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3.5 Stratégies d'ententes locales

3.5.2 Ventes répétées

Figure 3.1 Contrat d'entente et valeur de complémentarité.

Lorsque la complémentarité dont peut bénécier l'acheteur global est inférieure à2(xl

xg), ce dernier n'est pas en mesure de remporter la première enchère. L'acheteur local l2

étant alors certain de ne pas subir l'externalité, le contrat d'entente n'a pas lieu d'être. Nous notons également que lorsque la valeur de complémentarité est supérieure à 3(xl−

xg), le prot réalisé par l'acheteurl2 en cas d'échec du global (i.e. l'externalité allocative qu'il subit si ce dernier remporte le bien 1), n'est pas susant pour nancer le montant additionnel nécessaire àl1 an de remporter la première enchère. Par conséquent, pour de telles valeurs de complémentarité, la collusion n'est pas soutenable. Enn nous remarquons que lorsque la valeur deαest comprise entre ces deux bornes (i.e.2(xl−xg)et3(xl−xg)), les acheteurs locaux ont tout intérêt à s'entendre. Ces derniers gagnent alors les deux biens mis en vente, au lieu d'échouer dans chaque enchère comme le prédit la proposition 3.

3.5.2 Ventes répétées

Dans la sous-section précédente, nous avons supposé une unique vente dans laquelle deux biens sont commercialisés séquentiellement. Nous avons alors caractérisé les condi-tions nécessaires à l'émergence de contrats collusifs entre acheteurs locaux (i.e.2(xl−xg)≤

α≤3(xl−xg)). Cependant, l'unicité de la vente rend peu probable la conclusion de tels accords. En eet, une fois le premier bien alloué à l'acheteur l1, l2 n'a aucun intérêt à honorer sa part du contrat. En d'autres termes, l'acheteurl2 ne peut pas s'engager de ma-nière crédible à rétrocéder une partie de son prot à l'acheteurl1 en cas de victoire de ce dernier dans la première enchère. L'acheteurl2 ayant tout intérêt à dévier, l'entente telle

que nous l'avons dénie précédemment n'est pas soutenable. Par ailleurs le contrat que nous avons étudié suppose des transferts ex post entre acheteurs locaux. De tels transferts remettent en question l'hypothèse que nous avons formulée quant au caractère invériable de l'entente.

Dès lors, nous pouvons légitimement nous demander s'il est véritablement pertinent d'étudier l'émergence de comportements collusifs dans une enchère séquentielle et a fortiori dans les enchères de bois bruts. En réalité, la pertinence d'une telle étude dépend du nombre de ventes. Dans le cas d'une vente unique, une entente entre acheteurs locaux n'est pas soutenable pour les raisons que nous venons d'évoquer. En revanche dans le cas de ventes répétées, telles que celles pratiquées par l'ONF pour les bois bruts, une collusion locale peut être tout à fait viable. En eet, l'Oce National des Forêts détermine aléatoirement au début de chaque vente, l'ordre dans lequel sont mis aux enchères les parcelles qu'il souhaite céder7. Dès lors la mise en place d'un transfert entre acheteurs locaux (indispensable dans le cas d'une vente unique) n'est plus nécessaire à la conclusion d'un contrat d'entente. En eet les acheteurs locaux peuvent alors assumer à tour de rôle le coût lié à l'exclusion de l'acheteur global. Ainsi, en cas de collusion, un acheteur local réalise avec une même probabilité p = 1

2 un prot net qui est soit négatif, soit positif, suivant que le bien pour lequel il a reçu une valeur positive est vendu en premier ou en second. Le contrat de collusion serait alors :

(i) l'acheteur local dont le bien est vendu en premier orebg(xg) +ε; (ii) l'acheteur local dont le bien est vendu en second ore xl;

(iii) en cas de déviation, les acheteurs locaux retournent à l'équilibre décrit par la pro-position 3.

Avec un tel contrat, le prot espéré ex ante d'un acheteur local au cours d'une vente est alors :

πl = 3(x

l−xg)−α

2 (3.11)

Si la condition dénie par l'équation (3.10) est respectée, alors (3.11) est strictement positive et l'entente est protable pour les acheteurs locaux.

7. En réalité l'aléa porte sur l'identité du lot par lequel commence la vente (l'agenda étant établi ex ante (voir le chapitre 1)). Cependant, cela revient au même dans notre analyse.

3.5. STRATÉGIES D'ENTENTES LOCALES 117 Nous pouvons noter que dans un tel contrat, la déviation n'a d'intérêt que pour l'ache-teur local dont le bien est vendu en premier. En cas de défection, ce dernier oriraxl et évitera ainsi la perte nette associée à l'exclusion de l'acheteur global. Cependant une dé-viation de sa part mettrait un terme à la collusion, le laissant sans défense dans les ventes suivantes, face à l'externalité exercée par l'acheteur global. Pour que l'engagement des acheteurs locaux soit crédible, il est donc nécessaire que la perte associée au coût d'ex-clusion du global, soit compensée par les prots futurs générés par l'entente. En d'autres termes, il est indispensable que les gains que les locaux réalisent grâce à la collusion soient supérieurs à ceux qu'ils obtiennent en cas de déviation. La crédibilité de l'engagement et avec elle la stabilité du cartel, dépend donc de la comparaison du prot de collusion et du prot de déviation. Nous observons ici que si aucune déviation n'a été constatée, la dynamique des prots qui suit une défection ou un respect de l'accord est la même à la périodet qu'à la période 08. De plus, comme nous l'avons précisé, la déviation n'a d'in-térêt que pour l'acheteur local dont le bien est vendu en premier. Par conséquent, pour juger de la stabilité de l'entente, nous pouvons nous limiter à l'analyse de l'incitation à dévier de ce dernier à la première période (i.e. lors de la première vente).

Pour que la stratégie d'entente décrite dans le contrat précédent constitue un équilibre, il est nécessaire que :

(i)

2(xl−xg)≤α≤3(xl−xg)

(ii)

2(xl−xg)−α

| {z }

Perte nette de l'acheteur local dont le bien est vendu en premier

+ X n=1 δn3(x l−xg)−α 2 | {z }

Prots espérés de collusion

≥0

avec δ le facteur d'actualisation utilisé par les acheteurs locaux. Cette condition peut se réécrire :

δ≥ 3α7(x

l−xg)

2α−4(xl−xg) (3.12)

8. Notre analyse, sur ce point, est similaire à celle d'un contrat d'entente reposant sur une stratégie dite Trigger (voir Martin (2002) pp 299-301)

La condition (i) nous garantit la protabilité de l'entente. En eet comme nous l'avons précédemment observé, si α < 2(xl −xg) les acheteurs locaux ne subissent jamais l'ex-ternalité allocative et n'ont donc pas intérêt à s'entendre pour exclure le global et si

α >3(xl−xg), le prot associé à l'exclusion du global n'est pas susant pour nancer la collusion. La condition (ii) assure quant à elle, la stabilité du cartel. Si cette dernière est respectée, aucun acheteur local n'a intérêt à dévier de l'accord d'entente.