• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'alphabétisation scientifique et technique

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'alphabétisation scientifique et technique"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

L'ALPHABÉTISATION SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE

PROBLÉMATIQUE

Michela MAIER C.E.D.E. Rome Gérard FOUREZ Université de Namur Samuel JOHSUA Université de Provence Jean-Louis MARTINAND E.N .S. de Cachan Antoine ZAPAT A I.U.F.M. d'Alsace

RÉSUMÉ: Nous allonsàquatre voix délimiter les principales questions que soulève l'expression d'alphabétisation scientifique et technique. 11 s'agira d'ouvrir le débat qui justifie ces Seizièmes Journées.

SUMMARY : We are going to define, at four voicies, the main questions bring up by the words "scientific and technic literacy". Il is a matter ta open discussion justifying this sixteenth seminar.

(2)

1.INTRODUCTION

En ouvertureà ces seizièmes journées,ilnous a semblé important de poser la problèmatique de l'alphabétisation scientifique et technique. Nous avons fait appelà Jean-Louis Martinand que l'on ne présente plus, Michela Maier du C.E.D.E. de Rome, Samuel Johsua de l'Université d'Aix-Marseille et enfin Gérard Fourez de l'Université de Namur. Avec eux et avec vous qui nous entourez, nous allons essayer de cerner l'alphabétisation scientifique et technique. Lors de la préparation de ces journées, nous avons constaté au sein du Comité d'Organisation que celle notion ne recouvrait pas les mêmes choses pour les uns et pour les autres. Àla réflexion,ilsemble qu'il y a trois questions à se poser pour amorcer ce débat.

La première question me semble être celle-ci : quelle différence peut-on établir entre alphabétisation scientifique et technique d'une part et vulgarisation d'autre part? En effet la métaphore ne semble pas fonctionner correctement et une certaine confusion existe entre ces deux termes.

La seconde question qui procède de la première serait: quels peuvent être aujourd'hui les contenusàdonneràune alphabétisation scientifico-technique ? S'agit-il d'aborder:

- la controverse entre théories, - la démarche scientifique, - le paradigme scientifique,

- les savoirs minima requis pour accéderà des ouvrages destinés à 1"'Honnête Homme" du XXe siècle, par exemple l'ouvrage de J. Ruffié De la biologieàla culture ?

La troisième question concerne les enjeux pour le citoyen. À quoi cela doit-il servir? La question pouvant être: alphabétiser pour quoi faire?

S'agit-il de développer la capacité du citoyen à prendre parti dans la querelle scientifique? Par exemple la controverse actuelle sur l'utilisation des

e.F.e.

et leur effet sur la couche d'ozone. Ou bien est-ce plutôt de lui faire dépasser la tentation de démission face au spécialiste ("Ils sont pas d'accord entre eux, alors bof... ") et s'inscrire, en tant que vrai citoyen dans la dimension politique et éthique?

Est-ce enfin, mais la liste n'est pas limitative, un moyen d'accéderà une compréhension du discours des spécialistes, sans toutefois devenir ni des producteurs de ce type de discours, ni de devenir à leur tour des producteurs d'un savoir pointu et universel.

2. INTERVENTIONSÀLA TABLE RONDE

2.1 Michela Maier

Le rôle de l'École est fixé par la société, il ne s'agit pas d'une structure fonctionnant de façon idéale coupée de tout contact avec la réalité.Ledécoupage entre l'alphabétisation et la vulgarisation est difficileà faire car il y a toujours un va-et-vient entre l'un et l'autre.

(3)

La science donne d'elle-même une image valorisante. Elle apparaît comme quelque chose d'impossibleà ignorer, à contourner dans notre vie de tous les jours.

Elle apparaît donc comme un moyen d'améliorer la vie, de la maîtriser, de la comprendre. Par ailleurs la technique est considérée comme la petite fille de la science. Elle introduit la certitude de par sa rationalité. En effet il n'y a pas de problème puisque la science peut tout résoudre. En reflet la technicité impose que chaque problème ne possède qu'une seule et unique réponse.

En second lieu elle incarne la vérité, elle introduit la sûreté dans le comportement. Elle bânit l'aspect affectif et par là-même elle évacue les valeurs, ainsi que l'éthique. En effet là où se situe la Vérité, réside l'Ethique.

2.2 Gérard Fourez

La problématique existe depuis longtemps et peu de choses ont changé depuis le début du siècle. Ainsi se superposent un enseignement basique (lire, écrire, compter) et un enseignement scientifique. Passer au concret équivautàélaborer des réponses. Les deux termes d'alphabétisation et de vulgarisation renvoient à deux chose totalement différentes. L'alphabétisation renvoieàun déplacement des termes, à une communauté scientifique qu'il s'agit d'intégrer, en un mot à une position d'activité de celui qui est alphabétisé; tandis que la vulgarisation renvoie à la transformation d'un savoir existant, transformation qui échappe au lecteur.

Il n'y a pas de différence entre l'alphabétisation scientifique et l'alphabétisation technique, à la seule condition de bien reconnaître que nous sommes loin de la technologie, c'est-à-dire du discours sur la technique. Ici une question importante consiste à repérer quels sont les enjeux pour les groupes sociaux, quelles stratégies occasionnent-t-ils,àquels paradoxes sont-ils confrontés.

L'idéologie assimile la technologie avec l'application des sciences, ce qui est faux. En effet les logiques techniques sont beaucoup plus complexes, et certaines d'entre elles n'ont rien à voir avec le développement des sciences. Par ailleurs les techniques produisent plus de théories que ne le font les sciences, quoique dans un environnement conceptuel et théorique plus restreint. Ce qui fonde ceta prioriidéologique c'est que des questions de pouvoir se jouent ici.

Il faut voir que la distinction entre les deux types de savoirs, est contemporaine du moment où la science des professionnels se sépare du travail de la pratique. Or aujourd'hui cette séparation estàbout de souffle. Il faut être conscient que les interactions entre science et technique sont plus grandes qu'on ne croit.

2.3Samuel Johsua

Défendre le rôle central de l'École dans les processus d'acquisition de savoirs est paradoxal, car en effet pourquoi faire appel à elle alors que la majorité des savoirs acquis ne se fait pasà travers elle? Et plus paradoxalement encore alors que les Sciences et les Techniques sont une toute petite fraction de ces savoirs.

(4)

La résolution de ce paradoxe nécessite de considérer d'abord que notre Société utilise ces savoirsàl'insu des citoyens. Il n'échappeàpersonne que le contrôle de la Société est aux mains de ceux qui possèdent ces savoirs. Ensuite il faut être conscient que les Sciences nécessitent un temps d'acculturation extraordinairement long que, seule l'École peut parveniràdégager. Parce que les Sciences ne se maîtrisent pas par simple imprégnation. Parce qu'il s'agit d'un processusàla fois lent et douloureux. Parce qu'autrement ce processus serait évité, l'École doit être le lieuàprivilégier pour parvenir à cette entrée en Science, en Technique.

2.4 Jean·Louis Martinand

De façon spontanée la notion d'alphabétisation scientifique et technique suggére de se fonder sur les résonances des mots, dont trois émergent ici.

D'abord l'idée de seuil: ainsi l'alphabet se compose de 26 lettres qui peuvent être combinées de multiples façons, avec une évidente économie ; tandis que les idéogrammes nécessitent beaucoup d'années pour être maîtrisés. Mais franchir un seuil qu'est-ce que cela veut dire? Où le situons nous ? À partir de quand est-on alphabétisé, et jusqu'où ne le sommes nous pas? Parallèlement, il yale guidage de l'apprentissage, c'està dire l'existence d'un parcours prévu, réglé, guidé, systématique.

Ensuite l'idée qu'il faut fournir des outils pour manipuler des objets, des concepts. En effet, pour rester dans la métaphore, la lecture ne vas pas sans un minimum d'écriture, ce qui pose le problème du type de maîtrise souhaitée, ainsi que du degré de cette maîtrise.

Enfin reconnaître que l'ambition de l'alphabétisation c'est la généralisation. Que son champs d'intervention ne peut être que la masse, et non une partie de la population.

Cette exploration terminée il reste des questions importantes. En voici une : pourquoi l'alphabétisation scientifique et technique? Est-ce que lire écrire compter ne suffit pas?

Ici il faut introduire la distinction entre objet technique et nature, ce qui condi tionne une approche par le plaisir du rapport Nature/Culture. Mais s'agit-il de poser le problème en termes de Culture? On peut d'autre part s'interroger sur qui veut l'alphabétisation, qui fait l'offre et pourquoi?

Les échecs de l'alphabétisation existent, il s'agit de problèmes d'accrochage, de conduite. Ce qui nous conduitàun autre point d'entrée, l'histoire, l'épistémologie. Cependant des points d'ombre demeurent: par exemple les relations entre les fins et les motifs, les moyens et la mise en œuvre, la façon d'opérationnaliser. Peut-on penser en système toutes les voies et moyens dont on dispose?

2,5 Débat avec la salle

Quelques questions de la salle ont porté sur la distinction qui semblait exister dans les quatre interventions entre la technologie et les technologies, entre la technique et la technologie, et aussi sur l'importance à donner au facteur temps.

Pour Gérard Fourez la différence réside dans l'attitude : ainsi la science, la technique correspondent à une seule et unique attitude, tandis que le pluriel renvoie à une pluralité d'attitudes. En revanche il y a une distinction entre la technique et les technologies.Lepremier terme renvoie

(5)

au travail technique, dont certaines démarches fonctionnement sur le mode de la recette, le second terme renvoie lui au travail de poser des théories sur les pratiques. Cela conditionne un refus de tout ce qui contribue àl'exclusion entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Le seul fonctionnement possible est sur le mode de la négociation, de la standardisation.

Pour Jean-Louis Martinandilest difficile de répondre, car on semble discuter de tel ou tel tiroir. Pour lui, la distinction existe entre technologie au singulier qui est la discipline scolaire et les technologies qui se situent hors du champs scolaire.

Samuel Johsua constate qu'il existe des savoirs techniques sans modélisation, car cette activité est difficile à mener. Par exemple l'organisation de son travail par une équipe d'éboueurs, requiert qu'ils mettent en oeuvre une modélisation importante, ce qui est faisable parce que la spécificité du problème est restreinte. Faire des sciences c'est difficile, en faire faire au plus grand nombre encore plus; mais il s'agit d'un effort à long terme qui débouche sur une jouissance.

Pour Michela Maier l'alphabétisation repose sur cette idée de lettres avec lesquelles on peut construire. La question que l'on peut se poser étant alors combien de science dois-je construire, combien de technologie? Les sciences et les techniques sont un langage, or on n'apprends pas un langage comme on construit un mur, avec des briques, mais à travers des occasions réelles pour développer son raisonnement. L'alphabétisation doit donc être une mise en œuvre concrète.

Une question de la salle portait sur l'importance de choisir le tiroir pour séparer les sciences et les techniques afin d'aider les sciences. Il s'agit d'établir des classements, des liens. Cependant celà doit être fait à partir de contenus dans des situations très globales, réelles, et couvrant plusieurs champs disciplinaires.

Yvan Gillet intervient en précisant que la distinction entre Science et Technique ne réside pas dans les moyens, agir et comprendre, qui sont identiques dans les deux domaines. La distinction provient essentiellement de leur articulation ; la science agit pour comprendre, tandis que la technique doit comprendre pour agir.

Dans la salle la question du choix des savoirs à transmettre est soulevée, partant du constat que l'enseignement de la langue à l'école primaire a, dans tous les pays, marginalisé les langages vernaculaires au bénéfice de la langue dominante ou officielle, on peut craindre que dans le domaine des sciences et des techniques on soit au même point, avec des contenus infinis, des démarches infinies, dans lesquelles sera fait un choix. Cela signifie que là aussi le risque existe de ne transmettrre qu'un savoir dominant, éradiquant des savoirs populaires dontlepouvoir opératoire peut être important. Cela suppose que l'on identifie les savoirs pratiqués par rapport aux savoirs scientifiques, ce qui pose la question de leur contextualisation. Si l'on parle de révolution dans l'enseignement, il faut définir ce type de révolution. L'École a un but c'est l'éducation, or celle-ci est synonyme de liberté.

(6)

Samuel Johsua constate que changer l'enseignement des sciences à l'École suppose une réforme, c'est-à-dire un grand changement, mais confronte à la difficulté de trouver les centres d'intérêt. Ce qui pose la question: où trouver les choses de la vie?

Jean-Louis Martinand propose d'extirper les savoirs pratiques, de les transformer en savoirs d'experts.Lequestionnement fondamental étant alors de quitter le domaine de discussions d'experts

àexperts et de chercher les invariants relationnels.

Gérard Fourez reconnaît que les choix des contenus de formation entraînent forcément l'élimination de certains savoirs, la difficulté étant de le faire en toute conscience.

3. CONCLUSION

En guise de conclusion nous avons constaté au cours des échanges que l'alphabétisation Scientifique et Technique pose problème au moinsàquatre niveaux.

D'abord en terme de définition : quelle est la nature de l'alphabétisation scientifique et technique?

Ensuite en terme de contenus : Quels sont les savoirs pratiqués ? S'agit-il de savoirs dominants, de savoirs dominés, ou bien sommes nous en présence de savoirs non encore définis?

Puis en terme de démarches: celles-ci très nombreuses peuvent-elles se substituer les unes aux autres, doivent-elles s'exclure? Qu'en est-il de la modélisation?

Enfin dernier point, l'importance du versant social, car il se joue là des problèmes de pouvoir.

Cette table ronde a suscité plus d'interrogations qu'elle n'a apporté de réponses, parions qu'elle sera une entrée en matière stimulante pour la suite des travaux de ces seizièmes journées.

Références

Documents relatifs

Les statistiques publiées dans ce document de travail sur « Les professions de santé au 1 er janvier 2007 » portent sur les pharmaciens, chirurgiens-dentistes, sages-femmes

On peut également voir cette égalité en remarquant que D est une matrice de passage, exprimer l’endomorphisme T dans cette nouvelle base et utiliser les formules de changement

Grâce à l’accolage du contrat de vente de l’actif tangible non-obligataire au contrat d’émission lequel comporte les caractéristiques d’un prêt et celles d’un mandat,

Que l’on peut traduire par « La raison d’être de la loi cessant, cesse la loi elle-même », v.. du consommateur, et a considéré que l’exercice de ce droit « ne peut

Les termes « usages » et « usagers » connaissent depuis un temps un succès certain (Jacques GUYOT, in André VITALIS (sous la dir), 1994, 75) et sont constamment employés dans

Les questions présentant un intérêt général sont publiées dans un numéro~ Les réponses reçues sont publiées dans le numéro suivant..

Nous avons vu que les lemmes d'univocité posent de nouveaux problème» de localisation ( i ) qu'on peut traduire immédiatement sous les formes suivantes : 1. — Un ensemble

Elles amè- neront nos élèves à comprendre de façon plus claire ce qui se passe en particulier dans le phénomène de la combustion autour duquel est centré