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3. Chapitre 3 : Analyse des visées photographiques des journaux en 2007 et 2012 et 2012

3.1. Les visées photographiques des journaux en 2007

3.1.1. Les visées photographiques au journal 20 Minutes en 2007

Nous présenterons, analyserons et interpréterons les différents types de visées pour le journal 20 Minutes.

3.1.1.1.Les images à visée argumentative, phatique et de faire agir

La visée argumentative est parfois associée à celle de faire agir particulièrement dans l’image de la Une du 20 avril. Cette image intervient la veille du second tour tout en rappelant et incitant les électeurs à rejoindre les urnes.

Image 1 : 20 Minutes, 20 avril 2007

La carte électorale apposée au premier plan joue le rôle d’une invitation à un engagement de vote par les électeurs. Mais cette visée performative (inciter à une action par un discours) se dégage aussi par le jeu de mots opéré par le titre « à vote tour ». Ce titre peut se traduire comme à votre tour de voter ou encore tour de vote voire plus simplement de manière impérative allez voter. Deux noms sont implicitement dévoilés à côté de la carte électorale. A gauche, on voit de manière floutée Bayrou précédé de la 2ième syllabe de son prénom François. A droite, il est possible de distinguer quelques lettres du prénom de Sarkozy. Ce sont les lettres n et s qui sont coupées laissant deviner au lecteur par la figure de l’ellipse les autres lettres du prénom de Sarkozy à savoir Nicolas. Ce qui permet de s’interroger sur une forme de sollicitation

189 des électeurs à prendre la décision d’élire l’un d’entre eux (soit Bayrou, soit Sarkozy) alors même qu’on ne retrouve pas dans la même image les noms et prénoms des autres candidats. Le prénom de Sarkozy apparait plus clairement alors que le nom de Bayrou apparaît plus discrètement de manière floutée, on peut questionner le positionnement du journal à l’endroit de l’un de ces deux Hommes politiques.

Image 2 : 20 Minutes, 16 et 19 avril 2007

Certaines visées persuasives ont une double fonction cognitive ou de rappel et une fonction d’argumentation. Les images des Unes des 16 avril (33figure : 1, volume 234, p. 16) et 19 avril (fig : 4, vol. 2, p. 17) ont une visée persuasive car elles sont constituées de messages de candidats aux électeurs par le discours rapporté que fait le journal de leurs propos. Les personnages sont présentés face au public, les yeux dans les yeux incitant à une situation de dialogue et d’échange. Tandis que la proposition de Sarkozy est résumée en un ensemble de mots « un projet de civilisation », celle de Royal indique « ma liberté, c’est ma force ». L’absence d’adjectif ou de pronom personnel chez Sarkozy peut laisser penser que le journal suppose que Royal est tournée vers ses qualités en tant que candidate alors que Sarkozy est penché vers les citoyens et leur avenir. Les images ainsi que les propos déclaratifs rapportés forment ainsi une argumentation autour d’une opposition des images des candidats et de leurs positionnements envers les votants.

33 La référence aux figures sera abrégée par le terme fig en italique (exemple fig : 1) 34 La référence au volume 2 sera abrégée par le terme vol. (exemple vol. 2)

L’image de la Une du 26 avril (fig : 6, vol. 2, p. 20) est consacrée à Bayrou en situation de discours après les élections du premier tour. La posture du personnage tourné vers sa gauche avec des micros au centre conduit à s’interroger sur le centre d’intérêt vers lequel celui-ci est dirigé. Le lecteur peine à savoir sans lire le titre sur quoi porte son discours et vers qui celui-ci est destiné. Il est possible en revanche d’inférer que son discours se fait au cours d’un rassemblement en présence des militants de son parti eu égard à la couleur orangée à l’arrière-plan de l’image. Le titre aide davantage à fixer le sens comme l’affirme Barthes (1964) afin de persuader que Bayrou n’a pas encore pris une décision définitive en faveur de la gauche et de la droite. Néanmoins les titres et surtout le chapeau explicitent davantage quel est l’avis actuel du représentant de l’union pour la démocratie française (UDF) pouvant orienter son choix futur de vote. Par un titre incitatif qui s’écrit « des coups à droite, un coup à gauche », il est possible de suggérer que le candidat a davantage été critique envers les membres de l’UMP contrairement à ceux du parti socialiste. Le mot « coup » entendu comme une réaction de défense face à une bataille peut être assimilé à la réaction émanant du discours de Bayrou perpétré davantage à l’attention du parti de droite (des coups) contrairement à celui des socialistes (un coup). La comparaison du nombre de coups peut alors donner un indice sur le choix potentiel de Bayrou au second tour.

3.1.1.2.Les images à visée phatique et argumentative

Les images des Unes du 23 (fig : 6, vol. 2, p. 18) et 24 (fig : 7, vol. 2, p. 19) avril 2007 permettent de faire partager et d’amplifier un sentiment de désaccord entre Sarkozy et Royal. Dans l’image de la Une du 23 avril avril (fig : 6, vol. 2, p. 18), Sarkozy semble faire un geste catégorique de la main alors que Royal a les mains ouvertes en signe de volonté de dialogue et d’explication. Le titre veut faire croire que les deux candidats sont sur le même pied d’égalité en parlant de « balle au centre » nonobstant le fait que leurs postures physiques et expressions faciales traduisent deux personnalités et représentations différentes. L’image de la Une du 24 avril (fig : 7, vol. 2, p. 19) cherche à attirer l’attention sur le fait que Royal et Sarkozy recherchent des voix d’électeurs au regard de la présence des citoyens qui s’expriment et sont rassemblés lors des meetings à Paris. On distingue à cet effet plusieurs personnes qui applaudissent, s’expriment, écoutent, agitent des gadgets comme une forme d’adhésion et de réception (réponse) au discours de Bayrou qu’on peut supposer être présent hors-champ de l’image. Ce sont des signes d’émotion, de communion qui sont pour ce faire transmis afin d’être reconnus et partagés par les électeurs. Les « centristes » sont aussi représentés par des codes couleurs de t-shirts et des gadgets orange dont l’un d’entre eux porte une pancarte en forme de

191 cœur au sur laquelle est inscrit Bayrou. Cette image comporte une visée persuasive d’autant que les deux candidats Royal et Sarkozy ne sont pas présents sur la photographie.

Image 3 : 20 Minutes, 3 et 7 mai 2007

Les images des Unes des 3 mai (fig : 12, vol. 2, p. 21) et 7 (fig : 14, vol. 2, p. 22) mai recourent aussi aux émotions pour faire partager, identifier, ressentir l’état d’esprit des candidats. Le 3 mai (fig : 12, vol. 2, p. 21) les deux candidats sont figurés sur le plateau du débat télévisé indiqué par le signe linguistique en arrière-plan en blanc sur fond rose-rouge. L’image de Sarkozy est celle d’un personnage calme, nerveux et en écoute à l’opposé de Royal qui semble parler d’elle ; la main vers le cou et la poitrine avec un regard lointain dirigé vers sa droite. Ce qui laisse l’impression d’une forme de distance, d’une relation conflictuelle entre ces deux acteurs renforcée par le titre « Politique frictions ». Cette idée de tension ou heurt apparaissait déjà dans l’image du 23 avril (fig : 6, vol. 2, p. 18) et contribue par-là à consolider la recherche d’une émotion liée à une rivalité entre les deux individus. L’argumentation est fondée dans cette image sur une distinction entre les postures et les ethos des deux candidats lors du débat présidentiel.

L’image de la Une du 27 avril (fig : 10, vol. 2, p. 20) met en confrontation Bayrou et Royal non pas en position de dialogue mais en situation d’évitement. Pendant que le candidat de l’UDF a le regard fixé vers le haut de l’image, Royal a un regard vers celui-ci sans sourire avec un visage replié en signe de malaise. Cette mimique du visage peut également renvoyer à de la méfiance ou de la crispation induite par l’orientation du regard de Bayrou. Ce dernier peut soulever un désintéressement de Bayrou envers la candidate du parti socialiste. La scission entre

ces deux personnages est marquée par un trait de séparation entre eux au centre de l’image. En titrant « le débat coince », 20 Minutes appuie l’idée selon laquelle la mise en place d’un dialogue entre ces deux interlocuteurs s’avère compliquée.

3.1.1.3.Les images à visée informative et pathémique

Certaines images servent d’illustration et de témoignage. Elles concourent à rapporter les faits et actions tout en produisant des émotions. Elles répondent aux critères de crédibilité et d’objectivité quoique celles-ci puissent être doublées d’autres types de visées. C’est le cas de la Une du 7 mai (fig : 14, vol. 2, p. 22) qui annonce le président élu en privilégiant une image de celui-ci face à un public qui atteste et célèbre cet événement. Les gestes symboliques des mains et doigts indiquent au lecteur un moment solennel ou important pour la France. Deux doigts floutés ainsi que des mains qui applaudissent brandies en l’air indiquent la victoire. Les couleurs rouge en arrière-plan (étoffe), bleue (téléphone) et blanche (couleur de main) aident à identifier le pays convoqué : la France. Sarkozy est filmé dans une posture inclinée, le regard vers le haut avec la main droite sur le cœur comme s’il rendait hommage à quelqu’un ou à une chose à l’instar de sa patrie, son territoire. Sa position fait penser qu’il assiste à une levée de drapeau. Ou encore, on peut supposer que Sarkozy se tient debout après le chant de l’hymne national français à l’occasion de son élection. Ce qui peut traduire une marque d’amour véhiculée à l’endroit de la France et des citoyens qui lui manifestent en retour leur approbation et leur joie par leurs expressions corporelles les mains levées. Le journal démontre que le public s’associe au partage de ce moment historique pour la France. Enfin, la Une du 11 mai (fig : 17, vol. 2, p. 24) a une fonction référentielle et phatique qui annonce l’installation imminente du Président Sarkozy. Elle prépare à la réflexion sur la transition entre l’ancien Président Chirac et le président entrant Sarkozy.

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