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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Un débouché pour les classes nouvelles : la formation des techniciens.

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Academic year: 2021

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UN DEBOUCHE POUR LES

CLASSES NOUVELLES

L a

forma,.on

des

L echniciens

evant des maîtres de classes nouvelles assemblés à Sèvres à la fin des vacances, j'ai évoqué certains aspects du problème de l'orientation scolaire. On sait qu'il y a choix à la sortie des classes nouvelles et que l'Enseignement Technique offre alors aux enfants des écoles diverses, des sections diverses, dans lesquelles leurs succès dépendent, pour une grosse part, d'un judicieux aiguillage vers tel ou tel cycle d'études.

Or, il ne semble pas que soient toujours bien connues toutes les ressources de l'Enseignement Technique. Car, si nous n'y prenions garde, une seule des voies multiples qu'il propose serait bientôt fréquentée par la grande majorité, sinon par l'ensemble des élèves issus des classes nouvelles : « Quinze élèves sortent cette année de troisième nouvelle, annonce un chef d'établissement. Donnez-moi la possibilité de préparer ces quinze jeunes gens au baccalauréat technique». Prestige du baccalauréat ! Habitude des maîtres du second degré de conduire leurs élèves'vers ce diplôme !... Certains s'étonnent de notre réponse : « Combien, disons-nous, parmi ces quinze enfants, atteindront le but ? Que deviendront les autres ? Et, d'ailleurs, la préparation au baccalauréat, pour les meilleurs des quinze, est-elle exactement ce qu'ils souhaitent ? Leur effort scolaire se poursuivra-t-il au delà du baccalauréat ? »

Nous apercevons les routes qui, par nos différents établis-sements, conduisent les enfants jusqu'au seuil de la production, de la vie active, vers les certificats d'aptitude professionnelle, vers le brevet d'enseignement industriel, vers les diplômes de techniciens, vers le baccalauréat technique...

Elles sont divergentes, ces routes, et chacune d'elles présente des obstacles qu'il faut franchir. Tel qui échouera certainement

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sur le chemin du baccalauréat a peut-être des chances en compagnie de futurs techniciens. L'ignorance, une erreur, trop de prétentions peut-être, risquent d'anéantir le fruit de son travail et de ruiner ses projets d'avenir.

Il importe donc de faire connaître aux jeunes gens et à leur famille les classes de techniciens dont le type est constitué par la section normale des Ecoles Nationales Professionnelles. Dans l'esprit de beaucoup de gens, un ajusteur, un tourneur, un fraiseur, un modeleur, un dessinateur, sont des techniciens ; la possession d'une spécialité professionnelle, surtout si cette spécialité entre dans le cadre de grandes activités industrielles comme la métallurgie ou l'électricité, est confondue avec la technicité. On en vient ainsi à considérer le technicien comme un manuel dont la formation serait spécifiquement pratique et requerrait seulement une certaine virtuosité manuelle développée à partir des dons naturels par un dressage intensif.

C'est là une erreur majeure !

Le technicien n'est pas un spécialiste enfermé dans un domaine étroit. Il ne saurait être question pour lui de se limiter à l'apprentissage des recettes professionnelles et à l'acquisition de la virtuosité dans un champ restreint, qui peuvent constituer l'essentiel d'un métier pour un ouvrier.

Certes, il ne lui est pas possible de les ignorer. Mais sa tâche est effort de l'esprit plus que travail des mains ; ou, plutôt, c'est un effort de l'esprit' conduisant le travail des mains. Elle suppose des qualités supérieures ; par exemple, une pluralité d'aptitudes, un sens du général et surtout un goût de la recherche qui caractérisent les véritables activités intellectuelles.

Je voudrais évoquer ici un souvenir — dont le rappel risque de paraître peu orthodoxe sous la plume d'un administrateur, mais qui caractérise assez bien l'état d'âme d'un technicien. Dans une de nos écoles, un jeune homme travaille au tour : il casse un outil. On lui en donne un autre, qu'il casse à nouveau. Sévèrement admonesté, le coupable, qui n'a rien d'un maladroit, répond : « J ' a i voulu voir ce qui se produisait si je dépassais les limites fixées, quelle « passe » et quelle vitesse je pouvais

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atteindre sans accident)). U n chef des travaux, soucieux de la bonne gestion financière de ses ateliers, ne pouvait évidemment paraître approuver des essais de cette nature ! E t pourtant, c'est bien avec une secrète sympathie qu'il enregistrait cette curiosité qui conduisait son élève à fai're varier les conditions de fonctionnement d'une machine pour en observer les réactions ; car il y voyait le signe de ce que nous pourrions appeler « le sens technique )) ou (( le sens mécanique » ; et il pensait peut-être que Claude Bernard avait déjà montré le rôle fécond de ces «expériences pour voir » grâce auxquelles un chercheur s'applique à surprendre la Nature (( en flagrant délit » ! Pour-quoi la mécanique dédaignerait-elle les procédés de « l a mé-decine expérimentale )) ?

Or, cet état d'esprit est celui qui inspire les méthodes en honneur dans nos écoles de techniciens. C'est ainsi que dans un de nos établissements parisiens, fonctionnent les cours organisés par le (( Bureau des 'temps élémentaires », dont la contribution à l'étude rationnelle des conditions de travail est reconnue si précieuse. D'autre part, « la Société Française des Mécani-ciens )) a pris de notre enseignement une opinion assez flatteuse pour demander à nos maîtres et à leurs élèves de vouloir bien s'associer à toute une vaste série d'essais destinés à étudier les conditions de coupe des métaux.

Qui pourrait voir, dans de tels efforts, constamment marqués par le souci d'expérimentation, je ne sais quelle discipline infé-rieure à celles qui conduisent vers le baccalauréat ? En fait,

le niveau des classes de techniciens est très proche de celui des classes de baccalauréat ; et s'il nous arrive de réagir contre la tendance actuelle à doubler l'une des formations par l'autre, c'est que leurs voies divergent et que nous avons souci du surmenage qu'une gloriole vaine imposerait aux jeunes gens qui nous sont confiés !

Objecterait-on, enfin, le caractère utilitaire de notre ensei-gnement, pour persuader les élèves issus des classes nouvelles, qu'il n'y a pas d'objectif noble en dehors de la culture dite

(( désintéressée » ?

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désin-téressé )) dans cette effarante ruée vers la conquête d'un parchemin dont la possession doit, aux yeux du plus grand nombre, conférer situation et stabilité dans la vie ? »

E t puis, les faits n'ont-ils pas prouvé, dans le cas des ingénieurs, par exemple, que deux personnels différents, mais tous deux excellents, pouvaient être formés, l'un par les moyens traditionnels empruntés aux mathématiques pures, l'autre par les méthodes concrètes qui ont fait la réputation des Ecoles d'Arts et Métiers.

Prenons garde au danger que finirait par représenter, pour notre pays et pour la civilisation, l'absurde préjugé qui éloi-gnerait des fonctions de techniciens de bons esprits capables de s'épanouir pleinement grâce à une forme nouvelle de la culture. Redoutons d'être de plus en plus dépassés par des pays moins traditionalistes que le nôtre. E t redoutons surtout de contribuer à cet (( écrasement » dont parle Bergson : « Ecrasement plus ou moins complet de la conscience par la matière retombant sur elle)). Ecrasement qui serait la conséquence fatale d'une civilisation ((mécanicienne», inspirée par une poignée d'ingé-nieurs supérieurs, mais privée de techniciens ouverts au respect et à la compréhension des valeurs intellectuelles et morales qui font la noblesse de l'homme.

Voilà pourquoi il faut, de toute urgence, signaler aux élèves des classes nouvelles les débouchés qui s'offrent à eux dans les carrières de techniciens.

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