TD6 : Approximation dans les espaces Euclidiens.
MNO, L3, Dauphine, 2020-2021 D. Gontier, gontier@ceremade.dauphine.fr
Échauffement
Exercice 1. (Changement de produit scalaire)
On note h·, ·i le produit scalaire usuel de R
d. Soit A ∈ S
d++de valeurs propres 0 < λ
1≤ · · · ≤ λ
d. On définit la forme bilinéaire sur R
d∀x, y ∈ R
d, hx, yi
A:= hx, Ayi = x
TAy.
a/ Montrer que h·, ·i
Aest un produit scalaire.
b/ Montrer que la norme associée k · k
Aest équivalente à la norme usuelle k · k, et plus précisément,
∀x ∈ R
d, λ
1kxk
2≤ kxk
2A≤ λ
dkxk
2. c/ Soit B ∈ M
d( R ). Montrer que
hx, Byi
A= hA
−1B
TAx, yi
A. On dit que le dual de B est A
−1B
TA pour le produit scalaire hx, yi
A.
d/ Pour les fonctions suivantes, calculer le gradient, pour le produit scalaire h·, ·i
A: F
1(x) := kxk
2A, F
2(x) := kxk
2, F
3(x) := 1
2 x
TAx − b
Tx.
On remarquera que le gradient dépend du produit scalaire...
Exercice 2. (Rappels sur les espaces Euclidien)
Soit H un espace vectoriel, et soit h·, ·i un produit scalaire sur H, de norme associée k · k.
a/ (Identité du parallélogramme). Montrer que
∀x, y ∈ H, 2kxk
2+ 2kyk
2= kx + yk
2+ kx − yk
2,
b/ Montrer que k · k
2est une fonction strictement convexe. Indice : on pourra montrer que
∀x, y ∈ H, ∀0 < t < 1, ktx + (1 − t)yk
2− tkxk
2− (1 − t)kyk
2= −t(1 − t)kx − yk
2.
c/ (Cauchy-Schwarz) Montrer que hx, yi ≤ kxk · kyk. Indice : on pourra développer
x
kxk
−
kyky2
.
d/ (Projection orthogonale) Soit E ⊂ H un sous-espace vectoriel de dimension finie, et soit x ∈ H. Montrer que la fonction N
x: E → R définie par N
x(v) := kv − xk
2est continue et coercive sur E.
e/ En déduire que N
xadmet un minimiseur sur E. Montrer que ce minimiseur est unique.
On appelle ce minimiseur la projection orthogonale de x sur E, et on la note P
E(x).
f/ Montrer que pour tout v ∈ E, on a hv, x − P
E(x)i = 0. Indice : on pourra calculer N
x(P
E(x) + tv).
Exercice 3. (Matrice de Gram)
Soit E un espace Euclidien de dimension d, avec produit scalaire h·, ·i et norme k · k. Soit x
1, · · · , x
d∈ E une famille libre. On introduit la matrice de Gram G ∈ S
d( R ) de coefficient g
ij:= hx
i, x
ji.
a/ Montrer que G = I
dssi (x
1, · · · , x
d) est orthonormale, et que G est diagonale ssi (x
1, · · · , x
d) est or- thogonale.
b/ Montrer que
∀α :=
α
1.. . α
d
∈ R
d, α
TGα = kα
1x
1+ · · · + α
dx
dk
2.
c/ En déduire que G ∈ S
d++( R ) est une matrice symétrique définie positive.
d/ On pose S := G
−1/2∈ S
d++( R ), puis, pour 1 ≤ i ≤ d, u
i:= P
dk=1
x
ks
ki. Montrer que la famille (u
1, · · · , u
d) est orthonormale.
Dans le cas où E = R
davec le produit scalaire usuel, on peut voir x
icomme des vecteurs colonnes. Dans ce cas, on a
X = x
1, · · · , x
d, G = X
TX, u
1, · · · , u
d= x
1, · · · , x
dG
−1/2.
Approximation polynômiale
Exercice 4. (Polynômes de meilleur approximation pour la norme 2)
On note H := C
0([−1, 1], R ) l’ensemble des fonctions continues de [0, 1] → R , et on considère le produit scalaire sur H
∀f, g ∈ H, hf, gi
2:=
Z
1−1
f (x)g(x)dx.
On considère la famille de polynôme P
n(X) définie par P
n(X) := d
ndx
n(x
2− 1)
n.
a/ Montrer que (x
2− 1)
nest un polynôme de degré 2n, de coefficient dominant 1. En déduire que P
n(X) est un polynôme de degré n, et que son coefficient dominant est
(2n)!n!.
b/ En déduire que E
n:= Ran {P
0, P
1, · · · , P
n} est un sous-espace de dimension n + 1, puis que E
n= R
n[X ].
c/ Soit f ∈ C
1([−1, 1], R ). En intégrant n fois par partie, montrer que hP
n, fi
2= (−1)
nZ
1−1
(x
2− 1)
nf
(n)(x).
d/ En déduire que hP
n, P
mi
2= 0 si n 6= m, puis que P
n+1(X) est orthogonal à R
n[X].
On admettra que α
n:= kP
nk
2= 2
nn! √
√ 2
n + 1 . Pour les curieux, cela peut se faire avec le changement de variable x = sin(θ) puis en utilisant les intégrales de Wallis.
e/ Montrer que pour tout f ∈ C
0([−1, 1], R ), le problème argmin n
kf − P k
22, P ∈ R
n[X ] o ,
admet une unique solution, et que celle là est donnée par [P
En(f )] (x) := P
n k=01
α
2khf, P
ki
2P
k(x).
Les polynômes P
nsont les polynômes de Legendre (à un facteur près).
Exercice 5. (Polynômes de meilleur approximation pour la norme ∞)
Dans cet exercice, on cherche le polynôme unitaire P de degré n qui minimise l’erreur kP k
∞:= max
[−1,1]|P |.
On pose
∀x ∈ [−1, 1], T
n(x) := cos(n arccos(x)).
a/ Montrer que T
0(x) = 1 et T
1(x) = x, puis que pour tout n ≥ 1, on a
1T
n+1(x) = 2xT
n(x) − T
n−1(x).
b/ Soit P
n(x) := 2
−(n−1)T
n(x).
(i) Montrer que P
nest un polynôme unitaire de degré n qui vérifie kP
nk
∞=
2n−11.
(ii) Soit x
k:= cos(
knπ) pour 0 ≤ k ≤ n. Montrer que P
n(x
k) =
(−1)2n−1k(notez l’alternance de signes).
c/ On suppose qu’il existe Q ∈ R
n[X ] unitaire tel que kQk
∞= α <
2n−11, et soit E(x) := P
n(x) − Q(x).
(i) Montrer que E ∈ R
n−1[X] et que sgn E(x
k) = sgn P
n(x
k).
(ii) En déduire que E s’annule au moins n fois, puis conclure.
Les polynômes T
nsont les polynômes de Chebyshev.
1. On pourra utiliser l’identitécos(a+b) + cos(a−b) = 2 cosacosb.