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3. Chapitre 3 : Analyse des visées photographiques des journaux en 2007 et 2012 et 2012

3.1. Les visées photographiques des journaux en 2007

3.1.2. Les visées photographiques au journal Métro en 2007

Nous présenterons, analyserons et interpréterons les différents types de visées pour le journal Métro en 2007.

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3.1.2.1.Les images à visée argumentative

Image 4 : Métro, 18 et 19 avril 2007

Les images des Unes des 18 (fig : 20, vol. 2, p. 27) et 19 avril (fig : 21, vol. 2, p. 27) donnent la parole respectivement à Royal, puis à J-M. Le Pen. Un message de chacun d’entre eux est rapporté à l’endroit des lecteurs. Les deux candidats sont en situation de dialogue vers un destinataire imaginaire. Le journal Métro rapporte que « Royal demande un vote d’audace » (Métro, 18 avril 2007) en montrant la candidate dans une posture souriante et d’écoute. Cette attitude joyeuse de Royal peut renforcer les processus d’adhésion à son message. Ce qui suggère des capacités d’écoute ou d’attention dégagées par la candidate. Le titre apparaît comme une recommandation ou un impératif formulé à l’endroit des électeurs. Ce qui donne à cette image une fonction de faire agir. Le journal Métro choisit de montrer J-M. Le Pen en train d’effectuer un geste de précision pour attirer l’attention sur le fait qu’« avec peu de moyens », il « fait mieux que les autres ». Ce qui introduit donc une volonté de comparaison du dispositif déployé par le Front national et les autres partis. Métro rapporte ainsi la stratégie argumentative du représentant du Front national dont les propos sous-entendent que son dispositif de campagne serait supérieur à celui des autres.

La Une du 26 avril (fig : 26, vol. 2, p. 30) qui intervient après le premier tour montre Bayrou face à deux micros avec la main levée (en très gros plan) comme s’il tenait un objet imaginaire entre ses mains. Cet objet peut être assimilé à un bulletin ou un papier. Néanmoins le titre de l’image « joker » fait référence à une carte représentée ici par le mot joker. Cette dernière est utilisée dans plusieurs jeux de cartes avec une spécificité particulière. La carte joker

aide notamment au cours d’un jeu à débloquer une situation périlleuse dans laquelle peut se trouver un joueur. Celle-ci est susceptible de mener le joueur à une victoire. Ce signifiant carte renvoie par analogie au pouvoir de la voix de Bayrou et de ses partisans sur l’accès à l’Elysée d’un des candidats élus au second tour. Cette image de Une souligne ainsi le caractère déterminant du choix de Bayrou pour départager les deux candidats en lice. La carte joker renvoie ici implicitement à la carte électorale, elle-même étant un dispositif pour exprimer son vote politique.

3.1.2.2.Les images à visée pathémique

Image 5 : Métro, 25 avril 2007 Image 6 : Métro, 2 mai 2007

Les Unes des 25 avril (fig : 25, vol. 2, p. 29), 2 mai (fig : 28, vol. 2, p. 31) et 7 mai (fig : 31, vol. 2, p. 32) mettent l’accent sur les émotions des acteurs représentés. Le journal Métro choisit à cet effet les gros plans pour prédire au lecteur quel pourra être l’atmosphère de l’échange télévisé précédant le dernier tour de l’élection. L’image de la Une du 25 avril (fig : 25, vol. 2, p. 29) fait ressortir les visages de Sarkozy et Royal face à un écran de télévision. Royal est sans sourire avec une expression faciale menaçante lorsque Sarkozy donne l’impression de la regarder surpris. Cette image paraît témoigner d’une inimitié et de la nervosité entre ces deux personnages qui aspirent chacun à la fonction présidentielle. Le titre peut insinuer la possibilité d’un affrontement verbal entre ces deux personnages à l’image d’un combat physique. En titrant « un débat télévisé à haut risque », ce sont les émotions de peur et de menace qui sont convoquées. En outre les expressions faciales tendent à inspirer une forme d’agressivité entre les deux acteurs.

195 Le 2 mai (fig : 28, vol. 2, p. 31), la représentation de l’adversité et de la nervosité entre ces personnages est encore attisée. Ils sont situés l’un en face de l’autre en gros en plan et en situation de dialogue. A la différence de la Une du 25 avril (fig : 25, vol. 2, p. 29), cette photographie est une piqûre de rappel à l’endroit des candidats mais aussi des électeurs afin de poser le débat comme un moment déterminant pour les décisions de vote. Le titre « dernier round » sonne aussi comme une lutte finale où les candidats devraient ardemment développer la force du verbe, de l’argumentation pour avoir une chance d’être élu. Le mot round qui signifie bataille fait référence à une partie d’une scène de combat de boxe. Ce terme assimile la conquête du pouvoir à un affrontement discursif qui aurait la forme d’un affrontement physique dans un ring assimilé ici au plateau télévisé. C’est aussi une image d’appel donnant une plus-value émotionnelle à un programme télévisé pouvant contribuer à drainer de l’audience.

Image 7 : Métro, 7 mai 2007

La Une du 7 mai (fig : 31, vol. 2, p. 32) est à la fois testimoniale, pathémique et argumentative. Elle annonce et apporte la preuve du personnage élu président de la France. Cette photographie représente au plan iconique les signes identiques auxquels a eu recours le journal 20 Minutes pour certifier aux lecteurs que les électeurs célèbrent le 7 mai (fig : 31, vol. 2, p. 32) la victoire du président de la république française. Ce sont des gestes de main à l’exemple des deux doigts symbolisant la victoire, les paumes de main en face (mains sur le point d’applaudir) qui servent d’indice de joie associée à un événement politique. Les plans d’insert de mains regroupées à droite au bas de l’image indiquent qu’il s’agit d’une solennité.

Le titre « haut la main » porte également la marque d’une évaluation de la victoire de Sarkozy quoique celle-ci corresponde aux scores de vote des citoyens.

On peut en ressortir une trichotomie de Peirce (cité par Deledalle, 1978) qui permet de pallier l’absence de signes linguistiques mentionnant à quel contexte renvoie l’idée de victoire exprimée par le titre incitatif « haut la main ». Selon la première trichotomie de Peirce (cité par Deledalle, 1978, p. 139) un signe peut être appelé qualisisigne (signe possédant « une qualité »), sinsigne (« chose ou un événement existant réel qui est un signe »), ou légisigne (« une loi qui est un signe »). Les signes sont le téléphone, les mains et l’étoffe ou le drapeau. Les qualisignes sont respectivement le bleu, le blanc et le rouge. Enfin les légisignes sont les significations résultant de la combinaison des trois couleurs du drapeau français symbolisant la nation française. Les mains au sens propre et figuré jouent un rôle majeur dans la symbolique rattachée à cette image. Sarkozy lève les deux mains vers le ciel en direction d’un cadre imaginaire. Sa posture rappelle celle de l’attitude de chrétiens ou religieux notamment au moment de prière. Ce qui suggère une tonalité épique et lyrique attribuant un caractère majestueux à cette circonstance politique. L’élection présidentielle est alors figurée ou perçue comme une consécration prestigieuse et d’une haute portée pour le peuple français et le personnage élu.

3.1.2.3.Les images à visée référentielle et de faire agir

Ces différentes Unes sont souvent associées à la promulgation des résultats. C’est le cas de la Une du 23 avril (fig : 23, vol. 2, p. 28) exposant les deux candidats élus au second tour avec leurs pourcentages respectifs. L’image de cette page de couverture a cependant également une visée argumentative dans la mesure où elle parle du « retour du duel droite-gauche ». Ce qui présuppose que ces deux partis n’étaient pas présents au second tour de la précédente campagne présidentielle (2002) même si par ailleurs ce scénario (opposition de ces deux partis) est déjà survenu en 1995. Les personnages sont figurés en gros plan avec le sourire. Cependant le signe de la main, plus précisément du pouce levé aide à identifier Sarkozy en tant que vainqueur. L’image du 24 avril (fig : 24 , vol. 2, p. 29) annonce les détails de répartition des voix en montrant des mains procédant à un dépouillement sur une table qu’on peut imaginer située dans un bureau de vote. Il est possible que le lecteur s’attende dans le contenu du journal au détail des voix par région. En revanche, c’est le titre qui vient fixer le sens en mentionnant « résultats complets et analyse dans votre ville ». Par conséquent, cette image sert de Une programmatique et assure ainsi une fonction phatique dans le but favoriser l’attrait de la lecture.

La Une du 10 mai (fig : 33, vol. 2, p. 33) vise à communiquer la nouvelle selon laquelle des condamnations à la prison ferme seraient attribuées aux anti-Sarkozy en affirmant « de la

197 prison ferme pour les anti-Sarkozy ». Il s’agit de parler des conséquences d’un fait ici les manifestations anti-Sarkozy qui se sont déroulées. L’image de la Une du 11 mai (fig : 34, vol. 2, p. 34) de Métro rappelle aux électeurs de la même façon que celle de 20 Minutes datée du 11 mai la transition présidentielle à l’Elysée. Cette image s’attarde principalement sur l’aménagement du nouveau président et le départ de Chirac. Les deux Hommes sont côte à côte. Chirac a les yeux tournés vers Sarkozy pendant que ce dernier a la tête baissée. Le titre de l’image informe le lecteur d’une « journée chargée pour Sarkozy ». Ce qui sous-entend que Sarkozy serait dans une opération de passation de service l’invitant à s’enquérir des dossiers du président sortant. Cette journée chargée peut faire référence à une journée de prise de fonction mais également faire écho plus aux diverses problématiques nationales dont le nouveau président aura la charge. Enfin une seule Une incite à agir avec le titre « à vous de jouer » appelant les citoyens à la veille du premier tour c’est-à-dire le 20 avril (fig : 22, vol. 2, p. 28) à se rendre aux urnes.

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