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Une croissance démographique rapide et une forte évolution vers l’urbanité La phase de pré-planification : Une population croissante et en majorité rurale

Chapitre 2 : Dynamiques socio-démographiques et mutations spatiales

1. Une croissance démographique rapide et une forte évolution vers l’urbanité La phase de pré-planification : Une population croissante et en majorité rurale

Historiquement, la période d’avant planification s’étend de l’unification du Royaume en 1932 jusqu’en 1974. Cette phase se caractérise par l’absence de planification officielle. Deux périodes peuvent être distinguées ; la première est celle du pré-pétrole. Le Royaume avait alors le souci de contrôler les tribus nomades. Pour inciter les Bédouins à s’installer dans les centres urbains et les Hajjars, l’Etat leur a accordé des revenus fixes et a amélioré leur niveau de vie (Jebri N., 2008). Les villes, entourées de clôtures et de maisons en terre ou en pierres (Al-Hammad, 1998, Syriani,

1992), étaient de petite taille et abritaient un nombre limité de population. En 195010, le nombre

total de la population était de 3,2 millions d’habitants. Le nombre des urbains atteint 506 mille habitants, soit 15,8% de la population totale, contre 2,7 millions de ruraux (84,2 %). Durant cette période, l’Arabie Saoudite était donc un pays très fortement rural où la concentration des populations s’opérait prioritairement dans de petits villages ruraux ainsi que dans la Bedia. La composition bédouine de la société et la faiblesse des villes expliquent cette situation avant le boom pétrolier.

La deuxième période commence avec la production du pétrole et sa commercialisation. L’amélioration des recettes de l’Etat se reflète alors sur la croissance urbaine, avec la réhabilitation de la population bédouine. La réinstallation de la population a abouti à des vagues de migrations vers les villes et l'émergence de bidonvilles autour des grandes villes. Cette phase a été marquée par l'émergence de nouvelles villes et l'expansion des villes existantes, avec l'émergence des plans de villes en damier et des rues rectilignes. Les murailles qui entouraient les villes sont démolies pour permettre l’extension du bâti. On assiste à l'utilisation de matériaux de construction tels que l'acier et le béton armé. Les villas et bâtiments de grande hauteur apparaissent. S’ajoutent à la population locale des vagues de migrations externes en réponse à la

grande demande de main-d’œuvre. Le recensement entrepris en 197411 présente des données plus

fiables et est officiellement adopté par l’Etat. Ses résultats estiment le nombre de la population à

10 Les chiffres de la population saoudienne en 1950 sont fournis par des études réalisées par l’Organisation des Nations Unies.

11 Le premier recensement officiel de la population a été réalisé en 1962. Il a estimé la population à 3,3 millions, mais ses résultats ne furent ni validés, ni adoptés par l’Etat, compte tenu d'une population bédouine non recensée à cause de ses fréquents déplacements.

52 6,7 millions, avec un quasi équilibre entre les ruraux et les urbains. Le taux d’urbanisation atteint 48,7%, avec une augmentation du nombre des villes. Ces dernières sont très peu nombreuses au cours de cette première étape : le tissu urbain est composé uniquement de 17 villes en 1932, 22 en 1962 et 58 en 1974, dont seulement 19 de plus de 20.000 habitants. Les villes de plus de 2 50.000 habitants sont, en 1974, au nombre de trois qui concentrent en leurs murs plus de 51% de la population urbaine et presque le quart de la population.

1.2. La phase de planification : Une croissance spectaculaire de la population urbaine

La phase de planification a coïncidé avec la mise en œuvre de plans de développement nationaux complets. De 1970 à 1995, cinq plans quinquennaux ont été appliqués : le premier plan de développement (1970-1975) était centré sur la mise en place d'infrastructures et d’équipement dans les grandes villes (La Mecque, Médina, Riyadh et Jedda). Vient ensuite le deuxième plan de développement, (1975-1980) qui met l'accent sur la répartition équitable des ressources financières entre les régions, en fonction des priorités. Il en résulte des migrations de populations vers les grandes villes, qui connaissent une croissance importante par rapport au déclin de la population des petites villes et des populations rurales (Al-Hammad, 1998 ; Syriani, 1992). La croissance urbaine a continué de s'accroître au cours des troisième (1980-1985), quatrième (1985-1990) et cinquième (1990-1995) plans de développement, tous axés sur l'infrastructure, et l’installation de services municipaux dans les petites villes du Royaume afin de réduire les migrations rurales.

L’évolution démographique du Royaume d’Arabie Saoudite n’a cessé de s’accélérer depuis 1974. Le deuxième recensement officiel a eu lieu en 1992. Il a estimé la population du Royaume à 16,9 millions d’habitants. La population est passée de 7 millions habitants en 1974 à 16,9 millions en 1992, soit un taux d’accroissement total de 152,7% et un taux d’accroissement moyen annuel de 4,7% entre 1974 et 1992 (tableau 3).

Tableau 3: Evolution de la population et de ses rythmes d’accroissement en Arabie Saoudite entre 1950 et 2017

Année Population totale Taux d'accroissement global (%) Taux d'accroissement annuel (%) 1950 3 205 000 - - 1974 6 706 097 109,2 2,9 1992 16 948 388 152,7 4,8 2004 22 638 262 33,6 2,4 2010 27 236 156 20,3 3,1 2017 32 552 336 19,5 2,5

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1.3. La phase de mise en place d’un découpage régional

Cette phase correspond à l’adoption pour la première fois d’un découpage régional en 1992 qui a

divisé le territoire national en 13 régions administratives. Chaque région se compose administrativement d'un certain nombre de catégorie de gouvernorats (a), (b), (c). Selon le décret royal n ° A / 92 du 02/3/1992, modifié par le décret royal n ° A / 21 du 28/9/1992, ce système « vise à élever le niveau de travail administratif et de développement dans les régions du Royaume et à maintenir la sécurité et l'ordre, ainsi que les droits et libertés des citoyens, dans le cadre du droit islamique. ». Ce découpage régional s’est synchronisé avec le sixième plan de développement (1995-2000) qui visait à réaliser un développement régional global des zones urbaines et rurales et à améliorer l'efficacité économique des infrastructures régionales ainsi qu’à encourager les citoyens à travailler dans les zones rurales. Le septième plan de développement (2000-2005) soulignait l'importance d'activer le rôle des centres de croissance afin de contribuer à la détermination des emplacements appropriés pour les investissements du gouvernement dans différentes villes et villages (Jebri N., 2008).

Entre 1992 et 2004, l’accroissement de la population s’est poursuivi à un rythme plus faible que durant la période précédente et l’augmentation n’a été que de 34 %, soit 477.000 personnes par an. La population atteint dès lors 22,7 millions d’habitants. Le recensement de la population de 2004 montre que la population urbaine s’élevait à 18,3 millions de personnes et que 13 ans plus tard, elle est passée à 28 millions de citadins. La période de 2004 à 2010 se caractérise par un rythme d’accroissement démographique accéléré, soit une croissance annuelle moyenne de 760.000 habitants. La population atteint 27,2 millions d’habitants en 2010 et plus de 32,5 millions d’habitants en 2017.