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1-1 Entre 1966 et 1987 : croissance démographique galopante

Dynamiques démographiques dans le Sud-ouest algérien: un espace qui s’urbanise

I- 1-1 Entre 1966 et 1987 : croissance démographique galopante

La croissance démographique est plus ou moins justifiée politiquement pendant les deux premières décennies de l’indépendance par l’argumentaire qui s’appuie sur la thèse du déficit démographique dû à la forte mortalité observée pendant la colonisation, et que le pays indépendant devait combler. Ceci s’articule aussi bien avec les politiques menées par l’Etat dans le domaine social que par des actions d’intégration politique et économique du Sahara dans l’espace national. L’évolution des prestations sanitaires tant dans les zones urbaines que dans les zones rurales, la construction des routes et la promotion administrative, avaient nettement contribué à l’amélioration des conditions de vie des habitants dans le Sahara. Cette dynamique démographique garde sa cadence entre 1966 et 1987 au moment où l’Etat maintient les mêmes politiques sociales dans la santé, l’enseignement et le logement... Les plans de développement, notamment le plan spécial pour les zones sahariennes en 1966, ont été inscrits dans ce sens d’autant plus que les territoires les plus fragiles avaient été soutenus par l’Etat ; la nécessité de la mise à niveau a été évoquée par la charte nationale de 1979. Par ailleurs, les investissements publics dans les infrastructures, les équipements et le logement se sont multipliés dans les espaces sahariens. En Algérie, le taux de la croissance général de la population avait dépassé la moyenne de 3% entre 1977 et 1987.

Dans le Sud-ouest, une croissance rapide de la population a caractérisé les deux premières décennies au lendemain de l’indépendance avec un taux supérieur à 3% et il a atteint 4.3% entre 1977 et 1987, dépassant ainsi la moyenne nationale. La population dans les deux

wilayas de Bechar et d’Adrar a presque doublé, passant de 264 000 à 403 062 habitants. Cette croissance semble importante dans la wilaya d’Adrar qui enregistre un taux de 4.7% contre 3.9 % pour la wilaya de Bechar ; leur population est passée de 137 500 à 217 702 habitants pour la première, et de 126 500 à 185 360 habitants pour la deuxième (tableau 1).

Dans la wilaya d’Adrar, la dynamique démographique concerne la totalité des territoires, et se concentre plus dans la partie sud à savoir dans le Touat, le Tanezrouft et le Tidikelt. Dans le Tanezrouft le taux est de 10 %, passant ainsi de 3 000 à 8 000 habitants. Dans le Touat, la population est passée de 66 400 à 109 507 habitants soit un taux de 5.1%. Ce taux est de 4.1 % pour le Tidikelt-occidental qui est passé de 17 300 à 25 953 habitants. Enfin, le Gourara enregistre le taux le plus ’’faible’’ de la région avec 3.8% en passant de 17 300 à 50 800 habitants.

Dans la wilaya de Bechar, cette dynamique concerne les deux territoires de la Saoura avec un taux de 4.0 pour la Haute-Saoura qui est passé de 103 200 à 150 994 habitants et un taux de 3.9% pour la Basse-Saoura passant de 23 300 à 34 366 habitants.

Cette cadence concerne aussi bien quelques communes urbaines que les communes rurales les plus reculées. Excepté les communes de la Haute-Saoura, toutes les communes urbaines ont enregistré un accroissement démographique dépassant les 4%. Ceci concerne essentiellement les chefs-lieux de wilaya et quelques chefs-lieux de daïra telles que Beni-Abbès, Timimoun, Reggane et Aoulef. Propulsées par leurs nouveaux rôles administratifs, ces communes constituent le centre de gravité pour la diffusion des services pour les ksour qui les entourent. Elles se sont valorisées de plus en plus, suite à la mise en place des équipements et le développement des activités commerciales.

Paradoxalement, ce sont les communes rurales de moins de 1 000 habitants où la croissance démographique est frappante en se démarquant par des taux d’accroissement annuel extraordinaire durant cette période. Ceci caractérise les petites communes désenclavées par la mise en place de nouvelles liaisons routières et surtout par la promotion administrative mise en œuvre en 1985. Ce taux dépasse 10% dans les communes de la plaine d’Abadla comme Erg-Ferradj ou Machraâ-Houari-Boumedienne. Ces communes avaient constitué le territoire des Doui-Meniaâ dont le processus de fixation avait été entamé par la colonisation et s’est achevé aussitôt après l’indépendance. L’édification d’une série de villages agricoles

socialistes dans la vallée du Guir, s’inscrit dans cette perspective et s’articule sur le projet de mise en valeur du périmètre agricole d’Abadla.

Dans l’extrême sud d’Adrar sur l’axe du Sahel, une croissance démographique accélérée avait caractérisé les communes de Timiaouine et Bordj-Badji-Mokhtar entre 1977 et 1987, soit 13% pour la première et 7% pour la deuxième. Une telle dynamique démographique avait été engendrée par une forte sédentarisation des Touaregs. Originaires des pays voisins sahéliens, une grande partie serait refugiée dans ces communes frontalières, suite à l’instabilité politique dans la région due à la rébellion touareg dans les années 1960 (1963- 1964) d’un côté et à la sécheresse qui avait sévi dans la région entre 1972-1973 d’un autre côté (Bellil R.- Badi D., 1994).

Si les pistes existaient déjà, l’extension du réseau routier secondaire et son réaménagement, le goudronnage des routes nationales notamment la RN6 et la RN52 aurait certainement contribué à cette dynamique démographique. En effet, les communes situées sur les grands axes routiers avaient enregistré des taux d’accroissement de la population dépassant 3% entre 1966 et 1987, à savoir l’axe Adrar-Reggane dans le Touat (Zaouiet-Kounta, Tamest …) ou l’axe Adrar-Timimoun (Sbaâ et Aougrout), ou même dans le Tidikelt-occidental (Timokten). Dans le nord de la région, les petites communes rurales ksouriennes situées au nord de la ville de Bechar connaissent une croissance démographique de plus de 6% pour les communes de Boukais et de Mogheul et plus de 10% pour Lahmar chef-lieu de daïra. Bien plus, les communes situées sur la frange de l’Erg Occidental que ce soit dans le nord du Gourara ou au sud de la Saoura se démarquent nettement par des taux d’accroissement démographiques supérieurs à 5% comme à Talmine et Ksar-Kaddour dans le Gourara ou à Ksabi, Tamtert et Beni-Ikhlef dans la Basse-Saoura.

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