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Deuxième partie : Cadre méthodologique

Thème 7 Fiche signalétique Source : Auteure (2018)

2.5. Méthode d’analyse de discours des outils des images et des entretiens

L’analyse du discours vise à décrypter plus que le langage dans sa dimension visuelle et linguistique en prenant en compte les rapports entre les modes de configuration d’un discours et le sens qui y est associé. L’analyse de contenu consiste en une description systématique, descriptive et quantitative d’un discours. Elle se centre donc davantage sur le visible, le dit ou l’énoncé. « Cependant, l’analyse de discours présuppose une élaboration de corpus différente dans la mesure où sa visée qualitative s’attache à questionner le fonctionnement des discours. Elle ne dissocie pas "ce qui est dit" du comment ça se dit" ». Le langage y est appréhendé en termes de construction et de mise en scène, et en fonction de cadres discursifs et de dispositifs énonciatifs » (Ringoot, 2014, p. 15). Nous avons eu recours à l’analyse de discours afin de pouvoir identifier le rapport entre les images montrées par les journaux et leur contexte de production. Ce dernier comprend le contexte historique, la nature de l’événement et ses enjeux, les acteurs, leurs rôles, leurs pratiques et leurs missions, leurs buts, leurs cibles, leurs destinataires ainsi que l’espace socio-culturel déterminé concerné. Nous avons effectué une analyse de discours à la fois des outils plastiques, iconiqus des images et de leurs titres mais également des entrevues menées avec les étudiants inscrits en Sciences de l’Education à l’Université. Pour ce faire, il a été nécessaire de connaître et de confronter l’ensemble des variables inhérentes au contexte à la spécificité d’instruments choisis par les journaux pour parler des campagnes présidentielles. De ce fait, la nature du type d’image (publicitaire, photographique, caricature) a également été prise en compte dans le décryptage des visées et

113 des significations attribuées aux outils langagiers, iconiques et plastiques des couvertures de journaux portant sur les campagnes présidentielles de 2007 et 2012.

« L’analyste de discours […] prendra en compte les propriétés du genre du discours lui-même, les rôles sociodiscursifs qu’il met en relation (animateur, invité…), les différentes stratégies de légitimation des locuteurs, la manière dont ils ajustent leur positionnement idéologique aux contraintes imposées par le genre et la conjoncture dans laquelle ils parlent, etc » (Maingueneau, 2014, p. 44-45). Ainsi, après avoir effectué une analyse de contenu des images et de leurs typologies, nous avons questionné les différentes visées susceptibles d’être proposées par les journaux à travers les images au regard des contraintes intra et extra discursives de ceux-ci. Nous nous sommes appuyée sur les finalités discursives que recouvrent les journaux à partir de l’analyse du discours d’information effectuée par Charaudeau (2005). On recense ainsi les visées suivantes élaborées par Charaudeau qui peuvent être plus ou moins accentuées en fonction de chaque journal : de « prescription », d’« incitation », d’« information », d’« instruction », etc23 .

« Mais, pour mener à bien sa tâche, l’analyste du discours ne peut ignorer les apports de l’analyse de la conversation ou de la rhétorique, qu’il va intégrer dans une démarche fondée sur les intérêts spécifiques de l’analyse de discours (Maingueneau, 2014, p. 44-45) ». Nous avons utilisé dans le cadre de la recherche les méthodes d’analyse de la linguistique en prenant en compte les fonctions du langage (Jakobson, 1963/2003) et les figures de style de la rhétorique. Nous nous sommes servis également des catégories d’analyse pragmatique du discours proposées par Austin (1970) et Searle (1972/2009). L’analyse du discours tient compte de la relation entre les outils linguistiques et non linguistiques ainsi que leur agencement dans l’analyse de la signification des discours. Elle est complémentaire à l’analyse sémio-discursive car celle-ci prend en compte la combinaison des formes de langage (linguistique ou non) et de leur structure dans la production du sens.

Une autre démarche également adoptée est la méthode sémiolinguistique ou sémio-discursive de Charaudeau (1995) car elle permet d’interroger en quoi la combinaison du verbal, de l’iconique et du paraverbal participent à la construction du sens, de la signification, et traduisent par ricochet l’intentionnalité de l’énonciateur. Cette approche a aussi été choisie car elle intègre des facteurs extralinguistiques et sémiologiques dans l’analyse de tout discours. Elle se centre sur les mécanismes de co-intentionnalité utilisés par l’émetteur pour faciliter la

23 Voir Charaudeau, P. (2006). « Discours journalistique et positionnements énonciatifs. Frontières et dérives », Semen [En ligne], 22, mis en ligne le 01 mai 2007, consulté le 13 janvier 2012. URL : http://semen.revues.org/2793

reconnaissance et le décryptage des visées discursives d’un instrument par le récepteur. « La photographie est investie d’une fonction sémio-discursive lorsqu’il y a reconnaissance par un récepteur d’une intentionnalité de l’émission, d’effets visés par le destinataire, et identification de l’intention (du « vouloir dire ») » (Eliséo Veron cité par Charbonnier, 1994, p. 52). La démarche sémio-linguistique nous conduit à prendre en compte les outils culturels communs inhérents à un contexte socioculturel et historique donné que peuvent choisir le producteur d’un message ou d’un savoir pour faciliter l’identification puis, le décodage par le destinataire des significations d’une situation qu’il souhaite transmettre. Le décryptage du message photographique tient compte des instances de production et de réception. Plus encore les marques de reconnaissance du signe photographique sont recherchées à travers le concept de contrat de lecture24. La portée et la visée de l’approche sémio-discursive réside dans le fait qu’elle prend en compte les paramètres qui précèdent le choix d’une photographie et des mots, le type d’énonciateur qui le produit pour un public spécifique ou non. Ce qui permet de retracer le sens recherché par l’émetteur pour le récepteur et les marques de cette représentativité.

Par sémio-linguistique, Charaudeau (1995) désigne le fait que le discours comporte une dimension « sémio-, de « sémiosis », évoquant que la construction du sens et sa configuration se fait à travers un rapport forme-sens (de différents systèmes sémiologiques), sous la responsabilité d’un sujet d’intentionnalité pris dans un cadre d’action et ayant un projet d’influence sociale ; linguistique rappelant que cette forme est principalement constituée d’une matière langagière — celle des langues naturelles — qui, par le fait de sa double articulation, de la particularité combinatoire de ses unités (syntagmatico-paradigmatique, à plusieurs niveaux : mot, phrase, texte), impose une procédure de sémiotisation du monde différente de celle d’autres langages ». Cette approche d’analyse du discours nous permettra notamment de décrypter les visées et significations des outils langagiers, iconiques et plastiques des couvertures des journaux en fonction de leur nature mais aussi des rapports de sens qu’ils entretiennent. La particularité de la démarche sémio-linguistique (Charaudeau, 1995) réside aussi dans le fait qu’elle envisage l’analyse la signification d’un discours en intégrant les dimensions cognitive (impliquant « une perception et une catégorisation du monde »), sociale, psycho-sociale (« incluant la valeur d’échange des signes [ou instruments] et d’influence des faits de langage ») et sémiotique (« rapports entre construction du sens et des formes d’un [outil] ») d’un discours. En outre, la combinaison des perspectives psychosociales, linguistiques, cognitives et sémiotiques est complémentaire aux lectures interprétatives à savoir

24 Notion forgée par Veron

115 la notion de cadre de Goffman (1991), celle d’instrument chez Vygotski (1985) et Rabardel (1995), la théorie des associations de Latour (2007). En effet, l’ensemble de ce cadre théorique intègre le postulat d’une perspective d’analyse combinant les outils et formes d’expression d’une activité et les variables intentionnelles et interprétatives de celles-ci anticipées ou mobilisées en situation.

Après avoir effectué une observation ligne par ligne des entretiens plusieurs fois, avec une attribution de mots clés et de titres à chaque entretien, nous avons choisi d’une part d’établir des unités d’analyse à partir du discours des enquêtés et d’autre part, de décrypter les entretiens par la démarche d’étiquetage par épisode. Cette dernière « ne vise pas à donner une chronologie des événements, mais plutôt à prélever les éléments significatifs de la perception de l’enquêté » (Lejeune, 2014, p. 48). Nous avons également puisé dans les références du vécu des acteurs. Nous avons refait un étiquetage par des lectures plurielles et des observations en tenant compte des types des questions et du cadre théorique d’analyse et d’interprétation. Nous avons tenté de déchiffrer les sens implicites des propos des enquêtés eu égard au cadre théorique. Ce sont les dits faisant écho aux différentes approches sur l’éducation aux médias mais aussi principalement au sujet de la théorie historico-culturelle de Vygotski (1985) qui ont guidé l’analyse et l’interprétation des propos des enquêtés au sujet de leur appropriation et de leur représentation des messages médiatiques. Le but était « d’aller au-delà ou en deçà des témoignages ou des pratiques des acteurs pour y identifier les phénomènes sous-jacents » (Laperrière cité par Lejeune, 1997, p. 314).

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Troisième partie : Analyse, discussion, interprétation des

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