• Aucun résultat trouvé

Les pasteurs, garants de la catéchèse

ASPECTS GÉNÉRAUX, JURIDIQUES ET PASTORAUX

B. Les pasteurs, garants de la catéchèse

Sous la responsabilité de l’évêque qui en établit les règles, le curé est garant de la mise en œuvre de la catéchèse sur sa paroisse. Dans tout le Code de droit canonique de 1983 apparaît une seule fois le mot « handicapé » : dans ce canon, au sujet de la catéchèse. Selon le c.777, « En observant les règles établies par l'Evêque diocésain, le curé veillera particulièrement : 4). à ce que soit donnée aussi une formation catéchétique à ceux qui sont handicapés de corps ou d'esprit, autant que leur condition le permet ; »

Dans les notes de l’édition vaticane du Code, ce canon n’a pas de correspondant dans le CIC 1917. Pourtant, selon le c.1332 : « le curé doit donner aux adultes un enseignement catéchistique, dans le langage adapté à leurs facultés de compréhension. » Le législateur avait-il donc le souci des fidèles atteints d’une déficience intellectuelle ? S’il suit la pensée du Pape Pie X dans la Lettre encyclique Acerbo nimis, § 6, pas vraiment, puisque le Pape demandait de rassembler les adultes pour dispenser une catéchèse « en un langage facile, approprié à leur intelligence » mais en une assistance nombreuse.358 Il ne s’agissait donc pas, chez Pie X, de proposer une catéchèse adaptée à des groupes de personnes handicapées mentales. Par ailleurs, il n’est pas question du catéchisme des enfants handicapés. En effet, à l’époque, les enfants trop handicapés dans leurs facultés de compréhension et de communication étaient considérés la plupart du temps comme inéducables, comme n’ayant pas l’usage de la raison et n’étant par conséquent pas capables d’accéder à la compréhension des mystères de la foi et des sacrements. Néanmoins, un bagage minimum leur était enseigné, dans la mesure du possible. Quelques méthodes avaient été mises au point, par exemple pour les enfants aveugles ou sourds. Cela sera abordé ultérieurement.

358 Pie X, Lettre encyclique Acerbo nimis sur l’enseignement de la doctrine chrétienne, 15 avril 1905. Disponible sur :

http://www.vatican.va/holy_father/pius_x/encyclicals/documents/hf_p-x_enc_15041905_acerbo-nimis_fr.html Consulté le 02/09/2014.

146

Au XXème siècle, les progrès des sciences humaines ouvrirent la porte à des pratiques pédagogiques adaptées aux personnes handicapées. Le grand pionnier en la matière pour la catéchèse fut le père Henri Bissonnier, français, mais dont l’œuvre eut un rayonnement international. Dès lors, la voie était ouverte vers une prise en compte canonique des personnes handicapées, dans la catéchèse. Le Pape Pie XII donnait des directives en la matière : « Le catéchiste se tromperait tout-à-fait et s’égarerait lamentablement s’il pensait que suffisent pour l’esprit simple de certains auditeurs des connaissances insuffisantes et bornées. C’est tout le contraire. Il est tenu, en effet, par son ministère, d’exposer tout ce qui est l’essentiel de la foi, mais aussi être très psychologique pour apprécier exactement leur degré d’intelligence, il lui faut aussi travailler beaucoup pour se mettre au niveau de ce qui leur est nécessaire »359.

Il parlait en 1950, à l’époque où émergeait une nouvelle prise en compte du handicap dans la société. Dans l’Église, le travail du Père Henri Bissonnier commençait à être reconnu, et fut diffusé notamment par le biais du BICE, Bureau International Catholique de l’Enfance, dont le Père Bissonnier était membre360. Celui-ci revendiquait le droit à la catéchèse pour les enfants handicapés, premièrement au nom du droit de chaque être humain de découvrir que Dieu est un Père qui aime avec tendresse et miséricorde, que Jésus est frère et ami de tout homme, qui reçoit le don de l’Esprit-Saint ; deuxièmement, au nom du droit de Dieu lui-même à diffuser son amour et d’être aimé en retour. Selon Bissonnier, sans tomber dans le prosélytisme, il est du devoir de chaque adulte chrétien de revendiquer ce droit pour l’enfant handicapé et de défendre le droit d’y contribuer.361

359 Pie XII, « Discours aux membres du Congrès catéchistique international », 14 octobre 1950, cité in Paul VI, «L’Église et les insuffisants mentaux », message à l’occasion du 1er

congrès de l’association internationale pour l’étude scientifique de l’arriération mentale, in

Ombres et Lumière, n°1, janvier-février-mars 1968, p. 18.

360 Cf. Guy AVANZINI, Henri Bissonnier, pionnier de la pédagogie catéchistique spécialisée

pour les personnes handicapées, Coll. Sciences de l'éducation, Paris, éditions Don Bosco,

2011, p. 148-151. Guy Avanzini est professeur émérite au département des Sciences de l’éducation de l’Université de Lyon II, président de la Société Alfred Binet et Théodore Simon, spécialiste de l’histoire des idées pédagogiques et de la philosophie de l’éducation.

147

Le Directoire Général pour la Catéchèse (DGC) de 1971 indiquait que la catéchèse devait fournir aux enfants et adolescents « inadaptés » « … la possibilité de mener une vie de foi dans leur situation ». Il ajoutait que c’était là « une tâche éminemment évangélique et un témoignage de grand poids, dont l’Église s’est de tout temps acquittée »362. Il est à noter que, grâce aux progrès médicaux, des personnes très handicapées mentalement, ou dans des situations de polyhandicap, vivent désormais jusqu’à l’âge adulte. Ce n’était pas le cas auparavant, elles mouraient très rapidement sans avoir eu le temps d’accéder à l’âge requis pour une catéchèse. Aujourd’hui, il est nécessaire de pourvoir à leur accès à la Parole de Dieu et à la vie de l’Église, notamment par le biais de la catéchèse. Le Directoire ajoutait donc que la catéchèse devait bénéficier « de méthodes et de moyens que la recherche pédagogique découvre et propose pour ces jeunes. »

Le Pape Paul VI, dans l’Exhortation Apostolique Evangelii Nuntiandi au sujet de l’évangélisation dans le monde moderne, écrivait en 1975 au sujet de la catéchèse : « Les méthodes devront être adaptées à l’âge, à la culture, à la capacité des personnes, en cherchant toujours à fixer dans la mémoire, l’intelligence et le cœur, les vérités essentielles qui devront imprégner la vie tout entière ». Il ne parle nulle part de handicap, mais lorsqu’il utilise la notion de capacité, il est probable qu’il englobe les personnes handicapées. D’ailleurs, il insistait déjà en 1968 à l’occasion d’un message sur « l’Église et les insuffisants mentaux » sur le fait que les personnes handicapées mentales devaient recevoir une éducation religieuse selon des méthodes spéciales, « non syllogistiques et peu verbales » et qu’il fallait considérer comme extrêmement rares les cas où la personne en était radicalement incapable.363

En 1979, Jean-Paul II, dans l’Exhortation apostolique Catechesi

tradendae consacrait le § 41 aux enfants et aux jeunes handicapés. Il

362 Sacré Congrégation pour le Clergé, Directoire Catéchétique Général, 1971, Paris, Association épiscopale catéchétique, § 91.

148

évoquait à cette occasion les organismes catholiques qui ont développé des compétences particulières en matière de transmission de la foi à ces fidèles. Il rappelait au § 59 l’importance de trouver le langage adapté pour permettre aux personnes handicapées de tous âges de recevoir une catéchèse qui ne déforme pas le contenu doctrinal du Credo.364

Enfin, en 1997, le nouveau Directoire pour la catéchèse365 de la Congrégation pour le clergé aborde en plusieurs points ces questions en reprenant les textes déjà mentionnés ici et particulièrement au § 189 où le sujet est particulièrement développé : « Pour toute communauté chrétienne, les handicapés physiques et mentaux, ceux qui souffrent, et parmi eux surtout les enfants, sont l'objet d'un amour de prédilection de la part du Seigneur. De nos jours, grâce à une plus grande prise de conscience dans la société et dans l'Église et grâce aux progrès indéniables de la pédagogie spécialisée, la famille et d'autres lieux de formation sont à même de donner à ces personnes une catéchèse adaptée à laquelle elles ont droit parce que baptisées ; et celles qui ne sont pas baptisées y ont droit également parce qu'appelées au salut. L'amour du Père pour ces fils plus faibles et la présence constante de Jésus et de son Esprit, confirment que toute personne est capable, malgré ses limites, de grandir en sainteté.

L'éducation à la foi qui engage tout d'abord la famille, requiert des itinéraires adéquats et personnalisés ; elle tient compte des indications de la recherche pédagogique et elle s'exerce avec profit dans le contexte d'une éducation globale de la personne. D'autre part, il faut éviter qu'une catéchèse qui est nécessairement spécialisée ne finisse par s'exercer en marge de la pastorale communautaire. Pour que cela ne se produise pas, il faut sans cesse informer et engager la communauté. Pour répondre aux exigences spéciales de cette catéchèse, les catéchistes doivent être particulièrement compétents ; leur service n'en sera que plus méritoire. »

364 Jean-Paul II, Exhortation Apostolique Catechesi tradendae, 1979, in AAS, AN. ET VOL. LXXI, p. 1311, 1312, 1325.

365 Directoire Général pour la Catéchèse, Paris, Centurion, Cerf, Lumen Vitae, 1997, § 189.

149

Si le DGC de 1997 appelle à la compétence des catéchistes en matière de handicap, les pasteurs doivent acquérir eux aussi un minimum de connaissances et de compétences pour exercer leur ministère auprès des personnes handicapées, sinon le risque est grand qu’ils appréhendent de se trouver face à des personnes handicapées. Si leur attitude trahit une crainte, un embarras, cela sera naturellement blessant pour les fidèles handicapés et leur famille. La solution n’est pas non plus de déléguer systématiquement les fonctions et tâches pastorales, qui ont trait au handicap, à des personnes spécialisées : cela marginalise les fidèles handicapés. Franz Kaspar ne transige pas dans son discours : « Seul un prêtre qui reconnaît le déficient mental comme un interlocuteur et dialogue avec lui remplit son devoir pastoral ».366 Il est donc nécessaire que les futurs pasteurs soient formés dans le champ du handicap. Le décret de Paul VI sur la formation des prêtres, Optatam totius ecclesiae renovationem prévoit d’ailleurs au n° 19 qu’« on développera chez les séminaristes les aptitudes les plus importantes pour le dialogue avec les hommes, comme de savoir écouter les autres et de s’ouvrir en esprit de charité aux divers aspects de la condition humaine. »367 Le c.256 précise que les séminaristes

doivent être formés sur les pratiques de la catéchèse et de la pastorale, mais aussi, notamment, sur les questions sociales. Les problématiques liées au handicap sont de l’ordre, entre autre, du social, et nécessitent des pratiques parfois spécifiques en termes de catéchèse et de pastorale, que les prêtres ne devraient pas ignorer, même s’il n’est pas donné à chacun de se sentir à l’aise en présence de personnes handicapées ; d’autre part, dans le domaine du handicap, le savoir, le savoir-être et le savoir-faire s’acquièrent. Sans vouloir faire des prêtres des éducateurs spécialisés ou des assistants sociaux, cela devrait faire partie de la formation dispensée au séminaire. Les stages que peuvent effectuer ponctuellement des

366 Franz KASPAR, « La pastorale des handicapés », in Recherches catéchétiques et

pastorales, 4ème trimestre 1974, n°20, p. 44. Franz Kaspar est théologien catholique, spécialiste de pédagogie religieuse.

367 Paul VI, Décret Optatam totius ecclesiae renovationem, 28 octobre 1965, in Vatican II,

Les seize documents conciliaires, texte intégral, Coll. La pensée chrétienne, Montréal, Fides,

150

séminaristes dans tels ou tels lieux qui accueillent des personnes handicapées sont déjà une expérience positive, mais il est nécessaire de systématiser les connaissances fondamentales sur les différentes familles de handicap, les réalités médicales et sociales qu’elles recouvrent et la rencontre des personnes elles-mêmes. Si cela ne peut être effectué de manière assez approfondie durant les années de séminaire, il faut l’envisager aussi dans le cadre de la formation permanente des pasteurs.

Enfin, il est à noter que le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) n’appréhende pas les personnes handicapées comme sujets de la catéchèse au sens littéral. Cela ne veut pas dire que les personnes handicapées ne sont pas concernées par le CEC, elles le sont comme tous les fidèles : elles ont le droit d’y avoir accès, et en indiquent parfois des voies nouvelles de compréhension.368

En conclusion de cette section sur les aspects juridiques de l’accessibilité, il apparaît que, s’il aborde le sujet de l’accès à la Parole de Dieu et à la vie de l’Église à travers la sollicitude pastorale des pasteurs et la catéchèse, le droit canonique n’aborde pas d’une manière spécifique l’accessibilité à la liturgie ou encore la mission exercée par la personne handicapée, participation sociale à la vie de l’Église. Toutefois, même si elles sont traitées discrètement dans le Code et les autres textes juridiques romains, l’Église n’ignore pas les questions d’accessibilité et de participation sociale. L’Église reconnaît qu’elle a elle-même un rôle à tenir quant à ces enjeux et à leur déclinaison juridique dans la vie quotidienne, civile ou religieuse. En 1992, le Pape Jean-Paul II concluait la VIIème Conférence internationale du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé sur « Les personnes handicapées dans la société » par ces paroles : « Si dans ce domaine, beaucoup a été réalisé, même au prix de difficultés et d’obstacles, il y a encore beaucoup à faire pour vaincre les barrières

368 Cf. Renato GARGINI, « Dans le catéchisme de l’Église catholique, quelle place est réservée à la catéchèse des personnes handicapées ?, in Dolentium Hominum, n°24, année VIII, 1993, n°3, p. 33-38. Renato Gargini est prêtre, il exerçait à l’époque son ministère au Centre de réadaptation de Pistoia, en Italie.

151

culturelles, sociales et architectoniques qui empêchent la satisfaction des aspirations légitimes des handicapés. Il faut faire en sorte qu’ils puissent se sentir accueillis pleinement dans la communauté civile, en leur accordant l’opportunité effective de jouer un rôle actif dans la famille, dans la société, dans l’Église. (…) À la famille, à l’État et à l’Église, structures importantes de la convivialité humaine, on demande une contribution particulière, afin qu’une culture de la solidarité se développe et que les porteurs de handicap puissent devenir des protagonistes authentiques de leur existence ». Jean-Paul II, dans ce même discours, insistait sur les droits et les devoirs des fidèles, en matière d’implication auprès des personnes handicapées, afin qu’elles soient insérées totalement dans « la famille des croyants » mais aussi dans la société. Il rappelait enfin aux personnes handicapées leur mission « d’enseigner au monde entier ce qu’est l’amour ». 369

Se référant à ces indications, le Cardinal José Savaria Martins déclarait en 2003 : « Toujours, partout, notre action doit être une action d’affirmation et de défense selon laquelle "la personne apte d’une manière différente" jouit de tous les "droits" reconnus à chaque membre de la famille humaine. Des actions qui engendrent et développent des "chances égales" concrètes où ils peuvent mettre au service de la communauté les qualités et les talents dont ils sont porteurs, soit dans les milieux professionnels, et plus encore dans les domaines moraux et religieux, puisqu’ils possèdent une sensibilité particulière et la capacité de saisir les valeurs profondes et fondantes de l’être humain. »370

369 Jean-Paul II, « Conclusion de la VIIème Conférence du Conseil Pontifical pour la Pastorale de la Santé », 20 novembre 1992, in Dolentium Hominum, n°22, 1993, p. 8-9.

370 Cardinal José SARAIVA MARTINS, « Respect/Manque de respect de la personne porteuse de handicap dans la société actuelle », in Dolentium Hominum, n°54, année XVIII, 2003/3, p. 19. Le Cardinal Martins était à l’époque Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints.

152

S

ECTION

3 : A

CCES A LA PAROLE DE

D

IEU ET A LA VIE DE L

’É

GLISE

:

ASPECTS PASTORAUX

I. PRINCIPES GENERAUX DE PASTORALE CONCERNANT LES FIDELES HANDICAPES

L’action pastorale s’appuie bien sûr sur le droit canonique qui, cela a été vu, donne quelques lignes directrices normatives, mais insuffisantes. Elle se nourrit aussi d’autres textes fondamentaux qui orientent les actions qu’elle met en œuvre par ailleurs et elle élabore, le cas échéant, des outils pédagogiques et pratiques nécessaires à ces réalisations. Pour le cas de la France, elle doit oser aussi s’appuyer sur le droit civil pour garantir aux personnes handicapées le respect du droit à la pratique religieuse : la loi de 2002, mais aussi la loi de 2005 qui mettent en valeur le projet de vie de la personne371, un projet personnalisé, individualisé, qui permet la mise en place de moyens pour que la personne handicapée puisse vivre ce qu’elle souhaite. La dimension spirituelle a sa place dans ce projet. C’était d’ailleurs un souhait qu’exprimait Marie-Thérèse Boisseau, Secrétaire d’État aux personnes handicapées en 2002 : « Comme à l’école ou à l’hôpital, en tant que Ministre, j’estime nécessaire l’expression d’une vie spirituelle dans les établissements médico-sociaux. Il y faut un cadre juridique et une organisation pratique, discutée avec les familles, les associations gestionnaires et les professionnels qui accompagnent les personnes handicapées dans leur requête spirituelle ».372

La mise en œuvre des pastorales qui prennent en compte les personnes handicapées est née non pas d’une initiative du Saint-Siège, mais des pays,

371 Cette rédaction du projet de vie n’est toutefois pas toujours bien perçue par les personnes handicapées : pourquoi devraient-elles avoir un projet spécifique, pourquoi devoir montrer patte blanche ? Cela est souvent vécu comme une pratique discriminante, qui complexifie les relations pour des personnes dont la vie est déjà compliquée. Cf. Jean-Luc SIMON, « À propos du "projet de vie", in Reliance, n°22, 2006/4, p. 44-45. Jean-Luc Simon, après avoir été Président du Comité français de coordination pour l’année européenne des personnes handicapées en 2003, était à l’époque Président de la région Europe de l’Organisation mondiale des personnes handicapées.

372 Marie-Thérèse BOISSEAU, « Année européenne des personnes handicapées : une chance pour la France ? », in Ombres et Lumière, n°140, 4ème trimestre 2002, p. 9.

153

des diocèses, des communautés locales. Elle fut relayée à l’échelle internationale notamment par le biais du BICE. Citons par exemple la Conférence sur « l’intégration sociale, professionnelle et ecclésiale de l’insuffisant mental » qui s’est tenue à Rome en janvier 1965373 ou la Conférence sur la Pastorale des Enfants et Jeunes Inadaptés en octobre 1973, organisées par la Commission médico-pédagogique et psycho-sociale du BICE. Cette dernière réunit 118 spécialistes de pastorale de l’enfance et de l’adolescence en difficulté (médecins, psychopédagogues, psychothérapeutes, éducateurs spécialisés, juristes, sociologies, théologiens, catéchistes et animateurs pastoraux, parents), de vingt-trois pays des cinq continents. Le but était d’élaborer les grandes lignes d’une pastorale des enfants et des adolescents handicapés.374 À cette occasion, le Pape Paul VI soulignait le changement de perspective qui, à la suite des nouvelles revendications des personnes handicapées dans la société du XXème siècle et l’émergence des sciences humaines, pousse « évêques, prêtres, religieux et laïcs (…) à vouloir dépasser une action qui se limitait jadis au domaine de l’assistance. » Le Pape encourageait aussi le développement d’une « coopération assurément très délicate mais indispensable » entre tous les acteurs qui interviennent auprès des personnes handicapées, dans chaque domaine de leur vie : médecins, psychologues, éducateurs, familles, personnels des maisons d’accueil,

373 En conclusion de cette Conférence, il fut énoncé, entre autre, que : les personnes handicapées mentales jouissent de tous les droits fondamentaux de la personne humaine et, dans l’Église, elles ont toute leur place et leur vocation personnelle, que la communauté doit accompagner dans sa réalisation propre ; la communauté doit aussi apprendre à recevoir les richesses de la personne handicapée. Dès lors, les membres du BICE ont appelé de leurs vœux que les prêtres veillent à l’accueil fraternel des personnes handicapées mentales et leurs familles ; que les mouvements ecclésiaux d’éducation et d’apostolat prennent leur part en la matière ; que la catéchèse spécialisée soit développée et sa pratique pédagogique enseignée aux futurs pasteurs ; que les commissions nationales, que ce soit dans les domaines de la