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Une croissance démographique régionale variable

Chapitre 2 : Dynamiques socio-démographiques et mutations spatiales

3. Les disparités régionales au niveau du taux d'accroissement de la population

3.1. Une croissance démographique régionale variable

La comparaison de la répartition de la population des treize régions selon leurs effectifs durant la période 1992-2017 permet de remarquer une hiérarchie stable de la population. En 1992, 5 régions sur 13 abritaient plus d’un million d’habitants. Ce nombre atteint 7 régions à partir de 2004 jusqu’en 2017. Les 7 premières régions, à savoir La Mecque, Riyad, Ach-Charqiya, Asir, Médine, Jazan, Al Qasim, concentrent 29 millions d’habitants, soit 89,1% de la population du Royaume en 2017. Depuis 1992, elles ont gardé le même classement. La part de la population des régions millionnaires en habitants ne cesse d’évoluer. En 1992, les 5 premières régions concentraient 78,5% de la population totale et 88% si l’on y ajoute Jazan et Al Quassim. Cette

56 valeur atteint 89,1% en 2017. La Mecque et Riyad concentrent à elles seules la moitié de la population. En effet, la région de La Mecque abrite 2 villes millionnaires, à savoir Jeddah (3,4 millions d’habitants en 2010) et La Mecque (1,5 millions d’habitants). Elles font de cette région- la plus peuplée, avant même la région de Riyad où se situe la capitale du pays. Cette dernière a connu également une évolution démographique remarquable. Sa population a plus que doublé au bout de 25 ans seulement, passant de 3,8 millions en 1992 à 8,2 millions en 2017. Sa part de la population totale a évolué dans la même ligne également : elle est passée, respectivement, de 22,6% à 25,2%. Ceci est dû au fait que ces régions concentrent les plus grands pôles de production et ont bénéficié des plus importants projets de développement récents, notamment les projets industriels et d’infrastructures, en plus de leur importance politique, économique et historique. La région de La Mecque (25,7 % de la population totale en 2017) tire son importance de son rôle religieux dans le monde islamique, et de la ville de Jeddah où siègent le plus important port du pays et ses principaux centres commerciaux. Riyad concentre 25,2% de la population totale du pays en 2017. Son effectif total a augmenté de 114% depuis 1992 (tableau 4), du fait de son importance politique comme capitale politique du Royaume, mais aussi en tant que point de départ du processus historique d’unification du pays et lieu d’origine de la dynastie

régnante. La région d’Ach-Charqiya se place en 3ème position dans cette hiérarchisation

démographique régionale. Elle a toujours rassemblé 15 % de la population totale durant la période 1992-2017 grâce à son rôle économique éminemment important, puisqu’elle concentre les puits de pétrole et les industries pétrolières.

Tableau 4: Evolution de la distribution de la population selon les régions de 1992 à 2017

Régions 1992 2004 2010 2017

Effectifs (%) Effectifs (%) Effectifs (%) Effectifs (%)

Riyad 3.834.986 22,6 5.458.273 24,1 6.792.776 24,9 8.216.284 25,2 La Mecque 4.467.670 26,4 5.797.184 25,6 6.927.477 25,4 8.557.766 26,3 Médine 1.084.947 6,4 1.512.724 6,7 1.781.733 6,5 2.132.679 6,6 Al Quasim 750.979 4,4 1.015.972 4,5 1.219.184 4,5 1.423.935 4,4 Ach Charqiya 2.575.820 15,2 3.360.031 14,8 4.130.033 15,2 4.900.325 15,1 Asir 1.340.168 7,9 1.687.939 7,5 1.927.087 7,1 2.211.875 6,8 Tabuk 486.134 2,9 691.716 3,1 796.425 2,9 910.030 2,8 Haïl 411.284 2,4 526.882 2,3 605.930 2,2 699.774 2,1 Al Hudud Ach- chamaliya 229.060 1,4 279.971 1,2 321.880 1,2 365.231 1,1 Jazan 865.961 5,1 1.187.587 5,2 1.374.845 5,0 1.567.547 4,8 Najran 300.994 1,8 420.345 1,9 507.106 1,9 582.243 1,8 Al Bahah 332.157 2,0 337.900 1,5 412.520 1,5 476.172 1,5 Al Jawf 268.228 1,6 361.738 1,6 439.160 1,6 508.475 1,6 Royaume 16.948.388 22.638.262 27.236.156 32.552.336

57 Moins peuplées que les précédentes, les régions d’Asir, de Médine, de Jazan, et d’Al Qasim, totalisent 7,3 millions d’habitants en 2017 soit 22,9 % de la population totale. De 1992 à 2017, l’effectif total de ces régions a augmenté de 83%. Asir occupe la première place de ce groupe avec 2,2 millions d’habitants en 2017, malgré un taux d’accroissement global relativement faible de 65% contre 92,1 comme moyenne nationale. Par contre, la région de Médine a vu son poids démographique évoluer de 96%, passant de 1,08 million en 1994 à 2,13 millions en 2017. Ces régions tirent leur importance de leurs potentialités naturelles, historiques et économiques. Ainsi, Asir est l'une des régions les plus arrosées du pays, elle bénéficie d'une activité touristique importante, en raison de son climat doux en été et de sa nature verdoyante. Alors que la région de Médine jouit de sa grande renommée religieuse et historique, ce qui en fait la deuxième ville sainte après la Mecque, et compte également la ville industrielle de Yanbu, considérée comme l’un des plus grands centres industriels du pays. Les deux régions de Jazan et d’Al Qasim se caractérisent par leurs terres agricoles fertiles et leurs ressources en eaux souterraines, en plus de leurs positions géographiques exceptionnelles, respectivement à proximité de la frontière yéménite et de la capitale Riyad. Ces deux régions millionnaires ont connu une croissance démographique globale inférieure à la moyenne nationale avec respectivement 81 et 89,6%. Les régions restantes à savoir Tabuk, Haïl, Al Bahah, Najran, Al Jawf et Al-Hudud Ach Chamaliya se classent en bas de la hiérarchie démographique, avec une population inférieure à 1 million d’habitants chacune (figure 22). Ensemble, elles concentrent 3,2 millions d’habitants, soit 9,8% de la population totale en 2017. Ces régions ont connu l’évolution démographique la plus faible de tout le royaume. Leur part dans la population totale régresse. Ainsi, elles représentaient 12% de la population totale en 1992, 11,6% en 2004, 11,3% en 2010 et seulement 10,9% en 2017. Cette crise s’expliquerait essentiellement par des facteurs naturels. Elles souffrent en effet, de leur enclavement, de leur éloignement des centres urbains, de leur climat désertique ou montagneux rude ou encore de la rareté des ressources en eau, et parfois de tous ces facteurs réunis, comme c’est le cas au niveau de la région d’Al-Hudud Ach-Chamaliya. Tabuk, la plus peuplée de ce groupe, abrite 910 mille habitants, suivie par Haïl avec 700 mille habitants ce qui représente respectivement 2,8 et 2,1% de la population totale en 2017. Malgré sa situation géographique importante s’ouvrant sur le Golfe d’Al Aquaba et un littoral de plus de 1800 km d’une part, et sa proximité avec la Jordanie d’autre part, Tabuk connaît une crise démographique importante en dépit des mutations qui l’ont affectée, notamment son désenclavement à travers sa connexion au réseau routier national et la mise en service de moyens de transport modernes d’une part mais aussi par l’installation de plusieurs bases militaires, ce qui a conduit à l’appel de milliers de personnes d’autres régions du Royaume d’autre part. Cette même situation démographique en crise s’applique également pour les régions de Haïl, de Najran, d’Al Jawf, d’Al Bahah, et d’Al Hudud Ach-Chamaliya.

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Source : General Authority for Statistics. Elaboration personnelle.

Figure 22: Distribution de la population et ses taux d’évolution en Arabie Saoudite

La région d’Al Bahah n’a gagné que 144 mille habitants en 25 ans. Conscient de cette crise, l'Etat a décrété son développement à travers sa ré-urbanisation. Environ 40 villages furent ainsi rattachés à la ville d'Al Bahah, capitale administrative de la région. A ceci s’ajoutèrent les investissements, les subventions et autres crédits alloués par l’Etat et qui se traduisirent par un saut qualitatif au niveau de l’expansion urbaine, de l’accroissement démographique et des activités économiques (Abdelali, 1996). La région d’Al Hudud Ach-Chamaliya demeure la moins peuplée durant toute la période d’étude. Son poids démographique est faible et en régression continue. De 1992 à 2017, sa population n’a progressé que de 134 mille habitants, soit un taux d’évolution global de 59,4%, le plus faible du Royaume.

3.2- Un rythme de croissance annuel très variable, selon les régions et les périodes

Le taux d’accroissement annuel de la population traduit le rythme de croissance de chaque région. La figure n°23 permet de suivre l’évolution spatio-temporelle de cet accroissement démographique annuel par région d’une part et de comparer ces valeurs entre les différentes régions d’autre part, ce qui nous permettra de dresser le schéma des dynamiques sociodémographique en Arabie Saoudite durant la période 1992-2017. D’après nos résultats, le taux d’accroissement démographique annuel global (1992-2017) varie entre 1,43 et 2,91%. La moyenne est de l’ordre de 2,52% annuellement.

59 La période 1992-2004 a connu les écarts d’accroissement annuel les plus élevés, avec une valeur égale à 2,76. Au cours de cette première période, les disparités régionales étaient nettes (figure 23). Riyad et Tabuk, pourtant avec des poids démographiques différents, avaient les valeurs les plus élevées, avec 2,9% annuellement. Najran et Médine ont connu un accroissement démographique annuel supérieur à la moyenne (2,4%), avec 2,7%. Malgré leur importance sur le plan démographique avec d’autres villes millionnaires en habitants (celles de Jeddah et de La Mecque), la région de La Mecque se classe, après Al Charqiya, au-dessous de la moyenne générale, avec 2,1%. Al Hudud Ach Chamaliya ne croît que de 1,67% annuellement, alors qu’Al Bahah occupe la dernière position avec seulement 0,14%.

Soutenue par l’amélioration de la recette de l’industrie pétrolière qui impliqua une demande importante de main d’œuvre pour la réalisation des projets programmés, la période 2004-2010 a connu les taux d’accroissement les plus élevés avec une moyenne de 3,07% (figure 23). Cet accroissement a inclus toutes les régions du Royaume, avec des valeurs comprises entre 3,63 et 2,21%, soit une réduction des écarts par rapport à la période précédente. La région de Riyad améliore son taux de 3,63% en se positionnant à la première place, car elle concentre les activités économiques et les grands projets de développement qui nécessitent un afflux de main-d’œuvre

nationale et étrangère. Ach Charqiya se positionne en 2ème place avec un taux de 3,43%. Les

régions d’Al Bahah, d’Al Jawf et de Najran se placent au-dessus de la moyenne, avec respectivement 3,31%, 3,22% et 3,12%, malgré leur faible poids démographique de 1,3 million d’habitants à elles trois en 2010. La Mecque et Médine, malgré leurs importances démographiques repectives, se placent au-dessous de la moyenne nationale avec seulement 2,96% et 2,72%. Quant aux régions de Haïl, d’Asir et d’Al Hudud Ach-Chamaliya , elles enregistrent les taux les plus bas, ne dépassant pas 2,33%.

60 Figure 23 : E vo lut ion spat io -t em po re ll e d e l ’acc ro iss em en t dé m ogr aph iqu e an nu el par gi on en A rabi e saoudi te ent re 199 4 et 20 17.

61 La répartition des taux d’accroissement démographique annuels de la dernière période d’étude (2010-2017) est en étroite relation avec le poids économique actuel des régions saoudiennes. Le taux d’accroissement de la population a repris sa baisse au cours de cette période pour atteindre une moyenne de 2,51 % (contre 3,07 % pour la période précédente). Cette baisse toucha toutes les régions du Royaume, à l'exception de La Mecque. Cette dernière garde son accroissement continu et rapide. Elle se positionne à la tête du classement avec 3,01%, alors que Al Hudud Ach-Chamaliya se positionne à la dernière place, avec seulement 1,80%, alors qu’elle avait un taux d’accroissement égal à 2,32% au cours de la période précédente. Cette période fut également marquée par la diminution des écarts du taux d’accroissement entre les extrêmes, avec une valeur de 1,21% contre 1,42% en 2004-2010 et 2,76% en 1992-2004. Les régions de Riyad, de Médine et d’Ach Charqiya détiennent toujours les meilleures valeurs, malgré une baisse généralisée au cours de cette période par rapport à la précédente. Les régions d’Al Quasim, d’Al Jawf, de Haïl et d’Al Bahah gardent des taux supérieurs à 2%. Les régions les moins favorisées sont Asir, Najran, Tabuk, Jazan et Al Hudud Ach-Chamaliya, avec des valeurs inférieures à 2%.