Universit´e Pierre et Marie Curie – Paris 6 Examen semestriel Licence de Math´ematiques LM380 – Analyse Hilbertienne et Num´erique
28 mai 2008 9h30 `a 12h30
R´esoudre chaque probl`eme sur une feuille s´epar´ee. Les appareils
´electroniques et les documents sont interdits. Les solutions devront ˆetre r´edig´ees de mani`ere rigoureuse. Lorsque des r´esultats du cours seront utilis´es, ils devront clairement ˆetre ´enonc´es. On notera que certaines questions peuvent ˆetre r´esolues ind´ependamment.
Probl`eme I.(50 points)U etV sont des sous-espaces vectoriels ferm´es d’un espace hilbertien H de produit scalaire h· | ·iet de norme associ´eek · k. On notePU etPV les projecteurs sur U et V, respectivement.
1/ Soit x∈ H. Donner une caract´erisation dePUx.
2/ Montrer que (∀x∈ H) kPUxk ≤ kxk.
3/ Montrer que U ∩V est un sous-espaces vectoriel ferm´e de H.
4/ Montrer que (U +V)⊥=U⊥∩V⊥. 5/ Montrer que U⊥+V⊥= (U∩V)⊥.
6/ On suppose que PU◦PV =PV ◦PU. Montrer que PU∩V =PU◦PV.
7/ Faire un croquis dans le plan euclidien pour illustrer le fait qu’en g´en´eralPU∩V 6=PU◦PV. 8/ Soit x∈ H. On se propose de calculer it´erativement PU∩Vx par l’algorithme
x(0) =x et (∀k ∈N) x(k+1) = (PU◦PV)x(k). (1)
a/ Montrer que (∀x∈ H)(∀y∈U ∩V)kx(k+1)−yk ≤ kx(k)−yk.
b/ Utiliser un r´esultat du cours pour montrer que (∀k ∈ N) PU∩Vx(k) = PU∩Vx. Des points de bonusseront donn´es pour une d´emonstration int´egrale, n’utilisant pas – ou red´emontrant – le r´esultat du cours en question.
c/ On admet que (x(k))k≥0admet une sous-suite (x(lk))k≥0qui converge vers un ´el´ement deU ∩V. D´eduire de 8/a/et 8/b/ que x(k)→PU∩Vx.
9/ On suppose que U +V est ferm´e. Trouver une relation entre PU+V et PU⊥∩V⊥.
10/ On suppose que U +V est ferm´e et on fixe x ∈ H. D´ecrire un algorithme – ne faisant intervenir que PU et PV – permettant de calculer it´erativement PU+Vx.
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Probl`eme II. (50 points) A ∈ Rn×n est une matrice sym´etrique d´efinie positive. On note A =L+D+Lt, D= diag(dii)1≤i≤n ´etant diagonale etL triangulaire inf´erieure stricte.
1/ a/ Montrer que σ(A)⊂]0,+∞[.
b/ Soit ei ∈ Rn le i-`eme vecteur de la base canonique. En calculant hAei |eii, mon- trer que (∀i ∈ {1, . . . , n}) dii > 0. En d´eduire que les matrices D et D+L sont inversibles.
c/ Montrer que
(∀a∈Cn)
LD−1Lta|a
≥0
o`u h· | ·i d´esigne le produit scalaire hermitien classique (on pourra introduire la matriceC =√
D−1Lt).
d/ Soit α∈C. En d´eduire que s’il existe un vecteur non nul a∈Cn tel que (1−α)
LD−1Lta|a
=αhAa|ai, alors α∈[0,1[.
2/ On s’int´eresse maintenant `a la m´ethode it´erative suivante, avec b∈Rn,
a(0) ∈Rn et (∀k ∈N)
((D+L)a(k+1/2) =−Lta(k)+b,
(D+Lt)a(k+1) =−La(k+1/2)+b. (2)
a/ Ecrire cette m´´ ethode sous la forme
a(k+1)=Ba(k)+c (c’est-`a-dire d´eterminer B ∈Rn×n et c∈Rn).
b/ Soit λ∈C une valeur propre deB etr∈Cn un vecteur propre associ´e.
i. Montrer que L(D+L)−1Ltr =λ(D+Lt)r.
ii. En d´eduire que LD−1Ltr−LD−1L(D+L)−1Ltr=λ(D+Lt)r.
iii. Montrer `a partir des deux derni`eres ´egalit´es que (1−λ)LD−1Ltr=λAr.
c/ D´eduire de 1/d/ et de 2/(b/)iii que σ(B)⊂ [0,1[ et que la m´ethode it´erative (2) converge.
d/ On suppose maintenant que
A= 2 1
1 2
, b= 3
3
, a(0) = 0
−10
.
Tracer graphiquement pour les premi`eres it´erations les points a(k) et a(k+1/2). Que remarque-t-on lors du calcul de la deuxi`eme composante de a(k+1) `a partir de a(k+1/2)?
e/ Question bonus :
V´erifier que la m´ethode it´erative (2) converge versA−1b.
Indication : on pourra v´erifier que
˜
a =Ba˜+c ⇔ (I−L(D+L)−1)(A˜a−b) = 0.
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Paris 6 – Licence de Math´ematiques – Analyse Hilbertienne et Num´erique Solution de l’examen de mai 2008
Solution du Pb I :
1/ PUx∈U etx−PUx⊥U.
2/ Soit x∈ H. Alors1/donnehx−PUx|PUxi= 0. Donc, par Cauchy-Schwarz,kPUxk2 = hx|PUxi ≤ kxk kPUxk et ainsikPUxk ≤ kxk.
3/ U ∩V est un sev de H : si x et y sont dans U ∩V et α ∈ K, alors αx+y ∈ U et αx+y∈V (car U et V sont des sev) et donc αx+y∈U ∩V. De plus 0H ∈U ∩V. U ∩V est ferm´e : c’est une intersection de ferm´es.
4/ Soit x ∈ H. Alors x ∈ (U +V)⊥ ⇒ (∀u ∈ U)(∀v ∈ V) hx|u+vi = 0 ⇒ (∀u ∈ U)(∀v ∈V) hx|ui=hx|u+ 0i= 0 et hx|vi=hx|0 +vi= 0 ⇒ x∈U⊥∩V⊥. Donc (U +V)⊥⊂U⊥∩V⊥. R´eciproquement, x∈U⊥∩V⊥ ⇒ (∀u∈U)(∀v ∈V)hx|ui= 0 et hx|vi= 0 ⇒ hx|u+vi= 0 ⇒ x∈(U +V)⊥. Donc U⊥∩V⊥ ⊂(U+V)⊥.
5/ D’apr`es 4/, U ∩V = U⊥⊥∩V⊥⊥ = (U⊥+V⊥)⊥. Ainsi, (U ∩V)⊥ = (U⊥+V⊥)⊥⊥ = U⊥+V⊥.
6/ On suppose que PU ◦PV =PV ◦PU. Montrer que PU∩V =PU ◦PV. Soit x∈ H. Posons p= (PU◦PV)x. Alorsp=PU(PVx)∈U etp= (PU◦PV)x=PV ◦PUx=PV(PUx)∈V. Donc p∈U∩V. Par ailleurs,x−p=x−PU(PVx) =x−PVx+PVx−PU(PVx). Mais d’apr`es1/ x−PVx∈V⊥ etPVx−PU(PVx)∈U⊥. Donc d’apr`es5/x−p∈U⊥+V⊥ ⊂ (U ∩V)⊥. Au vu de1/, on conclut que p=PU∩Vx.
7/ Prendre 2 droites distinctes non orthogonales.
8/ a/ Soient x ∈ H et y ∈ U ∩V. On a, d’apr`es 2/ et par lin´earit´e des projecteurs, kx(k+1)−yk= k(PU ◦PV)x(k)−(PU ◦PV)yk =kPU(PVx(k)−PVy)k ≤ kPVx(k)− PVyk=kPV(x(k)−y)k ≤ kx(k)−yk.
b/ On a vu dans le cours que siS est un espace affine ferm´e et si (x(k))k≥0 v´erifie, pour tout k ∈Net y∈S,kx(k+1)−yk ≤ kx(k)−yk, alors PSx(k) ≡PSx(0). On applique ce r´esultat avec S =U ∩V etx(0) =x.
c/ Supposons que x(lk)→y∈U ∩V. Donc kx(lk)−yk →0. Par suite, kx(k)−yk →0 puisque8/a/ nous garantit que la suite (kx(k)−yk)k≥0 converge. Ainsi,x(k) →y∈ U ∩V et, par continuit´e de PU∩V, il d´ecoule de 8/b/ que
PU∩Vx=PU∩Vx(k)→PU∩Vy=y.
On conclut quey =PU∩Vx, i.e., x(k)→PU∩Vx.
9/ D’apr`es 4/, PU+V = Id−P(U+V)⊥ = Id−PU⊥∩V⊥.
10/ On d´eduit de 8/ et (1) que la suite (z(k))k≥0 produite par l’algorithme
z(0) =x et (∀k ∈N) z(k+1) =z(k)−PUz(k)−PVz(k)+ (Pu◦PV)z(k)
= (Id−PU)◦(Id−PV) z(k)
= (PU⊥◦PV⊥)z(k)
converge vers z =PU⊥∩V⊥x. On d´eduit ensuite de 9/ que PU+Vx=x−z.
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Solution du Pb II :
1/ a/ Soit (λ, u) un ´el´ement propre de A. hAu|ui = hλu|ui = λkuk2 >0, donc λ > 0 puisque u6= 0.
b/ Soitei lei-`eme vecteur de la base canonique etAj laj-`eme colonne de la matriceA.
Alors 0<hAei |eii=hAi |eii=aii. Commedii=aii, on a le r´esultat escompt´e. De plus,σ(D) = σ(D+L) ={dii}1≤i≤n(puisqueDest diagonale etD+Ltriangulaire).
Les valeurs propres de ces deux matrices sont donc toutes non nulles, donc elles sont inversibles.
c/ Soit la matrice C = √
D−1Lt, qui v´erifie donc LD−1Lt = C∗C. Alors pour tout a∈Cn,hLD−1Lta|ai=hC∗Ca|ai=kCak2 ≥0.
d/ Soit X = hLD−1Lta|ai et Y = hAa|ai, ce qui entraˆıne α = X/(X +Y) (donc α∈R). Comme X ≥0 et Y >0, on a 0≤X < X +Y, donc α∈[0,1[.
2/ a/ En rempla¸cant a(k+1/2), on obtient directement B = (D+Lt)−1L(D+L)−1Lt et c= (D+Lt)−1(b−L(D+L)−1b). On remarque queB etcsont bien d´efinis puisque les matrices D+Let D+Lt sont inversibles.
b/ i. On a directement (D+Lt)−1L(D+L)−1Ltr=λr ⇔L(D+L)−1Ltr =λ(D+ Lt)r.
ii. D= (D+L)−L⇔ D= (I −L(D+L)−1)(D+L)⇔(D+L)−1 =D−1(I− L(D+L)−1), ce qui donne l’´egalit´e recherch´ee (les matrice D et D+L sont bien inversibles).
iii. On injecte la premi`ere ´egalit´e dans la seconde et on aLD−1Ltr−LD−1(λ(D+ Lt)r) = λ(D+Lt)r⇔LD−1Ltr−λLr−λLD−1Ltr=λ(A−L)r ⇔LD−1Ltr− λLD−1Ltr =λAr.
c/ Si on multiplie `a gauche par r∗ l’´egalit´e du 2/c/ et si on remplace α et a dans la question 1/d/ par λ et r, on obtient que λ ∈ [0,1[, donc que ρ(B) < 1 ce qui implique bien que la m´ethode (2) converge.
d/ On peut remarquer que la trajectoire obtenue avec cette m´ethode num´erique est la mˆeme que celle obtenue avec Gauss-Seidel, bien que les it´erations soient diff´erentes.
De plus, le calcul de la deuxi`eme composante de a(k+1) est inutile car a(k+1/2) ap- partient d´ej`a `a la droite d´efinie par la deuxi`eme ´equation du syst`eme lin´eaire.
e/ Si on note ˜a la limite de la m´ethode, on a :
˜
a=B˜a+c⇔(D+Lt)˜a=L(D+L)−1Lt˜a−L(D+L)−1b+b
⇔(D+Lt+L−L−L(D+L)−1Lt)˜a=−L(D+L)−1b+b
⇔(A−L−L(D+L)−1Lt))˜a= (I−L(D+L)−1)b
⇔(A−L(D+L)−1((D+L) +Lt))˜a= (I−L(D+L)−1)b
⇔(I−L(D+L)−1)(A˜a−b) = 0.
Comme det(I−L(D+L)−1) = det((D+L−L)(D+L)−1) = det(D(D+L)−1) = det(D) det((D+L)−1)6= 0, on obtient bien ˜a=A−1b.
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