Universit´ e Pierre et Marie Curie – Paris 6 Examen partiel Licence de Math´ ematiques Analyse Hilbertienne et Num´ erique
5 novembre 2005 9h00 ` a 12h00
R´ esoudre chaque probl` eme sur une feuille s´ epar´ ee. Les appareils
´ electroniques et les documents sont interdits. Les solutions devront ˆ etre r´ edig´ ees de mani` ere rigoureuse. Lorsque des r´ esultats du cours seront utilis´ es, ils devront clairement ˆ etre ´ enonc´ es. On notera que certaines questions peuvent ˆ etre r´ esolues ind´ ependamment.
Probl` eme I. (50 points) Dans tout ce probl` eme, E est un espace vectoriel sur R . On dit qu’un sous-ensemble non vide A de E est un sous-espace affine si
(∀α ∈ R )(∀(x, y) ∈ A
2) αx + (1 − α)y ∈ A.
Par ailleurs, on dit qu’un op´ erateur T : E → E est affine si (∀α ∈ R )(∀(x, y) ∈ E
2) T αx + (1 − α)y
= αT x + (1 − α)T y.
1. Soit A un sous-espace affine de E.
(a) Montrer que A est convexe.
(b) Montrer que l’adh´ erence A de A est un sous-espace affine de E.
(c) On suppose que 0
E∈ A. Montrer que A est un sous-espace vectoriel de E.
2. On suppose que E est un espace de Hilbert et que A est un sous-espace affine ferm´ e de E. On note P
Al’op´ erateur de projection sur A.
(a) Expliquer pourquoi P
Aest bien d´ efini.
(b) ` A partir du th´ eor` eme de projection convexe, montrer que, pour tout x ∈ E, P
Ax est caract´ eris´ e par :
P
Ax ∈ A et (∀(y, z) ∈ A
2) hy − z | x − P
Axi = 0.
(c) Montrer que P
Aest un op´ erateur affine.
(d) Montrer que (∀(x, y) ∈ E
2) hx − y | P
Ax − P
Ayi = kP
Ax − P
Ayk
2.
3. On suppose que E est un espace de Hilbert et que H est un hyperplan de E, i.e., H =
x ∈ E | hx | ui = η , o` u u ∈ E, u 6= 0
E, et η ∈ R . (a) Montrer que H est un sous-espace affine ferm´ e de E.
(b) Montrer que
(∀x ∈ E ) P
Hx = x + η − hx | ui kuk
2u.
(c) On pose T : E → R : x 7→ hu | xi. ` A l’aide de 3(b), calculer l’inverse g´ en´ eralis´ e T
†de T .
Probl` eme II. (50 points)
1. Soit H un espace de Hilbert, et soit (x
n)
n∈Nune suite de vecteurs libres. ´ Ecrire l’algo- rithme d’orthonormalisation de Gram-Schmidt appliqu´ e ` a cette suite.
2. On pose E =
f ∈ C( R ) | R
R
|f(t)|
2e
−t2dt < +∞ , et on d´ efinit (∀f ∈ E)(∀g ∈ E) ϕ(f, g) =
Z
R
f(t)g(t)e
−t2dt.
(a) D´ emontrer que ϕ est bien d´ efinie sur E × E (consid´ erer l’identit´ e 2αβ ≤ α
2+ β
2) (b) D´ emontrer que ϕ est un produit scalaire sur E.
3. On consid` ere la suite (f
n)
n∈Nde E d´ efinie par f
n: t 7→ t
n. D´ emontrer qu’elle forme un syst` eme libre de E.
4. On note (g
n)
n∈Nla suite obtenue par orthonormalisation de Gram-Schmidt de (f
n)
n∈N. D´ emontrer chaque g
nest un polynˆ ome, et calculer son degr´ e.
5. Pour tout n ∈ N , on note a
nle coefficient de la plus haute puissance de g
n, et on pose h
n= g
n/a
n. On note de plus l
nle polynˆ ome t 7→ th
n(t). D´ emontrer que
(∀n ≥ 2)(∀i ≤ n − 2) hh
n+1− l
n| h
ii = 0.
6. (a) D´ emontrer que
(∀n ≥ 1)(∀t ∈ R ) h
n+1(t) = th
n(t) − λ
nh
n(t) − µ
nh
n−1(t), et donner une expression de λ
nen fonction de hl
n| h
ni et de kh
nk.
(b) Donner une expression de µ
nen fonction de kh
nk et kh
n−1k.
Paris 6 – Licence de Math´ ematiques – Analyse Hilbertienne et Num´ erique Solution du partiel de novembre 2005
Solution du Pb I :
1. (a) La convexit´e correspond au cas particulier o`u 0< α <1.
(b) Soient α ∈ R, x ∈ A et y ∈ A. Alors il existe des suites (xn)∈N et (yn)∈N dans A telles que xn → x et yn → y. Mais alors A 3 αxn + (1−α)yn → αx+ (1−α)y puisque k(αxn + (1−α)yn) −(αx+ (1−α)y)k = kα(xn−x) + (1−α)(yn −y)k ≤ αkxn−xk+ (1−α)kyn−yk →0.
(c) Soientx∈A,y∈A etα∈R. Alorsαx=αx+ (1−α)0E ∈A. De plus,z= (x+y)/2 =
1
2x+ (1− 12)y∈A. On d´eduit donc du point pr´ec´edent quex+y= 2z∈A.
2. (a) A est convexe, ferm´e et non vide dans un espace hilbertien.
(b) Le th´eor`eme de projection donne PAx ∈ A et (∀y ∈ A) hy−PAx|x−PAxi ≤ 0. Soit y ∈A. Alors, puisque A est affine et PAx ∈A, 2PAx−y = 2PAx+ (1−2)y ∈A. Donc hy−PAx|x−PAxi ≤0 et− hy−PAx|x−PAxi=h(2PAx−y)−PAx|x−PAxi ≤0, d’o`uhy−PAx|x−PAxi= 0. Ainsi, siz∈A, on a aussi,− hz−PAx|x−PAxi= 0. En additionnant ces deux identit´es, on obtienthy−z|x−PAxi= 0.
(c) Soient x et y dansE, et α ∈ R. On pose p =αPAx+ (1−α)PAy. PuisquePAx ∈A et PAy ∈ A, on a p ∈ A puisque A est affine. Soit (w, z) ∈A2. Alors, par la question (b), hw−z|x−PAxi = 0 et hw−z|y−PAyi = 0. Donc hw−z|(αx+ (1−α)y)−pi = αhw−z|x−PAxi+(1−α)hw−z|y−PAyi= 0. On conclut donc par la caract´erisation de (b) que p=PA(αx+ (1−α)y).
(d) Il d´ecoule de (b) que hPAx−PAy|x−PAxi = 0 et − hPAx−PAy |y−PAyi = 0. En additionnant ces deux identit´es on obtient hPAx−PAy|(x−PAx)−(y−PAy)i = 0, d’o`uhPAx−PAy|x−yi=kPAx−PAyk2.
3. (a) Prenons xety dansH etα∈R. Alorshαx+ (1−α)y|ui=αhx|ui+ (1−α)hy|ui= αη+ (1−α)η=η. Ainsi, αx+ (1−α)y ∈H etH est donc affine. Maintenant supposons que H3xn →x. Alors, par continuit´e du produit scalaire, η≡ hxn|ui → hx|ui. Donc hx|ui=η et doncx∈H.
(b) Fixons x ∈ E et posons p =x+βu, o`u β = (η− hx|ui)/kuk2. Montrons que p v´erifie la propri´et´e caract´eristique donn´ee en 2(b). Tout d’abord hp|ui = η et donc p ∈ H.
Maintenant soientyetzdeux points deH. Alorshy|ui=hz|ui=ηet donchy−z|ui= 0. Par suitehy−z|x−pi=−βhy−z|ui= 0.
(c) Soit η ∈ R. L’ensemble des solutions aux moindres carr´es de T x = η est H. Donc la solution aux moindres carr´es de norme minimale est la projection de 0E sur H, qui est donn´ee directement par 3(b) :x†=ηu/kuk2. DoncT†:R→E:η7→ηu/kuk2.
Solution du Pb II :
1. On note (yn)n∈N le syst`eme issu de (xn)n∈Npar orthonormalisation de Schmidt. On a alors
y0= x0
kx0k, (∀n≥1), zn=xn−
n−1
X
i=0
hyi|xniyi, yn= zn kznk.
Une telle suite v´erifie de plus que pour toutn∈N,vect(yk)0≤k≤n= vect(xk)0≤k≤n. 2. (a) La fonctionϕest bien d´efinie surE×EcarR
R|f(t)||g(t)|e−t2dt≤R
R 1
2f(t)2+12g(t)2 dt <
+∞ pour tout (f, g)∈E×E.
(b) ϕest clairement bilin´eaire et sym´etrique. De plus, siϕ(f, f) = 0,alorsR
Rf(t)2e−t2dt= 0.
Comme de plus la fonction t7→f(t)2e−t2 est continue, elle est n´ecessairement identique- ment nulle, ce qui implique quef = 0.ϕest donc bien d´efinie positive.
3. La suite (fn)n∈N est la base canonique de l’espace des polynˆomes, il s’agit donc en particulier d’un syst`eme libre.
4. D’apr`es1,gn∈vect(fk)0≤k≤n,doncgnest un polynˆome de degr´e au plusn. Si de plus deg(gn)≤ n−1,alorsgn∈vect(fk)0≤k≤n−1,et donc vect(fk)0≤k≤n= vect(gk)0≤k≤n = vect(fk)0≤k≤n−1, ce qui est impossible puisque (fn)n≥0 est libre. Donc deg(gn) =n.
5. hhn+1−ln|hii=hhn+1 |hii − hln|hii=hhn+1 |hii − hhn|lii,car
hln|hii= Z
R
ln(t)hi(t)e−t2dt= Z
R
thn(t)hi(t)e−t2dt= Z
R
hn(t)li(t)e−t2dt=hhn|lii.
De plus, par construction, gn donc hn est orthogonal `a vect(fk)1≤k≤n−1, donc si i ≤ n−2, deg(li)≤n−1 et hhn|lii= 0.De mˆeme,hhn+1|hii= 0.
6. (a) Le polynˆomehnest donc de degr´en, et de coefficient dominant 1. Donchn+1(t)−ln(t) = hn+1(t)−thn(t) est un polynˆome de degr´e au plusn ent. Donc
hn+1−ln=
n
X
i=0
hhn+1−ln|hii
khik2 hi= hhn+1−ln|hni
khnk2 hn+hhn+1−ln|hn−1i khn−1k2 hn−1
d’apr`es 5. On obtient donc le r´esultat voulu avec λn = −hhn+1kh−ln|hni
nk2 = hlkhn|hni
nk2 et µn =
−hhn+1kh−ln|hn−1i
n−1k2 = hlkhn|hn−1i
n−1k2 .
(b) Supposons tout d’abord n ≥ 2. On a hln|hn−1i = hhn|ln−1i. Comme de plus hn = ln−1 −λn−1hn−1 −µn−1hn−2, on obtient hln|hn−1i = khnk2. Il reste `a traiter le cas n = 1 : on a hl1 |h0i = R
Rth1(t)h0(t)e−t2dt = kh1k2, car un calcul simple montre que h0 = 1 eth1(t) =t.