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Section I. Diversité terminologique du rebut

Section 2 : Analyser la prévention des déchets chez les acteurs du réemploi Notre recherche s’inscrit principalement dans un terrain parisien que nous avons mis

I.3.2. Une analyse centrée sur les acteurs associatifs

À la différence des entrepreneurs privés appelés acteurs de l’occasion (brocanteurs, dépôts-ventes …), les acteurs à vocation sociale inscrits dans l’ESS sont souvent en relation avec les pouvoirs publics qui participent en partie aux financements de certaines de leurs missions ou activités. Ainsi, nous nous focaliserons au fil de notre enquête sur les acteurs associatifs et les institutions publiques (établissements publics, collectivités territoriales) qui sont engagés dans des missions de sensibilisation à la prévention des déchets, notamment par le biais de programmes de prévention.

Les réseaux de l’Économie sociale et solidaire et de la deuxième vie des produits (Emmaüs, Envie, le Réseau des Ressourceries) captent des flux de biens réemployables chez les particuliers et professionnels principalement via le don et les revendent dans des points de vente. Certains de ces acteurs, comme Envie, captent également des flux issus d’éco- organismes à la suite d’un accord leur permettant de récupérer les biens provenant des services après-vente. Le modèle économique et la forme de la structure (chantier d’insertion, association) sont variables.

Nous appelons œuvres caritatives, des associations à but non lucratif qui utilisent le réemploi et la réutilisation comme moyen d’aider les plus démunis à accéder aux biens de consommation. Elles financent aussi d’autres activités sociales (formations, cours d’alphabétisation, aide alimentaire…) (ADEME et al. 2017). Nous les avons principalement étudiées à New York (Goodwill, Salvation Army, Housing Works), mais elles existent également en France (la Croix-Rouge française, l’Armée du Salut, le Secours catholique, Le Secours populaire, Oxfam France). Parmi les acteurs du réemploi, il existe également des acteurs de l’insertion par l’activité économique (IAE) que nous étudierons au sein des réseaux Emmaüs et des recycleries46.

Les politiques publiques de réemploi de la Région Île-de-France, des intercommunalités et de la Ville de Paris s’intéressent particulièrement aux réseaux spécialisés de réemploi pour développer la politique de prévention des déchets. Des projets issus des structures du Réseau de ressourceries et d’Emmaüs sont régulièrement soutenus par les municipalités47. Nous avons choisi de nous concentrer principalement sur ces deux réseaux. Le groupe Emmaüs est un acteur historique du réemploi, très connu du grand public à l’échelle nationale. Le réseau des ressourceries est une association plus récente, créée en 2000 et qui regroupe en 2017 cent cinquante adhérents en France. Depuis 2014, à l’échelle de l’Île-de-France, le Réseau Francilien du Réemploi (REFER) fédère les ressourceries et recycleries spécialisées d’Île-de-France. Il regroupe les structures de réemploi de la région pour mettre en commun les savoir-faire et connaissances, accompagner la création de nouvelles structures et suivre l’élaboration des politiques publiques. Depuis janvier 2017, il travaille à la structuration d’un plan national pour développer le réemploi solidaire sur les

46 Il existe également des entreprises adaptées et établissements et services d’aide par le travail que nous n’avons pas étudié ici faute d’avoir pu les contacter.

territoires48. Nous nous sommes ainsi appuyée sur ces trois réseaux (Emmaüs, le Réseau des Ressourceries et le REFER) et sur la liste de leurs adhérents pour identifier les structures à contacter.

À New York, nous nous sommes concentrée principalement sur les œuvres caritatives et les structures de réemploi spécialisées. En amont du terrain, nous avions identifié une liste d’acteurs participant au programme Reuse NYC. Ce dernier est issu d’un partenariat entre la ville de New York et une équipe d’universitaires49. Différents outils ont ainsi été mis en place, permettant à la fois le développement des pratiques de réemploi et la production de données exploitables par des chercheurs. En 2004, le DSNY toujours en partenariat avec l’Université de New York lance le New York City Center for Materials Reuse (CMR) un « think-tank » de chercheurs et de praticiens pour évaluer l’impact du réemploi50. En 2006, le NYC WasteMatch (NYCWM), initié en 1997 par le DSNY, devient un outil de réemploi en ligne (NYC CMR). Le site internet se développe et fonctionne comme une place de marché en ligne facilitant le lien entre les donneurs et les utilisateurs. Le site est destiné à toutes les entreprises, les organisations à but non lucratif, les écoles de New York, à condition de s’inscrire gratuitement en ligne et de créer un profil. Les membres peuvent publier des dons, vendre à prix réduit, ou poster une annonce précisant ce qu’ils recherchent. Parallèlement, en 2007, le DSNY crée le NYC Stuff Exchange, un site internet à destination des New-Yorkais qui recense les adresses des lieux de réemploi en ville. Le programme ReuseNYC vient compléter ces dispositifs. C’est un réseau de réemploi, uniquement constitué d’organisations à but non lucratif qui s’engagent à participer au NYC Materials Exchange Development Program par la mise à disposition de données sur leurs activités à destination du NYC CMR. Le réseau regroupe trente-huit structures en 2015, chacune disposant d’au moins un espace de collecte/vente à New York. Le site internet de ReuseNYC et la liste de ses membres nous ont permis de préparer notre terrain à New York en listant l’ensemble des structures à contacter.

48 Site internet du REFER : http://www.reemploi-idf.org, consulté le 02/05/2018.

49 Depuis 1995, le Department of Sanitation (DSNY) de New York s’intéresse aux bénéfices du réemploi à l’échelle locale, en publiant une première étude sur le réemploi en ville. En 1997, le DSNY crée un partenariat avec le Grove School of Engineering of the City College de l’Université de New York (CUNY) par le biais du

NYC Materials Exchange Development Program, un programme de promotion du secteur du réemploi et

également de mettre en place des évaluations de performance du secteur grâce à la mobilisation des chercheurs. 50 « NYCWM continue son fonctionnement ininterrompu depuis les bureaux du département de génie civil à la Grove School of Engineering du City College de la City University de New York en tant que programme du New York City Center for Materials Reuse (NYC CMR) (www. nyccmr.org) créé en 2004 par le Département de l'assainissement de New York. » (Fortuna et Diyamandoglu 2015, p. 123).

En 2016, ces structures (NYC Stuff Exchange, NYC WasteMatch et ReuseNYC) ont été refondées ensemble autour de DonateNYC, géré par le DSNY51. C’est un service de recherche en ligne et sur téléphone mobile destiné aux particuliers, qui propose une liste des structures de réemploi existantes à proximité de chez eux. En 2018, DonateNYC recense soixante- quatorze structures de réemploi. À New York, trois réseaux caritatifs, Goodwill Industries,

Housing Work et Salvation Army, réunissent une grande partie des points de vente, mais des

acteurs extérieurs à ce réseau se développent également.

51 Le site internet du DonateNYC se divise en deux sous-parties. DonateNYC Directory reprend le modèle du NYC Stuff Exchange et répertorie l’ensemble des structures de réemploi à New York, aussi bien des structures à

but non lucratif que des entreprises spécialisées détenant une licence spéciale (Secondhand Dealer License), par exemple les brocanteurs.

Conclusion chapitre I : Pour une analyse des acteurs associatifs du réemploi