Les registres au journal Le Progrès en 2012

Au journal Le Progrès, on retrouve aussi le thème politique et société avec principalement des références à la droite, à la gauche mais aussi au Front national et au centre. La catégorie temps fait d’abord écho à un choix présidentiel des lecteurs que le journal conditionne aux échanges des candidats lors du débat télévisé (« qui à l’Elysée ? Réponse ce soir à 20 heures »). Après, le journal se penche proprement dit sur le choix de vote des citoyens le dernier jour de vote (« l’heure du choix pour 44 millions d’électeurs »).

Figure 37 : Scénarios du Progrès en 2012

Source : Auteure (2018)

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Sommaire

Dans la thématique « autres concepts », deux sous-thèmes saillants ressortent. Le premier se rapporte à la problématique de la transition politique avec les titres « les indécis vont-ils changer la donne ? » et « Hollande président : le changement ». Le journal régional se penche aussi sur les « clés du premier tour » et « les enjeux du second tour (avec 2 occurrences) ». Ce qui revêt une portée explicative et didactique du discours sur les élections présidentielles. On note aussi une référence aux programmes de campagnes dans le titre « deux pages spéciales sur le programme des candidats ». Avec le titre « concours de muscles et derniers coups », on retrouve encore la représentation de la campagne comme un combat physique. La redondance par deux fois du mot clé a donné lieu à une sous-thématique dans le logiciel Tropes appelée objets et substances. Ce qui dénote une visée didactique du discours sur la campagne présidentielle dans le but de conduire les électeurs à prendre une décision politique. La thématique force et quantités revêt les mêmes visées que les autres journaux avec cependant une référence à la transition de gouvernement (« l’adieu aux larmes du dernier conseil »). Dans la thématique « autres concepts moins fréquents », nous retrouvons la proposition du journal Le Progrès d’expliquer « les enjeux du second tour » aux lecteurs. Dans la classe thématique « comportements et sentiments », les mots coups (2 occurrences) et rivaux démontrent que les discours des candidats lors des débats, puis leurs actions en meeting sont envisagées dans une perspective conflictuelle. A l’inverse, les mots joie, dépit et larmes dévoilent l’interprétation du journal au sujet de la victoire de Hollande et la défaite de Sarkozy. Le journal Le Progrès y consacre notamment deux titres à savoir : « joie mesurée à gauche, dépit à droite » et « l’adieu aux larmes du dernier conseil ». Une tonalité lyrique émerge du discours du journal comme on l’a constaté précédemment au journal Le Monde. L’on retrouve uniquement les thématiques liées au changement, l’abstention et l’indécision.

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Figure 38 : Scénario Autres concepts du Progrès en 2012

Source : Auteure (2018)

Nous distinguons une référence aux programmes de campagne (« demandez les programmes : deux pages spéciales ») et à la perception du débat comme un combat physique (« concours de muscles et de coups »). La thématique « autres concepts moins fréquents » est inhérente à la proposition d’une explication des enjeux du second tour de la campagne présidentielle par le journal régional. Le Progrès propose aussi aux lecteurs d’aborder la thématique du changement. Le mot choix fait écho à l’importance que le journal donne au premier tour de vote (« l’heure du choix pour 44 millions d’électeurs »).

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Autres concepts

Figure 39 : Scénario Caractéristiques du Progrès en 2012

Source : Auteure (2018)

Dans l’onglet caractéristiques, les mots incertain (« les clés d’un premier tour incertain) » et abstention (présidentielle : vers un record d’abstention) soulignent une problématique d’indécision des citoyens. Le mot différence résulte d’une déclaration rapportée de Sarkozy sur sa promesse de gouvernement. Il incite à une comparaison entre les anciennes promesses de campagne de Sarkozy et celles qu’il propose en 2012. Le mot « spéciales » sert à renforcer l’importance pour le journal de proposer aux lecteurs de lire les programmes des candidats.

Les principales thématiques qui ont été au cœur des débats en 2007 sont notamment le travail, le changement et le chômage. La problématique du changement intervient en particulier chez les journaux Le Figaro, Le Monde, Le Progrès. Les journaux 20 Minutes et Le

Monde mettent l’accent tous les deux sur le chômage et l’emploi. A cette thématique, le

journal Le Monde y rajoute la question de la dette, de la sécurité, de l’économie et des retraites. Le changement a été un thème et une valeur revendiquée par les candidats Sarkozy en particulier, puis Royal. Les analyses socio-politiques des auteurs démontrent que cette volonté de rénovation et de différenciation de chacun des candidats par rapport aux précédentes propositions des campagnes antérieures constitue un trait marquant de l’élection de 2007. Cependant, on peut constater que cette problématique de changement est également attribuée aux commentaires sur Bayrou par le titre Le Progrès.

La promesse discursive de chaque journal joue également un rôle non négligeable sur les registres proposés en première page de couverture. On remarque une focalisation sur le débat

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Caractéristiques

175 et la campagne comme un événement conflictuel et compétitif. Les indicateurs de temps sont la preuve du récit narratif qu’opèrent les journaux au sujet de la campagne présidentielle. Par ailleurs, l’emploi de la répétition des qualificatifs accentue la valeur persuasive et argumentative des discours médiatiques. L’aspect géopolitique occupe une place plus importante de manière décroissante dans les journaux Le Monde et Le Figaro. L’aspect régional reste la spécificité du journal Le Progrès.

D’autres journaux choisissent cependant de se centrer sur les attributs des candidats. L’onglet autre concepts nous a permis de voir sur quel angle thématique chaque journal choisit de centrer son discours. Les journaux gratuits ont un registre discursif commun par le fait que ceux-ci mettent l’accent en 2007 sur le commentaire, les attributs des candidats ou valeurs défendues (Le Progrès, Métro, 20 Minutes en 2007), l’événement, le débat, les tours de campagne et les stratégies des candidats (Lyon plus davantage). Métro et Lyon Plus n’ont pas abordé les thèmes de l’économie et de la finance. Cependant le traitement du jeu, de la mise au point et du commentaire apparaît dans tous les journaux. Métro tente de développer une proximité avec les lecteurs pour mieux les capter (thème communication et débat). On constate aussi que la « thématique comportements et sentiments » n’apparaît pas à Lyon Plus en 2007 et à Métro 2012 chez les gratuits quoique certains titres témoignent d’une amplification du discours sur les actions et le récit des évènements (débat, décision, action des candidats). Les enjeux de campagne sont beaucoup moins visibles en 2007 qu’en 2012. Les messages médiatiques se sont alors centrés pour certains moins sur les projets de société que sur les actions et discours des candidats. J. Maarek (2009, p. 15) fait état d’une « personnalisation » de la campagne de 2007 qui « ne faisait qu’accentuer la faiblesse programmatique des adversaires de Nicolas Sarkozy ».

La campagne de 2012 est singulière par une plus grande mise en visibilité des thèmes de campagne et une dimension explicative et didactique promise dans les titres des journaux. « A l’inverse, tous les candidats ont placé en tête de leur thématique la situation économique à laquelle ils ont lié le chômage et l’emploi ainsi que les finances publiques (Labbé et Monière, 2013, p. 119) ». La problématique de la crise et par ricochet celles de l’emploi et du travail ont été retrouvées dans certaines publications.

On retrouve à 20 Minutes la question du droit de vote aux étrangers et une volonté de dérouler les programmes et mesures de candidats. L’aspect géographique est également visible. A Métro le discours se centre sur les meetings, le débat, les lecteurs. C’est plutôt au journal

La thématique de l’indécision est pointée au Figaro et au Progrès en 2012. Ce qui démontre un trait de la campagne présidentielle de 2012 souligné par certains auteurs même si celle-ci n’est pas récurrente dans tous les journaux. Montrant également que la question de l’indécision intervient également dans d’autres contextes sociopolitiques, Labbé et Monière (2013, p. 9) illustrent que « ce n’est pas un phénomène propre à la France. Dans toutes les grandes démocraties libérales, les identités partisanes sont déclinantes et les préférences des électeurs sont de plus en plus changeantes, non seulement d’une élection à l’autre, mais aussi durant le déroulement de la campagne électorale. Non seulement les électeurs sont plus difficiles à mobiliser, mais ils sont nombreux à décider leurs votes de plus en plus tardivement ».

Les enjeux sociopolitiques et géopolitiques sont observables dans les 2 quotidiens nationaux. Le Monde développe davantage de thématiques en 2012 en parlant de l’écologie, des déserts médicaux, du nucléaire, du logement, la question géopolitique, la coopération nationale et internationale, la sécurité et l’insécurité même s’il n’en fait pas un traitement exclusif dans tous les titres. Le Progrès va insister sur les enjeux et les clés du premier et second tour. Le changement qui fait partie de la promesse de campagne de Hollande se retrouve aussi dans les journaux. Denni et Bréchon (2013, p. 71) rappellent le slogan et projet politique de Hollande ci-après : « Le changement c’est maintenant ». Il annonce sa volonté de renégocier le traité budgétaire européen pour insuffler dans l’Union de la croissance et pas seulement de l’austérité ». Cette particularité d’un discours sur les thématiques propre au contexte historique démontre ainsi que le discours médiatique se transforme au gré des problématiques sociétales et des projets des candidats. Le thème comportement et sentiment est plus marqué au journal Le

Progrès en 2012 qu’en 2007.

La place de Bayrou est plus importante en 2007 qu’en 2012 et celle de Le Pen l’est moins dans les titres de journaux. J. Maarek (2009, p. 7-8) souligne à propos de Bayrou que « L’Homme politique centriste est en réalité apparu à maints électeurs comme le seul véritable « contestataire » de la domination des deux grands partis de gouvernement, une observation sans doute plus clairement visible avec la distance, les médias québécois ayant été au fond bien plus clairs à cet égard que leurs homologues français, comme nous le montre Guy Lachapelle ». La présence des thèmes liés à la mondialisation, la sécurité, l’insécurité est également liée aux problématiques abordées par les différents partis politiques. « Sans surprise, c’est M. Le Pen et le FN qui consacrent le plus de place à l’immigration. Dans leur esprit, ce thème est fortement relié à celui de la sécurité. En effet le substantif « insécurité est, dans leur lexique, le mot le plus fortement associé à l’immigration. « Cependant, ce n’est pas M. Le Pen qui parle le

177 plus de la sécurité, mais l’UMP, et secondairement, N. Sarkozy (notamment lors des événements de Toulouse) » (Labbé et Monière, 2013, p. 129).

Par ailleurs, « d’autres thèmes doivent être mentionnés : les retraites, la situation des classes moyennes (et populaires chez Hollande), la situation des collectivités territoriales ont été abordés par tous mais avec des densités faibles et, souvent, une dimension plus critique que positive. Pour les trois opposants, il s’agit de dénoncer ce qui a (ou n’a pas) été réalisé par le président plutôt que de propositions ; N. Sarkozy et l’UMP critiquant surtout les réalisations passées des socialistes et les propositions de F. Hollande (Labbé et Monière, 2013, p. 129-130) ».

2.3. Analyse des graphes de mots les plus présents à travers le logiciel Iramuteq