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Par sa situation géographique dans la zone subtropicale et tropicale sèche, l’Arabie Saoudite connaît un stress hydrique, voire une pénurie d’eau, comme c’est le cas de tous les pays du Moyen-Orient (figure11). Les potentialités hydriques décroissen, des chaînes montagneuses du sud-ouest vers les plateaux et les plaines. Dans sa stratégie de développement économique, l’Arabie Saoudite s’est engagée à atténuer ce déséquilibre naturel en mobilisant les resources en eaux disponibles vers les villes côtières et intérieures pour subvenir à leurs besoins domestiques et économiques d’une part et au développement d’une activité agricole intensive d’autre part.

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Figure 11: Disponibilité en eau douce et stress hydrique

Le potentiel en ressources hydriques en Arabie Saoudite existe sous deux formes : soit traditionnel, comme les eaux de surface et les eaux souterraines, soit non traditionnel, comme l’eau de mer dessalée et l’eau traitée à partir des eaux usées.

3.1- Les eaux de surface

Le réseau hydrographique en Arabie Saoudite est à l’image des précipitations : le pays ne

possède pas de cours d'eau permanents. Quelques wadiasséchés, excepté pendant la saison des

pluies, traversent le plateau central. Les principaux sont wadi Dawassir, au sud, wadi Al Runmah et wadi Hanifa au centre du pays.

Le volume d’eau précipitée est de l’ordre de 2 à 2,4 milliards de m3

d’eau, dont 60 % dans la

région du sud-ouest et 10 % dans la région des montagnes de Tawik (8ème plan de

développement, 2009). A cause de la forte évaporation et de l’infiltration, seuls 835,6 millions

m3 d’eau seront stockés dans des barrages, dont les plus importants se trouvent sur les cours

d’eau de la région d’Asir, avec 64 barrages, soit 28,7 % au niveau national et une capacité de

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Tableau 1: La répartition des barrages et leurs capacités de stockage selon les régions en 2014

Source : Ministère des Eaux et de l’Electricité, 2014 3.2- Des ressources hydriques souterraines importantes

L’eau infiltrée sera emmagasinée dans des nappes phréatiques superficielles ou profondes. Ces nappes se situent dans la zone de la plateforme arabe, qui comprend les régions de Riyad, d’Al Qasim, de Charquia, de Tabuk, d’Al Jawf, d’Al-Hudud Ach-Chamaliya et de Najran. La quantité

d’eau exploitable à partir des nappes superficielles est estimée à environ 3 milliards m3

, dont les plus grands bénéficiaires sont les régions d’Asir et d’Al Bahah, en raison de l’importance relative des précipitations. Quant aux nappes profondes, la réserve est estimée à environ 500

milliards de m3. Elles constituent une réserve stratégique pour le royaume.

3.3- Les eaux non conventionnelles

Face à la pénurie en eau et à son utilisation excessive, notamment dans les secteurs agricoles et industriels, la recherche de ressources hydriques non traditionnelles est devenue une priorité pour

l’Etat saoudien. Ainsi, cette problématique a été intégrée dès le 7ème

plan de développement (2004-2009), dans l’objectif d’augmenter le pourcentage de l’utilisation des eaux non conventionnelles. Le dessalement des eaux de mer et l’épuration des eaux usées ont figuré parmi les solutions adoptées, malgré les coûts très élevés de ces opérations, exclusivement compensées par la rente pétrolière. En 2017, le royaume disposait de 30 stations de dessalement de l’eau de mer en vue de fournir de l’eau potable. Vingt-quatre de ces stations sont situées sur le littoral occidental et six sur le littoral oriental. L’ensemble de ces stations produisent environ 6,6

millions m3 d’eau par jour.

En raison de l’absence de ressources naturelles en eau douce, la production de ces stations reste le recours ultime d’une multitude de villes, notamment Médine, La Mecque et Jeddah, pour répondre à leurs besoins. Plusieurs projets de dessalement ont vu le jour dans ce sens, tels ceux réalisés dans le sud de la région de Riyad, dans la localité d’Alohad ou encore dans celle d’Al

Hafhouf. Ainsi, cette source répond-elle à 51% de la demande domestique en eau (8ème plan de

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3.4- La consommation de l’eau

La consommation annuelle en eaux douces est de 2.874 millions m3 en Arabie Saoudite. Les

nappes phréatiques répondent à 93 % des besoins en eau du royaume, tandis que les autres sources couvrent le reste, soit 5,5 % par le dessalement des eaux de mer et 1,5% par le traitement

des eaux usées (8ème plan de développement, 2009). La source de la desserte en eau diffère d’une

région à une autre. Les régions au nord du pays (Al Jawf, Al Hudud Ach Chamaliya, Hail, Al Quasim, Tabuk) ainsi que celles d’Al Bahah et de Najran s’approvisionnent principalement par les eaux souterraines et de surface à cause de l’importance des aquifères et de la prolifération des activités agricoles (figure 12). Les eaux non conventionnelles sont la source principale pour La Mecque, Médine, Asir et Jazan. Les ressources hydriques naturelles restent insuffisantes pour les régions de La Mecque, Riyad et Ach-Charqya, à cause de leur poids démographique et de l’importance des activités industrielles et agricoles.

Source : Ministère de l’Eau et de l’Electricité. Elaboration personnelle

Figure 12: Les sources de la desserte en eau par région en 2014

Les trois quarts de la consommation totale en eau reviennent aux régions de Riyad, de la Mecque et de Ach-Charqiya, avec respectivement des pourcentages de 30,3 %, 24,4 % et 21,3 % soit 76% de la consommation totale du royaume contre 24 % pour le reste du pays (figure 13). Ceci s’explique par la concentration de 66 % de la population du royaume dans ces régions d’une part, et par l’importance des activités industrielles et agricoles très gourmandes en eau d’autre part. Les régions d’Al Bahah, d’Al-Hudud Ach-Chamaliya et de Najran sont les moins consommatrices, avec respectivement 0,9 %, 0,8 % et 0,7% seulement. Ceci s’explique, en

34 partie, par une population réduite ne représentant que 4,4 % de la population du royaume (estimée à 32,6 millions en 2017). Cependant, on remarque que la région d’Al Jawf dispose de la même proportion de la population, mais elle représente 1,4 % de la consommation totale du royaume à cause du développement du secteur agricole depuis les années 1990.

Source : Ministère des Eaux et de l’Electricité, 2010. Figure 13: La consommation d’eau par région en 2014

3.5- Impact de la distribution des ressources hydriques sur le développement agricole

Une grande part de la consommation en eau en Arabie Saoudite est attribuée à l’agriculture. Bien que l’Arabie Saoudite est occupée en grande partie par des déserts, de nombreuses régions disposent d’un climat et d’un terrain propice à l’agriculture. Le gouvernement a contribué à ce processus par la conversion de vastes zones désertiques en champs agricoles par la mise en œuvre de grands projets d'irrigation et l'adoption de ce mécanisme à grande échelle. Paradoxalement, ce pays, bien que désertique, produit des céréales, des fruits, des fourrages et des légumes grâce à ses réserves aquifères fossiles abondantes, lesquelles lui ont permis de développer, à partir des années 1970, une agriculture et une industrie agro-alimentaire modernes et performantes. L’essentiel de la production est concentré autour de quelques grandes entreprises intégrées, allant de la production agricole jusqu’au produit industriel fini. La découverte et l’exploitation de sources souterraines d’eau en grande quantité, surtout dans les régions de Al Qasim, Ach-Charqiya, Haïl, Tabuk et Al Jawf, a permis d’augmenter la superficie agricole. La proximité ou l’éloignement des marchés de consommation des produits agricoles déterminent la quantité produite. Dans le Royaume, la demande est concentrée dans les régions de Riyad, de La Mecque et de Ach-Charqiya, avec respectivement 24,9 %, 24,8 % et 14,9 %

35 ont connu un grand développement agricole qui a aussi profité aux régions les plus proches, comme Al Qasim et, à l’inverse, a pénalisé les plus lointaines, comme Asir, Al Bahah et Jazan. A cause de l’épuisement des ressources en eau et de la surexploitation des aquifères, les autorités saoudiennes ont encouragé une gestion plus rationnelle de l’eau et le recyclage des eaux usées à

partir de 5ème Plan de développement (1990-1995). On commence également à limiter les

subventions aux producteurs de blé, et on pousse à diversifier les cultures comme l’orge, le maïs, les légumes et les dattes (Chesnot, Ch., 1993). La nature des propriétés agricoles et leurs caractéristiques diffèrent selon les régions. Dans les régions de Riyad, Al Qasim ((photo1-a), Jawf et Ach-Charqiya, ces propriétés sont plus grandes, plates, modernes et spécialisées, tandis que dans celles d’Asir, La Mecque, Al Bahah et Jazan, ce sont de petites propriétés traditionnelles et non spécialisées, notamment en raison d’un environnement montagneux. La

région de Qasim, proche de Riyad, est le premier producteur de dattes dans le Royaume. Ceci

influe considérablement sur le volume de la production agricole et sa capacité concurrentielle, d’une part, et favorise l’abandon de l’activité agricole et accentue les flux migratoire vers les zones urbaines, d’autre part (Centre Fakih pour la recherche et le développement, 1997). Les principales régions agricoles sont Al Jawf, au nord du pays, où l’on trouve les cultures de l'olivier. La région de Jazan, au sud-ouest, est réputée pour la culture des céréales, principalement de maïs mais également pour les figues, la goyave, les ananas, les bananes, la papaye, les melons, les citrouilles et les légumes à feuilles (photo1-b).

Photo 1: Différents modes agricoles adoptés en Arabie Saoudite

En guise de conclusion, on peut dire que le milieu naturel présente des potentialités et des contraintes quant au développement économique. Ce contexte naturel a contribué à une disparité entre les régions saoudiennes. Les régions littorales, ouvertes sur la Mer rouge et le Golfe Arabique, disposent d’opportunités de développement plus propices que les régions enclavées, comme Al Jawf, Haïl et Al Quassim – à l’exception toutefois de Riyad. Les régions à relief haut

36 (plus de 2.500m) et complexe se localisent essentiellement au sud-ouest du pays. Cette topographie accidentée ne permet pas d’y développer une infrastructure routière moderne. L’extension des déserts sur de grandes superficies, comme ceux d’Al Rubaa Al Khali, du Noufoud et d’Al Dahnaas présente un obstacle majeur pour les développements de ces régions, comme c’est le cas pour celle d’Al Hudoud Ach Chamaliya.

Le climat rude, avec une aridité généralisée, n’est pas propice au développement des activités agricoles. Seules les régions montagneuses bénéficient d’une pluviosité meilleure leur permettant de développer une agriculture traditionnelle sur les terrasses dans les régions de Bahah, Asir et Jazan. La découverte des aquifères a permis de développer une agriculture moderne dans les régions d’Al Quasim, Riyad et Jawf.

Les ressources en pétrole et ses dérivés ont bouleversé le mode de vie bédouin et l’économie basée sur le commerce en Arabie Saoudite. Ces ressources ont permis au Royaume de devenir l’un des géants mondiaux en énergies fossiles. Les principaux gisements se localisent dans la région d’Ach Charquiya, ce qui a permis un essor économique sans équivalent dans le triangle urbain Dammam-Dhahran-Al Khobar. Les richesses en métaux se localisent dans les régions de Riyad, La Mecque, Médine, Al Quasim, et Haïl et sont encore mal exploitées. Dans la stratégie de la diversification économique, les autorités saoudiennes s’orientent vers leur exploitation par l’extraction des gisements de cuivre, d’argent, de fer, d’or, de zinc et de phosphate pour répondre aux besoins industriels et commerciaux (figure 14).

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Source : élaboration personnelle Figure 14: Potentiels et obstacles du milieu naturel par région en Arabie Saoudite

II.

Le rôle du facteur économique et l’influence du rôle politico-