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En France : la Pastorale des Personnes Handicapées (PPH)

ASPECTS GÉNÉRAUX, JURIDIQUES ET PASTORAUX

A. En France : la Pastorale des Personnes Handicapées (PPH)

La PPH était anciennement appelée Service Catholique pour l’Enfance et la Jeunesse Inadaptée, et cela jusqu’en 2007. Le Service Catholique pour l’Enfance et la Jeunesse Inadaptée, SCEJI, était né en 1959. C’est au siège du BICE à Paris, que le Père Bissonnier implanta le SCEJI, structure française dépendant de l’épiscopat.

Le 28 octobre 1972, au cours de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, la Commission Enfance et Jeunesse a confirmé et précisé le rôle du SCEJI. Ce service était à destination de toutes les personnes et groupes concernés par le handicap et fonctionnait aux plans diocésain, régional406 et national. Des permanents avaient, et ont encore dans le cadre de la PPH, pour mission de veiller et de promouvoir la qualité de vie humaine, spirituelle et évangélique et celle des actions entreprises dans le domaine du handicap, sans toutefois se substituer aux structures en place dans l’Église qui mènent des actions avec les personnes handicapées, mais en leur apportant de l’aide si nécessaire, ainsi qu’aux pasteurs (prêtres et évêques) et aux catéchistes. Ces permanents participent en cela à la mission pastorale des évêques407. C’est à ce titre que le SCEJI était le Secrétariat Permanent des Evêques pour la Pastorale des Enfants et des Jeunes, Inadaptés et Handicapés, dont le Président était un évêque nommé

406 En régions apostoliques, avec un délégué régional réunissant les délégués diocésains.

407 Cf. « Au service des enfants et des jeunes en difficulté, le Service Catholique Enfance et Jeunesse Inadaptées, le SCEJI », in L’Église en Alsace, la vie diocésaine, n°11, novembre 1995, p. 30-31.

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par la Commission Enfance-Jeunesse de la CEF. Avait été créé, comme organisme national dépendant du SCEJI, une aumônerie des centres de jeunes inadaptés, sous l’impulsion de Mgr. de la Chanonie408. Il s’agissait d’aider, former, soutenir les aumôniers de 1700 centres recensés à l’époque. Elle était financée par le Secours Catholique. Le rôle du SCEJI était aussi d’assurer localement des liens avec les instances responsables de l’action sociale et éducative telles que la DASS409, les Tribunaux pour enfants, les CREAI410, etc. Enfin, le rôle du SCEJI au niveau national était d’appréhender les problématiques autour du handicap en interdisciplinarité : droit, pédagogie, philosophie, questions sanitaires, politique, dans une dynamique de recherche et d’information auprès, notamment, de l’épiscopat, et de collaboration avec les Ministères de l’État.411 La dénomination de SCEJI a été abandonnée fort heureusement en 2007. Celle-ci semblait limiter l’action de ce service aux enfants et aux jeunes alors qu’en réalité, il s’adressait à des adultes de tous âges qui, même en situation de déficiences mentales, n’ont pas à être considérés comme des éternels enfants ou jeunes.

En France, la PPH fait partie du Département Santé, lui-même branche du Service national Famille et Société.412 Elle fait ainsi partie de la Pastorale de la santé, qui fut fondée en 1982 par le document Mission sans

frontière lors de l’assemblée plénière de l’épiscopat.

408408 Mgr. de la Chanonie fut le premier Évêque français à être chargé, au niveau national, de la pastorale des personnes handicapées. Durant le Concile Vatican II, logeant à Rome avec ses confrères de France, il œuvrait à les convaincre un à un de nommer dans leurs diocèses respectifs des responsables SCEJI. Cf. Henri BISSONNIER, « Un grand ami de la jeunesse inadaptée et handicapée disparaît : Mgr. de la Chanonie », in Recherches, handicaps et vie

chrétienne, n°65, 1er trimestre 1991, p. 4.

409 Direction des Affaires Sanitaires et Sociales.

410 Centre Régional d’Études, d’Actions et d’Informations.

411 Cf. Commission épiscopale « Enfance-Jeunesse », Pour une présence chrétienne dans les

situations d’inadaptation, 28 octobre 1972, 16 p. Le SCEJI a notamment travaillé avec les

pouvoirs publics pour l’accès au Certificat d’Aptitude à l’Enseignement des Inadaptés, sur les projets de loi relatifs au diplôme d’éducateur spécialisé, et encore sur la question du droit des tutelles des personnes handicapées. Cf. Henri BISSONNIER, Provoqués à l’espérance, op.

cit., p. 120.

412 En Alsace, toutefois, la PPH fait partie des Œuvres de Charité et de Solidarité. Cela témoigne d’un passé qui abordait le handicap par le biais de l’action charitable.

Cf.

http://www.diocese-alsace.fr/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=659&Itemid=1 272 Consulté le 10/04/204.

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Les missions de la PPH se situent dans la continuité de celles du SCEJI : « accueillir sans restriction les personnes handicapées dans la société et dans l’Église ». Elle coordonne dans l’Église les actions des services et des mouvements présents auprès des personnes handicapées de tous âges : pastorale familiale, pastorale des jeunes, participation aux Journées Mondiales de la Jeunesse, Action Catholique, scoutisme, etc. Elle organise des formations et des temps de ressourcement à destination des responsables diocésains (au niveau national)413, des accompagnateurs de terrain dans les diocèses, des paroissiens dans des communautés locales, des familles, des professionnels.

Christiane Cirasse, chargée de mission pour la PPH à la CEF jusqu’en septembre 2013, expliquait : « Dans un diocèse, elle est le service que l’Evêque met en œuvre pour que l’Église rejoigne dans leur vie de chaque jour les personnes handicapées. Elle assure l’accompagnement pastoral des jeunes et des adultes handicapés vivant dans leur famille ou placés dans divers établissements sociaux ou médico-sociaux. Elle veille à ce que les personnes handicapées puissent vivre pleinement leur vie chrétienne et apporter leur part à l’annonce de l’Évangile. En Église, la PPH est en lien avec les services et les mouvements du monde du handicap et collabore avec d’autres services et mouvements d’Église. Elle sensibilise et soutient les paroisses dans leurs initiatives en direction des personnes handicapées. Elle est attentive à ce que leurs parents, leurs familles comme les professionnels trouvent dans l’Église un soutien fraternel et l’éclairage de la foi dans les tâches quotidiennes qu’ils assument auprès des personnes handicapées. Elle participe à la réflexion engagée par la société civile afin que chaque personne handicapée y trouve sa place comme chaque citoyen.

413 Par exemple, « " ressourcement et de relecture de notre mission" (2011) - "La personne handicapée : chemin de vie, chemin de foi, pour chacun, pour l'Église" (2012) - "La vocation baptismale de chacun en Église : Prêtre, Prophète et Roi" (2013). Ce jour-là des personnes handicapées mentales étaient associées à la réflexion, avec l’aide d’Anne Chabert d'Hières, qui a réalisé les entretiens du film "L'épreuve des mots" produit par l'Arche en France. » Vittoria GIOBBE (dir.), Étude sur l’accueil et l’accompagnement des personnes malades et

des personnes handicapées à Lourdes, novembre 2013, Hospitalité du Rosaire, p. 46. Anne

Chabert d’Hières est membre de l’Arche à Paris depuis plus de 30 ans, chargée de formation pour l’Arche à Paris et la Fédération de l’Arche en France. Chef de mission « Inclusion » et rédactrice francophone pour l’Arche Internationale. Le film « L’épreuve des mots » rassemble des témoignages de personnes handicapées mentales s’exprimant seules sur divers grands sujets concernant la vie et la société.

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Elle travaille en concertation avec les associations civiles qui accompagnent ces personnes. »414 Autrement dit, elle travaille à l’articulation entre les préoccupations pastorales de l’Église et le sanitaire et le médico-social ; elle collabore avec la société civile, par le biais notamment d’associations telles que l’UNAPEI415 et « Nous Aussi » 416. Elle propose des formations qui ne sont pas directement de l’ordre de la pastorale : par exemple, une formation pour les travailleurs en ESAT partant à la retraite. Elle participe aux réflexions menées par les autorités de la République : elle a participé aux auditions du Rapport Chossy en novembre 2011, commandé par le premier ministre de l’époque « Passer de la prise en charge... à la prise en compte ». Ainsi, elle contribue à la reconnaissance de la place des personnes handicapées dans la société en tant que sujet.417 Enfin, la PPH travaille en liens étroits avec la PCS pour son expertise pédagogique.