Universit´e Pierre et Marie Curie – Paris 6 Examen partiel
Licence de Math´ematiques Analyse Hilbertienne et Num´erique
5 avril 2008 9h00 `a 12h00
R´esoudre chaque probl`eme sur une feuille s´epar´ee. Les appareils ´electroniques et les documents sont interdits. Les solutions devront ˆetre r´edig´ees de mani`ere ri- goureuse. Lorsque des r´esultats du cours seront utilis´es, ils devront clairement ˆetre
´enonc´es. On notera que certaines questions peuvent ˆetre r´esolues ind´ependamment.
Probl`eme I.(50 points) On se place dans un espace hilbertien complexeH, de produit scalaireh· | ·i et de norme associ´eek · k.
1/ Soient U etV deux sous-espaces vectoriels deH.
a/ Montrer que (U +V)⊥ =U⊥∩V⊥. b/ Montrer que (U ∩V)⊥=U⊥+V⊥.
2/ On se place dans l’espaceH=`2(N) des suitesx= (ξk)k≥0 dansCtelles queP
k≥0|ξk|2 <+∞, muni de la norme k · k:x7→q
P
k≥0|ξk|2. On pose
T:H → H:x= (ξk)k∈N7→(αkξk)k∈N, o`u (αk)k∈N est une suite d´ecroissante dans ]0,+∞[ telle que αk↓0.
a/ Montrer que T est lin´eaire.
b/ Montrer que T est born´e.
c/ Montrer que T est inversible et donner son inverseT−1. d/ Montrer que T−1 n’est pas born´e.
3/ Soit T:H → H un op´erateur qui pr´eserve les produits scalaires, `a savoir (∀x∈ H)(∀y∈ H) hT x|T yi=hx|yi. a/ Montrer que (∀(x, y)∈ H2) x=y ⇔ hx−y|x−yi= 0.
b/ Montrer que T est injectif.
c/ Soient α∈C etx∈ H. Montrer queT(αx) =αT x.
d/ Soient x∈ H ety∈ H. Montrer que T(x+y) =T x+T y.
e/ Que conclure de3/c/et3/d/?
1
Probl`eme II.(50 points) On se place dans un espace hilbertien r´eelH, de produit scalaireh· | ·i et de norme associ´eek · k. De plus,C est un sous-ensemble non vide, convexe et ferm´e de H. On dira que C est strictement convexe si, pour tous points distinctsx∈C ety ∈C, l’´el´ement (x+y)/2 est dans l’int´erieur de C.
1/ a/ Soient x∈ H ety∈ H. Montrer que
hx|yi ≤0 ⇔ (∀α∈]0,1])kxk ≤ kx−αyk.
b/ Soit x ∈ H. Soit p ∈ C l’´el´ement v´erifiant kx−pk = infz∈Ckx −zk, dont on admet l’existence et l’unicit´e. Montrer que pv´erifie
(∀z∈C) hz−p|x−pi ≤0.
On notera par la suite p=PCx.
c/ Montrer que
(∀x∈ H)(∀y∈ H) kPCx−PCyk ≤ kx−yk.
2/ On suppose que C est strictement convexe.
a/ Soient x∈ HrC etz∈Cr{PCx}. Montrer qu’il existeε∈]0,+∞[ tel que z+PCx
2 +ε(x−PCx)∈C.
b/ Soient x∈ HrC etz∈Cr{PCx}. Montrer que
hz−PCx|x−PCxi<0.
c/ Soient x ety deux ´el´ements distincts de HrC Montrer que kPCx−PCyk<kx−yk.
3/ On suppose que C est strictement convexe et on pose D=
x∈ H | −x∈C .
a/ Montrer que Dest un sous-ensemble non vide, strictement convexe et ferm´e de H.
b/ Soient zC =PC0H etzD =PD0H. Montrer que si 0H6∈C, on a : i. zC =−zD,
ii. zC =PCzD etzD =PDzC, iii. kzC−zDk= infx∈C,y∈Dkx−yk.
Que se passe-t-il quand 0H∈C?
2
Paris 6 – Licence de Math´ematiques – Analyse Hilbertienne et Num´erique Solution du partiel d’avril 2008
Solution du Pb I :
1/ a/ Soitx∈ H. Alorsx∈(U+V)⊥⇒(∀u∈U)(∀v∈V)hx|u+vi= 0⇒(∀u∈U)(∀v∈V) hx|ui =hx|u+ 0i= 0 et hx|vi =hx|0 +vi = 0 ⇒ x ∈U⊥∩V⊥. Donc (U +V)⊥ ⊂ U⊥∩V⊥. R´eciproquement,x∈U⊥∩V⊥ ⇒ (∀u ∈U)(∀v ∈V) hx|ui= 0 et hx|vi= 0
⇒ hx|u+vi= 0 ⇒ x∈(U+V)⊥. DoncU⊥∩V⊥ ⊂(U +V)⊥.
b/ D’apr`es1/a/,U∩V =U⊥⊥∩V⊥⊥= (U⊥+V⊥)⊥. Ainsi, (U ∩V)⊥= (U⊥+V⊥)⊥⊥= U⊥+V⊥.
2/ a/ T(αx+y) =T (αξk+ηk)k∈N
= αk(αξk+ηk)
k∈N=α(αkξk)k∈N+(αkηk)k∈N=αT x+T y.
b/ (∀x∈ H) kT xk2=P
k∈Nα2k|ξk|2 ≤α20P
k∈N|ξk|2 =α20kxk2. c/ Il est clair que l’inverse de T est T−1:x= (ξk)k∈N7→(ξk/αk)k∈N.
d/ Consid´erons le vecteur canoniquexn= (0, . . . ,0,1,0. . .), o`u le 1 apparaˆıt au rangn. Alors kT−1xnk =k(0, . . . ,0,1/αn,0. . .)k = 1/αn =kxnk/αn. Puisque αn →0, on ne peut pas trouver β∈[0,+∞[ tel que (∀n∈N) kT−1xnk ≤βkxnk. Donc T−1 n’est pas born´e.
3/ a/ Par d´efinition du produit scalairehz|zi= 0 ⇔ z= 0H.
b/ D’apr`es3/a/,T x=T y⇒0 =hT x−T y|T x−T yi=hT x|T xi−hT x|T yi−hT y|T xi+
hT y|T yi=hx|xi − hx|yi − hy|xi+hy|yi=hx−y|x−yi ⇒x=y.
c/ D’apr`es3/a/, il suffit de montrer queA=hT(αx)−αT x|T(αx)−αT xi= 0.
A=hT(αx)|T(αx)i+hαT x|αT xi − hT(αx)|αT xi − hαT x|T(αx)i
=hαx|αxi+hαT x|αT xi − hT(αx)|αT xi − hαT x|T(αx)i
=|α|2hx|xi+|α|2hT x|T xi −αhT(αx)|T xi −αhT x|T(αx)i
=|α|2hx|xi+|α|2hx|xi −αhαx|xi −αhx|αxi
=|α|2hx|xi+|α|2hx|xi −αhαx|xi −αhαx|xi
= 2|α|2hx|xi −2 Re αhαx|xi
= 0.
d/ Il suffit de montrer que B =hT(x+y)−T x−T y|T(x+y)−T x−T yi= 0. On a B =hT(x+y)|T(x+y)i − hT(x+y)|T xi − hT(x+y)|T yi − hT x|T(x+y)i
+hT x|T xi+hT x|T yi − hT y|T(x+y)i+hT y|T xi+hT y|T yi
=hx+y|x+yi − hx+y|xi − hx+y|yi − hx|x+yi+hx|xi +hx|yi − hy|x+yi+hy|xi+hy|yi
= 0.
e/ T est lin´eaire.
3
Solution du Pb II :
1/ a/ ⇒: on remarque quekx−αyk2−kxk2=α(αkyk2−2hx|yi) et on conclut imm´ediatement.
⇐ : comme α ∈]0,1], l’´equation ci-dessus permet d’obtenir αkyk2 −2hx|yi ≥ 0 et de conclure en faisant α↓0.
b/ Soient α∈]0,1[ etzα =αz+ (1−α)p o`u z∈C. Alorskx−pk= infz∈Ckx−zk ⇒(∀z∈ C)kx−pk ≤ kx−zk ⇒(∀α∈[0,1])(∀z∈C)kx−pk ≤ kx−zαk=k(x−p)−α(z−p)k par convexit´e deC. En utilisant 1/a/, on obtient hx−p|z−pi ≤0.
c/ 1/b/ donnehPCy−PCx|x−PCxi ≤0 et hPCy−PCx|y−PCyi ≤0. En additionnant ces deux in´egalit´es, on obtient
kPCx−PCyk2 ≤ hPCx−PCy|x−yi ≤ | hPCx−PCy|x−yi | ≤ kPCx−PCyk · kx−yk par Cauchy-Schwarz. Si PCx 6=PCy, on peut diviser par kPCx−PCyk et sinon l’´egalit´e est directement v´erifi´ee.
2/ a/ C 3z 6= PCx ∈C. Donc c = (z+PCx)/2 est dans l’int´erieur de C : il existe une boule ferm´ee de centre c et de rayon ρ ∈ ]0,+∞[ contenue dans C. En particulier, puisque x 6=PCx, le vecteuru = (x−PCx)/kx−PCxk est de norme 1 etc+ρu∈C. En posant ε=ρ/kx−PCxkon obtient (z+PCx)/2 +ε(x−PCx)∈C.
b/ D’apr`es1/b/et 2/a/,h(z+PCx)/2 +ε(x−PCx)−PCx|x−PCxi ≤0. Donc hz−PCx|x−PCxi ≤ −2εkx−PCxk2 <0.
c/ SiPCx=PCy, alors l’in´egalit´e est v´erifi´ee puisquexetysont distincts. SiPCx6=PCy, on reprend le raisonnement du 1/c/ : on a grˆace au 2/b/ que hPCy−PCx|x−PCxi < 0 et hPCy−PCx|y−PCyi<0, ce qui devient apr`es addition des deux in´egalit´eskPCx− PCyk2 < hPCx−PCy|x−yi ≤ | hPCx−PCy|x−yi | ≤ kPCx−PCyk · kx−yk par Cauchy-Schwarz. Il suffit alors de diviser par kPCx−PCyk (ce qui est possible puisque PCx6=PCy).
3/ a/ Comme `a tout ´el´ement de D on peut associer un ´el´ement de C (son oppos´e), on obtient directement le r´esultat.
b/ i. zC =PC0H ⇒ kzCk= infx∈Ckxk ⇒ k −zCk= infx∈Ck −xk ⇒ k −zCk= infy∈Dkyk donc−zC =PD0H puisque −zC ∈D.
ii. D’apr`es3/b/i., on a zC−zD = 2(zC−0H). CommezC =PC0H, on a grˆace au1/b/
que 0 ≥ hz−zC |0H−zCi = hz−zC |(zD −zC)/2i. On en d´eduit donc que zC est la projection de zD sur C. On proc`ede de mˆeme pour montrer quezD =PDzC. iii. Notons µ = infx∈C,y∈Dkx−yk. Comme zC ∈ C et zD ∈ D, on a µ ≤ kzC −zDk.
Par ailleurs,kzC−zDk2 =hzC−zD |zC−x+x−y+y−zDi=hzC−zD |x−yi+ hzC−zD |zC−xi+hzC−zD |y−zDi pour toutx∈C ety∈D. Par les propri´et´es des projections zC et zD, les deux derniers termes sont n´egatifs. On en d´eduit par Cauchy-Schwarz quekzC−zDk2 ≤ kzC−zDk · kx−yk, donc quekzC −zDk ≤µ.
Si 0H∈C, alors on a tout simplementzC =zD = 0H.
4