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2-2 Qualification des ksour : émergence de nouvelles agglomérations dans le Sud-ouest

Dynamiques démographiques dans le Sud-ouest algérien: un espace qui s’urbanise

I- 2-2 Qualification des ksour : émergence de nouvelles agglomérations dans le Sud-ouest

Dans le Sud-ouest algérien, on assiste à une densification et une multiplication sans précédentes des agglomérations, s’articulant autour des foyers à ancien peuplement (ksour) qui datent depuis plusieurs siècles dans la vallée de la Saoura, le Gourara, le Touat et le Tidikelt. Si le réseau d’agglomérations dans le Sud-ouest algérien était peu développé et peu dense durant la colonisation, c’est parce que celle-ci tournait son dos à cet espace et se contentait de structurer ce réseau autour de quelques ksour « village ». Après l’indépendance, la situation a changé puisque l’Etat algérien a restructuré cet espace dans une perspective d’intégration politique, combinée à une vision d’aménagement du territoire, tout en s’appuyant sur les réseaux territoriaux des services publics et les infrastructures de transports. C’est ainsi, que le nombre d’agglomérations a considérablement évolué durant les trois décennies de l’indépendance pour se stabiliser dans les deux dernières décennies, constat que nous démontrons ci-dessous en se référant aux résultats des différents RGPH.

Conséquemment, la population agglomérée dans le Sud-ouest algérien avait connu une évolution spectaculaire au lendemain de l’indépendance avec des taux d’accroissement supérieurs à 5% en moyenne, dus à la formation de nouvelles agglomérations, suite au développement rapide de plusieurs ksour. Quant à la cadence de la croissance démographique

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d’infrastructure et de jonction aux différents réseaux à partir des années 1970. Ces investissements avaient concerné une bonne partie de l’espace rural dans un but de fixation de population sur place. Ces actions ont pu atteindre leurs objectifs car elles ont permis à certaines petites localités à continuer d’exister où encore à se développer sur la base d’un réseau de ksour déjà existants. A ceci s’ajoute, la création des villages socialistes agricoles, initiée par la politique de la révolution agricole en 1971 où six villages ont été prévus dans la plaine d’Abdala, un dans le Touat et un dans le Gourara. L’édification de ces nouveaux villages a aussi contribué à l’évolution de ce réseau d’agglomérations et a accéléré le processus de sédentarisation des derniers nomades après l’indépendance. Ceci a permis l’émergence de certaines nouvelles agglomérations notamment dans la plaine de l’Oued Guir avec les VSA d’Erg-Ferradj et de Mechraâ-Houari-Boumedienne et celle de M’Guiden au Gourara et de Sbaâ au Touat.

Ainsi, le nombre d’agglomérations a évolué d’une manière considérable entre 1954 et 1987, passant de 21 à 221 agglomérations. Une période qui a connu la mise en œuvre de trois découpages administratifs (1963, 1975, 1985) affectant le fonctionnement de l’espace et encadré par une forte intervention de l’Etat. Ainsi, plusieurs petits ksour sont qualifiés pour la première fois sur le plan quantitatif et spatial en agglomération suite à une dynamique démographique sans précédente.

Leur nombre est passé de 96 à 160 entre 1966 et 1977 avec une évolution remarquable des petites agglomérations dans le Touat et le Tidikelt-occidental. Bien plus, une grande partie de ces localités représentent les foyers à ancien peuplement (ksour) qui ont connu une croissance spectaculaire de leur population suite à une forte natalité. Une croissance qui touche surtout les agglomérations secondaires dans toutes les communes de Touat (Sali 11,9 %, Adrar 12%), le Gourara (Tinerkouk 10%) et moins pour la Basse-Saoura (9,7% à Ouled-Khoudir et 7,3% à Igli). Quant aux chefs-lieux de commune, cette croissance reste fluctuante et moins prononcée exceptée quelques communes comme celles de Tinerkouk (9,3%), d’Ouled-Saïd et de Timimoun (4%) dans le Gourara ou d’Adrar et de Reggane (4%) dans le Touat ; par ailleurs, dans les territoires de la Haute et la Basse-Saoura où le nombre des agglomérations secondaires ou ksour est limité, la croissance démographique se concentre dans les agglomérations chefs-lieux et concerne en particulier les communes comme à Abadla (6,8%), Tabelbala (6,2%) et Ouled-Khoudir (4,1%) ; cependant, la fusion de certains ksour voisins

forme une autre figure de cet accroissement comme à Aoulef dans le Tidikelt, dont l’A.C.L. affiche un taux de 22.9%.

Si l’apport du découpage de 1975 est faible puisqu’il n’y a pas eu une grande promotion administrative dans notre espace, celui de 1985 va favoriser le reclassement de certaines agglomérations suite à un maillage plus serré de l’espace. Ainsi, le nombre d’agglomérations dans le Sud-ouest passe de 160 en 1977 à 221 agglomérations en 1987, où l’évolution est remarquable dans le Touat (23 nouvelles agglomérations) et le Gourara (18 nouvelles agglomérations), moins dans le Tidikelt-occidental (10 nouvelles agglomérations) et dans la Haute et la Basse-Saoura (05 nouvelles agglomérations pour chaque territoire). Cette évolution s’accompagne par une croissance de la population dans les agglomérations de moins de 2 000 habitants, une strate qui représente le tiers de l’ensemble des agglomérations. Durant cette période (1977/1987), il s’agit principalement d’un renforcement de poids démographique de toutes les agglomérations secondaires déjà existantes et l’émergence d’autres comme celle de Zaouiet-Kounta qui est marquée par le classement de neuf nouvelles agglomérations avec des taux d’accroissement supérieurs à 10%. Ceci concerne aussi les A.S. des communes de Timimoun (10%) et d’Ouled-Saïd (12,9%) dans le Gourara, d’Akabli dans le Tidikelt-occidental. Ce phénomène est moins propagé dans la Haute et la Basse-Saoura, pour ne toucher que quelques communes telles que Tabelbala (12,6%) et El-Ouata (4,2%). Quant aux chefs-lieux de commune, leur croissance démographique est marquante dans la majorité des communes du Touat où les taux d’accroissement sont spectaculaires comme à Adrar (13,5%), à Tinoulef (12% : chef-lieu de Reggane), à Bouda 10,6%, à In-Zghmir 8.3%. Dans les autres territoires, ce taux est moins important et ne concerne que quelques communes dans le Gourara (13,9% à Charouine et 12.7% à Tiberghamine, chef-lieu Aougrout, entrainé par la fusion entre ce ksar et les ksour d’El-Hadj et de Benaïd). Développé autour d’un poste militaire, l’A.C.L. de Bordj-Badji-Mokhtar affiche un taux de plus 10%, dû à la sédentarisation d’une population Touareg dans le Tinerzouf. Dans le Tidikelt-occidental, l’A.C.L. de Timokten se démarque avec un taux de (8.4%). Enfin, la vitesse d’accroissement démographique des A.C .L. dans la Basse-Saoura est limitée, et se distingue par un taux de 7,3% pour Tablebala et par plus de 5% pour Igli et Beni-Abbès qui ont connu une forte dynamique.

b- Stabilisation du nombre d’agglomérations entre 1987 et 2008

En 1998, le réseau d’agglomérations est caractérisé, par la dominance de la strate des agglomérations de moins de 5 000 habitants, regroupant plus de 84% de l’ensemble des agglomérations dont plus de la moitié ne dépassent pas 1 000 habitants. Ces agglomérations sont classées en majorité rurales et assurent des services primaires aux citoyens (scolarisation, infirmerie…). C’est ainsi que le nombre des agglomérations en 1998 avait connu une stagnation pour ne pas dire un recul (de trois agglomérations) par rapport au nombre enregistré en 1987. Si le réseau ne s’est pas élargi durant cette étape pour englober de nouvelles agglomérations, c’est parce que l’évolution des agglomérations s’est caractérisée par la croissance des centres déjà existants d’un côté et par la fusion de plusieurs agglomérations d’un autre côté.

Entre 1987 et 1998, le taux d’accroissement de la population agglomérée avait tendance à baisser dans une trajectoire Sud-Nord, marquant les A.C.L. des communes du Sahara méridional à savoir de Tanezrouft avec un taux d’accroissement annuel de 8.4% et de Bordj- Badji-Mokhtar (9000 habitants) avec 9.9%. Dans le Sahara central, les A.C.L. des communes du Gourara, du Touat et du Tidikelt-occidental ont connu des taux qui varient entre 3.5 et 4.6%. Cette cadence est soutenue par un processus de fusion des ksour voisins comme pour les A.C.L. des communes de Zaouiet-Kounta (20%), d’In-Zghmir (7.5%) et de Sbaâ (5.1%) dans le Touat ou de Tinerkouk (25.5%), de Ksar-Kaddour (22%) et d’Ouled-Saïd (13.6%) dans le Gourara. Dans la partie septentrionale, l’accroissement démographique est faible dans les A.C.L., à l’exclusion des agglomérations qui se caractérisent par une fusion des ksour voisins comme Taghit, Lahmar et Ouled-Khoudir, affichant des taux d’accroissement autour de 4% chacune. Quant aux A.S., leur croissance recule au dessous de 3% dans la majorité des communes, à l’exception des agglomérations situées dans le Gourara à savoir Talmine (9,8%) ou encore moins Ksar-Kaddour et Aougrout, dont les taux sont supérieurs à 4%.

Enfin, entre 1998 et 2008 le ralentissement de la croissance de la population agglomérée est bien marqué. En effet, la majorité des agglomérations ont atteint leur seuil de saturation d’un coté et le processus de conurbation des ksour voisins est presque achevé dans la majorité des localités d’un autre côté. Ceci dit, les effets induits par la promotion administrative de 1985 se sont dilués dans le temps. Ainsi, le rythme de la croissance de la population est au-dessous de 3% dans la majorité des agglomérations chefs-lieux de communes situées dans la partie

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0 150 300 Kilomètres 0 150 300 Kilomètres Entre 1998 et 2008 Entre 1987 et 1998 0 150 300 Kilomètres Entre 1987 et 2008 Source: - ONS, 2002. - RGPH, 2008.

Taux d'accroissement anuel (%

Plus de 8% 4 - 8 2 - 4 0 - 2 -3 - 0

Taux d'accroissement anuel (¨%)

Plus de 8 4 - 8 2 - 4 0 - 2 -10 - 0

Taux d'accroissement anuel (%)

Plus de 8 4 - 8 2 - 4 0 - 2

A retenir :

 Concentration de la population dans les agglomérations chefs-lieux de commune dans la Haute-Saoura, le Tanezrouft, le Tidikelt-ouest et les communes récemment urbanisées ;

 Les communes à ancien peuplement (Gourara et le Touat et la Basse-Saoura) se caractérisent par une concentration de la population dans les agglomérations secondaires ;

 Les communes de l’Erg Occidental se caractérisent par un peuplement dans la zone éparse ;

 Multiplication du nombre d’agglomérations entre 1966 et 1987, accentuée par des choix politiques ;

 1966-1977 : accroissement démographique important des agglomérations secondaires des communes à ancien peuplement (Touat, Gourara et la Basse-Saoura) ;

 1977-1987 : accroissement démographique de tous les chefs-lieux de commune, à l’exception de celle du Gourara où il est en faveur des agglomérations secondaires ;

 à partir de 1987 :

 Stabilisation du nombre d’agglomérations;

 Recul de l’accroissement démographique des agglomérations secondaires et une évolution des agglomérations chefs-lieux de commune situés au sud.

 Fusions des ksour dues à leur croissance spatiale, constituant ainsi des petites agglomérations.

I-3 Genèse des nouveaux centres urbains : une urbanisation soutenue par un

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