conception de l’éducation comme service public et de la recherche indépendante, créative et critique. Reste à voir si elles sauront mettre en place les mécanismes leur permettant de jouir des avantages du partenariat tout en circonvenant les risques de dérapage par rapport aux exigences de leur mission fondamentale.

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Références

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