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Déroulement de l’enquête et méthodologie

4.2 Le lancement du sondage

à comprendre si les immigrés parviennent à s’adapter à Yiwu. Sinon, quels sont les aspects les plus difficiles pour eux ? Y a-t-il des différences d’adaptation entre personnes d’une même origine ? Si oui, d’où vient cette différence ? Sont-elles plutôt intégrées dans le quotidien de la société locale, ou vivent-elles plutôt à part ?

§ Comment est votre vie sociale ?

Pour s’intégrer pleinement dans une société étrangère, avoir un réseau social local est une nécessité. Les enquêtés fréquentent-ils plus les Chinois ou leurs compatriotes ? Par quels moyens se font-ils des amis à Yiwu ? Ont-ils de bons amis chinois ? Vers qui se tournent-ils quand ils rencontrent des problèmes, les amis chinois ou les compatriotes ? Ont-ils une vie sociale à Yiwu ? Comment la caractérisent-ils ? Comment trouvent-ils les interactions sociales dans la société locale ?

§ Parlez-vous le chinois ?

Malgré une population jeune devenue de plus en plus anglophone, il est très difficile de vivre en Chine sans parler le chinois, notamment dans les petites villes comme Yiwu. Il est même parfois difficile d’utiliser le mandarin car la population locale emploie davantage son dialecte. Étant le véhicule principal des commu-nications, la capacité linguistique est-elle importante dans la vie des étrangers à Yiwu ? Sont-ils obligés d’utiliser cette langue dans leur vie quotidienne et sociale ? Les membres de leur famille parlent-ils le chinois ? Cette langue est-elle présente dans leur vie familiale ? Parlaient-ils déjà le chinois avant de venir à Yiwu ? S’ils l’ont appris après leur arrivée, par quel moyen ?

§ Comment trouvez-vous votre vie à Yiwu en général ? Comptez-vous rester ?

Enfin, après avoir obtenu les réponses aux questions préparées, on donne la parole aux participants de l’enquête afin qu’ils s’expriment librement concernant leur vie en général : Comment trouvent-ils la ville (attractive ? ouverte ?) ? Sont-ils contents de leur vie à Yiwu ? Comptent-ils y rester plus longtemps ? Qu’est-ce qui les dérange le plus durant leur séjour ? Cette partie peut être considérée comme une discussion ouverte.

Toutes ces questions ne sont pas forcément posées dans le même ordre. Elles jouent surtout le rôle d’une carte mentale, fixant une direction pour l’enquête. L’objectif est de mettre l’enquêté à l’aise et de le faire parler, sans être journaliste, de sa vie à Yiwu. C’est au chercheur de suivre la réflexion de son interlocuteur et de l’orienter vers les sujets pertinents pour sa recherche.

4.2 Le lancement du sondage

Ces préparations n’ont pas été suffisantes pour mener l’enquête. La mise en place des questionnaires et entretiens a été plus difficile que prévu, notamment pendant la période initiale, en raison d’un grand manque de volonté de participation. Il a donc

fallu le temps de construire un réseau sur place afin de distribuer les questionnaires et de réaliser les entretiens.

4.2.1 L’établissement d’un réseau de contacts sur le terrain

L’objectif de cette thèse est de savoir pourquoi des commerçants étrangers ont été attirés par la ville et comment ils s’y intègrent. Le ciblage était à l’origine l’ensemble de la population des commerçants étrangers, sans considération d’âge, de sexe, de niveau d’éducation, etc. Pour des raisons de langue, la plupart des entretiens ont fina-lement eu lieu avec des Africains francophones. Un grand nombre de commerçants étrangers parlent anglais, mais la conversation est limitée par leur niveau : ils ne sont pas forcément capables d’expliquer leurs sentiments et leurs arguments d’une façon claire et pertinente. Les commerçants étrangers à Yiwu parlent presque tous un chinois et un anglais très basique et spécialisé dans le commerce. Un commerçant étranger peut très bien connaître le mot chinois pour dire « facture » mais pas celui pour « pomme ». Cela a créé des difficultés lors des entretiens dans d’autres langues que le français. Ces entretiens seront donc utilisés comme références mais ne seront pas inclus dans les analyses qualitatives.

Fig. 31 – Processus de l’établissement de réseaux à Yiwu

Auteur : Cui Can.

Il a fallu plusieurs essais pour construire un réseau permettant de mener l’enquête. Au début, une approche directe a été appliquée, principalement dans les marchés, où l’on voit toujours des étrangers à la recherche de fournisseurs. Cela découlait surtout d’un manque de réseau local. J’ai d’abord tenté de parler aux gens, sans objectif précis, mais une grande méfiance s’est installée tout de suite. Dans les restaurants avec une forte présence étrangère, les réactions étaient les mêmes. À la fin de la deuxième semaine, il était évident qu’il fallait changer de méthode et les approcher d’une autre manière.

Grâce à mon petit réseau personnel, j’ai rencontré un commerçant mauritanien ; il a accepté de m’aider à faire avancer l’étude. Il a été étudiant à l’Université Normale du Zhejiang pendant deux ans pour apprendre le chinois, et un de ses professeurs de l’époque était une connaissance personnelle. Après ses études, il est parti à Yiwu afin de faire du commerce. Les premiers échanges ont été très agréables. Cette personne a montré un grand intérêt pour participer à l’enquête, en raison de sa motivation pour s’intégrer dans la société. Grâce à lui, le président de l’Association mauritanienne à Yiwu a donné son accord pour un court entretien. Mais le processus s’est interrompu rapidement parce que la communauté mauritanienne ne comportait qu’une petite population : ses membres ne sont pas à Yiwu depuis longtemps et leurs commerces sont encore en développement. Cela a empêché d’élargir davantage le réseau. Une nouvelle approche était donc nécessaire.

Heureusement, par hasard, lors d’un échange, un membre de ma famille a dévoilé un lien indirect avec Yiwu ; il travaille beaucoup avec la Chambre de Commerce de la province d’Anhui. Cet organisme fonctionne comme une corporation ; il travaille avec des commerçants originaires de cette province, dans toute la Chine ainsi qu’à l’étranger. À travers ce lien, j’ai pris contact avec un groupe de commerçants chinois vivant à Yiwu et venant de la province d’Anhui. Cette population compte plusieurs milliers de commerçants et leur président a vécu plus de trente ans dans cette ville, ce qui représente un réseau plutôt stable.

Le président de cette association, ami personnel d’un membre de ma famille, a trouvé, au sein de sa communauté, plusieurs personnes connues pour commercer avec des étrangers. Ces commerçants chinois sont tous de grands commerçants qui travaillent dans l’exportation. Ils étaient plutôt enthousiastes pour m’aider à faire avancer le projet. Cela n’était pas dû à un pur intérêt pour l’intégration des commerçants étrangers, mais plutôt à un respect, voire à une admiration pour l’autorité administrative, car ce membre de ma famille possède un rang plutôt élevé dans la hiérarchie du système administratif. Ils se sont donc montrés (sincèrement ou non) enthousiastes pour faciliter ma recherche. Cela peut s’expliquer de plusieurs manières.

Premièrement, pouvoir rendre service à une personne de statut administratif supérieur est considéré comme un privilège. Refuser un service à cette personne risque de lui faire « perdre la face » et éventuellement de ternir la réputation de celui qui l’a refusé. Deuxièmement, ces commerçants ont également vu un profit potentiel pour eux-mêmes car cette personne de ma famille, travaillant dans un département étroitement lié à l’économie et au commerce, était à même de les aider dans de futurs échanges avec l’administration. Ainsi, ils ont accepté de participer en pensant qu’ils seraient récompensés autrement. Cette façon de penser est spontanée et reconnue par les membres de la société, en Chine mais surtout à Yiwu (ville fortement commer-çante). Néanmoins, elle n’est jamais exprimée de vive voix.

De cette manière, avec l’aide des commerçants chinois, un premier réseau de contacts parmi les commerçants étrangers a été graduellement établi. Les premiers contacts étaient principalement cinq personnes : un Sénégalais, un Malien, un Malaisien, un Égyptien et un Soudanais, tous présidents d’associations. Pour des raisons de langue, le contact avec les deux derniers n’a pas pu être approfondi. De

plus, mes séjours en Chine ont souvent été prolongés involontairement, du fait des retours de ces personnes dans leur pays d’origine ou à la Mecque pour des raisons religieuses. Ainsi, les enquêtes ont commencé avec les trois premiers présidents des associations étrangères.

Parmi ces trois personnes, l’interlocuteur sénégalais a été le plus actif pour m’aider à trouver des participants. Pendant de nombreuses réunions dans son bureau, il a demandé à chaque personne qui passait de laisser ses coordonnées, ce que les gens ont fait très volontiers avec un grand sourire et sans poser de question. Ils disaient souvent, avec une expression humble : « Si c’est le grand frère de xx qui me le demande, je le fais sans aucune hésitation. ». Naturellement, certains le disaient par simple politesse. Au moins une dizaine de participants ont été trouvés de cette manière. Cela montre à quel point cette personne est admirée au sein de sa communauté.

L’interviewé malien a été très ouvert également. En revanche, différent de caractère, il n’a pas souhaité me recommander d’autres personnes. Il disait tout le temps : « Je veux être riche, mais caché ! Je ne veux pas que les autres me voient. » (Entretien 3). Cette personne est une figure très active dans les activités sociales et gouvernementales à Yiwu. Il accordait une grande valeur au titre administratif du membre de ma famille. Au premier entretien, il a commencé par dire : « Je vais être

très franc, si ce n’était pas lui, je ne m’assoirais pas ici avec toi aujourd’hui. Il y a trop de personnes qui veulent m’interviewer. C’est pour ça que j’espère que tu lui fasses un bon mot sur moi après l’entretien. » Cette personne a contribué à la

distribution des questionnaires.

Ensuite, grâce à l’impact de ces personnes au sein de leur communauté, mon réseau a pu être élargi d’une personne à une autre. Lorsque j’effectuais un entretien, à la fin, je demandais à l’enquêté s’il connaissait des personnes susceptibles d’être intéressées pour participer à l’enquête. Souvent un numéro de portable ou une carte numérique sur WeChat étaient communiqués. Je prenais alors contact avec la personne pour un rendez-vous. La recommandation était surtout importante pour obtenir une confiance de base.

L’avantage le plus important de cette façon de faire a été une accumulation plus rapide de participants. De plus, une confiance préétablie pouvait améliorer l’efficacité de la recherche. Cela dit, j’ai observé plusieurs cas où les personnes recommandées n’étaient pas très investies dans les échanges : elles avaient probablement accepté en raison d’un sentiment d’obligation envers la personne qui les avait recommandées. Dans ce genre de situation, davantage d’efforts étaient nécessaires pour susciter l’intérêt de l’enquêté.

Le nombre de personnes interviewées a augmenté petit à petit de cette manière. Pendant le processus d’enquête, des différences se sont manifestées entre les participants. La plupart des enquêtés participaient à l’entretien par respect pour la personne qui les avait recommandés, ils n’étaient pas forcément intéressés par le sujet. En revanche, parmi les interviewés, certaines personnes ont montré plus de passion que les autres. J’en ai donc profité pour exploiter davantage leur histoire.

Par exemple, un Syrien, après un entretien et des discussions via l’application WeChat, m’a proposé volontairement de traduire le questionnaire en arabe, en

m’assurant que cela attirerait plus de commerçants arabes car la grande majorité d’entre eux ne parlent pas assez bien le chinois ou l’anglais pour remplir tout le questionnaire correctement. Traduire tout le contenu du questionnaire, en plus de son emploi du temps chargé, commerçant le jour et étudiant le chinois le soir, n’était pas une tâche facile à réaliser. Il a refusé tout dédommagement pour sa participation au projet ; il s’estimait reconnaissant de pouvoir en faire partie, car il n’avait pas eu la chance de poursuivre ses études à cause de la guerre en Syrie.

Naturellement, ce genre d’engagement restait minoritaire parmi les commerçants étrangers, ce qui est normal compte tenu de leur emploi du temps chargé et de la poursuite de leurs propres intérêts. Mais avec la recommandation des présidents d’associations, ainsi que d’un petit nombre de jeunes commerçants actifs et passionnés par l’enquête, le nombre des interviewés a augmenté et les relations avec certains commerçants sont devenues de plus en plus étroites après de nombreux échanges (Fig. 31).

4.2.2 La distribution des questionnaires et la réalisation des entretiens

J’ai réalisé toutes les enquêtes moi-même. Au total, onze visites sur le terrain ont été réalisées sur une période de 99 jours (Tab. 15). Les visites se sont déroulées principalement pendant les deux premières années de ma thèse. Elles duraient en général une à deux semaines. Cela m’a permis de prendre un peu de recul, de résumer le travail et de modifier les entretiens suivants, ce qui a amélioré l’efficacité de l’enquête.

81 questionnaires valides avec des commerçants étrangers ont été collectés et 32 entretiens réalisés avec des commerçants africains. Des entretiens avec des commerçants d’autres pays, des commerçants chinois ainsi que des fonctionnaires locaux de Yiwu ont été également effectués. Ils ne font pas partie de l’analyse principale mais pourront servir de références.

Les questionnaires ont été relancés à différentes périodes de l’année, en évitant les vacances traditionnelles de la fête du printemps (janvier et février). Pendant ces périodes, la ville se vide rapidement et il est beaucoup plus difficile de trouver des personnes à interroger.

Ces questionnaires ont été distribués de différentes façons : • Sur les marchés ou les rues alentours.

• Questionnaire papier, en face à face, rempli par les enquêtés.

• Questionnaire papier, en face à face, réponses données oralement par le commerçant et remplies par le chercheur.

• Questionnaire électronique : WeChat et site Wenjuan Xing (site dédié à la distribution de questionnaires et à la collecte de réponses).

• Réseau personnel : plusieurs questionnaires délégués à une personne pour qu’elle les distribue comme elle le souhaite.

Tab. 15 – Les visites sur le terrain entre 2014 et 2016

Dates Durée

(en jours) Objectif

1 21-29 sept. 2014 7 Première visite sur le terrain

2 08-13 oct. 2014 5 Connaissance de la ville et premiers échanges avec des personnes chinoises de Yiwu

3 15-28 mars 2015 13 Première distribution des questionnaires sur des marchés 4 01-08 avril 2015 7 Établissement du réseau avec des commerçants chinois

5 16-27 sept. 2015 11

Établissement du réseau avec de grands commerçants étrangers ; distribution des questionnaires sur papier et réalisation des entretiens

6 10-15 oct. 2015 5 Distribution des questionnaires sur papier, et via Internet. 7 09-17 nov. 2015 8 Distribution des questionnaires sur papier et via Internet

et réalisation des entretiens. 8 27 nov. - 06 déc.

2015 9

Distribution des questionnaires sur papier et via Internet et réalisation des entretiens.

9 01-18 juillet 2016 17 Participation aux activités organisées par des associations étrangères et entretiens plus approfondis

10 12-19 août 2016 7 Récupération des questionnaires distribués et entretiens 11 12-22 sept. 2016 10 Finalisation de la récupération des questionnaires et

entretiens. Auteur : Cui Can.

La première façon, plus directe, a été essayée en premier lieu, en pensant que le questionnaire ne demandait pas plus de cinq minutes. Le résultat a été plus que décevant. En réalité, sur les deux jours entiers passés entre différentes boutiques des marchés de Yiwu, seulement trois personnes se sont arrêtées pour savoir ce qui leur était demandé. Au final, aucun questionnaire n’a pu être récupéré. Il a donc fallu une nouvelle méthode.

Avec l’établissement d’un réseau sur le terrain, j’ai essayé d’apporter les questionnaires en version papier pour qu’ils soient remplis. Cela a fonctionné. En revanche, après une courte période, le manque d’efficacité était réel. Les participants avaient parfois du mal à comprendre la forme du questionnaire ou certaines questions et cochaient de façon incompréhensible dans les colonnes. Cela m’a amené à une troisième façon de distribuer.

De fait, un grand nombre des commerçants ne voulaient pas perdre leur temps à remplir le questionnaire ou tout simplement, n’avaient pas envie de lire les questions et de prendre un stylo. Une autre méthode a alors été privilégiée, l’enquêteur posant les questions et remplissant lui-même le questionnaire après avoir eu les réponses.

Cela était largement plus apprécié par les enquêtés : sur la question « Préférez-vous remplir le questionnaire vous-mêmes ou que je le fasse pour vous ? », tout le monde a préféré la seconde option. Ce moyen s’est avéré le plus efficace. L’enquêteur peut poser des questions et avoir les réponses immédiatement. Quand un problème apparaît, le chercheur peut opérer les ajustements nécessaires en temps réel. En revanche, le fait d’être face à une autre personne, surtout chinoise, pouvait inquiéter les commer-çants étrangers. Ayant peur de vexer le chercheur (ou l’autorité locale aux yeux de certains interviewés, ce qui n’était pas le cas), les enquêtés pouvaient essayer d’éviter les critiques, désirant rester et mieux s’intégrer à Yiwu. Cela pouvait les empêcher de donner des réponses honnêtes. Dans ce genre de situation, c’était au chercheur de les mettre à l’aise et de leur assurer un environnement serein.

Un certain nombre de questionnaires ont été distribués via WeChat, en profitant du site Internet Wenjuan Xing (distribution de questionnaires et collecte des réponses)82. Peu de personnes y ont répondu et encore moins l’ont fini. Souvent, elles se sont lassées dès le début. Même s’il était proposé dans sa version la plus courte, la longueur du questionnaire était la cause principale de cette réaction.

Enfin, certains questionnaires ont été délégués à des personnes réputées dans leur communauté. Par exemple, lors de l’entretien avec le président d’une association africaine, celui-ci a accepté de faire passer les questionnaires à des membres de l’asso-ciation, très volontairement. Toutefois, la promesse n’a pas été tenue. Après plusieurs tentatives pour le contacter, les questionnaires qu’il a rendus étaient tous vides. Ce résultat s’explique par son emploi du temps chargé et un manque de motivation. Plus largement, l’écart entre les intentions affichées et les actions montrait une certaine complaisance, en feignant d’être poli : une impression souvent constatée chez les Asiatiques et surtout les Chinois. Peut-on dire que ces personnes sont tellement bien intégrées qu’elles suivent, consciemment ou pas, la façon de faire des Chinois ? La question se pose.

Une tentative a été initiée qui proposait une compensation financière aux participants pour le temps consacré à l’enquête. Cela n’a pas marché. Les commerçants n’ont montré aucun intérêt pour cette proposition. Ceux qui ne voulaient pas participer au questionnaire ne s’intéressaient pas à la somme d’argent, plutôt petite. Ceux qui étaient déjà d’accord pour répondre aux questionnaires en voulaient encore moins, ils préféraient le faire volontairement, afin de montrer leur intérêt pour l’étude.

Les rencontres avec les commerçants étrangers se sont passées la plupart du temps dans leur bureau. Souvent, je me rendais sur le lieu de rendez-vous pour attendre le commerçant. Ce dernier consacrait donc une partie de son temps de la journée à un échange. Si la conversation durait plus longtemps que prévu, un deuxième rendez-vous était organisé dans un futur proche. Pour certains jeunes commerçants qui n’avaient pas encore leur propre bureau, les rencontres prenaient place dans les cafés les plus fréquentés par les étrangers. Enfin, plusieurs enquêtes ont été effectuées dans un restaurant africain, juste après le repas du soir. En général, les endroits publics étaient privilégiés. Dans

certaines situations, lorsque les enquêtés se sentaient plus à l’aise et en confiance, une invitation à la maison ou au bureau était possible.

J’apportais toujours un enregistreur afin de garder toute la conversation, en demandant bien sûr aux participants, avant l’entretien, si la conversation pouvait ou