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Zones d’influences des villes saoudiennes

Chapitre 2 : Dynamiques socio-démographiques et mutations spatiales

III- La morphologie socio-spatiale : une hiérarchie urbaine quantitative et fonctionnelle différenciée

5. Les aires d’influences urbaines selon les modèles de Reilly-Huff 1 Le concept de zone d’influence

5.3. Zones d’influences des villes saoudiennes

Les villes saoudiennes possèdent des zones d’influences de différents niveaux selon leurs poids démographiques et la distance qui les séparent. Selon la figure 32, la capitale, Riyad, exerce une zone d’influence qui rayonne sur tout le territoire national. Son étendue interfère avec les zones d’influence des régions limitrophes, à savoir Al Quassim, Haïl, Al Hudud Ach Chamaliya, Al Jawf, Najran, et même Ach Charquiya, malgré l’importance de la ville de Dammam sur le plan démographique et économique. Cette situation s’explique par la faiblesse démographique des chefs-lieux et des villes de ces régions par rapport à la capitale. Cette dernière, qui s’étend sur plus 1.500 km² et qui ne cesse de s’agrandir, exerce une influence administrative et économique importante. La zone d’influence administrative correspond au pouvoir et aux compétences territoriales de l’autorité administrative. L’influence économique de Riyad est due aux différentes fonctions et activités qui gravitent autour d’elle : une infrastructure ultra-moderne avec des autoroutes, des centres commerciaux monumentaux, des boutiques de luxe, etc. Riyad abrite tous les sièges sociaux de sociétés pétrolières et de services. C’est le siège de tous les ministères et des hautes instances économiques et politiques du royaume. De ce fait, elle rayonne sur tout le territoire national et le dépasse parfois pour influencer les pays voisins. La plupart des sites d’importance se trouvent à Riyad, la province pétrolifère du Hassa, qui représente aujourd’hui un centre industriel essentiel pour le royaume saoudien.

84 Source : élaboration personnelle à partir de Général Authority for statistics

Figure 32: Zone d’influence des principales villes saoudiennes selon le modèle de Reilly-Huff

L’influence de Riyad se limite à l’ouest par la barrière qu’exercent les villes millionnaires de La Mecque, Jeddah et secondairement Médine. Les villes de Jeddah et de La Mecque forment 2 métropoles qui se partagent la même zone d’influence à cause de la très courte distance qui les sépare (70 km). Jeddah, deuxième ville du Royaume, est l’un des centres économiques majeurs du pays. Son principal port sur le bord de la Mer Rouge est le premier port saoudien. Il accueille les deux tiers du trafic portuaire d’Arabie Saoudite. Des milliers de pèlerins y débarquent chaque année pour se recueillir à La Mecque. Le tourisme religieux (pélerinage et Omra) ramène plus de 50 milliards de dollars annuellement. Grâce à sa fonction religieuse, touristique et commerciale, La Mecque possède une zone d’influence nationale et supra nationale. Sur le plan national, et d’après nos résultats, La Mecque exerce une influence sur toute la région d’Al Bahah. Médine possède également une zone d’influence importante, vu l’importance de sa population d’une part et la faiblesse des villes situées au nord-est du Royaume, comme Tabuk. En direction du Sud, sa zone d’influence est barrée par les villes de La Mecque et Jeddah. La métropole de Dammam, avec ses villes de Dhahran et Al Khobar, est considérée comme l’une des plus riches du

85 Royaume, en raison de son poids dans l’industrie pétrolière. Le port pétrolier de Jubail est un des principaux pôles de développement industriel. Malgré cette situation économique remarquable, Dammam ne possède pas d’aire d’influence importante, vu le poids écrasant de Riyad. En plus de leur territoire national, ces métropoles possèdent un rayonnement supra-national, voire mondial. Ce type de métropoles est bien illustré par la capitale Riyad, La Mecque, Jeddah et Dammem. La Mecque est considérée comme la première ville sainte de l’islam. Elle accueille chaque année des millions de pélerins venus des quatre coins du monde.

Les villes moyennes, chefs-lieux des émirats, des régions et des gouvernorats exercent un rôle majeur dans l’organisation de l’espace, nonobstant la modestie de leur poids démographique. Malgré qu’elles soient sous l’influence des villes métropoles, ces villes moyennes encadrent des territoires étendus et isolés. Cette classe se concentre dans les régions de Tabuk et Asir.

Ces villes moyennes gagnent de plus en plus d’habitants, surtout celles qui disposent d’un statut de chef-lieu, tandis que les déclins touchent des villes qui ont perdu leur fonction d’encadrement public. L’armature des villes moyennes s’est partout épanouie dans le contexte des développements territoriaux, avec des politiques volontaristes qui cherchent à étendre le maillage et le bornage des territoires. L’affirmation de l’encadrement par des chefs-lieux équipés, concentrant l’investissement public, s’est accompagnée de politiques non moins volontaristes d’industrialisation qui ont fait émerger des pôles de mono-activités centrées autour de gros établissements. Il s’agit de développements très fragiles, reposant sur une mono-activité avec des agglomérations, attirant en surnombre les migrants masculins (Jar Allah A., et al., 2014).

Les petites villes exercent une influence sur leur propre territoire. Elles forment l'ossature de la dynamique spatiale saoudienne. Elles sont le nœud joignant les mailles de la continuité rurale- urbaine. Elles drainent des populations incomplètement sédentarisées. Ces petites villes constituent la cellule de base du réseau urbain. Elles sont l'élément du processus "d'appropriation" de l'espace à une micro-échelle et la constitution d'un territoire national encore caractérisé par une faible densité.

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Conclusions de la première partie

L’exploitation des ressources fossiles a permis à l’Arabie Saoudite de devenir un pays riche. La distribution géographique des champs pétroliers a eu des répercussions directes sur l’urbanisation et le développement économique d’une part, et a approfondi les disparités régionales d’autre part. Le passage d’un mode de vie tribal à un mode citadin s’est manifesté par la multiplication des villes et l’augmentation de leurs populations. En effet, le phénomène urbain est frappant dans le Royaume, avec un taux d’urbanisation de 86% en 2017. La ville est le noyau de ce développement économique de taille. Des villes comme Dammam ne doivent leur existence qu’à l’extraction du pétrole et du gaz et à leur transformation.

Le poids de l’héritage politique en Arabie Saoudite a joué un rôle crucial dans le développement et la croissance de certaines villes et régions du Royaume, notamment pour la ville de Riyad et sa région. Le religieux est un facteur essentiel certes, mais il ne crée pas à lui seul des richesses. La Mecque et Médine représentent des lieux symboliques pour tous les musulmans. Le développement d’un tourisme religieux a permis à des villes comme Jeddah d’exister, grâce à une panoplie d’aménagements logistiques de transport modernes, comme les aéroports et les ports.

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Deuxième partie : Analyse spatiale de la

disparité entre les régions de l’Arabie

Saoudite.

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Introduction

La disparité spatiale entre les différentes régions de l’Arabie Saoudite et les inégalités socio- économiques qui en découlent se matérialisent par la concentration des activités, des services et des unités de production et/ou des stratégies de gouvernance et de pouvoir, elle exprime aussi une différence des indicateurs reflétant le niveau de vie des habitants. À ce niveau-là, une question s’impose : comment mesurer cette inégalité dans le développement des régions ? La méthode qui a servi à mesurer ces inégalités spatiales consiste à assimiler un certain nombre d’indicateurs socio-économiques au niveau de chaque région. C’est l’analyse par indices synthétiques qui permet de donner un aperçu et un résultat préalable sur ces disparités ainsi que les classes possibles des régions du royaume. Le résultat obtenu à la suite de cette analyse permettra de réaliser une analyse multidimensionnelle qui a pour but de présenter un ensemble de méthodes statistiques adaptées à l’analyse de l’organisation de l’espace géographique et de ses différentiations, autrement dit c’est une sorte de discrétisation en sous-ensembles ; la population statistique, c’est un mode de traitement statistique très synthétique.

Ce chapitre ambitionne de poser les fondements de cette thèse en termes pratiques. Il permet d’avancer dans une meilleure compréhension de l’ensemble des disparités existantes entre les régions du royaume, en cohérence avec les éléments théoriques et descriptifs mentionnés auparavant. Alors, après un rappel du cadre théorique et méthodologique de l’outil à employer dans l’étude quantitative, une analyse statistique a été conduite pour étayer nos réponses aux questions diverses de notre problématique. Le logiciel SPSS nous a aidé à exploiter les données des variables pertinentes qui ont été choisies pour représenter les disparités régionales du royaume d’Arabie Saoudite. C’est un outil précieux pour le chercheur qui veut transformer toutes les données colletées sous forme de résultats clairs et interprétables. Pratiquement, nous allons présenter, dans un premier point, notre base de données, afin de choisir les variables socio-économiques qui permettent de relever les disparités régionales. Dans un deuxième point, nous nous consacrerons à l’analyse des variables retenues par un indice synthétique. Finalement, le troisième point concernera une analyse multidimensionnelle des variables de notre base de données, sur laquelle se base le deuxième chapitre qui sera consacré au traitement des résultats de l’analyse des variables et aux secteurs les plus signifiants quant à la disparité du développement régional en Arabie Saoudite.

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Chapitre 1 : Analyse quantitative des disparités régionales en