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Variations de la domesticité : Sarah Jane R Hood 132 énonce dans « L’idéal féminin

de l’épouse et de la mère apparaît pour la première fois parmi le humanistes du Nord à l’époque de la renaissance. Les studia humanitis étaient la clef du succès pour

remplir auprès d’un époux-compagnon le rôle domestique d’épouse instruite et de

132 Cité par Illich I, Ibid, p.213 : Sarah Jane R. Hood , The Impact of Protestantism on the Renaissance Ideal of

mentor intelligent dans l’éducation des enfants. Cet idéal aristocratique remplaçait l’idéal médiéval de la vierge ou de la dame ‘courtoise’. La notion protestante de l’élection fit de l’idéal domestique la vocation de toutes les femmes dans l’Angleterre des Tudor. Les femmes étaient désormais ‘appelées’ au mariage, et ne pouvaient guère apporter de meilleure contribution qu’en mettant des enfants au monde. Le chef de famille remplaça le compagnon de la Renaissance. Le plus humble des foyers tint à contribuer dignement à la société pieuse. Mais quand toutes furent appelées au mariage et à la maternité, les femmes ne furent appelées à rien d’autre. Choisir autre chose était renié leur sainte vocation. Ainsi fut dogmatisé l’idéal domestique. »

L’étude des transformations, résiliations et prolongations d’anciens modèles sociétaux – de paradigmes pour parler comme le Thomas Kuhn des Révolutions Scientifiques – montre dans cette focale, du domestique et de la domesticité, l’ancillarité mais toute autant la participation dans l’alliance maritale et la contribution filiale des femmes aux modèles successifs. L’ont- elles fait dans l’assentiment ou dans un consentement obligé, plus que dans un consentement éclairé reste, malgré les données dont nous disposons, à mettre en étude.

Toute société a ses ségrégations et ses relégations et celles-ci ne peuvent perdurés sans la participation fut-elle contrainte de celui ou celle qui en subit le joug – comme l’analyse Pierre Bourdieu (in La Domination masculine). Les femmes du XIXe siècle eurent malgré elles une influence délétère sur l’ensemble de la société, du fait de leur asservissement fantôme.

- Analogie et perspective du travail fantôme féminin dans la curatèle

Le type de travail qu’effectue le féminin dans le cadre domestique se retrouve dans les activités laborieuses du sujet du pouvoir modulaire. Ce type d’activité concerne similairement l’étudiant, le patient, le prisonnier, voire d’autres consommateurs captifs. Le travail ménager féminin occulte est, mais n’est que, l’exemple clef de l’emploi fantôme, dont les munéra ne sont pas considérés comme Munus, dont les rémunérations – les rétributions ne sont pas à la mesure de la contribution à la société. « Le hors marché recouvre deux réalités fort différentes, les prestations de services gratuits par l’Etat et la production autonome de

valeurs d’usage…Les pseudos valeurs d’usage n’apporte aucune satisfaction positive de besoin autre que la satisfaction de posséder plus »133.

- Féminin et pauvreté

La discrimination sexiste se rencontre sur toute la planète. Elle prend les traits de la ségrégation, de la domination, de la domestication, de l’ancillarisation etc. cependant elle apparaît différente dans las pays dits riches de ceux dits pauvres en la connotation économique occidentale. Dans les pays communément appelés du Tiers Monde, l’égalité des revenus ou la discrimination économique n’est pas uniforme. La discrimination sexiste est manifestement dévolue aux femmes qui ont su profiter de la croissance économique.

La discrimination économique des femmes semble apparaître dès lors que s’installe ce qu’il est convenu d’appeler le développement.

- Transformation et variation des notions de pauvreté

Dans la Florence proto-industrielle, différentes catégories d’indigents : l’orphelin, la veuve, le chef de famille dépendant d’un travail salarié ou obligé de payer un loyer pour abriter sa famille, les siens. (Indigere – manquer)

Le mot pauvreté dans les temps anciens désignait une attitude estimable que la doxa actuelle de la condition économique a résiliée en personne vivant dans ce que nous appelons la précarité. (Encore que precarius -obtenu par la prière- et precari –prière, ait tout autant changer de sens dans le temps). Le pauvre était le contraire du potens, du puissant, et non pas du dives, du riche. Le pauvre n’était pas le misérable, ni le nécessiteux.

Le « Bienheureux, les pauvres en esprit – Béati pauperti. » de l’évangile est compris de travers aujourd’hui, quand il se réfère au benêt, au Benoît qu’il soit XVI ou non.

Jusqu’au XII e siècle, le terme pauvreté recouvrait avant tout un détachement réaliste des choses éphémères. Le fait d’avoir un salaire était le signe que le travailleur n’avait ni un foyer à la subsistance duquel il pouvait contribuer, ni la capacité de subsister des aumônes de la société. On pouvait discuter du droit (autorisation – habilitation) à la mendicité, mais il était hors de question d’émettre l’idée d’un droit au travail, ni de droit du travail cela va sans dire.

133 Sachs I., et Schiray M., Style de vie et de développement dans le monde occidental : expériences et

expérimentations Regional Seminar on Alternativpatterns of Development and Life Style for African Region, déc.1978, CIred, 54 bd Raspail, Paris Vie.

L’analyse comparative des attitudes envers la pauvreté occidentale et orientale aux temps médiévaux éclaire le sujet. Evelyne Patlagean dans « La pauvreté à Byzance au temps de Justinien : les origines d’un modèle politique » démontre que dans la Byzance urbanisée les textes de loi reconnaissaient déjà dans la pauvreté une condition essentiellement économique bien avant que cette référence s’actualise en Europe continentale, et par extension aux Amériques.

« La société du XVIIe siècle, pour reconnaître sa responsabilité dans le paupérisme, condamne) à l’extinction les mendiants et les vagabonds comme ‘ordre social’ …la société marginalise le fond médiéval qui faisait de la pauvreté un signe d’élection, et de l’aumône…le signe de la solidarité organisée. »134

Les attitudes et les conventions médiévales envers la pauvreté et le travail ne peuvent donner sens à l’étude focale de celles-ci qu’en perspective avec d’autre mode de sollicitude ou de rejet. Le souci en ces deux références : politique d’adresse à quelqu’un et morale de souhait ou d’inquiétude envers quelque chose ou quelqu’un, a pris maint forme au cours des siècles, des régions, des ambiances sociales.

Que le sujet du souci soit : l’affamé, le faible (l’imbellus de Bellum – la guerre - celui qui ne combat pas ne porte pas les armes réservées au bien né, a donné par ailleurs la dénomination pour la femme de- imbellitas sexus – sexe faible, et l’imbécile. Suivez le guide !), le malade, le sans foyer, le sans terre, le prisonnier, l’esclave, le fugitif, l’exilé, l’orphelin, le mendiant, l’infirme, l’anachorète, l’ascète, le soldat, le marchand ambulant – Forain- Foras,hors de – l’enfant trouvé, mais aussi comme le démontre Philippe Ariès, l’enfant et la famille, tous ont d’une manière ou d’une autre changé de statut, notabilité, rôle, fonction au cours de l’histoire.

A chaque époque, le système des attentions, applications, attitudes, conventions, se spécifie vis-à-vis de chacune de ces assignations et forme une constellation paradigmatique.

Chaque nouvelle construction politique, et le savoir en est une - celle de la pensée, a tendance à ne plus voir les précédentes, à les ignorer, ou à les négliger. Ce que, nous l’avons dit précédemment l’historien Marc Renneville évoque par la question de l’indéfini même du proche passé.

Quand l’analyse historico-économique étudie la pauvreté elle a tendance à rapporter celle-ci à sa propre construction et à y porter peu d’attention. Nous pouvons avec Jean Gagnepain parler

134 Guitton J.-P, La société et les pauvres, l’exemple de la généralité à Lyon, 1534-1789, Bibliothèque de la

dans ce cas de visée performantielle anachronique de l’histoire. L’histoire économique tend à se focaliser sur la ration, la moyenne, le médian, la polarisation sur l’usage des ressources – que celles-ci soit énergétiques, pécuniaires, en terme de biens – réduisant la propriété au capital en terme de production et de consommation.

- Le fantôme du féminin dans les mutations sociales : vulnérable et dangereux

La figure féminine, de tout temps, est un modèle d’« être dans le besoin », à l’instar de la vulnérabilité de l’enfant qu’elle porte et soigne.

L’Arché d’« être en besoin », d’« être, à qui il manque quelque chose », se transmet dans des formalisations où l’on ne s’attendrait pas, épistémologiquement, à le voir resurgir. La psychanalyse par exemple qui s’est opposée à la Religion, au positivisme médical, et au scientisme ; oppositions que nous partageons, n’en pas moins érigé le Penisneid - Freudien et l’incomplétude de la femme - Lacanien. Incomplétude en rapport au Phallus bien évidemment, à laquelle les psychanalystes femmes consentent généralement, sans que l’on puisse parler à leur endroit de Syndrome de Stockholm.

Penisneid – envie de pénis, dévolue à la femme, comme si l’homme n’avait pas envie : d’en avoir, une grosse, comme celle du sauvage qu’il suspecte de qualité incongrue, au regard de son statut social ! Incomplétude de la femme, pas de l’homme, non mais !

Jean Gagnepain en énonçant : « l’humain n’existe pas », dans la mesure où l’on ne peut réduire la rationalité diffractée en autant de réalisations que ses facultés (logique, technique, sociologique, axiologique) lui permettent, fait pourtant écho à la désormais célèbre division du Sujet. Concluons ce passage en réitérant, récidiviste que nous sommes, que « si la femme n’est pas toute, l’homme c’est pas le tout ! » comme nous l’avons asserter lors de la présentation préalable.

Ce qu’il est séant convenu d’appeler le Genre féminin, a traversé et traverse toujours la société et ses différentes configurations, comme subalterne au genre masculin.

La production, et son auxiliaire le travail en sa face socialisée, l’emploi, dans notre société industrielle a tracé une frontière, beaucoup plus nette que dans les autres sociétés connues, entre le masculin et le féminin.

La distinction entre tâches féminines et masculines ne date pas de la dernière averse. Toute société assigne des labeurs différents aux hommes et aux femmes. La femme a quasiment toujours et partout, ainsi été différenciée par rapport à l’homme, dans son rôle ancillaire, avant et durant les différentes périodes de l’occidentalisation de la société: la Citoyenneté ;

l’Evangélisation ; l’inscription dans la chrétienté ; les croisades extérieures et intérieures ; l’humanisme ; la colonisation - la mission civilisatrice ; l’humanitaire.

Cependant nous ne trouvons pas, paradoxalement à l’idéal libéral annoncé, de division équivalente à celle observée dans la rétribution du labeur, à celle de la société industrielle. On observe, d’un côté, même si les différences tendent en certains lieux à s’estomper, un travail masculin rétribué, de l’autre un travail féminin fantôme.

L’expression travail fantôme employé par Ivan Illich, signifie l’activité domestique de la femme dans notre actualité du modèle occidental. Dans d’autres sociétés l’activité féminine de et à la maison, participe de la subsistance de la famille sans distinction d’autres tâches comme : le labour, le soin aux animaux domestiques etc. Dans notre société cette activité n’est pas considérée socialement, car non comptabilisable financièrement. « La ménage erre » : dirait le séminariste. Ceci n’empêche pas une activité féminine salariée, souvent moindre et moins rémunérée que la masculine, en dehors du foyer ; mais point de travail masculin fantôme. Il convient de différencier l’activité féminine fantôme du travail au noir et du bricolage, auxquels peut s’adonner le masculin, ces activités étant peu ou prou comptabilisées par les économistes.

Que peu d’historiens, à ma connaissance, mis à part quelques figures comme Paul Veyne – Alain Corbin – Jean Pierre Vernant – Philippe Ariès, n’aient pas étudier la distinction du féminin au regard de la figure de l’étranger, et du péril conçu inhérent à celui-ci pour la société, est à noter.

Comme est à noter l’actuelle stigmatisation de la femme comme victime de violences, particulièrement conjugales, dans le refoulement du danger qu’elle représenta autrefois dans la prostitution (et ses maladies convergentes) et l’adultère. Il est vrai que le fantasme de passivité auquel le féminin fut assigné, au moins depuis l’antiquité, perdure quelques fois avec le consentement du même féminin. (Consentement : au sens sociologique de contractualisation, de participation et contribution à l’acception en vigueur, des statuts et des rôles sociaux ; et non au sens axiologique d’assentiment, d’acceptation). Tout ceci, sous entendu, que la passivité est mère du danger ; que la vulnérabilité, par sa potentialité de mise en péril, engendre la dangerosité.

Permettons nous l’aparté de signifier que l’aphorisme précédent est exact partiellement. Si l’on conçoit comme la pensée chinoise ou grecque ancienne (pré platonicienne) comme Aristote la Péripétia, autrement dit le double réversible, la bipolarité, alors l’adage populaire cité plus avant : « On a les défauts de ses qualités et vice versa » nous incite cliniquement à penser que la même vertu de vulnérabilité permet l’actif comme le passif. Elle permet la

destruction comme la création, même plus dirons nous, l’une ne va pas sans l’autre. Ne se focaliser que sur l’aspect dangereux de la vulnérabilité cache- omet son pendant l’aspect résilient pour parler comme Boris Cyrulnik. Et les rencontres de vulnérabilité psychique, précédemment citées se retrouvent dans la Syncrasie amoureuse comme dans la pathologie ou le crime135. Peut-être pouvons nous faire l’hypothèse que la mise en danger, le vulnérabilis de l’estre en dangier moyen âgeux, est corrélée à la coïncidence partielle et la mise en abyme

évoquées plus avant. Peut on émettre l’hypothèse d’une vulnérabilité psychique syncratique et d’une vulnérabilité mimétique morbide ? Sans doute la clinique nous renseignera à l’avenir sur la validité du postulat.

Rappelons que le moyen âge désignait le vulnus et le traumaticcus à l’inverse de notre acception actuelle qui est plus proche du traumatikon grec136.

135 Tableau n° 5 : Mise en perspective de la dualité de l’analyse proportionnelle. 136 Cf. Ph.Génuit « Traumatikos - Traumaticus- Traumatisme » article à paraître.

B- Du désir de définir l’énigme du féminin. Ou, comment peut-on être