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Cette utopie passe par la mise en place d’institutions qui « capitalisent », en quelque sorte, la possibilité technique, pour chaque récepteur de devenir énonciateur lui-même, à travers les offres de travail contributif (open source), non seulement dans le domaine informatique (licences GNU), mais également dans le domaine encyclopédique : Wikipédia est basé sur ce même principe de licence contributive, donc d’abandon des droits d’auteur avec la simple mention d’un historique des contributeurs.

Quelques domaines de la production de biens matériels soumis habituellement à des brevets ont été investis suivant le même modèle de licence libre de droits : « bière libre » (VoresØl, notre bière en danois, pastiche d’un slogan du brasseur Carlsberg et jeu graphique avec le ‘01’

Cet opus aurait été publié à la demande expresse de Sollers d’après Alain Robbe-Grillet, colloque Roland Barthes, New York University avril 2000, cité dans « Barthes et Sollers », site Fabula, « colloque littéraire en ligne » : http://www.fabula.org/forum/barthes/22.php .

1

« La Télévision peut-elle critiquer la télévision ? » Le Monde Diplomatique avril 1996, réponse de Daniel Schneidermann dans Le Monde Diplomatique mai 1996.

La polémique s’est notamment poursuivie à travers les ouvrages suivants : Pierre Bourdieu : Sur La Télévision, Liber - Raisons d’agir, Paris 1996 ; Jeannine Verès-Ledoux Le Savant et la politique, Grasset, Paris 1998 ; Serge Halimi : Les Nouveaux chiens de garde, Liber - Raisons d’agir, Paris 1998 ; Daniel Schneidermann : Du

journalisme après Bourdieu, Fayard, Paris 1999.

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du mode binaire), sodas, chaussures de sport, objets design1. Ces actions sont mises en place

et revendiquées par des groupes militant pour la légalisation des échanges pair à pair et l’abandon des brevets restrictifs qui ne feraient que garantir l’hégémonie d’oligopoles sectorielles.

La multiplication des blogs vidéo (vlogs) concurrencera-t-elle les chaînes de télévision des groupes de communication internationaux ?

Un article du journal Libération présentait ainsi le credo des « activistes créateurs » des plates-formes de diffusion vidéo libre2 :

La convergence d’Internet, de la télévision et du cinéma bouleverse les habitudes de consommation et efface progressivement la division entre production, consommation et distribution. Toute personne pourvue d’un ordinateur, d’une caméra numérique et d’une bonne connexion peut aujourd’hui très simplement réaliser ses propres vidéos, éditer ses images, les mettre en ligne sur son site web.

Holmes Wilson, de la fondation Participatory Culture de Worecester près de Boston présentait ainsi la finalité du kit du développement d’un pack de télévision Internet accessible à tous, Democracy3 :

La télévision sur le Net sera une énorme opportunité pour démocratiser les médias. Toute personne dotée d’une bonne connexion aura le même pouvoir que celui jalousement gardé par les diffuseurs traditionnels. Actuellement, les médias de masse sont aux mains d’un petit nombre de grosses entreprises ou du gouvernement. C’est particulièrement vrai pour le plus gros, le plus populaire et le plus influent d’entres eux : la télévision. La seule chance de rendre la télévision meilleure, c’est de la faire rivaliser avec les productions des particuliers, en facilitant la distribution et la visualisation des vidéos en ligne.

Le même groupe militant, dans le cadre du collectif Downhill Battle, avait mené une campagne de soutien en faveur du DJ Danger Mouse contre EMI, poursuivi pour avoir mixé un album du rappeur Jay-Z, Black Album, avec le White Album des Beatles. Cette action

1

Par le collectif danois Superflex et l’Université des Hautes Technologies de Copenhague. Voir « La Bière libre » Libération du 20 juillet 2005 ; Marie Lechner « La Bière philosophale » Libération du 23 septembre 2005. http://www.superflex.net http://www.voresoel.dk .

2

« La web télé brise les chaînes » Libération du 17 mars 2006, Marie Lechner, supplément Tentations.

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avait notamment donné lieu à des appels à une forme de désobéissance civile, 170 sites mettant en ligne en téléchargement libre l’album incriminé.

Néanmoins, cette dimension de réappropriation ne relève pas forcément de l’investissement personnel dans un groupe militant ni d’une volonté subversive.

Elle se retrouve dans le principe même des blogs, carnets intimes ou journaux personnels co- construits avec les lecteurs. Emaillés de liens hypertextes vers leurs références ou leurs sources, les blogs marquent ainsi la diffusion d’un mode d’écriture qui était auparavant le seul fait des universitaires. Ce principe est également à la base d’une grande partie des productions multimédias, de la musique électronique (principe du samplage ou du remixage) et des images numériques.

Ces reprises et ces intégrations ne se font pas toujours sans polémiques, la question du respect des droits d’auteur pouvant servir de « censure douce » quand il s’agit de reprendre des propos politiques. Un « remix caustique », par le groupe Polémix, des discours de Nicolas Sarkozy, intitulé Tous les Tizenfants, aurait ainsi été exclu de la compilation CQFD (Ce Qu'il Faut Découvrir) des Inrockuptibles, consacrée à la découverte des « jeunes talents » français, sortie le 28 décembre 20051.

Le développement des « fanfictions » (écrire des histoires en s’inspirant de l’univers diégétique d’une série télévisée, voire en en mélangeant plusieurs), sur Internet2

, procède encore du même phénomène, donnant une visibilité et une forme de reconnaissance à des jeux d’écriture qui restaient auparavant confinés dans la sphère personnelle. Ils ont, en particulier, été étudiés par Henry Jenkins (Comparative Media Center, Massachussets Insitute of Technology), en reprenant le modèle du « braconnage » de Michel de Certeau pour décrire le phénomène et son extension sur Internet3. Les principaux portails des « fanfictions » en France en présentent près de 5000 à la fin de l’année 20054

.

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« Le remix de Sarkozy ne fait rire ni la Sacem ni les «Inrocks» Le titre a été écarté d'une compil de l'hebdo. Censure, selon ses auteurs » Libération du 6 janvier 2006, Marie Lechner.

Tous les Tizenfants de Polemix et la Voix Off disponible sur www.citoyenlambda.net/pol/polemixvoixoff.php.

2

http://www.francofanfic.com et http://anficcafe.ifrance.com.

Voir Bruno Masi « Fans Libérés » dans Libération du 28 octobre 2005.

3

Ouvrage à paraître : Convergence cultures. Voir également : entretien avec Marie Lechner, Libération du 28 octobre 2005 ; Textual Poachers, Television Fans and Participatory Callers, Routledge, New York, 1992.

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Une clef du succès des séries et des émissions de télévision, en particulier celles de télé- réalité, tient justement à une certaine labilité qui en permettra l’appropriation. La socialité des jeux adultes paraît en cela assez peu différente de l’usage de la télévision comme ressource pour la mise en place de jeux de rôle spontanés dans les cours de récréation des écoles. La question, pour les chaînes, est alors de contrôler les éventuelles dérives parodiques qui pourraient glisser vers le dénigrement de marque.

Ces tentatives de contrôle se retrouvent dans l’évolution de la jurisprudence du droit des marques.

L’œuvre ou la marque : une jurisprudence évolutive, une évolution