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Une économie diversifiée : l’influence du commerce sur d’autres industries

Une économie ouverte basée sur des marchés spécialisés de formes variées

1.2 Une économie diversifiée : l’influence du commerce sur d’autres industries

du secteur privé. La Cité Commerciale Internationale, avec son dynamisme, marque la coopération et la solidarité entre le secteur public et privé (Zhu Lanzhen, 2009).

1.2 Une économie diversifiée : l’influence du commerce sur d’autres industries

Yiwu a connu un long processus en passant d’une « ville agricole » à une ville commerciale. Son dynamisme, visible sur les stands ou les marchés, stimule d’autres domaines comme l’industrie, la logistique et les expositions. Suivant le développement des marchés et l’augmentation des chiffres d’affaires commerciaux, la municipalité, en vue de prolonger cette croissance économique, a décidé d’appliquer une politique intitulée Développement Simultané du Commerce et de l’Industrie (工(ɡōnɡ)贸(mào)联 (lián)动(dònɡ)), qui encourage et favorise le développement de l’industrie (Lu Lijun, 2006). De plus, le développement du commerce et de l’industrie a entraîné d’autres domaines, notamment ceux de la logistique et des expositions, qui soutiennent à leur tour le dynamisme.

1.2.1 Le développement simultané entre commerce et industrie

La Chine, à partir de la fin des années soixante-dix, a vécu une transformation économique marquante. Auparavant grand pays agricole, elle espérait devenir un pays industriel, après son ouverture de 1978, qui signifiait progressivement la fin de l’économie planifiée et le début de l’économie de marché socialiste. Avec l’adhésion à l’OMC en 2001, le pays est devenu un marché de producteurs au lieu d’un marché d’acheteurs. Ceci a obligé le pays à se développer plus vite dans l’industrie afin de pouvoir assurer l’approvisionnement.

Dans les années quatre-vingt-dix, l’industrie du pays, notamment celle de la province du Zhejiang (Cao Yi, 2006) explosait. Ce développement industriel a été particulièrement décisif pour Yiwu, ville commerciale, car un commerce sans soutien industriel solide n’est pas un commerce durable. En 1992, seulement 20 % des produits vendus sur les marchés étaient fabriqués dans la ville elle-même (Qu Xiangsong, 1996). Depuis, le besoin s’est amplifié. De fait, « l’internationalisation du marché spécialisé de Yiwu et son succès ont contribué à la densification du tissu industriel orienté vers la production des biens de consommation courante et à son extension à l’ensemble du Zhejiang à mesure que la demande augmentait » (Bertoncelle, Bredeloup et al., 2009, p. 110).

Ainsi, plutôt que de se contenter d’être un simple centre local de la vente de produits venant de tout le pays, la politique « Développement simultané entre le commerce et l’industrie » 工(ɡōnɡ)贸(mào)联(lián)动(dònɡ) a été proposée et appliquée. La proposition de cette politique montre l’intention des autorités locales de transformer Yiwu en un centre de production de petits articles, vendus dans toute la Chine (Cao Yi, 2006). En développant davantage le secteur industriel de la ville, des produits plus nombreux et plus variés seraient présentés sur des marchés de Yiwu. De cette manière, les marchés de Yiwu seraient toujours prêts à produire des articles, et les produits fabriqués à Yiwu auraient toujours une plateforme pour être vendus. L’objectif était d’abord de garder les

flux financiers générés par les échanges commerciaux, et ensuite de stimuler davantage le commerce en lui offrant une base solide.

Les commerçants partageaient la même idée. Après la formation des clusters de marché, un certain nombre de petits commerçants ont commencé à vouloir entrer dans le domaine industriel, pour un profit encore plus grand. Toute l’attention a donc été transférée sur l’industrie, dans de nombreux domaines comme le textile, le plastique, la chaussure, les jouets, la quincaillerie, produits qui ne demandent pas beaucoup de technologie et se vendent facilement sur les marchés. Ainsi, même si leur taille était réduite, des clusters industriels ont été créés graduellement autour des marchés locaux.

La plupart des industries locales étaient plutôt des industries de main-d’œuvre, relativement faciles à créer et s’adaptant rapidement aux besoins du marché. De cette manière, des familles pouvaient devenir facilement de petits entrepreneurs familiaux, capables de fabriquer ces produits. Ce mode d’économie connu comme « boutique devant et fabrication derrière » (前(qián)店(diàn)后(hòu)厂(chǎng)) (Zhang Xiaodi et Zhang Chi, 2010) était le tout début du développement (Fig. 8). Dans ce contexte, les capitaux commerciaux sont devenus graduellement des capitaux industriels.

Fig. 8 – Les petites usines familiales en ville

Source : Can Cui, 2015-2016.

L’exemple du village Da Chen (大(dà)陈(chén)镇(zhèn)) (Fig. 11), un village à l’extérieur du centre-ville de Yiwu, illustre bien la mise en place des clusters industriels.

Grâce à cette politique industrielle, parmi les 460 entreprises locales, 90 % sont dans la fabrication et vente de chemises. Chaque jour, presque 400 000 chemises sont fabri-quées. En 1993, la valeur de la production des chemises représentait 99 % de toutes les industries du village (Wang Yi, Gu Yikang et al, 1995). Ce village n’est pas le seul dans son genre. En 2005, plus de 2000 entreprises et 100 000 personnes travaillent dans l’industrie de la bijouterie pour produire 65 % des bijoux de toute la Chine. D’autres domaines comme les jouets, les parapluies, les lunettes représentaient déjà entre 30 et 50 % de la production nationale en 2005 (Zhang Xuliang et Zhang Haixia, 2005). Plus de dix pôles industriels ont été construits à Yiwu en 2011, dans le domaine des fermetures éclair, montres, stylos, chaussettes, sous-vêtements sans coutures, accessoires, cuir synthétique (Zhang Jieli, 2011).

Fig. 9 – Évolution du pourcentage des trois secteurs dans l’économie de Yiwu entre 1949 et 2016

Source : D’après Rapport Public sur l’Économie et le Développement Social de Yiwu ; Statistiques Annuelles de Yiwu. Auteur : Cui Can.

Le développement industriel a changé la répartition des différents secteurs (Fig. 9). Lors de la fondation de la République Populaire de Chine en 1949, la production agricole représentait la part majeure de l’économie de Yiwu. Ensuite, le secteur primaire a décru : une tendance qui n’a pas cessé. Cette période est considérée comme la phase agricole de la ville (Wei Chaoran, 1994). Le secteur secondaire et le secteur tertiaire se sont vite développés. À partir de 1987, ils sont devenus le noyau de l’économie. Pendant la période 1998-2004, les productions industrielles ont dépassé celle des échanges commerciaux. Cela s’explique par l’attention que portait l’autorité aux industries à cette époque. Peu après, c’est le commerce qui prend son envol. Aujourd’hui, nous pouvons conclure que, dans l’économie de Yiwu, c’est l’industrie et le commerce qui occupent le centre ; l’agriculture n’est plus un élément essentiel comme auparavant.

Avec le commerce et l’industrie comme roues motrices, le développement économique est tracé : l’essor de la production industrielle fait baisser le prix sur les marchés et le développement commercial assure un bon canal de vente. La comparaison entre les marchés de Yiwu et ceux de Wuhan (汉(hàn)正(zhènɡ)街(jiē)) indique que sur ceux de Yiwu, on trouve des produits issus de la localité. En revanche, ce n’est pas le cas sur les marchés de Wuhan (les produits proviennent d’autres villes), pourtant une ville de plus grande taille. C’est pour cette raison que le marché de Wuhan est resté un marché traditionnel alors que celui de Yiwu s’est vite développé (Guo Jie et Chen Qiaoli, 2010). Le résultat est évident (Fig. 10) : le chiffre d’affaires de la production industrielle a augmenté fortement, ce qui assure un faible prix des produits vendus sur les marchés.

Fig. 10 – Évolution du chiffre d’affaires dans le commerce et l’industrie de Yiwu entre 1998 et 2016

Source : d’après Rapports publics annuels sur l’Économie et le Développement Social de Yiwu. Auteur : Cui Can.

Pour mieux comprendre la relation entre le chiffre d’affaires des échanges commerciaux et celui des industries à Yiwu, nous avons sélectionné des chiffres d’affaires dans le commerce et l’industrie (Fig. 10), en utilisant la fonction affinée Y = α + βX, souvent applicable sur des lignes. Nous trouvons d’abord les deux équations pour chacune de ces deux lignes, en choisissant aléatoirement deux points sur chacun. Après avoir appliqué les statistiques de ces deux points sur la fonction, on obtient alors les résultats : pour le commerce (Y = 77.1x + 172.5) et pour l’industrie (Y = 56.5x + 113.2). En combinant les deux et en désignant Y comme le commerce et X l’industrie, après une analyse linéaire statistique, on obtient l’équation Y = 1.501x + 1.453. Nous pouvons ainsi déduire que lorsque le chiffre d’affaires des industries monte de 100 yuans, celui du commerce augmente ensuite de 150 yuans16.

Cela prouve que le développement industriel peut effectivement stimuler la croissance commerciale.

1.2.2 Un réseau structuré pour exporter dans le monde entier

Outre le commerce et l’industrie, d’autres domaines ont joué un rôle capital dans la croissance de l’économie de la ville, notamment celui de la logistique et des expositions.

Depuis le lancement de l’industrie logistique en 1985 (Lou Qianfei, 2011), Yiwu a bénéficié d’une croissance forte, surtout en comparaison d’autres villes chinoises de même rang administratif. Elle possède 136 routes pour relier plus de 320 villes préfectorales de Chine et 1 502 villes sous-préfectorales (Lou Qianfei, 2011), six des huit chemins de fer de transport de marchandises en Chine, et 18 compagnies maritimes internationales, dont la plupart se trouvent au sein du Centre Logistique International de Yiwu (Fig. 11)17. Ces dernières ont déjà ouvert leurs sièges à Yiwu. Chaque jour, plus de 200 conteneurs quittent la ville en partance pour le monde entier (Xie Qinyong, 2009). En 2014, le premier train direct entre Yiwu et Madrid a inauguré un transport direct de marchandises entre la Chine et l’Europe18. Même si Yiwu n’est pas une ville côtière, les produits peuvent passer directement par les ports de Shanghai et Ningbo, qui sont respectivement à 260 et 187 kilomètres de Yiwu, une distance relativement petite à l’échelle chinoise. De plus, plus de 100 agents aériens s’y sont basés (Lou Qianfei, 2011). Un port intérieur a été construit en 2013, simplifiant les procédures et raccourcissant les délais.

Actuellement, au sein de la ville, plus de 400 centres de transport logistique, de tailles différentes, sont au service des commerçants. Les centres principaux de transport sont : Jiang Dong, Centre de Logistique, 150 mus19 ; Bing Wang, Centre de Logistique, 23 mus ; Da Chen, Centre de Logistique, 15 mus ; et le Centre Logistique International de Yiwu, 400 mus (Liu Hui, 2007). Ces centres de transport sont majoritairement à l’extérieur de la ville, en raison d’un coût foncier plus bas et de la qualité des connexions.

Si l’industrie logistique s’est développée aussi vite à Yiwu, c’est parce qu’elle est primordiale pour son économie (Lou Qianfei, 2011) : la plupart des produits vendus sont de petits articles, leur prix par unité est relativement bas, ce qui limite le profit. Les commerçants font des bénéfices grâce à une grande quantité de commandes. Dans ce contexte, le coût de transport devient essentiel : il représente un fort pourcentage du prix final de l’article.

Au début du développement logistique, cette sensibilité au coût a mené souvent à une guerre des prix. Ces derniers baissaient, parfois irrationnellement, ce qui avait des conséquences sur la qualité du service :

« Avant20, pour gagner de l’argent, il nous fallait baisser le prix qui était déjà très raisonnable. Donc beaucoup d’entre nous mettaient le plus de produits possible dans un camion, sans considérer les limites de chargement. Chaque année, beaucoup d’entreprises de transport faisaient faillite... Cela a affaibli le commerce de Yiwu. »

(Entretien 33).

17 L’entreprise maritime de Xingyuan se trouve derrière la Cité de Commerce International (voir Figure 11).

18 Source : Rapport public sur l’Économie et le Développement social de Yiwu, 2014.

19 Un mu est égal à 666,67 mètres carrés.

20 L’interviewé a travaillé dans le commerce pendant les années 1980 et 1990, son discours ne vaut donc que pour cette période.

Ce désordre a attiré l’attention de l’autorité, locale et centrale.

Un indice a été introduit par l’État pour la première fois en 201121 : l’Indice du Prix

du Transport à Yiwu (义(yì)乌(wū)运(yùn)价(jià)指(zhǐ)数(shù)). Il se renouvelle

mensuellement, avec pour objectif d’indiquer le prix moyen du marché. En regroupant les données auprès de 257 compagnies de logistique22, cet indice aide à protéger les clients, chinois ou étrangers, et à obtenir un prix plus transparent. Ainsi, la guerre des prix devient beaucoup plus difficile et la demande de qualité de service plus forte.

Le coût logistique aujourd’hui à Yiwu représente 12 % du coût total des produits, bien inférieur à la moyenne de la province (18 %), et à celle de la Chine (23 %)23. Deux éléments ont contribué à ce phénomène. D’un côté, la plupart des entreprises de logistique ne possèdent pas de grand entrepôt, ce qui les oblige à envoyer le jour même les marchandises ; cela stimule non seulement l’efficacité du travail mais diminue en même temps les dépenses en évitant de payer le loyer des entrepôts. D’un autre côté, la grande quantité de produits qui attend de partir tous les jours fait que les camions sont souvent bien remplis, profitant au maximum des services logistiques, ce qui induit à un prix plus intéressant par unité (Lou Qianfei, 2006). Ainsi, ces prix avantageux ont attiré des commerçants d’autres villes, car bien qu’ils soient obligés d’envoyer leurs produits d’abord en escale à Yiwu, puis ailleurs, cela revient toujours beaucoup moins cher que de les envoyer de leur propre ville. En 2015, 1 800 000 expéditions ont pris place à Yiwu pour arriver dans des villes chinoises et 600 000 dans le monde entier24.

Tab. 1 – Volume des produits envoyés par voies différentes à Yiwu entre 2010 et 2016

Moyen de transport (millier de tonnes/an) Années

Autoroute Chemin de fer Avion

2010 43 310 933 9,129 2011 23 160 892 8,903 2012 25 510 311,8 2,6974 2013 28 979 …25 3,4527 2014 65 998 5,2902 2015 64 113 13,0992 2016 64 116 1 517 14

Source : Rapport Public sur l’Économie et le Développement Social de Yiwu. Auteur : Cui Can.

21 Source : Yiwu Digital : l’économie et le développement social de Yiwu en 2011, municipalité de Yiwu.

22 Source : site officiel de la municipalité de Yiwu, consulté le 20/07/2016

23 Source : Yiwu Digital : l’économie et le développement social de Yiwu en 2012, municipalité de Yiwu.

24 Ibid.

Si l’on observe les statistiques du volume total des produits transportés par différentes voies (Tab. 1), le modèle logistique est plutôt évident : une dépendance forte au transport par autoroute (tendance qui s’accentue toujours) et le chemin de fer comme deuxième option (en baisse). La voie aérienne est peu utilisée, même si sa part monte (Liu Hui, 2007) et qu’elle concerne surtout des produits à haute valeur.

Pour conclure, le volume de produits transportés par autoroute à Yiwu ne cesse de croître, soit vers d’autres villes chinoises, soit vers les ports de Shanghai ou Ningbo (Fig. 1) pour des destinations internationales. Le développement logistique offre à tous les commerçants une garantie de profit en les assurant que leurs produits partent vers leurs clients à une vitesse satisfaisante et à un prix intéressant.

1.2.3 Un centre des expositions commerciales vers l’international

L’industrie logistique n’a pas été la seule à naître suite au succès économique local. Des expositions commerciales ont aussi joué un rôle important dans ce développement.

En Chine, actuellement, il existe trois expositions commerciales principales qui prennent place chaque année à Guangzhou, Shanghai et Yiwu. Bien que celle de Yiwu soit moins développée que celle des deux autres villes, elle est classée troisième de Chine (Sheng Tieming, 2006). La première exposition commerciale a été organisée en 1995, et fut nommée Exposition Internationale des Petits Articles à Yiwu, Chine (中 (zhōng)国(guó)义(yì)乌(wū)小(xiǎo)商(shāng)品(pǐn)博(bó)览(lǎn)会(huì))

« l’Exposition de Yiwu » dans le reste du texte). Elle avait environ 5 000 mètres carrés

de surface et 348 stands pour accueillir plus de 200 000 personnes par jour (Wang Xiao, 2010). Cette exposition était organisée par le Ministère Central du Commerce, le gouvernement provincial du Zhejiang et la municipalité de Yiwu. À partir de 2002, le Ministère des Affaires de l’État a décidé de coorganiser cette exposition, qui est devenue plus tard l’exposition la plus influente de la ville.

Deux sortes d’expositions commerciales prennent place à Yiwu aujourd’hui : celles qui sont financées par l’autorité administrative (ministères d’État et gouvernement provincial) et des expositions commerciales spécialisées dans le secteur privé (entreprises ou agences d’expositions commerciales) (Fu Jingjing, 2016). Six se trouvent dans la première catégorie (financées par l’administration) : Exposition de Yiwu, Exposition des

Équipements industriels pour les chaussettes, sous-vêtements et vêtements, Exposition des Équipements électroniques et de quincaillerie de Yiwu, Chine, Exposition des jouets et articles pour enfants de Yiwu, Chine et finalement Exposition des Industries d’habitation de Yiwu. D’autres expositions commerciales spécialisées portent sur presque vingt

industries différentes, dont la quincaillerie, les produits importés, les cadres, l’ameublement, l’automobile.

Depuis 1995, l’industrie des expositions commerciales a connu un grand progrès. Il a été calculé que le ratio entre le revenu des expositions et celui des ventes peut atteindre 1/10 (Ding Pingping, 2005). Si on prend l’Exposition de Yiwu comme exemple (Tab. 2), on observe qu’un réel changement s’est produit. En seulement vingt ans, le nombre de stands et celui des fournisseurs ont été multipliés par 12, sans

compter l’accroissement énorme de la valeur des commandes finalisées durant cette exposition. On remarque que les chiffres d’affaires ont augmenté sans cesse, sauf en 2008, année marquée par une petite chute, même par rapport au nombre de fournisseurs. Des chercheurs supposent que cela était dû à la crise financière mondiale (Liu Hui et Zhang Furong, 2010).

Tab. 2 – Statistiques sur l’Exposition de Yiwu 1995 à 2016

Nombre de stands Nombre de fournisseurs Chiffre d’affaires (100 millions de yuans) 1995 348 179 1,01 1996 ... 448 2,83 1997 ... 547 8,3 1998 ... 673 21,07 1999 1 100 1 300 35,2 2000 1 300 ... 38,56 2001 1 405 1 026 43,7 2002 2 291 1 026 51 2003 2 336 1 510 62,2 2004 3 000 1 790 74,3 2005 3 000 1 790 80,98 2006 4 000 2 200 94,5 2007 4 500 2 560 108,9 2008 4 500 2 512 103,6 2009 5 000 2 625 115,43 2010 5 000 2 621 127,67 2011 6 500 3 050 157,52 2012 6 000 2 892 163,4 2013 4 500 2 747 166,15 2014 4 500 2 529 170,74 2015 4 500 2 529 171,73 2016 4 100 2 200 174,82

Source : Site officiel de l’Exposition de Yiwu (http://www.yiwufair.com/)26. Auteur : Cui Can.

La crise financière sur la scène globale a eu un impact considérable sur le commerce de Yiwu, qui dépend beaucoup du commerce étranger. Les expositions commerciales sont donc sensibles à l’environnement international. Pour se protéger, au lieu de continuer à attendre que des commerçants étrangers viennent participer aux expositions commerciales, les commerçants de Yiwu ont choisi de faire des efforts pour aller vers eux (Zhang Jieli, 2011). En 2009, l’Exposition Internationale des

26 Certains chiffres ne sont pas mentionnés pour certaines années, d’où le vide occasionnel dans le tableau.

Petits Articles à Yiwu, Chine a été organisée à Dubaï avec succès. L’année suivante, la

même exposition fut organisée aux Émirats arabes unis, en Inde et en Italie, avec 97 entreprises participantes27. Ces expositions commerciales à l’étranger servent non seulement à vendre des produits mais sont, en outre, un bon moyen de faire connaître la ville et son économie, en vue d’attirer encore plus de commerçants internationaux.

Aujourd’hui, ces expositions commerciales permettent aux participants d’avoir davantage de profits. Pour la première Exposition de Yiwu, en 1998 par exemple, une somme de 10 000 000 yuans a été investie dans l’exposition par l’autorité centrale, suivie par une diminution de 1 000 000 de yuans par an. Depuis 2006, plus aucun financement n’a été offert à cette exposition, prouvant ainsi que l’exposition en question est tout à fait capable de s’autofinancer. La réussite de cette première exposition a suscité l’apparition des expositions commerciales thématiques (Fig. 12).

Fig. 12 – Évolution des expositions commerciales à Yiwu entre 2006 et 2015

Source : Rapport Public sur l’Économie et le Développement Social de Yiwu. Auteur : Cui Can.

Ces expositions commerciales sont nées et ont grandi en lien avec le développement des marchés qui leur ont apporté une clientèle sérieuse et fidèle. C’est pour cela que souvent ces marchés sont connus comme « une exposition où le rideau ne se ferme jamais28 ». On peut aussi constater que les marchés spécialisés à Yiwu sont des expositions commerciales permanentes et que les expositions commerciales sont des

27 Source : Journal du Commerce de Chine, 31/01/2012, Jing An.

marchés temporaires (Lu Hongyan, 2010). En retour, dans une logique de district industriel, elles ont encouragé l’implantation des industries aux alentours de la ville. Les commandes faites sur les stands des expositions commerciales vont directement aux usines liées aux entreprises, souvent chez des ruraux, qui sont devenus des clans familiaux assez performants dans la production. Des clusters industriels locaux sortent du lot dans plus de vingt industries différentes (Zhu Chao, 2013).

D’autres éléments ont contribué au déroulement des expositions commerciales. Pour commencer, une forte industrie logistique constitue une base solide pour le développe-ment des expositions. Ensuite, deux centres d’expositions sont à la disposition des organisateurs, leur permettant d’augmenter le niveau de qualité de l’accueil : le Centre d’Exposition International de Yiwu et le Centre d’Exposition de Mei Hu, qui proposent ensemble plus de 7 000 stands et plus de 300 000 mètres carrés (Fu Jingjing, 2016). Cette fréquence des expositions alimente le secteur de l’hébergement et de la restauration. De nombreux hôtels sont disponibles pour les commerçants venant de l’extérieur de la ville.