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Section I. Diversité terminologique du rebut

Section 2 : Analyser la prévention des déchets chez les acteurs du réemploi Notre recherche s’inscrit principalement dans un terrain parisien que nous avons mis

I.3.1. Une fragmentation de l’offre de réemploi à décrypter

Nous avons réalisé un recensement de l’ensemble des structures de réemploi dans les deux agglomérations pour ensuite sélectionner les établissements dans lesquels il était intéressant de faire des entretiens. Pour cela, nous avons d’abord déterminé les caractéristiques des structures qui devaient être intégrées à notre recensement. L’annuaire du réemploi43 mis en place à l’initiative du Syctom, de la Chambre Régionale et de l’Artisanat d’Île-de-France et du Conseil Régional permet à n’importe quel professionnel proposant de : « réparer, louer/emprunter, donner, échanger/partager, acheter/vendre, de s’inscrire ». Le visiteur peut ainsi trouver une multitude d’adresses et d’artisans très spécialisés (réparation de bijoux, d’instruments de musique, de tableaux, de meubles, de produits électroniques…), des associations et des établissements publics de prêt comme des bibliothèques. Certains de ces acteurs inscrits sur le répertoire proposent des services de réparation sans que ce soit leur activité principale. Ils utilisent l’annuaire pour se faire connaître, mais n’entrent pas dans les catégories du Panorama de la Deuxième Vie des objets de l’ADEME (2017). Dans le même esprit, les Amis de la Terre proposent également un annuaire44 regroupant des acteurs du réemploi très diversifiés. Ces annuaires géolocalisés ont pour objectif de faire connaître les solutions locales pour éviter de jeter ou de consommer des produits neufs. Ce foisonnement d’offres rend toutefois difficilement identifiables les acteurs qui sont réellement spécialisés

43 www.recup-id.fr, consulté en 2016. Le site est fermé et n’est plus consultable en 2019. 44 http://www.produitspourlavie.org, consulté le 23/09/2019.

dans la prévention des déchets. Nous avons donc choisi de nous référer au Panorama de la

Deuxième vie des objets de l’ADEME (2017) dont le premier rapport a été édité en 2010 et le

dernier actualisé en 2017. Les acteurs du réemploi et de la réutilisation sont (selon ADEME et al. 2017) :

- Les acteurs de l’Économie sociale et solidaire et les associations caritatives ; - Les dépôts-ventes, revendeurs et brocanteurs ;

- Les sites internet ;

- Les intermédiaires et reconditionneurs ;

- Les manifestations de type vide-greniers et bourses aux objets.

Parmi ces acteurs, nous avons exclu les reconditionneurs et réparateurs qui remettent en état et revendent à une autre personne les biens d’occasion. Cette catégorie n’existait pas dans les rapports antérieurs sur lesquels nous nous sommes basée (2010, 2012 et 2014). Elle en recoupe d’autres puisqu’au sein de notre échantillon, certains acteurs comme les structures d’insertion et les recycleries font également de la réparation et du reconditionnement. Nous avons également exclu les sites internet de mise en relation entre particuliers car le secteur compte aujourd’hui de nombreux acteurs aux logiques commerciales et objectifs de développement très différents des acteurs de l’ESS45. Sur internet, ces espaces d’échanges ne participent pas à créer des lieux de réemploi en ville, qui sont notre objet d’étude. De plus, les échanges entre les particuliers présentent a priori peu de caractère collectif.

Par ailleurs, d’autres acteurs de l’annuaire participent indirectement au réemploi des objets, par le biais de la sensibilisation au public (association de sensibilisation sans revente), de l’éco-conception (chez les fabricants) ou par leur activité (loueurs). N’étant pas des structures qui remettent directement en circulation des biens, nous ne les étudions pas directement, mais ces acteurs sont présents dans les discours de nos enquêtés et sont souvent en relation avec eux. Les évènements ponctuels (vide-greniers, brocantes de rue…) participent au réemploi et à la réutilisation des objets depuis des siècles. Cependant, ces espaces éphémères peuvent attirer une clientèle occasionnelle et ne sont pas contraints par un prix du foncier très élevé. Nous y ferons référence ponctuellement, notamment parce qu’ils sont présents dans les discours de nos enquêtés. Leur démarche et fonctionnement seront introduits

45 Un entretien réalisé avec un créateur d’une application mobile de mise en relation entre donneur et récupérateur d’objets, nous a permis de constater qu’il y a peu de relation avec des structures associatives.

en comparaison par le biais de travaux académiques (Roux 2005; Crewe et Gregson 2003; Corbillé 2013; Debary 2007; Ortar 2017; Dehling 2015).

Nous retenons donc principalement dans notre échantillon, les acteurs de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et associations caritatives. Au début de notre étude, nous avons également exploré l’activité des brocanteurs. Ce sont des revendeurs qui rachètent ou sont rémunérés par la reprise des biens. Ils assurent ensuite la revente de l’objet en réalisant une plus-value. Nous avons choisi de les étudier dans un premier terrain parce qu’ils se fournissent en partie auprès des autres structures de réemploi, des vide-greniers, ou directement chez des particuliers. Nous distinguons les brocanteurs des antiquaires, dont la qualité des objets revendus et les prix sont nettement plus élevés. Même si la distinction est parfois difficile entre les deux professions, nous nous attachons principalement aux caractéristiques des objets revendus pour les différencier, les antiquités étant généralement des pièces rares et anciennes. Il existe également des revendeurs/dépôts-ventes. La personne qui dépose l’objet n’obtient sa rémunération qu’au moment où celui-ci est revendu. Les dépôts-ventes sont en perte de vitesse (ADEME et al. 2017), et combinent de plus en plus leur activité avec celle des revendeurs (notamment en tant que brocanteur ou fripier). Dans une première étape de recherche exploratoire, nous faisons l’hypothèse que les brocanteurs participent également à la deuxième vie des objets. Nous avons ainsi sélectionné quelques brocanteurs pour les inclure dans notre échantillon. Nous estimons que la place des acteurs du réemploi solidaire doit être analysée par rapport à d’autres professionnels de l’occasion (par exemple les brocanteurs) avec lesquels ils peuvent créer des relations de proximité lorsqu’ils se situent sur le même territoire.