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La répartition spatiale de l'industrie

Groupe IV : régions à niveau de développement médiocre

Chapitre 2 : Les variables explicatives dans les disparités régionales en Arabie Saoudite

I- L'importance du secteur industriel saoudien et son rôle dans le développement régional

4. La répartition spatiale de l'industrie

La concentration géographique de l'activité industrielle est multipolaire. Elle se situe dans des zones géographiques très éloignées telles que Riyad, Jeddah, Dammam, Jubail et Yanbu. La ville de Dammam est située sur la côte du Golfe Arabique, à une distance 400 km de la ville de Riyad, et à 908 km de Jeddah, située sur la côte ouest du royaume. Dans le même temps, les villes de Dammam et Jubail, par rapport aux villes de Jeddah et Yanbu, ont des distances espacées comprises entre 1.230 km et 1.488 km.

4.1- Processus spatiaux ayant conduit à l'apparition de la concentration industrielle

En ce qui concerne la distribution géographique des usines dans le Royaume, jusqu'à la fin de 2015, la région de Riyad occupe la première place avec 34,8% d'entre elles, suivie de la région de La Mecque avec 26,7%, puis de la région d’Al Charquiya avec 24,2% (Autorité saoudienne pour les villes industrielles et les zones technologiques (MODON), 2015). Sur la base de l’indice d'importance industrielle utilisée dans l'analyse précédente, les treize régions du Royaume pourraient être classées en trois groupes principaux (figure 48 et tableau 32), comme suit :

- Les régions à fort potentiel industriel (indice d’importance industrielle > 20). Ce groupe

ne comprend que deux régions, la région de Charquia et celle de Riyad. La région de Charquia occupe la première place, avec un indice de 37,2, tandis que la région de Riyad arrive en deuxième position avec un indice de 29. Dans ces deux régions, on trouve 63,5% du nombre total d'usines, 74,4% du capital total investi dans le secteur et 63,1% de la main-d'œuvre industrielle totale.

- Les régions à potentiel industriel moyen (10 < facteur d’importance < 20). Il ne s’agit que

d’une seule région, celle de La Mecque, avec 19,5 % des usines, 12,2 % des capitaux investis et 23,7 % de la main-d'œuvre.

- Les régions à faible potentiel industriel (facteur d'importance < 10). Ce groupe comprend

les 10 régions restantes, avec des facteurs d'importance entre 5,7 pour la région de Médine et 0,1 pour celle d’Al Bahah. Les 10 régions représentent 17 % des usines, 13,4% des capitaux investis et 13,2 % de la main-d’œuvre.

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Figure 48: Classification des régions selon leur importance industrielle

Tableau 32 : Facteur d’importance industrielle par région en 2015

Régions Facteur emploi (B) Facteur nombre d’entreprise (C) Facteur capital (D) Facteur d'importance industrielle (A) Al Charquia 23,16 63,35 25,18 37,2 Riyad 40,32 11,1 37,89 29,8 La Mecque 19,53 12,16 23,73 18,5 Medine 3,72 9,15 4,2 5,7 Quassim 4,19 1,25 3,12 2,9 Assir 3,85 0,41 2,27 2,2 Hail 0,9 1,13 1,18 1,1 Jazan 1,06 0,48 0,71 0,7 Tabouk 1,1 0,27 0,59 0,7 Jaouf 0,96 0,09 0,33 0,5 Najran 0,47 0,33 0,43 0,4 Al Houdud Chamalia 0,48 0,27 0,29 0,3 Baha 0,26 0,01 0,08 0,1

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La région d’Al Charquiya concentre la plupart des gisements de pétrole et de gaz naturel ainsi que les plus importantes sources de richesse économique du Royaume. La zone géographique des champs pétrolifères dans la région orientale s'étend sur une distance de 264 km. Cela a laissé son impact sur l'urbanisation dans la région orientale. Les villes de Dammam, Dhahran, Khobar ont grandi et se sont développées massivement. Dammam est le siège de trois villes

industrielles, inaugurées à partir de 1993 sur un terrain de 53,5 millions de m2, qui accueillent

1.382 établissements industriels. Ces villes occupent une position privilégiée à proximité du port et des villes de Dammam et d’Al Khobar. Cette région a été l'un des points de départ de nombreuses activités industrielles et d'investissements. La deuxième ville industrielle de

Dammam (photo 2) a été créée en 1978 et couvre une superficie de 25 millions de m2 ; elle

doit son existence au besoin croissant de terrains industriels et de promotion de la croissance économique et industrielle dans la région orientale. Située sur la route reliant Dhahran à Al- Ahsa, directement reliée au port du roi Abdul Aziz, à proximité de zones riches en matières premières et produits dérivés du pétrole, elle comprend des unités résidentielles et des centres commerciaux dotés de tous les services et installations de base. Ces villes industrielles disposent de tous les services et installations logistiques, faisant d’elles une plateforme tournante économique pour tout le Proche-Orient.

La région d’Al Charquia détient l’indice industriel le plus élevé (37,2). Le quart des ouvriers de tout le pays se trouvent dans cette région. Le profil de son tissu industriel montre que tous les types des industries y sont présents. Les IMME concentrent 44,5% de la masse ouvrière. Les ICH en détiennent en 22,63% et 18,4 pour les industries textiles. Cette région à vocation industrielle concentre 63,3% des capitaux industriels de tout le royaume ; elle totalise 78,9% des industries chimiques et 44,7% des IMME, 28,3% pour les ITCC, 12% des IAA, 25,7% des IMMCCVB et 35,4% des industries diverses.

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Photo 2: Ville industrielle de Jubaïl-Dammam

La région de Riyad a enregistré un indicateur industriel de 29,8 dans les différentes activités industrielles. Les IMME représentent 37,9% de la main-d’œuvre industrielle. Ses industries mécaniques totalisent la moitié des capitaux. L’ITCC s’accapare le quart de la main -d’œuvre,

mais seulement 2,4% des capitaux. La 3ème position est réservée aux industries

agroalimentaires, avec 16,1% de la masse ouvrière et 21,4% des capitaux industriels de la région de Riyad. L’industrie chimique n’y est pas très présente, avec seulement 13,2% des employés et 12,5% des capitaux. Les régions voisines d’Al Quasim, Haïl et Riyad sont considérées comme les régions les plus importantes du royaume dans le domaine de l'agriculture moderne et de l'activité agricole en général. Cette importance est liée au poids démographique de Riyad, capitale et centre administratif de tout le royaume. Ainsi, les régions de Riyad et Al Qasim totalisent 53,3 %, soit respectivement 31,1 % et 22,2 %, de la superficie des propriétés, en raison de la présence de propriétés grandes et modernes. Les exploitations d'activités de production des produits alimentaires animaliers se concentrent également dans la région de Riyad, avec 42,5 % contre 22 % à Ach Charquia et 18 % à Al Qasim, soit une concentration totale dans ces trois régions de 82,7%. (Ministère de l’Agriculture et de l’Eau, 2016).

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Photo 3: Ville industrielle Riyad

La région occidentale de l’Arabie Saoudite est liée à l'existence des deux villes saintes de l'islam, La Mecque et Médine. Cette présence est associée aux mouvementx de pèlerinages, qui ont à leur tour entraîné une grande activité commerciale. En conséquence, les ports de Jeddah et de Yanbu ont connu un développement important. L’influence du port de Jeddah s’étend jusqu’à la ville de Riyad, y compris la majeure partie des régions centrales, et comprend même les régions situées au Nord du royaume. La région de La Mecque a enregistré un indicateur industriel égal à 18,5. Cette région se caractérise par l’importance des activités mécaniques et électroniques, avec 32,3% des employés. Les industries des textiles sont importantes également puisqu’elles représentent 22,1% des ouvriers et 31% des capitaux.

Les industries agro-alimentaires viennent en 3ème position avec 21,3% de la masse ouvrière

régionale et 36% des capitaux. La première ville industrielle a été établie à Jeddah en 1971, et

a atteint une superficie de 12 millions de m 2, entièrement aménagée. Elle accueille 1.073

usines. La ville se caractérise par la disponibilité de divers équipements et unités résidentielles, d'installations ainsi que de services de soutien et de logistique, auxquels il convient d’ajouter la stratégie de localisation et de proximité du centre-ville et du port de Jeddah, le plus grand port du royaume d'Arabie Saoudite, qui revêt une importance particulière pour les investisseurs et les projets industriels locaux et mondiaux. La deuxième ville industrielle de Jeddah est située à environ 55 km au sud de la première ville industrielle

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de Jeddah, d’une superficie de 8 millions de m2. La troisième ville industrielle a été créée en

2012 sur une superficie de 80 millions de m2, dont 24 millions ont été aménagés jusqu'à

présent, attirant de nombreux investisseurs industriels par le design moderne et un emplacement idéal, à proximité de Jeddah (photo 4).

Photo 4: La ville industrielle de Jeddah

Le tissu industriel dans le reste des régions est très faible. Les régions de Jazan, Tabouk, Jaouf, Najran, Al Houdud Chamalia et Al Baha ont enregistré un indicateur faible, ne dépassant pas 0,7. Les parts de ces régions représentaient seulement 3,2% de la main-d’œuvre industrielle et 1,45% du capital investi dans le Royaume en 2015. En d’autres termes, l’activité industrielle y est très limitée et n’aboutit pas au développement de ces régions. Le profil du tissu industriel (figure 49) montre que l’essentiel de l’activité est manufacturière, s’exerçant dans des ateliers malgré l’existence de zones industrielles. Les IMME sont plus représentatives de l’activité industrielle, avec 62,4% de la main-d’œuvre industrielle et 82,3% des capitaux investis.

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4.2- La structure spatiale de l'industrie et ses indicateurs de développement

La concentration est la caractéristique la plus importante de la structure spatiale de l'industrie dans le Royaume. Ceci est attesté par le suivi de la répartition géographique des éléments les plus importants de l'industrie saoudienne (capitaux – main-d'œuvre – nombre d’usines). Cette concentration industrielle est évidente dans les régions d’Al Charquia, de Riyad et de La Mecque, malgré que cette dernière ne dispose que d'une activité industrielle moyenne. Ces trois régions englobent à elles seules 83 % du nombre des usines, 86,6 % des capitaux investis et 86,8 % de la main-d'œuvre, alors que les 10 autres régions restantes ne représentent que 17% du nombre d'usines, 13,8 % des capitaux investis et 13,2 % de la main-d’œuvre. Cette concentration est plus visible dans 15 des 23 activités industrielles dans la région de Riyad, 6 dans celle d’Al Charquia et 2 dans celle de La Mecque. Cette concentration se précise également, à l'intérieur de chaque région, dans des centres urbains, en particulier comme dans les villes de Riyad, Jadda, Damam, Jabal et Yanbu, qui représentent 72,3 % du nombre d’usines, 83,6 % des capitaux investis et 88,2 % de la main-d’œuvre (Machkhass, 2010). La situation actuelle du modèle spatial industriel est une réalité continue depuis l'origine de l'industrie dans le Royaume à ce jour, comme indiqué par les études de Machkhass et d'autres, depuis les années cinquante jusqu’au début du nouveau millénaire (Machkhass M., 2010, Alcharif 1997 et Bakri, 2003). Le premier noyau a été la création de trois villes industrielles à Riyad, Jeddah et Dammam. À la fin du septième plan quinquennal, le nombre des villes industrielles a atteint 14 dans toutes les régions du royaume : à Riyad 1 et 2, Oujda, Dammam 1 et 2, La Mecque, Qasim, Al Ahsa, Médine, Asir, Juff, Tabouk, Hail et Najran. L'émergence de la concentration industrielle dans le Royaume est due à l'accumulation de relations économiques et industrielles pendant des années dans les zones économiques de Jeddah, Riyad et Dammam, les plus grandes villes du pays et dans les régions de La Mecque, Riyad et Ach Charquia.

Ces relations, qui ont débuté par la découverte du pétrole, jusqu'à l'augmentation de ses prix, en passant par la hausse des revenus financiers et par les changements des dernières années, ont permis le développement des régions, notamment celles de Riyad, d’Ach-Charquia et de La Mecque, en raison de leur importance administrative et économique, selon le principe de la causalité circulaire accumulative, qui explique le développement des grandes villes. Aussi, on constate que de nombreuses activités sont en étroite relation avec les centres de concentration, comme les puits de pétrole et de gaz, qui se situent dans la région d’Al Charquia. Cette activité a permis l’émergence d'autres activités économiques et par

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conséquent, un développement urbain et économique de la région, en comparaison avec les autres régions. Par contre, la région de La Mecque bénéficie de la présence de la ville de La Mecque, lieu saint et destination des pèlerins, pour se développer, et de la ville de Jaddah, un des ports les plus important du royaume qui entretient des relations avec les autres zones du pays à travers le réseau routier national (Alrouiti, 1994). La région de Riyad, quant à elle, bénéficie de la présence de la capitale du royaume, qui représente le centre politique et de gouvernance du royaume, et par l'installation de plus du tiers des 1.000 sociétés les plus importantes, selon les données de 1992 (Machkhass, 1997).

Ces atouts ont permis le développement de zones industrielles avec un effet synergique qui a ouvert de nouvelles opportunités, en comparaison avec d’autres zones : accroissement du nombre de sociétés et des activités, qui bénéficient des avantages du regroupement (économie de regroupement) et d'activités complémentaires.

Cette évolution a conduit à la croissance et à la cristallisation d'environnements industriels présentant de nombreux avantages et interconnexions, ouvrant la voie à de nouvelles entreprises industrielles plus performantes que dans les autres régions. Ces environnements se sont caractérisés par l'existence d'un certain nombre de pôles industriels résultant de l'accumulation du nombre et des types d'usines au fil des ans, permettant aux nouvelles usines de profiter des « économies d'agglomération » de toutes sortes. Aussi, la présence d'installations industrielles permet à toute nouvelle entreprise de profiter des activités de soutien qui existent entre les usines, sous la forme de liens de toutes sortes. La situation de concentration spatiale peut contribuer à la croissance plus rapide de la production nationale mais peut aussi causer des problématiques économiques et sociales dangereuses sur le long terme, avec l'apparition de zones non productives, dans le cadre de la problématique d'un développement régional non équilibré (Dickenson, 1983).

Sur la base de l'analyse du secteur industriel saoudien, on peut dire que la structure spatiale de l'industrie est caractérisée par des indicateurs négatifs d'un développement régional équilibré, se signalant par une concentration claire qui limite ainsi la capacité du secteur industriel à générer une croissance économique par expansion spatiale et démontre le déséquilibre entre les différentes régions en matière de développement.

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II-

L'importance du secteur touristique saoudien et son rôle dans le