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Chapitre 9 Diagonalisation

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Diagonalisation

Cours de math´ ematiques de BCPST Deuxi` eme ann´ ee

(2)

Table des mati` eres

1 Inverse, puissance et polynˆome de matrices 2

1.1 Cas des matrices diagonales . . . 2

1.2 Cas des matrices diagonalisables . . . 3

1.2.1 D´efinition . . . 3

1.2.2 Inverse et Puissance . . . 4

1.3 Notion de Polynˆome de matrices . . . 5

1.3.1 D´efinition . . . 5

1.3.2 Dans le cas des matrices diagonales, diagonalisables . . . 6

1.4 Utilisation de puissance de matrice . . . 7

1.4.1 Chaˆıne de Markov . . . 7

1.4.2 Sch´ema d’Euler . . . 8

2 R´eduction de matrice 8 2.1 Notion de valeur propre . . . 9

2.2 Notion de Sous-espaces propres . . . 11

2.3 Recherche des valeurs propres . . . 12

3 Crit`eres de diagonalisabilit´e 14 3.1 Des conditions n´ecessaires et suffisantes . . . 14

3.2 Des conditions suffisantes . . . 17

3.2.1 Beaucoup de valeurs propres . . . 17

3.2.2 Matrice sym´etrique et `a coefficients r´eels . . . 17

3.3 Notion de Polynˆome annulateur . . . 18

4 Et les endomorphismes ? 20 4.1 Matrice de changement de bases . . . 20

4.1.1 D´efinition . . . 20

4.1.2 Propri´et´es des matrices de passage . . . 21

4.1.3 Changement de base pour un vecteur. . . 21

4.1.4 Changement de base pour une application lin´eaire. . . 21

4.1.5 Matrices semblables. . . 22

4.2 Endomorphisme diagonalisable . . . 23

4.2.1 D´efinition . . . 23

4.2.2 Notion d’´el´ement propre . . . 23

4.2.3 Liens avec les matrices . . . 25

4.3 Recherche des valeurs propres . . . 28

4.4 Crit`eres de diagonalisabilit´e . . . 28

5 Exercices du td 32

(3)

Dans tout ce chapitre, on note :

• K pour d´esigner R ouC.

• n un entier naturel non nul.

• G un Kespace vectoriel (pas forc´ement de dimension finie).

• F unK espace vectoriel de dimension finie.

• E un K espace vectoriel de dimensionn.

1 Inverse, puissance et polynˆ ome de matrices

Les matrices carr´ees diagonales ont des propri´et´es calculatoires tr`es int´eressantes. Les exemples les plus marquants sont ceux de la mise `a la puissance ou de l’inversion. Le but de ce chapitre va ˆetre d’essayer de transformer des probl`emes matriciels p´enibles et calculatoires en des probl`emes simples ne faisant intervenir que des matrices diagonales.

1.1 Cas des matrices diagonales

On note D la matrice

δ1 0 . . . 0 0 δ2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δn

avec (δ1,· · · , δn) un ´el´ement de Kn.

• D est inversible si et seulement si, pour tout i de J1, nK, δi est non nul. Si tel est le cas, on a :

D−1 =

1

δ1 0 . . . 0 0 δ1

2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δ1

n

 .

• Pour tout entier naturel r, on a :

Dr =

δ1r 0 . . . 0 0 δ2r . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δnr

 . Proposition 1

, Exemple :

1 0 0 0 3 0 0 0 5

est inversible car 1, 3 et 5 sont tous les trois non nuls et :

1 0 0 0 3 0 0 0 5

−1

=

1 0 0 0 1

3 0 0 0 1

 .

(4)

Chapitre 9: Diagonalisation Inverse, puissance et polynˆome de matrices

On a aussi :

1 0 0 0 3 0 0 0 5

3

=

1 0 0

0 27 0 0 0 125

.

1.2 Cas des matrices diagonalisables

1.2.1 D´efinition

Soit A une matrice d’ordre n.A est dite diagonalisable s’il existe une matrice inversible P et une matrice diagonale ∆ telles que

A=P ×∆×P−1. D´efinition 2

, Exemple :

1.

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 est diagonalisable car

1 0 0 0 3 0 0 0 5

est diagonale et :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=P ×

1 0 0 0 3 0 0 0 5

×P−1

avec P =

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

.

2. Si D est une matrice diagonale d’ordren alors D est diagonalisable car D est diagonale et D=In×D×In−1.

3. On reprend la notation de la pr´ec´edente d´efinition.P−1×A×P est alors une matrice diagonale.

+ Mise en garde :

On utilise les notations de la pr´ec´edente d´efinition.

1. Le produit de matrices diagonalisables n’est pas forc´ement diagonalisable. La somme de ma- trices diagonalisables n’est pas forc´ement diagonalisable.

2. Dans la d´efinition pr´ec´edente, ce n’est pas parce qu’il existe une matriceQinversible telle que Q−1×A×Qsoit diagonale que c’est vrai pour toutes les matricesQinversibles ! Par exemple, on a :

1 1 1 0 2 2 0 0 4

×

1 −1 −1

0 2 −1

0 0 3

×

1 1 1 0 2 2 0 0 4

−1

=

1 0 0 0 2 0 0 0 3

et on note que :

1 0 1 0 2 2 0 0 4

×

1 −1 −1

0 2 −1

0 0 3

×

1 0 1 0 2 2 0 0 4

−1

=

1 −0,5 0,5

0 2 0

0 0 3

.

(5)

3. Dans la d´efinition pr´ec´edente, ce n’est pas parce qu’il existe une matriceP inversible telle que P−1×A×P soit diagonale que P ×A×P−1 sera aussi diagonale. Par exemple, on a :

1 1 1 0 2 2 0 0 4

−1

×

1 −1 −1

0 2 −1

0 0 3

×

1 1 1 0 2 2 0 0 4

=

1 −3 −5

0 2 −3

0 0 3

.

4. Quand on ´ecrit A sous la forme P ×∆×P−1 avec P inversible et ∆ diagonale alors il est possible de trouver une matrice Q inversible et une matrice D diagonale telle que A soit Q×D×Q−1 avec Q6=P et ∆6=D, on ne peut pas, a priori, identifier. Par exemple, on a :

1 1 1 0 2 2 0 4 0

−1

×

1 0 0 0 3 0 0 0 2

×

1 1 1 0 2 2 0 4 0

=

1 −1 −1

0 2 −1

0 0 3

et on note que :

1 1 1 0 2 2 0 0 4

−1

×

1 0 0 0 2 0 0 0 3

×

1 1 1 0 2 2 0 0 4

=

1 −1 −1

0 2 −1

0 0 3

.

1.2.2 Inverse et Puissance

On pose A = P ×∆×P−1 avec P une matrice inversible d’ordre n et ∆ la matrice

δ1 0 . . . 0 0 δ2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δn

avec (δ1,· · · , δn) un ´el´ement deKn.

• A est inversible si et seulement si, pour touti de J1, nK, δi est non nul. Si tel est le cas, on a :

A−1 =P ×

1

δ1 0 . . . 0 0 δ1

2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δ1

n

×P−1.

• Pour tout entier naturel r, on a :

Ar =P ×

δ1r 0 . . . 0 0 δ2r . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δnr

×P−1. Proposition 3

(6)

Chapitre 9: Diagonalisation Inverse, puissance et polynˆome de matrices

, Exemple : On a vu que

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=P ×

1 0 0 0 3 0 0 0 5

×P−1 avecP =

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

. On en d´eduit

que

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 est inversible car 1, 3 et 5 sont tous les trois non nuls et :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

−1

=P ×

1 0 0 0 1

3 0 0 0 1 5

×P−1

= 1 15

−15 10 0

15 −5 0

0 −5 3

×

1 2 0 1 1 0 1 1 1

= 1 15

−5 −20 0

10 25 0

−2 −2 3

On a aussi :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

3

=P ×

1 0 0

0 27 0 0 0 125

×P−1

=

−1 54 0

1 −27 0

0 −27 125

×

1 2 0 1 1 0 1 1 1

=

53 52 0

−26 −25 0

98 98 125

1.3 Notion de Polynˆ ome de matrices

* Remarque :

Attention, le concept de polynˆome de matrices n’est pas au programme.

1.3.1 D´efinition

Si A est un matrice carr´ee d’ordre p et P est le polynˆome p0+p1X +· · ·+pnXn avec (p0, p1,· · · , pn) un ´el´ement de Cn+1 alors on note :

P(A) =p0Ip+p1A+· · ·+pnAn. D´efinition 4

(7)

, Exemple :

PosonsP = 2X2+X3−1 et A=

1 1 1 0 0 2 0 0 1

. On a :

A2 =

1 1 4 0 0 2 0 0 1

 et A3 =

1 1 7 0 0 2 0 0 1

.

On en d´eduit :

P(A) = 2A2+A3−I3

= 2×

1 1 4 0 0 2 0 0 1

+

1 1 7 0 0 2 0 0 1

−

1 0 0 0 1 0 0 0 1

=

2 3 15

0 −1 6

0 0 2

1.3.2 Dans le cas des matrices diagonales, diagonalisables

On note D la matrice

δ1 0 . . . 0 0 δ2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δn

avec (δ1,· · · , δn) un ´el´ement de Kn. Si Q est un polynˆome, on a :

Q(D) =

Q(δ1) 0 . . . 0 0 Q(δ2) . .. ... ... . .. . .. 0 0 . . . 0 Q(δn)

 . Proposition 5

, Exemple :

SiQ est le polynˆome 1 + 2X+X2, alors : Q

1 0 0 0 3 0 0 0 5

=

1 0 0 0 1 0 0 0 1

+ 2

1 0 0 0 3 0 0 0 5

+

1 0 0 0 3 0 0 0 5

2

=

Q(1) 0 0

0 Q(3) 0

0 0 Q(5)

=

4 0 0

0 16 0

.

(8)

Chapitre 9: Diagonalisation Inverse, puissance et polynˆome de matrices

On pose A = P ×∆×P−1 avec P une matrice inversible d’ordre n et ∆ la matrice

δ1 0 . . . 0 0 δ2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δn

avec (δ1,· · · , δn) un ´el´ement deKn. Si Q est un polynˆome, on a :

Q(A) =P ×

Q(δ1) 0 . . . 0

0 Q(δ2) 0 ...

... . .. . .. . .. ...

... 0 Q(δn−1) 0

0 . . . 0 Q(δn)

×P−1. Proposition 6

, Exemple :

SiQ est le polynˆome 1 + 2X +X2, alors comme

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=P ×

1 0 0 0 3 0 0 0 5

×P−1 avec P =

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

, on obtient que :

Q

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=P ×

Q(1) 0 0

0 Q(3) 0

0 0 Q(5)

×P−1

=

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

×

4 0 0

0 16 0 0 0 36

×

1 2 0 1 1 0 1 1 1

=

28 24 0

−12 −8 0 20 20 36

.

1.4 Utilisation de puissance de matrice

1.4.1 Chaˆıne de Markov

Imaginons la situation suivante : un syst`eme a trois ´etat possible : A, B et C. Ce syst`eme change d’´etat `a chaque heure. A une heure donn´e, on estime que, si le syst`eme ´etait dans l’´etat A, la probabilit´e que le syst`eme passe dans l’´etat B est depAB (resp.pAC pour passer dans l’´etat C et pAA pour rester dans l’´etat A). On d´efinit aussi pBA, ..., pCC. Si pour tout entier naturel n, on appelle

(9)

an, bn et cn les probabilit´es respectifs des ´ev´enements ”Le syst`eme est dans l’´etat A (resp. B, C) `a l’heuren”, alors on a :

an+1 = pAAan+pBAbn+pCAcn bn+1 = pABan+pBBbn+pCBcn cn+1 = pACan+pBCbn+pCCcn ce qui s’exprime simplement sous forme matricielle :

Un+1 =M ×Un

o`u on a pos´e Un =

 an bn cn

 et M =

pAA pBA pCA pAB pBB pCB pAC pBC pCC

. Une r´ecurrence triviale donne alors que, pour tout entier naturel n, on a :

Un=Mn×U0.

Il s’agit d’une chaˆıne de Markov, nous en parlerons dans le chapitre ”Espace probabilis´e”.

1.4.2 Sch´ema d’Euler

Les puissances de matrices apparaissent aussi naturellement dans l’´etude des suites r´ecurrentes et, via le sch´ema d’Euler, dans la r´esolution num´erique d’´equations diff´erentielles. Supposons a, b, c etd quatre r´eels connus et (un)n∈N d´etermin´ee par :

u0 =d, u1 =e, u2 =f et, pour tout entier naturel n, un+3=aun+2+bun+1+cun. Pour tout entier natureln, on poseZn=

 un un+1 un+2

. On a alorsZn+1 =M×ZnavecM =

0 1 0 0 0 1 c b a

 puis, pour tout entier naturel p, on a :

Zp =Mp×Z0.

2 R´ eduction de matrice

* Remarque :

Diagonaliser, r´eduire une matrice A consiste `a trouver une matrice inversible P et une matrice diagonale ∆ telle que :

A=P ×∆×P−1.

Il est pour l’instant difficile de d´eterminer si une matrice est diagonalisable ou non avec la d´efinition donn´ee. Dans la suite du chapitre, nous allons ´etablir des crit`eres plus faciles `a exploiter pour ´etablir qu’une matrice Aest, ou non, diagonalisable et trouver aussi au passage une matrice inversible P et une matrice diagonale ∆ telle que :A=P ×∆×P−1.

(10)

Chapitre 9: Diagonalisation R´eduction de matrice

2.1 Notion de valeur propre

On pose A = P ×∆×P−1 avec P une matrice inversible d’ordre n et ∆ la matrice

δ1 0 . . . 0 0 δ2 . .. ...

... . .. ... 0 0 . . . 0 δn

avec (δ1,· · · , δn) un ´el´ement de Kn. Si on appelle X1, X2, · · ·, Xn

les diff´erents vecteurs colonnes deP alors, pour touti de J1, nK, on a : Xi 6= 0 et AXiiXi.

Proposition 7

Soit A une matrice d’ordre n etλ un scalaire.

• On dit queλ est une valeur propre deA si et seulement s’il existe une matrice X deMn,1(K) telle que :

A×X =λ×X et X 6= 0Mn,1(K).

Une telle matrice est alors appel´ee vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre λ.

• L’ensemble des valeurs propres deA est appel´e le spectre de Aet est not´eSp(A).

D´efinition 8

* Remarque :

1. Un vecteur propre ne peut pas ˆetre associ´e `a deux valeurs propres distinctes.

2. Un vecteur propre ne doit pas ˆetre nul. Par contre, 0 peut ˆetre valeur propre. Par exemple, si A est la matrice

1 1 1 1

, comme on a : A×

−1 1

= 0× −1

1

et

−1 1

6=

0 0

On peut donc affirmer que 0 est valeur propre de A.

−1 1

est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre 0.

3. A une valeur propre n’est pas associ´ee qu’un vecteur propre, `a une valeur propre est toujours associ´ee une infinit´e de vecteurs propres. Par exemple, pour tout complexeanon nul,

−a a

est un vecteur propre de

1 1 1 1

associ´ee `a la valeur propre 0 car, pour tout complexe non nul a, on a :

1 1 1 1

× −a

a

= 0× −a

a

et

−a a

6=

0 0

.

(11)

, Exemple :

1. Soit A la matrice

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

. Comme on a :

−1 1 0

= 1×

−1 1 0

, A×

 2

−1

−1

= 3×

 2

−1

−1

 et A×

 0 0 1

= 5×

 0 0 1

On peut affirmer que 1, 3 et 5 sont trois valeurs propres de A.

−1 1 0

est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre 1,

 2

−1

−1

 est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre 3 et

 0 0 1

est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre 5.

2. Soit A une matrice d’ordre n telle que la somme des lignes de A vaut toujours a, a scalaire fix´e. Dans ce cas, a est une valeur propre deA puisqu’on a :

 1

... 1

=a

 1

... 1

et que

 1

... 1

n’est pas la matrice nulle. a est donc une valeur propre deA et

 1 ... 1

est un vecteur propre associ´e `aa.

+ Mise en garde :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Le fait qu’un vecteur propre est un vecteur non nul est extrˆemement important. Appelons X le vecteur colonne

 0

· · · 0

. Pour tout scalaire λ, on a :

AX =

 0

· · · 0

=λ×X.

Ainsi, si on n’imposait pas la non nullit´e du vecteur dans la d´efinition pr´ec´edente, tout scalaire serait valeur propre de A et la notion de valeur propre serait alors sans int´erˆet !

- Exercice 1 :

Soit A une matrice d’ordre n.

1. Montrer que les spectres de tA etA sont confondus.

2. Montrer que si A est diagonalisable alors sa transpos´ee l’est aussi.

(12)

Chapitre 9: Diagonalisation R´eduction de matrice

* Remarque :

Soit A une matrice d’ordre n telle que la somme des colonnes de A vaut toujours a, a scalaire fix´e.

Dans ce cas, a est une valeur propre de A puisqu’on a vu que, si une B ´etait une matrice d’ordre n telle que la somme des lignes deA vaut toujours b, b scalaire fix´e, alorsb ´etait une valeur propre de B.

2.2 Notion de Sous-espaces propres

Soient A une matrice d’ordre n etλun scalaire. Le sous-espace propre deA associ´e `a λ est Ker (A−λ×In), on le noteEλ, c’est l’ensemble des vecteursX deMn,1(C) tels que AX =λX.

D´efinition 9

Soient A une matrice d’ordre n et λ un scalaire. La dimension de Ker (A−λ×In) est n−rang (A−λ×In).

Proposition 10

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition.

1. Pour tout scalaire λ, Eλ est Ker (A−λ×In). Pour tout scalaire λ, λ est donc valeur propre de A si et seulement siEλ 6=

0Mn,1(C) , i.e. si et seulement si il existe des vecteurs propres de A associ´es `a λ.

2. Si λest une valeur propre de Aalors la dimension de Eλ vaut au moins un. Les ´el´ements non nuls de Eλ sont alors les vecteurs propres deA associ´es `a la valeur propre λ.

3. Si A n’est pas inversible, 0 est donc valeur propre de A et r´eciproquement. Le sous-espace propre de A associ´e `a 0 est le noyau deA.

, Exemple :

1. Soit A la matrice

5 0 0 0 5 0 0 0 3

. On prouve sans difficult´e que

 1 0 0

,

 0 1 0

 est une base de E5 et

 0 0 1

 est une base de E3.

2. Soit A la matrice I4. On prouve sans difficult´e que

 1 0 0 0

 ,

 0 1 0 0

 ,

 0 0 1 0

 ,

 0 0 0 1

 est une base de E1.

(13)

2.3 Recherche des valeurs propres

Soient A une matrice d’ordre n et λ un scalaire. On a l’´equivalence suivante : λ est valeur propre deA ⇐⇒A−λ×In n’est pas inversible

⇐⇒rang (A−λ×In)6=n Proposition 11

, Exemple :

1. In n’a qu’une valeur propre, c’est 1.

2. Soit A une matrice d’ordre n. Si A est triangulaire (en particulier si A est diagonale), alors ses valeurs propres sont ses coefficients diagonaux.

• Les spectres de tA etA sont confondus.

3. SoitA une matrice d’ordre n. Si A est non inversible alors 0 est une de ses valeurs propres et E0 est le noyau de A.

4. Posons A=

5 −1 −1

2 2 −1

2 −1 2

. Pour tout λ complexe, on a :

rang (A−λI3) = rang

2 −1 2−λ

2 2−λ −1

5−λ −1 −1

= rang

2 −1 2−λ

0 3−λ −3 +λ 0 3−λ −12 + 7λ−λ2

= rang

2 −1 2−λ

0 3−λ −3 +λ 0 0 9−6λ+λ2

Ceci prouve que la seule valeur propre deAest 3. On en d´eduit queAn’est pas diagonalisable car...

Soit A une matrice d’ordre 2. Pour tout scalaire λ, on a :

λ est valeur propre deA ⇐⇒d´et (A−λ×I2) = 0.

Proposition 12

(14)

Chapitre 9: Diagonalisation R´eduction de matrice

* Remarque :

On rappelle que le d´eterminant de

a b c d

, avec a,b, cetd quatre complexes, est ad−bc.

M´ethode:

Soit A une matrice d’ordre n. On a deux fa¸cons pour trouver Sp(A) :

• Par le rang :

On calcule, pour tout scalaireλ, le rang deA−λIn (en l’´echelonnant). Les valeurs propres de A sont les scalaires λ telles que le rang de A−λIn soit strictement inf´erieur `a n.

• Par un syst`eme :

On fixe un scalaire λ et on r´esout le syst`eme suivant :

A

 x1 x2

... xn

 x1 x2

... xn

d’inconnue

 x1 x2 ... xn

appartenant `aMn,1(K). Ce syst`eme n’a qu’une solution, qui est

 0 0 ... 0

 ,

quand λ n’est pas valeur propre. Sinon, si il y a une autre solution que

 0 0 ... 0

, cela signifie que λ est une valeur propre. L’ensemble des solutions du syst`eme suivant :

A

 x1 x2 ... xn

 x1 x2 ... xn

d’inconnue

 x1 x2 ... xn

est Eλ.

(15)

3 Crit` eres de diagonalisabilit´ e

3.1 Des conditions n´ ecessaires et suffisantes

Soit A une matrice d’ordre n.

• On suppose que (λ1,· · · , λp) est une famille de valeurs propres deux-`a-deux dis- tinctes de A. Pour tout i de J1, pK, on note Xi un vecteur propre de A associ´e `a la valeurs propre λi. La famille (X1, . . . , Xp) est libre.

• On suppose que (λ1,· · · , λp) est une famille de valeurs propres deux-`a-deux dis- tinctes de Aet que Sp(A) ={λ1,· · · , λp}. On note, pour touti deJ1, pK,Bi une base de Eλi. La famille obtenue par juxtaposition des bases Bi est une famille libre.

Th´eor`eme 13

Soit A une matrice d’ordre n.

• A admet au plus n valeurs propres distinctes.

• SiSp(A) = {λ1,· · ·, λp} alors :

p

X

k=1

dim(Eλk)6n.

Th´eor`eme 14

* Remarque :

On utilise les notations du pr´ec´edent th´eor`eme.

1. On peut ˆetre plus pr´ecis que cet th´eor`eme en disant que, grˆace au th´eor`eme du rang,Aadmet au plus rang(A) valeurs propres non nulles distinctes.

2. A admet au moins une valeur propre complexe.

3. Si A est `a cœfficients r´eels alors A peut n’admettre aucune valeur propre r´eelle. Ses valeurs complexes sont n´ecessairement conjugu´ees.

Soit A une matrice d’ordre n.

• Aest diagonalisable si et seulement si la concat´enation de bases de ses sous-espaces propres donnent une base de Mn,1(K).

• SiSp(A) = {λ1,· · ·, λp} alors :

A est diagonalisable⇐⇒

p

X

k=1

dim(Eλk) =n.

Th´eor`eme 15

(16)

Chapitre 9: Diagonalisation Crit`eres de diagonalisabilit´e

M´ethode:

On utilise les notations du pr´ec´edent th´eor`eme. Ainsi, pour savoir si A est diagonalisable, on va

´evaluer les dimensions de ses sous-espaces propres (par le th´eor`eme du rang) et on va les ajouter.

Deux possibilit´es :

1. Si cette somme vaut n, A est diagonalisable.

2. Sinon, A n’est pas diagonalisable.

, Exemple :

1. Les matrices diagonales sont diagonalisables et on retrouve facilement que

p

X

k=1

dim(Eλk) = n.

2.

7 0 0

4 −1 0 6 −3 −4

 est diagonalisable car....

3.

7 0 0 4 7 0 0 0 7

 n’est pas diagonalisable car...

SoitAune matrice diagonalisable d’ordren. Il existe (X1,· · · , Xn) une base deMn,1(K) constitu´ee de vecteurs propres de A. On a alors :

A=P ×∆×P−1

avec P la matrice dont les colonnes sont X1, X2, · · ·, Xn et ∆ la matrice

λ1 0 . . . 0

0 λ2 0 ...

... . .. ... ... ... ... 0 λn−1 0 0 . . . 0 λn

(avec, pour tout ideJ1, nK,λi est d´efinie par : AXiiXi).

Proposition 16

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition.

1. Les vecteurs propres interviennent dans le mˆeme ordre dansP que les valeurs propres associ´ees qu’on trouve dans D. Si on change les colonnes de la matrice D, la matriceP changera aussi.

2. Finalement, pour obtenir la matrice P qu’on cherchait dans l’´ecriture P ×D×P−1, on a besoin d’une base de Mn,1(K) constitu´ee de vecteurs propres deA. Il faut donc ˆetre capable d’obtenir une base de vecteurs propres, la m´ethode suivante l’explique !

3. Il est possible qu’il y a ait des quantit´es qui se r´ep`etent dans la matrice D, chaque valeur propre va apparaˆıtre autant de fois que la dimension de son sous-espace propre associ´e.

(17)

M´ethode:

On utilise les notations du pr´ec´edent th´eor`eme. Ainsi, pour diagonaliser une matrice Ad’ordren, on va :

1. Etape 1 :´ On prouve que A est diagonalisable : En calculant le rang de A−λIn, on trouve ses valeurs propres puis les dimensions de ses sous-espaces propres. Si la somme de ces di- mensions vaut n, A est diagonalisable et on passe `a la prochaine ´etape. Sinon, elle n’est pas diagonalisable.

2. Etape 2 :´ On note (X1,· · · , Xn) une base de vecteurs propres de A : cette base est obtenue en explicitant une base de chaque sous-espace propre (en r´esolvant, pour λ valeur propre de A, l’´equation AX = λX d’inconnue X dans Mn,1(K)). Pour tout i de J1, nK, on note λi la valeur propre de A telle queAXiiXi. On a alors :

A=P ×∆×P−1

avec ∆ la matrice

λ1 0 . . . 0

0 λ2 0 ...

... . .. ... ... ... ... 0 λn−1 0 0 . . . 0 λn

etP la matrice d’ordren telle que, pour tout i

de J1, nK, la colonne i estXi. , Exemple :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

est diagonalisable car :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

×

1 0 0 0 3 0 0 0 5

×

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

−1

On note qu’une base de vecteurs propres de

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

est

−1 1 0

,

 2

−1

−1

,

 0 0 1

 :

1.

−1 1 0

est un vecteur propre de

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 associ´ee `a la valeur propre 1.

2.

 2

−1

−1

est un vecteur propre de

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 associ´ee `a la valeur propre 3.

3.

 0 0 1

est un vecteur propre de

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 associ´ee `a la valeur propre 5.

On a au passage :

5 4 0

−2 −1 0

=

· · · ·

· · · ·

×

3 0 0 0 1 0

×

· · · ·

· · · ·

(18)

Chapitre 9: Diagonalisation Crit`eres de diagonalisabilit´e

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=

· · · ·

· · · ·

· · · ·

×

5 0 0 0 3 0 0 0 1

×

· · · ·

· · · ·

· · · ·

6 Un peu de python:

Listing 1 – diag.py i m p o r t n u m p y as np

i m p o r t s c i p y.l i n a l g as l i n a l g

def d i a g(A, P) :

if l i n a l g.det(P) = = 0 :

r e t u r n " Erreur , P n est pas i n v e r s i b l e ! "

e l s e:

Z=np.dot(P, A)

D=np.dot(Z, l i n a l g.inv(P)) r e t u r n D, l i n a l g.eig(A)

3.2 Des conditions suffisantes

3.2.1 Beaucoup de valeurs propres

Soit Aune matrice d’ordren. SiA admetn valeurs propres distinctes alors Aest diago- nalisable.

Proposition 17

, Exemple : 2 2

1 1

est diagonalisable car elle a deux valeurs propres : 1. 0 car son rang n’est pas 2.

2. 3 car sa somme par colonne vaut toujours 3.

+ Mise en garde :

Cette condition n’est pas n´ecessaire et suffisante mais juste suffisante. I3 n’a qu’une valeur propre et est pourtant diagonalisable.

3.2.2 Matrice sym´etrique et `a coefficients r´eels

(19)

SoitAune matrice. SiAest sym´etrique et `a coefficients r´eels alors elle est diagonalisable.

De plus, il existe une matrice inversible P et une matrice diagonale ∆ telles que A=P ×∆×tP.

Proposition 18

* Remarque :

Cette proposition est bien pratique, elle permet d’affirmer tout de suite qu’une matrice sym´etrique et `a coefficients r´eels est diagonalisable. De plus, on n’a pas besoin de calculer P−1 de la proposition pr´ec´edente puisque c’est tP. Attention, si on ne choisit pas bien la matrice des vecteurs propres, on obtient que la formeQ×∆×Q−1 et pas P ×∆×tP. On verra dans le chapitre ”espace euclidien”

comment faire.

+ Mise en garde :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Attention, A doit ˆetre sym´etrique et `a coef- ficients r´eels (et pas complexes). Par exemple,

1 i i −1

n’est pas diagonalisable et est pourtant sym´etrique.

, Exemple : On pose J =

1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 2 1 1 1

. J est une matrice sym´etrique et `a coefficients r´eels. J est donc diagonalisable.

3.3 Notion de Polynˆ ome annulateur

* Remarque :

Cette partie n’´etant pas explicitement au programme, il faut savoir d´emontrer ces propositions afin de les utiliser !

Soient A une matrice d’ordre n et λ un scalaire. Soient a0,· · · , ap, p+ 1 scalaires. SiX est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre λ alors :

Pour tout entier naturelk, on a :AkX =λk×X et (a0In+a1A+· · ·+apAp)×X = (a0+a1λ+· · ·+apλp)X.

Proposition 19

(20)

Chapitre 9: Diagonalisation Crit`eres de diagonalisabilit´e

Soient A une matrice carr´ee d’ordre n et a0,· · · , ap, p+ 1 scalaires. On suppose que λ est une valeur propre de A. Si on a :

a0In+a1A+a2A2+· · ·+apAp = 0n alors a0+a1λ+a2λ2+· · ·+apλp = 0.

Proposition 20

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Un tel polynˆome s’appelle polynˆome annulateur deA. Cette notion n’est pas au programme mais est tr`es souvent utilis´ee. Pour invoquer cette notion, vous devez donc ˆetre capable de refaire la d´emonstration...

, Exemple : On poseA=

0.9 −0.6 −0.5 0.1 1.6 0.5 0.1 0.6 1.5

. On constate queA3−6A2+11A−6I3 = 0. OrX3−6X2+11X−6 est (X−1)(X−2)(X−3), on peut donc affirmer que...

M´ethode:

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Ainsi, si on dispose d’un polynˆomeP annulateur de A alors on ´evalue ses racines. On sait que les valeurs propres de A sont `a rechercher parmi les racines de P.

+ Mise en garde :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Une racine d’un polynˆome annulateur de A n’est pas n´ecessairement une valeur propre de A. Ainsi, I2 annule X2−1, −1 aussi mais −1 n’est pas une valeur propre deI2.

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. A a au moins un polynˆome annulateur. En effet, la famille (Ip, A, A2, . . . , Ap2) est li´ee car...

- Exercice 2 : On pose J =

0 1 0 0 0 1 1 0 0

.

1. (a) Calculer J2 et J3.

(b) En d´eduire les valeurs propres possibles de J. (c) CalculerJ×

 1 m m2

avec m un complexe tel quem3 = 1 et en d´eduire que J est diagona- lisable.

(21)

2. En d´eduire que

a b c c a b b c a

 (avec a, b et c trois complexes) est diagonalisable. Donner ses

´

el´ements propres.

4 Et les endomorphismes ?

Prenons f un endomorphisme de E. f a de nombreuses matrices associ´ees (une infinit´e, il suffit de changer de base). On souhaiterait obtenir, pour simplifier les d´emarches, obtenir une matrice diagonale. Dans un premier temps, on va tenter d’´etablir un lien entre :

1. MatC(x) et MatB(x) 2. MatC,T (f) et MatB,D(f)

avecx un vecteur de E,C etB deux bases de E, f une application lin´eaire de E dans F et enfin D etT deux bases de F.

4.1 Matrice de changement de bases

4.1.1 D´efinition

Soient B = (b1, . . . , bn) et C = (c1, . . . , cn) deux bases de E. On consid`ere la matrice P dont les colonnes sont constitu´ees des coordonn´ees de chaque vecteur de C dans la base B. Si, pour tout j ∈J1, nK, on a :

cj =a1,jb1 +a2,jb2+· · ·+an,jbn

alors P est

a1,1 · · · a1,n

... . .. ... an,1 · · · an,n

. On dit que P est la matrice de passage deB `a C et on la notePB→C.

D´efinition 21

, Exemple :

1. ((1,0,0),(0,1,0),(0,0,1)) et ((1,1,1),(0,1,0),(0,0,1)) deux bases deR3. La matrice de pas- sage de ((1,0,0),(0,1,0),(0,0,1)) `a ((1,1,1),(0,1,0),(0,0,1)) est...., la matrice de passage de ((1,1,1),(0,1,0),(0,0,1)) `a ((1,0,0),(0,1,0),(0,0,1)) est...

2. (1, X, X2) et (1 +X+X2, X, X2) deux bases deR2[X]. La matrice de passage de (1, X, X2) `a (1 +X+X2, X, X2) est...., la matrice de passage de (1 +X+X2, X, X2) `a (1, X, X2) est...

(22)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

SoientB = (b1, . . . , bn) etC = (c1, . . . , cn) deux bases de E. Soit P la matrice de passage deB `a C. On a :

• P est la matrice, relativement `a la base B de l’endomorphisme qui, pour tout i de J1, nK, envoie bi surci.

• P est la matrice, relativement `a la base C au d´epart et B `a l’arriv´ee de IdE. P est MatC,B(IdE).

Proposition 22

4.1.2 Propri´et´es des matrices de passage

Soient B et C deux bases de E. Soit P la matrice de passage de B `a C.

• P est inversible et son inverse est la matrice de passage de C `a B.

• Si C et B sont confondues alors P estIn. Proposition 23

* Remarque :

Soit C = (c1, . . . , cn) une base de E et P MatB(f(c1), . . . , f(cn)). P est inversible si et seulement si (f(c1), . . . , f(cn)) est une base de E et, dans ce cas, P est une matrice de passage.

4.1.3 Changement de base pour un vecteur.

SoientB etC deux bases deE. Soit P la matrice de passage de B`a C. Soit xun ´el´ement deE. On pose :

XC = MatC(x) et XB = MatB(x) On a :

XB =P ×XC. Proposition 24

4.1.4 Changement de base pour une application lin´eaire.

Soient B et C deux bases de E et f un endomorphisme de E. Soient P la matrice de passage de B `a C, on a :

MatB(f) = P ×MatC(f)×P−1. Proposition 25

(23)

4.1.5 Matrices semblables.

Soient C et B deux matrices d’ordre n. On dit que C et B sont semblables s’il existe une matriceP inversible telle que :

B =P ×C×P−1. D´efinition 26

* Remarque :

SiB est P ×C×P−1 avecC une matrice d’ordre n et P une matrice inversible alors :

• B est inversible si et seulement siC l’est ; Si tel est le cas, on a : B−1 =P ×C−1×P−1.

• Pour tout entier naturel r, on a :

Br =P ×Cr×P−1.

• Soit Qun polynˆome. On a :

Q(B) =P ×Q(C)×P−1.

- Exercice 3 :

Soient A etB les deux matrices suivantes : A=

1 −1 0

1 0 −1

−1 0 2

 et B =

1 1 0 0 1 1 0 0 1

.

1. A est-elle diagonalisable ?

2. Montrer queA et B sont semblables.

3. En d´eduireAn pour tout entier naturel n.

Soient C et B deux matrices d’ordre n. C et B sont semblables si et seulement si elles repr´esentent le mˆeme endomorphisme relativement `a des bases ´eventuellement distinctes et de cardinal n.

Proposition 27

, Exemple :

On noteB la base canonique de R3 etC la base ((1; 1; 0),(−1; 1; 0), ,(0; 0; 1)) de R3. Soit f l’appli- cation lin´eaire suivante :

f : (

R3 →R3

(x, y, z) 7→(x−y+ 4z,3x−z,0)

(24)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

On a :

MatB,B(f) =

1 −1 4

3 0 −1

0 0 0

 et MatC,C(f) = 1 2

3 −5 3 3 −1 −5

0 0 0

.

On en d´eduit que

1 −1 4

3 0 −1

0 0 0

et 1 2

3 −5 3 3 −1 −5

0 0 0

sont semblables.

4.2 Endomorphisme diagonalisable

4.2.1 D´efinition

Soit f un endomorphisme de E. On dit quef est diagonalisable s’il existe B, une base deE, telle que MatB(f) soit diagonale.

D´efinition 28

+ Mise en garde :

Sif n’est pas un endomorphisme, f n’est pas diagonalisable. Si f est une application lin´eaire de E dans F avecE 6=F,f ne peut pas ˆetre diagonalisable (mˆeme si E etF ont mˆeme dimension !) 4.2.2 Notion d’´el´ement propre

* Remarque :

Si on veut qu’il existe une base deE dans laquelle la matrice def prenne une forme diagonale, cela signifie que, si v est l’un des vecteurs de cette base, alors les propri´et´es suivantes sont v´erifi´ees :

1. v est non nul.

2. Il existe un scalaire λ tel que f(v) = λ×v.

Soient f un endomorphisme de G etλ un scalaire.

• On dit que λ est une valeur propre de f si et seulement s’il existe un vecteur x de G :

f(x) =λ×x et x6= 0G.

Un tel vecteur est alors appel´e vecteur propre de f associ´e `a la valeur propre λ.

• L’ensemble des valeurs propres de f est appel´e le spectre def et est not´e Sp(f).

• Le sous-espace propre de f associ´e `a λest Ker(f−λ×IdE), on le note Eλ, c’est l’ensemble des vecteurs x deE tels que f(x) = λx.

D´efinition 29

(25)

* Remarque :

1. Bien noter que, dans la proposition pr´ec´edente,Gest un espace vectoriel quelconque, ´eventuellement de dimension infinie.

2. Un vecteur propre ne peut pas ˆetre associ´e `a deux valeurs propres distinctes.

3. Un vecteur propre ne doit pas ˆetre nul. Par contre, 0 peut ˆetre valeur propre.

4. A une valeur propre n’est pas associ´ee qu’un vecteur propre, `a une valeur propre est toujours associ´ee une infinit´e de vecteurs propres.

, Exemple : 1. Soit f :

(

R3 →R3

(a, b, c) 7→(5a+ 4b,−(2a+b),2a+ 2b+ 5c). Comme on a :

f(−1,1,0) = 1×(−1,1,0), f(2,−1,−1) = 3×(2,−1,−1) et f(0,0,1) = 5×(0,0,1) et (−1,1,0)6= (0,0,0), (2,−1,−1)6= (0,0,0) et (0,0,1) 6= (0,0,0), on peut affirmer que 1, 3 et 5 sont trois valeurs propres de f. (−1,1,0) est un vecteur propre de f associ´e `a la valeur propre 1, (2,−1,−1) est un vecteur propre de f associ´e `a la valeur propre 3 et (0,0,1) est un vecteur propre de f associ´e `a la valeur propre 5.

2. Soit g : (

R[X] →R[X]

P 7→(X−1)×(P0−P0(1))−2 (P −P(1)). Comme on a X−16= 0 et : g(−1 +X) = −2×(−1 +X)

On peut affirmer que −2 est une valeur propres de g et −1 +X est un vecteur propre de g associ´e `a la valeur propre −2.

+ Mise en garde :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition. Le fait qu’un vecteur propre est un vecteur non nul est extrˆemement important. Pour tout scalaireλ, on a :

f(λ0E) = 0E

=λ×0E.

Ainsi, si on n’imposait pas la non nullit´e du vecteur dans la d´efinition pr´ec´edente, tout scalaire serait valeur propre de f et la notion de valeur propre serait alors sans int´erˆet !

Soient f un endomorphisme de E et λ un scalaire. La dimension de Ker(f −λ×IdE) estn−rang (f−λ×IdE).

Proposition 30

(26)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition.

1. Pour tout scalaire λ, Eλ est Ker(f−λ×IdE). Pour tout scalaire λ, λest donc valeur propre de f si et seulement si Eλ 6= {0E}, i.e. si et seulement si il existe des vecteurs propres de f associ´es `a λ.

2. Si λ est une valeur propre def alors la dimension deEλ vaut au moins un. Les ´el´ements non nuls de Eλ sont alors les vecteurs propres def associ´es `a la valeur propre λ.

3. Sif n’est pas injective, 0 est donc valeur propre def et r´eciproquement. Le sous-espace propre de f associ´e `a 0 est le noyau def.

, Exemple : Soit f :

(

C2[X] →C2[X]

a+bX+cX2 7→(5a+ 4b)−(2a+b)X+ (2a+ 2b+ 5c)X2. On constate que −1 +X

´etait un ´el´ement de E1. Par le th´eor`eme de rang, on voit que E1 est de dimension 1, on en d´eduit que (−1 +X) est une base de E1. De mˆeme, (2−X−X2) est est une base de E3 et (X2) est une base deE5.

4.2.3 Liens avec les matrices

Soient f un endomorphisme de E etB une base deE. On pose A= MatB(f). On a : f est diagonalisable ⇐⇒A estK-diagonalisable .

en disant queAestK-diagonalisable s’il existe une matrice inversibleP `a cœfficient dans K et une matrice diagonale ∆ `a cœfficient dans K telles que A=P ×∆×P−1.

Proposition 31

, Exemple : Soit f :

(

C2[X] →C2[X]

a+bX+cX2 7→(5a+ 4b)−(2a+b)X+ (2a+ 2b+ 5c)X2. f est diagonalisable car sa matrice canoniquement associ´ee est :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

et on a vu que cette derni`ere ´etait diagonali- sable.

(27)

Soit f un endomorphisme de E. On pose A= MatB(f) avec B une base de E. Siλ est un scalaire etx un vecteur de E alors :

• Si x est un vecteur propre f associ´e `a la valeur propre λ alors MatB(x) est un vecteur propre de A associ´e `a la valeurλ.

• Si MatB(x) est un vecteur propre deA associ´e `a la valeurλ alorsx est un vecteur propre f associ´e `a la valeur propre λ.

Proposition 32

, Exemple : On a vu que :

−1 1 0

= 1×

−1 1 0

, A×

 2

−1

−1

= 3×

 2

−1

−1

 etA×

 0 0 1

= 5×

 0 0 1

avecA la matrice

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

. On a vu aussi que :

f(−1 +X) = 1×(−1 +X), f(2−X−X2) = 3×(2−X−X2) et f(X2) = 5×(X2) avec f :

(

C2[X] →C2[X]

a+bX +cX2 7→(5a+ 4b)−(2a+b)X+ (2a+ 2b+ 5c)X2. On se rend compte que A est la matrice canoniquement associ´ee `a f et que :

• 1 est une valeur propre de A et

−1 1 0

est un vecteur propre associ´e. 1 est donc une valeur propre de f et−1 +X est un vecteur propre associ´e.

• 3 est une valeur propre de A et

 2

−1

−1

est un vecteur propre associ´e. 3 est donc une valeur propre de f et 2−X−X2 est un vecteur propre associ´e.

• 5 est une valeur propre de A et

 0 0 1

 est un vecteur propre associ´e. 5 est donc une valeur propre de f etX2 est un vecteur propre associ´e.

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition.

• Les spectres de Aet def ne sont pas pour autant confondus.Apeut avoir des valeurs propres complexes mˆeme si A est `a coefficients r´eels. Par contre, si f est un endomorphisme d’un R-espace vectoriel alors f ne peut pas admettre de valeur propre non r´eelle.

• On introduit par exemple : A=

0 −1 , f :

(

R1[X] →R1[X]

etg : (

C1[X] →C1[X]

.

(28)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

On peut prouver que les valeurs propres de Asonti et−i.A´etant la matrice canoniquement associ´ee `a f et g, f n’a aucune valeur propre et g a deux valeurs propres, i et −i. On a d’ailleurs g(i+X) = i(i+X) et g(−i+X) = (−i)(−i+X).

• Notons que si λ est une valeur propre d’une matrice M `a coefficients r´eels et si X est un vecteur propre de M associ´e `a la valeur propreλ alors λ est une valeur propre de matrice M et si X est un vecteur propre deM associ´e `a la valeur propreλ. Ainsi, puisqueiest une valeur propre de

0 −1

1 0

et

1 i

est un vecteur propre de

0 −1

1 0

associ´e `a la valeur propre i, on sait que−iest une valeur propre de

0 −1

1 0

et

1

−i

est un vecteur propre associ´e.

Attention, pour

i 1 0 1

, i est une valeur propre mais−i n’est pas une valeur propre.

Soient A etB deux matrices d’ordre n.

• Si A et B sont semblables, elles sont toutes deux diagonalisables ou sont toutes deux non diagonalisables.

• Si A etB sont semblables, elles ont mˆeme spectre.

• En particulier, si A est semblable `a une matrice triangulaire T alors le spectre de A est l’ensemble des coefficients diagonaux de T.

Proposition 33

* Remarque :

Deux matrices semblables ont donc mˆeme valeur propre. Par contre, elles n’ont pas forc´ement mˆeme vecteur propre. On nomme par exemple f un endomorphisme de E, C et C0 deux bases de E et on pose :

A= MatC(f) et B = MatC0(f).

Six est un vecteur propref associ´e `a la valeur propre λ alors MatC(x) sera un vecteur propre de A associ´e `a la valeurλ et MatC0(x) sera un vecteur propre de B associ´e `a la valeurλ. Cela peut donner des r´esultats tr`es diff´erents.

, Exemple : Par exemple,

1 0 0 0

et

0 0 1 1

sont semblables car la premi`ere est la matrice canoniquement associ´ee `a f :

(

R2 →R2

(a, b) 7→(a,0) et la seconde est MatC(f) avec C la famille ((1,1),(1,0)) (qui est bien une base de R2). Les valeurs propres de la premi`ere sont 1 et 0.

1 0

est un vecteur propre associ´ee `a la valeur propre 1. Les valeurs propres de la seconde sont aussi 1 et 0 mais

1 0

n’est pas un vecteur propre. Par contre,

1

−1

est un vecteur propre (associ´ee `a la valeur propre 0) alors qu’il n’est pas vecteur propre de

1 0 0 0

.

(29)

4.3 Recherche des valeurs propres

Soient f un endomorphisme de E etλ un scalaire. On a l’´equivalence suivante : λ est valeur propre de f ⇐⇒f−λ×IdE n’est pas injectif

⇐⇒rang (f −λ×IdE)6=n Proposition 34

, Exemple :

Soit f l’application suivante : f :

(

C2[X] →C2[X]

a+bX +cX2 7→(5a−b−c) + (2a+ 2b−c)X+ (2a−b+ 2c)X2

D’apr`es ce qu’on a dit sur

5 −1 −1

2 2 −1

2 −1 2

(qui est la matrice canoniquement associ´ee `af), on peut affirmer que la seule valeur propre de f est 3. f n’est pas diagonalisable car ...

M´ethode:

Pour trouver les valeurs propres def, un endomorphisme deE, on va introduireA= MatB(f) avec B une base de E. On utilise les m´ethodes vues (Par le rang, par un syst`eme) pour expliciter Sp(A) puis Sp(f) (puisque Sp(f) est Sp(A)∩K).

- Exercice 4 :

D´eterminer les valeurs propres et les sous-espaces propres de l’endomorphisme de R3 dont la matrice dans la base canonique est :

7 −3 −5 4 −1 −4 6 −3 −4

.

4.4 Crit` eres de diagonalisabilit´ e

On rappelle que E est dans ce chapitre un espace vectoriel de dimensionn.

(30)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

Soit f un endomorphisme de E.

• On suppose que (λ1,· · · , λp) est une famille de valeurs propres deux-`a-deux dis- tinctes de f. Pour touti deJ1, pK, on note vi un vecteur propre de f associ´e `a la valeurs propre λi. La famille (v1, . . . , vp) est libre.

• On suppose que (λ1,· · · , λp) est une famille de valeurs propres deux-`a-deux dis- tinctes de f et que Sp(f) ={λ1,· · · , λp}. On note, pour tout i deJ1, pK, Bi une base de Eλi. La famille obtenue par juxtaposition des bases Bi est une famille libre.

Th´eor`eme 35

Soit f un endomorphisme de E.

• f admet au plus n valeurs propres distinctes.

• SiSp(f) = {λ1,· · · , λp} alors :

p

X

k=1

dim(Eλk)6n.

Th´eor`eme 36

* Remarque :

On utilise les notations du pr´ec´edent th´eor`eme.

1. On peut ˆetre plus pr´ecis que cet th´eor`eme en disant que, grˆace au th´eor`eme du rang, f admet au plus rang(f) valeurs propres non nulles distinctes.

2. f admet au moins une valeur propre complexe si E est un C-espace vectoriel.

3. Si E est un R-espace vectoriel alors f peut n’admettre aucune valeur propre sur R. Si on cherche ses valeurs propres dans C alors les valeurs obtenues seront r´eelles ou complexes conjugu´ees.

Soit f un endomorphisme de E.

• f est diagonalisable si et seulement si la concat´enation de bases de ses sous-espaces propres donnent une base de E.

• SiSp(f) = {λ1,· · · , λp} alors :

fest diagonalisable⇐⇒

p

X

k=1

dim(Eλk) =n.

Th´eor`eme 37

(31)

Soit f un endomorphisme de E. On pose A= MatB(f) avecB une base de E. Si f est diagonalisable alors il existe B0 une base de E constitu´ee de vecteurs propres de f. On note (v1,· · · , vn) =B0 etP la matrice de passage de B vers B0. on a alors :

A=P ×∆×P−1

avec ∆ la matrice

λ1 0 . . . 0

0 λ2 0 ...

... . .. ... ... ... ... 0 λn−1 0 0 . . . 0 λn

et pour touti deJ1, nK, λi est d´efinie par :

f(vi) =λivi. Proposition 38

* Remarque :

On utilise les notations de la pr´ec´edente proposition.

1. Les vecteurs propres interviennent dans le mˆeme ordre dansB0 que les valeurs propres associ´ees qu’on trouve dans D. Si on change les colonnes de la matrice D, la matrice P changera aussi car B0 ´evoluera.

2. Finalement, la matrice P qu’on cherchait dans l’´ecriture P ×∆×P−1 est une matrice de passage entre la base B telle que Asoit MatB(f) et une base de diagonalisation. Il faut donc ˆ

etre capable d’obtenir une base de vecteurs propres, la m´ethode suivante l’explique !

3. Il est possible qu’il y a ait des quantit´es qui se r´ep`etent dans la matrice D, chaque valeur propre va apparaˆıtre autant de fois que la dimension de son sous-espace propre associ´e.

, Exemple : On a vu que

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

 est diagonalisable car :

5 4 0

−2 −1 0

2 2 5

=

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

×

1 0 0 0 3 0 0 0 5

×

−1 2 0 1 −1 0 0 −1 1

−1

D’apr`es ces calculs, f et g sont donc aussi diagonalisables avec : f :

(

C2[X] →C2[X]

a+bX+cX2 7→(5a+ 4b)−(2a+b)X+ (2a+ 2b+ 5c)X2 g :

(

R3 →R3

(a, b, c) 7→((3a−c),(c+a+ 4b),(−a+ 3c)).

Les valeurs propres de f sont .... et une base de vecteur propre de f est... Les valeurs propres de g

(32)

Chapitre 9: Diagonalisation Et les endomorphismes ?

Soient f un endomorphisme de E Si f admet n valeurs propres distinctes alors f est diagonalisable.

Proposition 39

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