• Aucun résultat trouvé

2-1 Vers une concentration de la population dans les agglomérations chefs-lieu

Dynamiques démographiques dans le Sud-ouest algérien: un espace qui s’urbanise

I- 2-1 Vers une concentration de la population dans les agglomérations chefs-lieu

La population agglomérée représente dans le Sud-ouest plus de 90% de l’ensemble de la population. Ce mode de peuplement est plus accentué au nord de la région (la Haute-Saoura) et à l’extrême Sud (Tanezrouft) dans la wilaya d’Adrar. Par ailleurs, les territoires des oasis à ancien peuplement à savoir le Touat, le Gourara et la Basse-Saoura, se caractérisent par un peuplement qui se concentre dans les agglomérations secondaires et les zones éparses notamment dans les ksour.

a- Population concentrée dans les agglomérations chefs-lieux de commune urbaine

D’une décennie à une autre, la part de la population dans les agglomérations chefs-lieux (A.C.L.), prend de l’ampleur dans la structuration de cet espace depuis la promotion administrative de 1985, concernant une série de localités dans le Sud-ouest algérien. Ceci a entraîné la concentration de la population dans les agglomérations chefs-lieux qui est passée de 59.5% en 1987 à 65.3% en 2008. Cette concentration est plutôt bien observée dans la wilaya de Bechar, et moins dans la wilaya d’Adrar où le mode de peuplement est en faveur des agglomérations secondaires (tableau 2).

Dans la wilaya de Bechar où les Ksour sont moins denses (129), la population agglomérée tend à se concentrer dans les A.C.L. et particulièrement dans les communes environnantes de Bechar. Ceci représente un taux supérieur à 86%, mises à part quelques communes de la Basse-Saoura où la situation est similaire à celle des territoires d’Adrar. Connue par la richesse de ses parcours, la Haute-Saoura était convoitée par plusieurs tribus nomades arabes ___________________________

(2) Il faut être prudent par rapport au concept d’agglomération. En se référant à l’ONS, la notion de la densité des constructions est primordiale pour définir une agglomération. Ainsi, y est qualifié tout rassemblement humain de plus de 100 constructions dont la contiguïté est au-dessous de 200 m. Désormais les ksour adéquats avec ces normes sont classés agglomérations : chefs-lieux pour les agglomérations concentrant une fonction administrative ou agglomération secondaire, si non en zone éparse.

qui se disputaient son contrôle pendant plusieurs siècles, et parcouraient des vallées des oueds Guir et Zousfana. Ces tribus se sont sédentarisées définitivement à partir de la période coloniale dans plusieurs agglomérations chefs-lieux comme à Abadla, Beni-Ounif et Bechar.

Dans la majorité des communes de la Haute-Saoura, le taux de regroupement de la population dans les A.C.L. dépasse 90%, à l’exception de Taghit, d’Erg-Ferradj et de Mechraâ-Houari- Boumedienne, où la part des A.C.L. représente moins de 50% de l’ensemble de la population. Inversement, ce processus est moins visible dans la Basse-Saoura, car les agglomérations secondaires sont relativement nombreuses dans ce territoire. Cependant, les communes où la fixation des nomades était importante affichent des taux de concentration dans les A.C.L. de supérieurs à 80%. Quelques familles Reguibat se sont fixées à Tabelbala, et quelques familles Chaânba se sont sédentarisées à Beni-Abbès (9 965 habitants) et Igli (5 405 habitants).

Tableau n°2 Mode de peuplement dans le Sud-ouest algérien selon le taux de concentration de la population

Taux de concentration en A.C.L. (%)

Sous ensemble 1987 1998 2008 Haute-Saoura 91,3 94,3 95,4 Basse-Saoura 41% 47,8 48,9 W. de Bechar 82,4 86,0 87,5 Touat 39,4 45,1 50,3 Gourara 30,8 35,9 38,2 Tidikelt-occidental 56,3 55,6 57,9 Tanezrouft 68 100 100 W. d’Adrar 39,57 45,85 50,24 Source : (ONS, RGPH, 1987, 1998, 2008)

Cependant, la part de la population dans les A.C .L., arrive à peine à dépasser les 50% en 2008 dans la wilaya d’Adrar, notamment dans le Gourara et le Touat où le peuplement se concentre dans des ksour constituant des agglomérations secondaires. Par ailleurs, ce mode de peuplement est bien répandu dans le Tanezrouft où la vie est plus contraignante avec la stérilité du sol et la rareté des eaux superficielles. Conséquemment, le peuplement est

Badji-Mokhtar. Ceci est aussi le résultat de la migration des Touareg sahéliens au nord de la frontière algérienne où ils se sont installés en grande partie dans les agglomérations de Bordj- Badji-Mokhtar et Timaouine, promues en chefs-lieux de commune en 1985. Dans le Tidikelt- occidental, la population est majoritairement concentrée dans les A.C.L., notamment à Tit et à Aoulef. Ceci s’explique aussi bien par la fusion des ksour rapprochés que par les conditions naturelles qui sont plus contraignantes dans ce territoire.

b- Communes ksouriennes : concentration de la population dans les agglomérations secondaires

Dans les autres régions où la sédentarisation est plus ancienne, le poids démographique est plutôt en faveur des agglomérations secondaires (A.S.) développées sur la base des anciens noyaux de peuplement situés dans des oasis. Dans les communes à ancien peuplement à savoir le Touat, le Gourara et la Basse-Saoura, la population se concentre plutôt dans les agglomérations secondaires. Ceci dit, le taux de concentration de la population dans les A.C.L. varie entre 39% et 50%, un fait qui s’explique par la présence d’une série de ksour assez dense et bien répartie dans ces territoires. Dans la Bassa-Saoura, ces agglomérations sont importantes à Ouled-Khoudir, Kerzaz, Timoudi et Ksabi avec plus de 80% de la population, en plus d’El Ouata avec plus 60%. Dans le Touat, le mode de peuplement suit la même structure notamment dans les communes situées sur l’axe Adrar-Reggane telles que Fenoughil, Zaouiet-Kounta et Tasbit, In-Zghmir ou telle que Bouda au nord. Dans le Gourara, cette répartition concerne les communes de Metarfa et Deldoul au sud. Dans le Tidikelt on observe la même situation à Timokten et Akabli où le peuplement est au profit des A.S. avec un taux de concentration dans les A.C.L. ne dépassant pas 5% pour la première et 42% pour la deuxième. L’existence d’une nappe peu profonde a encouragé le maintien de la vie dans cet espace grâce à un système de foggara.

L’émergence de certaines agglomérations secondaires après l’indépendance dans la Haute- Saoura et principalement dans les communes d’Erg-Ferradj et Machraâ-Houari-Boumedienne semble être propulsée par un processus de sédentarisation de nomade de la tribu Doui- Meniaâ, suite à l’édification d’une série d’agglomérations secondaires de type V.S.A. (village agricole socialiste). Ceci s’inscrit d’une part dans le projet du périmètre agricole de la plaine d’Abadla et d’autre part, il est le résultat de la sédentarisation de ces nomades dans les ksour de l’oasis de Taghit où beaucoup de familles possèdent des terres agricoles.

c- Communes de l’Erg : peuplement dispersé

La population éparse est représentée par les petits ksour qui ne répondent pas aux normes de classification des agglomérations établies par l’ONS, soit 100 constructions. Ceci concerne les communes les plus excentrées et les moins accessibles, situées sur l’Erg occidental entre la zone de contact de la Basse-Saoura et du Gourara. Il s’agit de communes de Tamtert et de Ksabi dans la Basse-Saoura (plus de 60% de la population est dispersée) et les communes de Ksar-Kaddour (50%). Bien que la part de ce mode de peuplement est moins importante (30%) dans les communes de Charouine, Ouled-Saïd, Oueld-Aissa et Talmine, mais elles méritent d’être soulignées. Dans ces communes, les eaux ne sont pas si profondes et nécessitent moins de travail pour leur transfert. C’est ainsi que les petits ksour et des jardins sont constitués de familles, dispersés dans la frange de l’Erg Occidental. Bien plus, cet espace a été longtemps parcouru par les nomades Chaânba et les Zoua des Ouled-Sidi-Cheikh, où une grande partie s’est fixée depuis la colonisation suite à l’interdiction du nomadisme dans l’Erg.

Documents relatifs