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3-2 Urbanisation rapide générant une crise du logement dans la décennie des années

Dynamiques démographiques dans le Sud-ouest algérien: un espace qui s’urbanise

I- 3-2 Urbanisation rapide générant une crise du logement dans la décennie des années

Il faut attendre 1987 pour voir le fait urbain s’amplifier suite à la réalisation des programmes lancés dans une politique volontariste des années 1970 concernant l’équipement et le logement « chronologiquement, si les villes des strates supérieurs ( en 1975, les chefs lieux de wilaya) peuvent être considérées comme équipées dés 1975-1978, les villes moyennes n’ont reçu véritablement leurs premiers équipement qu’au début de la décennie 1980 ; quant aux petites villes, elle attendent encore, sauf exception » (Brulé J.C., 2004).

Le secteur du bâtiment et de l’habitat fut pendant cette période la locomotive de développement économique et ce par la mise en place d’un programme dense d’habitat aussi bien individuel par le biais des lotissements que collectif par les biais des Z.H.U.N. en particulier à Bechar. En raison des fortes demandes en logement à Bechar, la ville avait bénéficié dans le premier plan quinquennal d’un quota de 1 500 logements. A ceci s’ajoute une série d’opérations de lotissements prise en charge par la commune dont le nombre a atteint 1 055 lots de terrain jusqu’à 1987.

Les carences de logements observées dans la majorité de ces villes sont dues à l’accroissement de la demande incitée par la présence d’une forte population extérieure (militaire et civile) ainsi qu’à la vétusté de leurs anciens noyaux à savoir les ksour. A ceci s’ajoute des changements d’ordre social ou psychosocial des habitants autochtones qui tendent à les quitter en direction des nouvelles habitations plus confortables (voir chapitre VII).

Ces programmes de logement ont provoqué des extensions rapides des villes d’une manière : linéaire pour Bechar, Aoulef, Reggane et Beni-Ounif, radioconcentrique pour Adrar, Beni- Abbès et Timimoun, et éclatée pour Abadla (voir figures n°12, 14, 16 et 17). La contrainte majeure des ces extensions est liée à l’espace physique. Des oueds traversent quelques villes comme Bechar, Beni-Abbès et Beni Ounif et constituent des enclaves et des ruptures au sein de l’espace urbain. Des dunes (Beni-Abbès) et des Sebkha (Timimoun) sont des barrières incontournables, imposant l’orientation de l’urbanisation. Les palmeraies trop proches et en contact avec l’espace urbain forme une contrainte environnementale majeure. Certaines villes sont confrontées aux problèmes liés au foncier comme Bechar où des terrains attribués aux agriculteurs dans le cadre des mises en valeur agricoles se trouvent actuellement dans le périmètre urbain de la ville. Les terrains habous (bien des institutions religieuses) forme une part non négligeable dans ces espaces.

Le taux d’urbanisation dans le Sud-ouest passe de 39.1% à 48.1% entre 1977 et 1987, mais avec des disparités spatiales. Cette dynamique se caractérise certes par la genèse des petits centres urbains dont l’intervention de l’Etat par le biais du découpage administratif illustre bien cette mutation, mais elle est surtout due au renforcement des chefs-lieux de wilaya (Adar et Bechar) et les autres centres déjà urbanisés. Ainsi, la wilaya de Bechar avec un taux de 75.6% est la plus urbanisée, en particulier dans sa partie nord (Haute-Saoura) où la ville de Bechar ne cesse de s’accroître au détriment des autres petits centres. Contrairement à ce modèle, l’urbanisation dans la wilaya d’Adrar avec un taux de 25.7% semble concerner aussi bien le Touat que le Gourara. La dynamique urbaine dans le Touat est spectaculaire avec un taux d’urbanisation qui passe de 12.3% en 1977 à 30.1% en 1987.

A l’échelle du Sahara algérien, Bechar grimpe au 2ème rang, Adrar au 16ème rang, Timimoun

garde la même place, mais Abadla et Kenadsa ont basculé d’une dizaine de rangs en arrière. Si Bechar franchit le seuil de 100 000 habitants en 1987 avec un taux d’accroissement de plus de 4%, Adrar occupe la deuxième place et passe de 7 000 habitants à plus de 28 000 habitants

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Photo n° 02. Timimoun : richesse patrimoniale d’une ville saharienne

a- Crise de logement et renforcement de programme d’habitat : cas de Bechar et d’Abadla

Devant le développement de la population des villes de Bechar et d’Abadla, une forte pression sur le logement s’est émergée dans ces villes pendant les années 1980. Le malaise de logement est déjà soulevé dans ces deux villes. Ceci se manifeste aussi bien par l’émergence de quelques habitations insalubres dans le cas de Bechar (au bord de l’oued de Bechar) et l’entassement de la population dans le ksar d’Abadla non aménagé pour accueillir un nombre aussi important d’habitants. Après que ce secteur ait été écarté de l’intervention des pouvoirs publics dans les années 1970, la ville de Bechar a proposé la création d’une zone d’habitat urbain nouvelle Z.H.U.N de 1500 logements, qui n’a été réalisée que dans la fin des années 1980 à l’ouest de la ville.

Quant à Abadla, depuis sa promotion en chef-lieu de daïra, elle avait rencontré beaucoup de difficultés face aux besoins de ses habitants aussi bien en équipements qu’en logements. Après l’échec d’intervenir dans la réhabilitation de l’ancien ksar, les autorités locales se sont orientées vers la construction d’une nouvelle ville sur l’ancien site militaire abritant une piste aérienne (voir figure n°14). Bénéficiant d’un programme spécial, d’une enveloppe budgétaire

de 500 logements en 1976, l’étude et la réalisation de ce projet se sont heurtées à de nombreux conflits générés entre le Ministère, la wilaya et la commune (Hamidi A., 2003).

Devant le retard dans la réalisation des équipements comme l’a signalé le même auteur (collège en 1979, lycée en 1989, hôpital en 1987), conjugué à l’insalubrité de l’ancien ksar, beaucoup de familles quittent Abdala pour s’installer dans les villages socialistes construits dans le cadre du périmètre irrigué de la plaine de Guir. Le volume de sa population a ainsi chuté pour passer à 8 200 habitants avec un taux d’accroissement annuel de (-1.5%) entre 1977 et 1987. Le programme a été presque achevé dans les années 1990, avec la réalisation d’une zone d’équipement sur le bord de la route RN6 et une zone d’habitat semi-collectif à l’intérieur. Issus d’un milieu nomade, les habitants s’adaptent mal avec ces nouveaux logements et gardent certaines pratiques rurales. L’élevage est pratiqué en plein milieu urbain et les toitures des logements collectifs sont aménagées en zriba (espace des animaux dans l’habitation traditionnelle) pour accueillir les animaux (voir photo 3).

Photo n°03. La nouvelle Abbadla : pratiques d’élevage et d’engraissage sur les toits de bâtiments

I-3-3 Genèse de nouveaux centres semi-ruraux et problématique d’emploi dans les

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