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Un mouvement d’éducation, le scoutisme catholique

ASPECTS GÉNÉRAUX, JURIDIQUES ET PASTORAUX

A. Un mouvement d’éducation, le scoutisme catholique

Cette thématique sera abordée essentiellement à travers les mouvements catholiques de scoutisme Scouts de France et Guides de France, devenus en 2004 Scouts et Guides de France. Il s’agit d’une association catholique avec des statuts canoniques476, « reconnue comme Association privée de fidèles par la Conférence des Evêques de France. Elle est " mouvement éducatif " dans l’Église catholique en France. » (article 1). Les statuts précisent : « L’association propose aux jeunes en situation de handicap physique, sensoriel ou mental de vivre l’aventure du scoutisme par des démarches adaptées. L’association se veut une communauté ouverte. Ouverture au niveau local : le quartier, l’école, la commune, la paroisse. Ouverture sur la société et le monde. » Les articles 9 à 12 précisent les liens qu’entretient le mouvement avec les instances ecclésiales locales et avec la pastorale : « Le groupe local se relie

475 Cf. Documents divers, Archives de l’Église de France, dossier 2CE729.

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habituellement à une communauté chrétienne, paroisse, établissement scolaire. Il participe ainsi à la vie de cette communauté chrétienne. Les responsables du groupe local et les responsables des communautés chrétiennes veilleront à ce que ce lien soit effectif. » (article 9). « Le mouvement peut accompagner et préparer, à leur demande, des jeunes aux sacrements d’initiation (Baptême, Eucharistie, Confirmation) en lien avec les communautés chrétiennes locales. » (article 11). « Le Mouvement se donne les moyens de permettre à chacun de se découvrir membre de l’Église universelle, notamment en participant aux grandes initiatives de l’Église dans les diocèses et aux rassemblements universels. » (article 12). Cela signifie donc que les enfants et les jeunes Scouts et Guides de France handicapés, comme tous les membres du mouvement, trouvent là les moyens de vivre leur vie chrétienne, en Église.

Baden Powell, fondateur du scoutisme en Grande-Bretagne, en 1907, a souhaité que ce mouvement n’ignore pas le handicap physique. Dès 1919, il constate que le scoutisme apporte une meilleure santé, de la joie et de l’espoir à des jeunes handicapés physiques ou sensoriels. Il organise un premier Jamboree mondial en 1920, à Londres et n’oublie pas de prévoir des activités alternatives pour ces jeunes qui ne pourront pas vivre toutes les activités sportives qui seront proposées. Il tient à ce qu’ils ne ressentent pas leur faiblesse mais qu’au contraire, ils gagnent en espoir et en force. Il refuse cependant toute protection excessive : il faut que ces garçons handicapés puissent, dans la mesure du possible, participer à toutes les activités, gagnant ainsi en autonomie, indépendance et en estime d’eux-mêmes. Baden Powell approfondit l’expérience, ses observations et sa réflexion sur le handicap et en conclut, avec e l’avance sur son époque, que non seulement ces jeunes peuvent tout-à-fait s’impliquer dans le scoutisme et ainsi gagner en confiance en eux, mais aussi qu’ils offrent au mouvement leurs compétences et leur capacité de leadership.477 Dès lors, l’accueil de jeunes handicapés n’est pas l’apanage du scoutisme catholique, c’est une pratique inhérente au scoutisme, comme en témoigne

477 Cf. World Organization of the Scout Movement, Scouting with the disabled, World Scout Bureau, mars 2000, p. 5.

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le document du Bureau Mondial Scouting with the disabled 478, dont le titre traduit d’ailleurs la préoccupation de faire du scoutisme « avec » les personnes handicapées, plutôt que de proposer un scoutisme « pour » eux, c’est-à-dire spécifique et non inclusif.

À travers le scoutisme catholique, les jeunes handicapés ont accès à la Parole de Dieu et vivent une expérience d’Église. Quant aux communautés ecclésiales locales, elles reçoivent la présence des Scouts et des Guides handicapés et valides comme un témoignage et une invitation à vivre ensemble.

Le Père Jacques Sévin, qui a créé les Scouts de France dans les années 1920, a étendu lui aussi la proposition pédagogique du scoutisme aux enfants et aux adolescents handicapés, à Berck, en 1926. Il l’a appelée « branche d’extension ». En 1927, des jeunes filles « allongées » de Berck479 demandent elles aussi à devenir Guides de France. Il ne s’agit pas pour ces jeunes de courir dans les bois, mais de développer leur spiritualité, leur caractère, leur courage face à la maladie, de trouver un sens à leur vie ; cela se faisait en lien étroit avec les soignants. En 1932 fut créé un service de coordination de l’accueil des filles handicapées chez les Guides, dirigé par Marie-Thérèse de Kerraoul. Se mirent en place des unités « extension » dans les sanatoriums, dans les institutions spécialisées pour jeunes déficients moteurs, auditifs, visuels (par exemple à l’INJA, à Paris, en 1938), et des unités « d’isolés » pour les Scouts et Guides handicapés demeurant en famille.480 Le scoutisme et le guidisme ont eu beaucoup de succès dans les institutions spécialisées car c’était une des seules activités qui y était proposées aux jeunes481 et où ils n’étaient pas considérés comme

478 Faire du scoutisme avec les personnes handicapées. Traduit par nous.

479 La station balnéaire de Berck, dans le Pas-de-Calais, dans le nord de la France, est réputée pour son air marin particulièrement iodé et bénéfique contre les maladies osseuses comme la tuberculose. Un très important centre hélio-marin et de nombreux hôpitaux s’y sont implantés, accueillant de nombreux jeunes pour de longs séjours. Les « allongés » étaient les malades qui devaient rester alités, emprisonnés notamment dans des corsets de plâtre.

480 Cf. « Présentation des Guides de France », in Ombres et Lumière, n°4, octobre-novembre-décembre 1968, p. 23.

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des malades, des infirmes, mais comme tout jeune de leur âge.482 Il est à souligner qu’à l’époque, la demande ne venait pas des jeunes ou de leur famille en premier lieu, mais des institutions.

Des camps jumelés se déroulaient parfois : par exemple, en 1946, les Routiers de l’INJA avec les Routiers d’Asnières (valides).483 Ou encore, les Scouts de la IXème Lille qui ont parrainé les unités de Berck à leur réinstallation dans les hôpitaux après la guerre, en les aidant pour le matériel et les finances. Ce genre de parrainage s’est généralisé par la suite. En 1946-1947, soixante-dix unités d’extension étaient recensées en France.484 En 1958, l’extension représentait 2500 jeunes (soit un scout sur 60) et 350 chefs et cheftaines (sur 11 000). La motivation invoquée par le mouvement Scout de France à l’époque tenait en ces mots : « Parce qu’ils sont "hommes" et que nous sommes chrétiens ».485

D’un point de vue religieux, scoutisme et guidisme catholique ont joué un rôle essentiel pour la formation chrétienne des jeunes handicapés qui, contrairement aux jeunes valides de l’époque, ne bénéficiaient que rarement d’une catéchèse et d’une préparation aux sacrements.486 Le scoutisme d’extension a permis d’assurer une présence ecclésiale dans les milieux hospitaliers, les établissements, les sanatoriums, où l’aumônerie était souvent mal assurée.487

Puis les Guides de France ont souhaité abandonner cette appellation « extension » qui, selon elles, donnait l’impression d’une ségrégation, et ont voulu intégrer les filles handicapées dans les groupes ordinaires. Mais

482 Cf. Scoutisme au pays des malades, 2ème édition, Coll. Scout de France, Presses d’Île-de-France, 1946, p. 12, 21.

483 Cf. Jean GOUZI, « Choses vues », in Le Chef. Les Scouts de France, n° 228, juillet-août 1946, p. 619. Jean Gouzi était responsable national des groupes scouts qui accueillaient des jeunes handicapés.

484 Cf. Jean GOUZI, « L’extension en 1946-1947 », in Le chef. Les Scouts de France, novembre 1946, n°229-230, p. 652.

485 Y. DE BILLY, « Appel à l’attention », in Le Chef, revue mensuelle des Scouts de France, mars 1958, n°336, p. 98. Y. de Billy était responsable national de l’extension.

486 Cf. F. GIRARD-BUTTOZ, « À l’extension », in Le Chef, les Scouts de France, juillet-août 1954, n°305, p. 40.

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à cause de l’importance des déficiences dont certaines étaient atteintes, leur présence dans des unités nécessitait une formation spéciale des cheftaines et demandait beaucoup d’investissement, au détriment des autres filles. La proposition « extension » a donc été conservée chez les Guides. À vouloir absolument jouer la carte de l’intégration dans toutes les situations, les résultats n’étaient pas satisfaisants.488

Ce n’est qu’en 1964 que l’accueil de jeunes handicapés mentaux fut envisagé, et très progressivement. Les responsables nationaux ont accordé beaucoup d’importance à une collaboration avec des spécialistes du handicap. Cela a donné lieu par exemple au dossier Contribution du

guidisme à une recherche sur un accueil et une prise en charge des handicapés et inadaptés, en 1973. L’enjeu était : « Comment proposer un

scoutisme qui permette à l’enfant handicapé d’être aimé et de renaître ? » 489

Aujourd’hui, et cela depuis les années 1960, des enfants et des jeunes handicapés sont accueillis dans des unités ordinaires, cette formule étant privilégiée. Dans de nombreux pays, ces unités s’appellent « Malgré Tout ». Chez les Scouts de France, le nom retenu en 1979 est « Arc-en-Ciel »490, en référence au Livre de la Genèse, à Noé sortant de l’Arche, l’arc-en-ciel étant signe de la relation restaurée, de l’alliance de Dieu avec tous les vivants. L’Arc-en-Ciel devient chez les Scouts de France le signe de l’alliance entre tous les jeunes et une invitation à vivre l’aventure de la relation aux autres. Cette symbolique reprend ce qui a été dit plus haut sur la dignité humaine qui ne peut véritablement se vivre que dans la relation, et sur l’importance de l’interdépendance dans la théologie qui traite du handicap.

488 Cf. Henri BISSONNIER, Provoqués à l’espérance, op. cit., p. 100-101.

489 Marie-Thérèse CHEROUTRE, Le scoutisme au féminin. Les Guides de France 1932-1998, Coll. Cerf Histoire, Paris, 2002, p. 433. Marie-Thérèse Cheroutre était professeur de philosophie et fut Commissaire Générale des Guides de France de 1953 à 1979. Elle a par la suite travaillé sur l’histoire du guidisme.

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Il est cependant rare que les jeunes restent au-delà de la branche Scouts-Guides. À partir de l’âge Pionniers-Caravelles (14 ans), les activités se compliquent et cela demande beaucoup d’adaptation, ce qui décourage les animateurs et inquiète les parents. Au total, chez les Scouts et Guides de France, il n’y a que quelques centaines d’enfants et de jeunes handicapés dans les unités ordinaires. Pourtant, selon une enquête menée début 2014 auprès des groupes locaux par le Service Handicap du mouvement491, l’accueil de jeunes avec un handicap se passe « normalement » dans 51 % des cas ; cela se passe « facilement, voire très facilement » dans 40 % des situations d’accueil. La volonté du mouvement est de relancer cette dynamique d’ouverture aux jeunes handicapés : pratiquer le scoutisme est un droit fondamental, l’accueil de jeunes avec un handicap n’est pas une option facultative mais un choix éducatif qui concerne tous les membres du mouvement492. Il n’est pas nécessaire d’être un professionnel pour accueillir des jeunes handicapés dans le scoutisme.

Pour encourager cet accueil, le mouvement a défini une nouvelle mission à l’échelon des Territoires (ensemble de plusieurs groupes, chaque groupe étant théoriquement composé des branches de toutes les tranches d’âge) : Responsable Handicap Intégration en Territoire (RHIT). Le RHIT est chargé de promouvoir l’accueil d’enfants et de jeunes avec un handicap, y compris parmi les responsables493, d’accompagner les animateurs des unités qui se lancent dans l’aventure ou qui se trouvent confrontés à des problématiques liées au handicap sans en être avertis à l’inscription du jeune dans l’unité, de développer des activités de sensibilisation autour du handicap et d’inciter à monter des projets sur cette thématique, quel que soit l’âge. Pour cela, l’équipe nationale du service

491 Cf. Scouts et Guides de France, Équipe Nationale Handicap, L’accueil des jeunes et

adultes en situation de handicap dans les groupes Scouts et Guides de France : un bilan positif ! 2014. Disponible sur : http://www.sgdf.fr/actualites-chefs-cadres/toute-l-actualites- chefs-cadres/les-actualites/1617-l-accueil-des-jeunes-et-adultes-en-situation-de-handicap-dans-les-groupes-scouts-et-guides-de-france-un-bilan-positif Consulté le 04/07/2014.

492 Cf. Scouts et Guides de France, Équipe Nationale Handicap, Le scoutisme pour les jeunes

en situation de handicap, disponible sur : http://www.sgdf.fr/la-vie-scoute/scoutisme-et-handicap/pour-les-jeunes-en-situation-de-handicap Consulté le 05/05/2014.

493 D’après l’enquête de 2014, 9 % des membres des équipes de groupe (responsable de groupe local, trésorier, secrétaire, membre associé …) et 7 % des chefs et cheftaines sont handicapés.

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handicap a expérimenté en février 2014 une formation à destination des RHIT et de tous les responsables et animateurs du mouvement intéressés. De plus, de nombreuses fiches techniques pour aménager un camp et animer des activités avec un jeune handicapé sont disponibles sur le site internet des Scouts et Guides de France. L’une d’elle concerne la vie spirituelle, rappelant que cette dimension n’a pas à être mise de côté, sous prétexte que le quotidien des activités est déjà compliqué par le handicap.494

Il serait faux de croire que toute intégration de jeune avec un handicap se passe bien. Les échecs existent. Cependant, lorsque l’expérience est positive, l’unité est plus soudée, sa vie est plus forte en termes de cohésion, de solidarité, d’attention à l’autre.495 Quant aux jeunes handicapés, ils en retirent un grand bénéfice pour leur développement social. Leurs parents trouvent là aussi une voie de sortie de l’isolement que provoque le handicap d’un enfant.

Chez les Guides de France, une proposition particulière est née en 1973 : permettre à des femmes handicapées mentales, de vivre le guidisme à un âge où, sans handicap, elles pourraient être cheftaines ou exercer d’autres responsabilités dans le mouvement. Ce sont les Guides « Vent du Large »496. Cette proposition est née à partir du constat qu’avec un autre type de déficience, un adulte pouvait quand-même exercer l’une ou l’autre fonction en responsabilité dans le mouvement, mais qu’avec une déficience mentale, cela n’était pas possible (à moins que la déficience soit légère). Il ne s’agit pas de les considérer comme des enfants ou des adolescentes, mais de leur proposer des activités qui tiennent compte de

494 Cf. Doc en stock, Scoutisme et handicap, disponible sur : http://www.sgdf.fr/vos-ressources/doc-en-stock/category/23-scoutisme-et-handicap Consulté le 05/05/2014.

495 Cf. Olivier BAJARD, « Groupe Notre-Dame des Anges, à Marseille : un désir de liberté », in Demain les Scouts de France, n°98, novembre 1995, p. 19-20. Olivier Bajard était à l’époque Commissaire national Arc-en-Ciel. Arc-en-Ciel était le nom donné à la proposition du scoutisme pour les enfants et jeunes handicapés, en unité ordinaire. Cf. aussi O. MADELAIN, « Julie, Laurent et les autres, la force d’un accueil », in Demain les Scouts de

France, n°96, juillet 1995, p. 31.

496 Scouts et Guides de France, Service handicaps, Vent du Large, vivre le scoutisme avec

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leur âge adulte, basées sur les piliers éducatifs du guidisme alliant vie en équipe et progression personnelle, ainsi que les six domaines de développement (intellectuel, spirituel, physique, affectif, social et moral), autour d’activités diversifiées et de camps (ouverts aux membres du mouvement à l’année, mais aussi à des personnes handicapées qui ne sont habituellement pas Guides). Il s’agit de permettre aux personnes handicapées de vivre des choses qu’elles n’ont pas l’occasion de vivre en famille ou dans leur foyer, tout en garantissant une qualité qu’exige la réglementation médico-sociale.

Les personnes valides, responsables des activités « Vent du Large », ne sont ni des cheftaines, ni obligatoirement des professionnelles du domaine médico-social,497 mais des co-équipières, qui font équipe avec les personnes handicapées. Il s’agit de vivre ensemble, en relation de partage et d’amitié, sans relation d’autorité ou de hiérarchie. L’animation ne repose pas exclusivement sur les valides, qui ne sont là que pour assurer la sécurité et un minimum d’organisation. Le cadre est donc très différent de celui du quotidien, avec les parents ou les éducateurs et autres professionnels. Des camps à l’étranger sont parfois organisés. Là encore, il s’agit d’une expérience innovante pour des personnes handicapées : certes, certains foyers d’hébergement proposent des séjours de vacances à l’étranger à leurs résidents, mais il s’agit de tourisme, dans des structures qui y sont dédiées (hôtels, club de vacances, etc.) Lors d’un camp « Vent du Large » à l’étranger, les personnes handicapées rencontrent des personnes et des guides du pays, dans leur quotidien, et vivent une véritable expérience interculturelle, comme ce fut le cas lors d’un camp au Sahara, à la rencontre des bédouins, à Madagascar, ou encore dans les années 1990, à l’occasion d’un échange avec des Guides handicapées de Grèce.

La spiritualité n’est pas absente de la proposition « Vent du Large » : un accompagnement spirituel est prévu, s’organisant autour de quatre

497 Bien que la fondatrice de Vent du Large, Anne-Marie Stephan, soit actuellement directrice de la MDPH du Finistère (Maison Départementale des Personnes Handicapées).

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axes qui prennent racine dans la rencontre avec le Seigneur : respect de chacun, sens du service, dépassement de soi et joie. L’aumônier national est par ailleurs responsable diocésain de la PPH pour le diocèse de Paris.498 Par ailleurs, les Scouts et Guides « Vent du Large » prononcent elles aussi leur Promesse, qui fait référence à la foi -« Je sais que Jésus m’aime comme je suis »- et qui les fait ainsi égaux et frères de tous Scouts et Guides du monde entier.

Cette proposition « Vent du Large » s’est étendue à d’autres pays, notamment au Liban et à Madagascar (proposition Eau Vive).

Il existe actuellement une dizaine d’unités « Vent du Large » en France, soit plus d’une centaine de membres. Suite à la fusion des Scouts de France et des Guides de France en 2004, le nouveau mouvement, Scouts et Guides de France, a choisi de continuer cette proposition porteuse d’enjeux de société. « Vent du Large » contribue en effet à accroître la citoyenneté des personnes handicapées. Les adhérents handicapés « Vent du Large » ont toute leur place dans le mouvement puisque deux d’entre eux participent avec droit de vote à l’Assemblée Générale annuelle du mouvement.499 Il est notable que la branche « Vent du Large » produit depuis 1976 la seule revue en France (à notre connaissance) destinée aux personnes handicapées mentales : Pour Toi. Ce journal aborde tous les sujets, y compris la foi, et sert aussi aux familles et en pastorale.

Enfin, il s’agit aussi de témoigner aux yeux de la société que le vivre ensemble est possible (les « Vent du Large » ne restent pas confinés sur le lieu de camp ou dans un local, dans une bulle, mais pratiquent leurs activités au cœur de la société). Cela s’est traduit en 2000 par la remise du label « Fraternité 2000 », décerné par le Ministère de l’Emploi et de la

498 Cf. Collectif, Témoignages Vent du Large, 2014. Disponible sur http://www.sgdf.fr/la-

vie-scoute/scoutisme-et-handicap/pour-les-adultes-en-situation-de-handicap?id=90:temoignages-vent-du-large&catid=54 Consulté le 05/05/2014.

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Solidarité.500 Les « Vent de Large » ont par ailleurs participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Paris, en 1997.

Néanmoins, alors que le mouvement se veut ouvert à la diversité, « Vent du Large » reste méconnu par la plupart des responsables Scouts et Guides de France. La revue Pour Toi n’est pas diffusée aussi largement que les revues des branches Louveteaux-Jeannettes, Scouts-Guides, Pionniers-Caravelle, et Compagnons-Cadres. Pourtant, le petit nombre d’adhérents « Vent du Large » ne justifie pas de ne pas relayer l’information au même titre que pour les autres branches.

Les mouvements de scoutisme catholique accueillant les jeunes handicapés n’existent pas qu’en France. Par exemple en Italie, de nombreuses unités jouent le jeu et plus de la moitié des groupes sont concernés. En témoignent deux ouvrages assez conséquents édités par l’AGESCI, Associazione Guide e Scout Cattolici Italiani, qui permettent de comprendre les enjeux de la démarche à partir de l’histoire,