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Un terrain commercial avantageux malgré des complications

Une population caractéristique qui se destine au commerce

5.3 Un terrain commercial avantageux malgré des complications

s’intéressent peu aux conditions sociales. Pour eux, c’est principalement un choix rationnel économique.

Cela peut également être expliqué par la correspondance entre les caractéristiques de l’économie de Yiwu et celles de la population étrangère venant à Yiwu. Venant de pays en voie de développement, dont beaucoup le sont moins que la Chine, ils ont rarement besoin des produits de haute technologie ou de haute qualité car ils ont un prix élevé. En revanche, ce que proposent les marchés de Yiwu, ce sont des produits d’une qualité suffisante avec un prix bien plus réduit. Les commerçants qui font du commerce à Yiwu trouvent facilement une clientèle dans leur région natale.

Ainsi, malgré la différence initiale dans la motivation de la population étrangère présente à Yiwu, leur choix est bien un choix calculé et réaliste. De plus, l’attractivité économique est le motif principal de l’arrivée des étrangers. Dans les discours de cette population commerçante et mobile, on observe une recherche fortement motivée par l’intérêt financier. Ils sentent une opportunité commerciale et décident de s’y déplacer.

5.3 Un terrain commercial avantageux malgré des complications

Nous avons vu, dans le premier chapitre, comment la ville est devenue, aujourd’hui, une ville mondiale basée sur les petits articles et, dans le sous-chapitre précédent, à quel point l’intérêt économique est important pour les commerçants étrangers. En effet, ce grand marché représente de nombreux avantages pour cette population étrangère même si on y observe également de plus en plus de difficultés. Nous allons donc essayer de les analyser à partir de mes enquêtes et observations sur le terrain.

5.3.1 Des avantages commerciaux : le choix de rester

Si cette population étrangère souhaite s’installer à Yiwu, c’est principalement parce qu’elle parvient à faire du profit en faisant du commerce sur les marchés, en tant que grossistes ou agents de commerce. Ce profit important est possible grâce à trois causes : la grande variété de marchandises à prix intéressant, la grande variété d’articles ainsi que le coût bas du transport.

Premièrement, l’un des plus grands avantages pour travailler dans le commerce à Yiwu est la forte concentration d’articles dans un seul marché, un marché privilégié par les commerçants étrangers : le Cité du Commerce International (国(guó)际(jì)商 (shāng)贸(mào)城(chéng)) (Fig. 11). Il s’agit du plus fréquenté par la population étrangère et également du plus grand. Le Marché se situe sur une rue animée au centre de la ville, avec une superficie de plus de 4 000 000 mètres carrés proposant plus de 75 000 boutiques85. Il est composé de cinq zones, dont chaque étage se concentre sur une catégorie des produits.

Fig. 44 – Un marché grand et équipé

Source : Cui Can.

L’existence de ce marché constitue pour la plupart des commerçants la raison essentielle de leur choix de venir s’installer à Yiwu. Pour l’un des premiers Africains arrivés à Yiwu, cet interviewé a connu l’endroit en traçant l’origine des produits qu’il voulait acheter.

« Au début, la plupart des étrangers africains étaient à Guangzhou. Ils vendent

la plupart du temps des carreaux, des vêtements ou des céramiques, etc. Yiwu, c’est une petite ville et pas comme Guangzhou. Les produits à Yiwu sont tous exposés à l’extérieur. C’est très clair et facile à voir. Mais à Guangzhou, les articles sont très dispersés dans toute la ville et il nous faut aller partout pour trouver ce qu’il nous faut. Ça demande donc beaucoup de temps.

J’avais travaillé avant sur des vêtements et je voulais changer, j’ai choisi de venir à Yiwu, simplement parce qu’il y a beaucoup de choix à Yiwu. Je suis venu à Yiwu il y a douze ans, il n’y avait même pas le marché d’aujourd’hui. Mais, même à ce moment-là, c’était beaucoup mieux ici qu’à Guangzhou. Mais en fait, Yiwu n’est pas l’origine des produits vendus ici. Non, au contraire, elle est justement une plateforme d’exposition. » (Entretien 4).

Il n’a pas été le seul à découvrir la ville de Yiwu via Guangzhou. C’est une chaîne migratoire assez marquante, car Guangzhou a été la première ville à accueillir une population commerçante d’Afrique. Les Africains de Guangzhou se sont graduellement aperçus que les produits venaient d’une autre ville commerciale et ils ont choisi donc de remonter à la source.

« Je suis venu à Yiwu en 2012. J’étais au début à Guangzhou mais je remarquais

que les produits que j’avais trouvés sur les marchés de Guangzhou venaient tous de Yiwu. Je me disais donc autant venir travailler à Yiwu. Comme ça, tout est moins cher. » (Entretien 21).

« J’ai visité beaucoup de pays, des pays africains, Dubaï, Hongkong, etc. Mon

frère était à Guangzhou et on achetait pour revendre au Mali. En 1992, je travaillais à Dubaï sur les ustensiles. En 1996, j’achetais des vêtements à Hongkong. En 2002, j’ai fait pas mal d’achats à Guangzhou. Je suis venu à Yiwu pour la première fois en 2003. Et l’année suivante, je me suis installé ici. Il y a vraiment tout ici. Je peux trouver tout ce que je veux, avec une grande variété de choix aussi. Il y a aussi beaucoup de clients dans cette ville. » (Entretien 10).

« Le marché est très concentré donc ça économise beaucoup de temps. »

(Entretien 13).

Deuxièmement, la variété est un autre élément essentiel pour les commerçants étrangers. Les produits vendus sur le marché de Yiwu sont très variés non seulement en type mais également en variété de produits. Il existe des produits de toutes sortes : colliers, statues, textile, électronique, ustensiles et, pour chaque produit, on trouve un grand choix de fournisseurs. En faisant un seul tour dans le marché, qui peut prendre plusieurs jours, on est face à des fournisseurs provenant de toute la Chine, dans de nombreux domaines.

Fig. 45 – Différents types de produits

Source : Cui Can.

Fig. 46 – Une grande quantité de chaque produit

Source : Cui can.

« Moi, j’achète tout, des matériaux pour la construction, du shampooing, tout ce

« C’est très pratique ici. Je trouve tout ici et je n’ai besoin d’aller nulle part. » (Entretien 4).

Si l’on cherche un collier, par exemple, il existe un quartier entier consacré à la vente de bijoux, où l’on trouve des centaines de boutiques différentes. En y faisant un tour, on aura accès aux principales usines à travers la Chine pour la fabrication de colliers.

Cette forte concentration et ce large choix créent spontanément une compétition parmi les fournisseurs. Tous les produits se côtoyant, il est très facile pour un acheteur potentiel de comparer leur qualité, leur prix… Ainsi, pour attirer des commerçants étrangers, les fournisseurs chinois sont constamment obligés de suivre les nouvelles tendances, améliorer leur service, apprendre à parler la langue et surtout, de cette manière, le marché n’est pas monopolisé et le prix des articles devient de plus en plus intéressant.

Cela représente, enfin, le troisième avantage : un budget modeste. Le prix des produits de Yiwu constitue la source majeure d’attractivité. La forte densité des usines (le village DaChen par exemple, Fig. 11) réduit considérablement le budget de fabrication, ce qui permet de vendre à faible prix à Yiwu. Le coût assez bas du travail dans le commerce vient principalement de l’existence d’un cluster. La forte concen-tration d’usines, de boutiques, d’entrepôts ainsi que d’entreprises logistiques fait baisser le prix unitaire.

« Le prix des produits vendus sur les marchés de la ville est très bas, donc

intéressant. En plus, le volume de production est considérable donc c’est parfait pour des grossistes comme nous. Il y a une forte compétitivité sur les marchés ici. La main-d’œuvre est peu chère. C’est plus efficace et tu paies moins. » (Entretien 16).

Autre source d’attractivité, le transport est facile et peu cher à Yiwu (voir 1.3). Les produits sont souvent expédiés par bateau, moyen qui représente le meilleur rapport qualité/prix. Par ailleurs, les entreprises logistiques sont très flexibles sur les commandes. Vu que la plupart des produits vendus sur les marchés de Yiwu sont des petits articles, les commerçants ne commandent pas forcément chaque fois un conteneur entier. Ainsi, le partage de conteneur est possible.

« Tu as la possibilité de mettre plusieurs commandes dans un seul conteneur. Tu

peux acheter dans plusieurs usines. Tu peux même ne payer que pour une partie d’un conteneur et tu partages avec d’autres commerçants. Comme ça, ça économise beaucoup d’argent. » (Entretien 12).

Enfin, le prix de l’entrepôt est tellement attractif qu’il revient parfois moins cher de stocker à Yiwu des produits achetés dans d’autres villes.

« À Yiwu, il y a beaucoup d’entreprises de transport (shipping company). Ces

entreprises ont des conteneurs, des bateaux. Ensuite, il y a aussi des forwarders, (Entretien 4). Enfin, il y a des traders, comme nous, des entreprises de commerce à Yiwu. Bien sûr, il y a aussi des clients étrangers. » (Entretien 2).

« Je travaille principalement dans les produits chimiques. Mes produits viennent

principalement de Qingdao et Tianjin. Je passe toujours la commande là-bas. Mais je ne les envoie pas directement. Au contraire, je les transporte d’abord à Yiwu. C’est beaucoup moins cher ici pour les stocker. Ici, je paie 200 yuans par mètre carré. Je paie 255 000 par an à Yiwu et je paie entre 300 000 et 400 000 dans le nord. Donc, même si je dois payer un peu plus pour le transport, c’est toujours moins cher de les

garder à Yiwu. Si je passe mes commandes dans ces deux villes c’est parce que ce sont quand même des “grands produits” alors qu’à Yiwu, ce sont tous des “petits articles”. » (Entretien 3).

Fig. 47 – Entrepôt d’un commerçant africain à Yiwu

Source : Cui Can.

Sur les marchés de Yiwu, il est facile de trouver toutes sortes d’articles, notamment des petits, en grande variété et à des prix très intéressants, en plus d’un coût de transport relativement bas. Tous ces avantages contribuent à former un profit attirant aux yeux des commerçants étrangers.

5.3.2 Des difficultés affrontées par tous

Naturellement, tout n’est pas facile à Yiwu. Les commerçants étrangers et les fournisseurs chinois se trouvent souvent dans des situations compliquées pour de multiples raisons : différences linguistiques, différences culturelles, politiques admi-nistratives incomplètes.

Premièrement, la barrière linguistique crée des obstacles entre étrangers et locaux. Parler la même langue est la base d’une bonne communication. À l’arrivée des commerçants étrangers, les gens de Yiwu ne parlaient aucune langue étrangère. Dans leurs échanges avec les étrangers, ils utilisaient la calculatrice et le langage gestuel. De plus, ils ne voulaient pas recruter d’employés anglophones ou d’interprètes, parce qu’ils avaient peur que ces derniers ne profitent de la situation et n’entraînent ces clients étrangers vers d’autres fournisseurs, voire qu’ils obtiennent des commissions cachées. En outre, cela augmentait leur budget. Dans l’objectif de faire du business, les fournisseurs étrangers ont commencé à apprendre des petits mots et des expressions courantes en chinois. Les commerçants étrangers ont eu la même initiative, également motivés par un profit plus important, et pas forcément pour une intégration ou une installation plus facile.

Actuellement, sur les marchés de Yiwu, il est possible d’entendre plusieurs langues utilisées par les commerçants étrangers, les fournisseurs chinois et les

interprètes (chinois, anglais, coréen, arabe, russe, français). Dans leurs interactions quotidiennes, le dialecte local est le plus utilisé entre les commerçants locaux. Entre eux et les commerçants chinois venant de l’extérieur de la ville, la langue privilégiée est le chinois. L’anglais est la plus favorisée par les commerçants étrangers puisqu’elle est la plus courante. Certains commerçants peuvent même parler très peu d’autres langues étrangères.

§ Des commerçants chinois motivés pour apprendre d’autres langues

Depuis la naissance du premier marché de Yiwu, les commerçants ou acheteurs extérieurs à la ville n’ont pas cessé de venir. Leur arrivée s’est accompagnée de l’apparition de différents dialectes et langues. En général, les langues les plus utilisées à Yiwu sont le chinois (le mandarin), l’anglais et le dialecte local de Yiwu. Une enquête réalisée sur des commerçants chinois dans le marché de Yiwu a montré que parmi eux, 64,4 % déclarent parler l’anglais, et 2,7 % d’autres langues comme le coréen, l’arabe et le russe (Luo Meina, 2013). La population locale a montré une attitude différente envers ces langues.

Un sondage (Huang Ke, 2017) auprès des commerçants dans le marché central de Yiwu a révélé leur attitude envers les trois langues les plus utilisées (Fig. 48). En termes d’affection, le dialecte est le plus prisé par les locaux et l’anglais le moins. Ce n’est pas difficile à comprendre : il est normal que les gens préfèrent leur langue maternelle à une langue étrangère.

Fig. 48 – Que représente cette langue pour vous ?

Source : Cui Can, d’après Huang Ke, 2017.

L’attitude générale quant à la sonorité de ces langues va dans le même sens que l’aspect sentimental : le dialecte est le plus apprécié, suivi par le mandarin et enfin l’anglais. Lorsqu’il s’agit de l’utilité de ces trois langues, en revanche, le mandarin et

l’anglais sont plus reconnus que le dialecte. Cela prouve que, affectivement, les résidents de Yiwu sont attachés à leur dialecte, tout en étant très pragmatiques lorsqu’il s’agit d’utiliser une langue dans le commerce.

Le marché de Yiwu peut être considéré comme une communauté de langues, c’est-à-dire un ensemble d’interactions naturelles formé à travers les différents choix de langues et les attitudes qui fondent ces choix (Xu Daming, 2006). Les gens, pour une meilleure communication dans les activités commerciales des marchés, opèrent un certain choix de langue, ce qui forme une communauté linguistique. Ce choix peut varier selon la situation et les participants de la conversation, dans le but d’obtenir une communication fluide et efficace. Parfois, au cours d’une même conversation, plusieurs langues peuvent être utilisées. Par exemple, lors de la négociation d’une commande, les fournisseurs chinois peuvent, à l’aide d’une calculatrice ou de gestes, parler des prix ou des délais de livraison, mais ils auraient du mal à expliquer le matériel ou le mode de production. Ils recourent alors à deux ou plusieurs langues différentes pour rendre l’échange plus efficace.

Fig. 49 – Quel est votre choix de langue ?

Source : Cui Can, d’après Huang Ke, 2017.

Un sondage (Huang Ke, 2017) a montré que 97,9 % des commerçants locaux utilisent soit l’anglais soit le chinois pour la communication courante. 62,8 % de la population enquêtée affirme dire bonjour en anglais et 54,3 % en chinois (Huang Ke, 2017). Ces deux langues sont les plus utilisées dans les échanges commerciaux. Il est possible de conclure que sur les marchés de Yiwu, les deux langues essentielles sont le chinois et l’anglais ; le dialecte ainsi que d’autres langues étrangères sont très peu utilisés.

§ Pour les commerçants étrangers : un anglais obligatoire et un chinois important Il est tout à fait normal de croiser des commerçants étrangers à Yiwu, qu’ils soient arabes ou africains, qui parlent plusieurs langues couramment. Par exemple, un commerçant malaisien, installé à Yiwu depuis plus de dix ans, parle neuf langues, comprenant des dialectes chinois. Un commerçant sénégalais parle le chinois, le français, l’anglais ainsi que le dialecte de sa région natale. Il est en fait très facile de

croiser des commerçants africains trilingues (l’anglais, le chinois et la langue maternelle).

Si l’on analyse le niveau linguistique des commerçants étrangers, on remarque tout de suite que leur niveau est bien plus avancé en compréhension et production orale, par rapport à leur capacité à lire et écrire le chinois. Il est difficile pour eux d’apprendre les caractères chinois, vu que la langue est une langue à système logographique et non alphabétique comme l’anglais. De plus, ils n’en ont pas autant besoin. S’ils apprennent la langue chinoise, c’est pour faire progresser leur activité commerciale, ce qui ne nécessite pas un bon niveau de lecture et d’écriture. Ils ont seulement besoin de pouvoir échanger oralement avec les fournisseurs chinois.

Fig. 50 – Le rôle du chinois dans la vie des commerçants africains à Yiwu ?

Source : Cui Can, d’après Huang Ke, 2017.

L’anglais, langue internationale, est la plus utilisée dans le commerce international, dont elle est le support. Parmi les commerçants étrangers à Yiwu, les Indiens sont les plus anglophones et les Coréens les moins. Pour les commerçants africains et arabes, le pourcentage est plus faible. Par ailleurs, seulement 9 % des commerçants étrangers interviewés à Yiwu parlent le dialecte local (Zhang et Xiaolei, 2013). Celui-ci est donc peu utile pour eux.

De façon générale, l’anglais reste la langue la plus utilisée par les commerçants étrangers. Le chinois est également beaucoup appris par cette population. L’arabe, compte tenu de la grande population arabe de la ville, occupe aussi une place importante. D’autres langues étrangères comme le français ou le coréen sont moins privilégiées. Néanmoins, peu importe combien de langues sont parlées par les commerçants étrangers, le chinois reste la langue irremplaçable pour travailler dans le commerce à Yiwu.

Selon le sondage mené sur le terrain, le chinois est considéré comme très important pour le commerce, et très peu important dans la vie familiale. Pour les familles où le chinois est beaucoup utilisé, il y a souvent un membre de la famille, le partenaire ou l’enfant, qui est d’origine chinoise ou scolarisé en Chine. Le chinois

possède également un statut relativement important dans la vie sociale et quotidienne, ce qui montre le besoin d’apprentissage du chinois pour assurer une bonne adaptation interculturelle.

Certains commerçants n’ont pas forcément besoin d’utiliser le chinois ou d’autres langues, car le processus d’échange est très simple : il suffit de passer une commande, de payer, de vérifier la qualité et la quantité de la commande, avant de mettre les produits dans des conteneurs. Dans ces conditions, de nombreux commerçants étrangers ne jugent pas nécessaire d’apprendre le chinois : cet investissement ne permettra pas un retour suffisamment profitable, car il n’est pas évident de consacrer du temps à l’apprentissage d’une langue lorsque l’emploi du temps est très chargé. Cela dit, à long terme, le manque de capacités linguistiques pourrait les confronter à un plafond, dans la mesure où ils dépendront toujours d’autres personnes pour faciliter la communication avec des locaux, ce qui peut augmenter leur budget et diminuer le profit.

§ Un choix de langue en changement constant

De fait, l’internationalisation du commerce sur les marchés de Yiwu mène à une plus grande utilisation des différentes langues. Cette capacité dépend beaucoup du niveau d’éducation reçu par la personne : plus celui-ci est élevé, plus il est facile de passer d’une langue à l’autre (Huang Ke, 2017). Pouvoir parler plusieurs langues et circuler entre elles selon les situations augmente l’efficacité des échanges et peut éventuellement réduire les coûts.

Le choix d’une langue dépend de plusieurs facteurs. Premièrement, différentes langues sont utilisées selon les situations. Par exemple, lors d’une conférence avec les autorités de Yiwu, le chinois et l’anglais sont privilégiés, alors que c’est souvent la langue maternelle lorsqu’ils parlent avec leurs familles ou compatriotes, car elle est plus naturelle et plus affective.

Le choix peut varier selon la période également. Par exemple, au début de l’établissement des premiers marchés à Yiwu, il n’y avait pas encore une population extérieure importante. La langue la plus parlée était donc le dialecte de Yiwu. Petit à petit, les commerçants chinois se sont intégrés aux marchés de Yiwu, amenant ainsi le mandarin. Au début du 21e siècle, avec l’arrivée des commerçants internationaux, l’anglais est devenu de plus en plus important. Aujourd’hui, l’arabe, le français et le coréen occupent également une place non négligeable.