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Au fondement de la citoyenneté : la dignité

ASPECTS GÉNÉRAUX, JURIDIQUES ET PASTORAUX

C. Au fondement de la citoyenneté : la dignité

La citoyenneté elle-même se fonde sur le concept de dignité humaine. De l’Antiquité à l’époque des Humanistes, la dignité était une magistrature, une prélature, une charge ou un office considérable. Cela signifiait une noblesse, une grandeur d’âme qui conférait à la personne une supériorité due à une attitude conforme aux convenances. Les personnes qui possédaient une dignité étaient en effet tenues d’être « encore plus recommandables par leur droiture, leur probité et leur génie, que par l’éclat de leurs noms ».220 La dignité était donc liée au mérite dans un contexte particulier. La notion de dignité s’enracine dans le christianisme lorsqu’elle exprimait, suite à saint Augustin, la supériorité de l’homme dans la création, celui-ci étant doté de la raison, de l’intelligence ;

David Blunkett était quant-à lui aveugle de naissance et a occupé plusieurs postes de ministre, dont celui de l’Intérieur.

218 Cf. Jean-Christophe PARISOT et Denis POIZAT, « Handicap et politique au bout du tunnel ? », in Reliance, 2007/1, n°23, p. 80-82. Jean-Christophe Parisot, atteint de myopathie, est diacre et homme politique candidat aux élections présidentielles françaises de 2002 et 2007.

219 Cf. Jerry MORRIS, op. cit., p. 6, 36.

220 Cf. Article « Dignité », in Claude-Joseph de FERRIERE, Dictionnaire de droit et de

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toutefois, cette approche excluait les personnes qui n’en étaient pas pourvues, donc les personnes handicapées.

Le concept se laïcise avec Emanuel Kant qui, dans la Métaphysique

des Mœurs, expliquait que tout être humain est non un moyen mais une fin

en soi, ce qui lui confère sa dignité au–dessus de toutes les créatures, ce qui n’a pas de prix puisqu’elle surpasse tout. 221 En dehors de toute conception théologique, la dignité de l’homme est naturelle et innée, disait le Pape Pie XII222. Jean-Paul II précisait : « … l'homme n'est absolument pas une "chose" ou un "objet" qu'on peut utiliser, mais il est toujours et uniquement un "sujet" doué de conscience et de liberté, appelé à vivre de façon responsable dans la société et dans l'histoire, ordonné à des valeurs spirituelles et religieuses. »223 Il ajoutait aussi « l'être humain, indépendamment des conditions dans lesquelles se déroule sa vie et des capacités qu'il peut exprimer, possède une dignité unique et une valeur particulière dès le début de son existence jusqu'au moment de sa mort naturelle ».224 Ce concept à géométrie variable et difficilement définissable quant à son contenu, justifiant certains actes et leur contraire, était au départ philosophique et moral. Suite à « l’émergence de la bioéthique » et à cause des questions posées par la technicité médicale en constante et fulgurante évolution, il est aussi devenu aujourd’hui un concept juridique à la base des droits des usagers, notamment dans le

221 Cf. Michel DUPUIS, article « Dignité », in Dictionnaire encyclopédique d’éthique

chrétienne, Laurent LEMOINE, Eric GAZIAUX, Denis MÜLLER (dirs.), Paris, Cerf, 2013, p. 595 – 606. Michel Dupuis est philosophe belge, professeur à l’Université Catholique de Louvain. Cf. Thomas E. HILL, article « Dignité”, in Dictionnaire d’éthique et de philosophie

morale, Monique CANTO-SPERBER (dir.), Paris, PUF, 2001, p. 438-442. Thomas E. Hill était à l’époque professeur de philosophie morale à l’Université de Caroline du Nord, après l’avoir été à l’Université de Californie à Los Angeles.

222 Cf. Pie XII, Discours aux dirigeants du « Nato Defence college », 16 mai 1958, in Documentation Catholique, n°55, col. 709.

223 Jean-Paul II, Les fidèles laïcs : Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles laici"

sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, n°5 et 37, 30/12/1988, in

Documentation catholique, 19/02/1989, n° 1978, p. 152-196.

224 Jean-Paul II, Message aux participants au symposium international sur le thème « Dignité

et droits de la personne atteinte d’un handicap mental », Rome, 9 janvier 2004, in Dignità e diritti delle persone con handicap mentale, Atti del Simposio promosso dalla Congregazione per la Dottrina della Fede, Roma gennaio 2004, Libreria Editrice Vaticana, p. 17-20.

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champ du handicap.225 En effet, « … le principe du respect de la dignité humaine est à l’origine de tout instrument national ou international, de protection des droits fondamentaux ».226 En France, toutes les lois concernant le handicap font référence au concept de dignité humaine.227

En droit canonique, la dignité est aussi invoquée, au c.208 « Entre tous les fidèles, du fait de leur régénération dans le Christ, il existe quant à la dignité et à l'activité, une véritable égalité en vertu de laquelle tous coopèrent à l'édification du Corps du Christ, selon la condition et la fonction propres de chacun. »

Au nom de la dignité, l’accessibilité et la participation sociale sont devenues l’objet de normes juridiques. En termes d’accessibilité et de participation sociale, l’attitude de la société occidentale envers les personnes handicapées a connu une évolution globalement positive depuis quelques décennies. Si elles ne sont pas mises en œuvre, leur absence est dénoncée par des actions militantes.228 L’APF édite par exemple chaque

225 Cf. Marie-Jo THIEL, « La dignité humaine. Persectives éthiques et théologiques », in Gilbert VINCENT (dir.), Le corps, le sensible et le sens, Strasbourg, PUS (Presses Universitaires de Strasbourg), 2004, p. 131-164.

226 Commentaire de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne. La Charte fut adoptée lors du Conseil européen de Nice, le 7 décembre 2000. Cf. Jésus SANCHEZ, « La dignité et la citoyenneté comme fondements des droits des usagers et l’évolution des politiques sociales », in EMPAN, 2006/4, n°64, p. 17-19.

227 Charte européenne des Droits fondamentaux art. premier : « La dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée. » (La dignité fait l’objet de la totalité du chapitre 1 de cette Charte, soit 5 articles sur 54.) « Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne », op. cit., n° C 364/9. La Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées fait référence à la dignité dès le premier point du préambule : « Rappelant les principes proclamés dans la Charte des Nations- Unies selon lesquels la reconnaissance de la dignité et de la valeur inhérentes à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, » et dès l’art. 1 : « La présente Convention a pour objet de promouvoir, protéger et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits de l’homme et de toutes les libertés fondamentales par les personnes handicapées et de promouvoir le respect de leur dignité intrinsèque. » Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale, art. 3 : « L'action sociale et médico-sociale est conduite dans le respect de l'égale dignité de tous les êtres humains avec l'objectif de répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d'entre eux et en leur garantissant un accès équitable sur l'ensemble du territoire. » in JORF du 3 janvier 2002, p. 124. Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 : art. 2 « Toute personne handicapée a droit à la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accès aux droits fondamentaux reconnus à tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyenneté. », op. cit., p. 2353.

228 Voir par exemple le rapport annuel de l’APF : Le baromètre APF de l’accessibilité 2012, Disponible sur : http://presse.blogs.apf.asso.fr/media/02/01/3338045008.pdf Consulté le 07/02/2014. Voir aussi depuis 2006 la campagne jaccede.com qui récence les lieux publics

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année son baromètre de l’accessibilité, qui attribue une note aux chefs-lieux de départements et dénonce les retards pris dans ce domaine. Mais il s’agit de la forme. Sur le fond, c’est-à-dire sur la reconnaissance par la société de la personne handicapée dans toute sa valeur humaine, sa dignité, le chemin est encore long : les questions récurrentes sur l’Interruption Médicale de Grossesse (IMG) et la fin de vie en témoignent.

Dans la société, la personne handicapée demeure trop souvent considérée comme un fardeau, quelqu’un dont la vie ne vaut pas la peine, ne serait pas digne d’être vécue, parce que la vie de la personne handicapée ne serait pas une vie de qualité. De fait, pour vivre une vie de qualité, il faut en maintenir et améliorer la qualité de vie au quotidien. Voilà le but du travail avec les personnes handicapées. Cela passe par le respect des besoins, des souhaits, des valeurs de la personne handicapée qui seule peut évaluer la qualité de sa vie, et aussi ceux de son entourage, famille et personnels sanitaires et médico-social, cela passe encore par la qualité des relations et de l’environnement psycho-social, enfin par la qualité de l’accompagnement de chacun. Ce qui doit être central et qui engage la dignité, c’est la vie, la relation, l’amour, le respect.229 L’affirmation de la dignité ne doit pas être liée à la performance mais, reconnue intrinsèque et inaliénable et proclamée comme telle comme un slogan, la dignité doit surtout être assortie d’une conception de l’homme comme être relationnel, social, et spirituel230. Cela est extrêmement exigeant mais indispensable. Sinon, Henri Bissonnier mettait en garde très sévèrement : « Toute institutionnalisation ou désinstitutionalisation, tout effort de normalisation

accessibles et mène une action de sensibilisation notamment autour d’une Journée de l’accessibilité menée chaque année en octobre. Disponible sur : http://www.jaccede.com/fr/

Consulté le 07/02/2014.

229 Cf. Denis MÜLLER, « Les enjeux éthiques du débat sur la qualité de vie », in Qualité de

vie, vie de qualité ?, Actes des journées d’études européennes, 12 et 13 juin 2003, Strasbourg,

Sonnenhof, p. 28-32. Denis Müller est professeur en éthique et théologie à l’Université de Lausanne. Cf. aussi Alvin R. TARLOU, « Les personnes handicapées dans la société », in

Dolentium Hominum, n°22, 1993, p. 43. Alvin R. Tarlou travaillait à l’époque à Harvard

school, en Santé Publique, et à Tufts University, à l’Institut de Médecine, à Boston, Massachussets, aux États-Unis.

230 Cf. Bruno CAZIN, Établissements sanitaires et médico-sociaux d’inspiration chrétienne :

vivre et faire vivre nos spécificités aujourd’hui, Conférence donnée pour le diocèse de

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ou d’intégration demeureront superficielles, voire suspects de motivations peu avouables. Les déclarations d’amour elles-mêmes resteront de vains mots si elles ne recouvrent qu’une vague pitié de condescendance sans signifier le respect et l’estime, le sens, en un mot, de la valeur de l’autre, quels que soient son état ou sa situation dans le monde ».231

La société s’interroge néanmoins : puisque, au nom de la dignité, la société devrait lui assurer l’accessibilité et la participation sociale, quelle est la valeur ajoutée de la personne handicapée ? Qu’apporte à la société une personne handicapée en termes d’enrichissement ? Telles sont les questions que certains se posent, depuis l’Antiquité, particulièrement face aux déficiences mentales. Une précision s’impose d’emblée, à la suite de Brian P. O’Donnel, frère de saint Jean de Dieu : considérer uniquement la personne handicapée comme une source d’enrichissement, comme un cadeau, est déshumanisant. Elle a des défauts elle aussi, elle n’est pas une « sainte innocente ». Cependant ajoute-t-il, « les attitudes des personnes handicapées sont plutôt susceptibles de mettre en valeur et d’éclairer les relations humaines » : elles consacrent beaucoup d’énergie à établir et entretenir de bonnes relations ; elles ont une spontanéité naturelle ; elles ont des réactions généreuses, chaleureuses aux contacts humains bienveillants et encourageants ; elles ne prêtent pas la même importance aux fonctions sociales mais s’attachent à la personne ; elles sont franches ; elles font confiance facilement. Il y a donc un plaisir intrinsèque à être avec elles, gratuitement. Pour elles, en retour, la vie en société les enrichit … mais parfois, les appauvrit aussi quand la société les néglige, les isole, en ne respectant pas les conditions nécessaires à l’accessibilité et à la participation sociale, quand leur dignité n’est pas reconnue, quand leur appel à une relation est nié.232

231 Henri BISSONNIER, Provoqués à l’espérance, coll. Raisons de vivre, Paris, Mame, 1984, p. 317-318.

232 Cf. Brian P. O’DONNEL, « Enrichissement réciproque : interaction entre les personnes handicapées et la société », in Dolentium Hominum, n°22, 1993, p. 96-97. Le père O’Donnel était à l’époque prieur Général de l’Ordre Hospitalier de saint Jean de Dieu.

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Pourtant, en France, la devise citoyenne est Liberté, Egalité mais aussi Fraternité : ce dernier mot exige plus que la solidarité233, qui reste une notion asymétrique entre la personne valide et celle qui est handicapée. La fraternité ne relevant pas du droit, elle désigne une manière d’être avec les autres, de vivre en frères, particulièrement avec les plus vulnérables, sans en attendre de retour autre que la réciprocité de la relation, la reconnaissance que chacun apporte quelque chose à l’autre.234 La fraternité s’enracine sur le respect de la dignité. Comme cette dernière, la fraternité est une notion fondamentale dans le christianisme. La théologie sera donc en mesure d’éclairer elle aussi à sa manière les enjeux de l’accessibilité et de la participation sociale.

II.ENJEUX THEOLOGIQUES ET ECCLESIAUX

Dans une perspective de communauté ecclésiale, il est évident que l’accessibilité et la participation sociale doivent être une réalité pour tous car, pour le chrétien, cela prend une couleur tout-à-fait particulière : pour lui, à la suite du Christ, « la visée d’une citoyenneté réelle pour tous, (…) fait intégralement partie de la dynamique de foi, ouverte sur le Royaume. Cette visée ne s’identifie évidemment pas au tout de l’Évangile, mais elle en est une expression majeure. Une société qui n’effectue pas les nécessaires démarches pour que les personnes handicapées accèdent au maximum de participation, est en contradiction avec la Bonne Nouvelle dont l’Évangile est porteur. Le chrétien, - à titre personnel en communauté et en Église, - a pour vocation de réduire cette contradiction ».235 Est-ce si simple ? L’Église est marquée par les mentalités sociales : là aussi, il y a une tyrannie de la normalité ; là aussi, la présence de la personne

233 Selon François Soulage, économiste français, ancien président du Secours Catholique jusque juin 2014, la solidarité, forme laïque de la charité chrétienne, est devenue au fil des ans un concept piégé, souvent infantilisant. Il plaide pour une société qui sorte de la solidarité pour aller vers la fraternité. François SOULAGE, De la solidarité à la Fraternité, Conférence solennelle de rentrée, Université Catholique de Lille, 25 septembre 2014.

234 Cf. Charles GARDOU, La société inclusive, parlons-en. Il n’y a pas de vie minuscule, Coll. Connaissance de la diversité, Toulouse, Erès, 2012, p. 84. Charles Gardou est professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Lyon 2. Cf. aussi Patrick GOHET, débat lors des 3 Jours OCH, 16 octobre 2009, Paris. Patrick Gohet était à l’époque délégué interministériel aux personnes handicapées.

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handicapée dans les lieux ecclésiaux dépend souvent des moyens financiers et humains que l’Église mettra pour lui permettre d’accéder et de participer.

Pourtant, accessibilité, participation sociale d’une part et théologie d’autre part sont en dialogue, se nourrissent l’une l’autre et de là, convoquent les chrétiens à une nouvelle approche de l’Église.

A. La dignité selon Jésus et l’Église

Ont été évoquées, dans le premier chapitre, les attitudes de Jésus envers les personnes handicapées. Par différents moyens, il se rend accessible. Puis il rétablit la personne dans la société, lui rendant sa citoyenneté à part entière : elle n’est plus condamnée à la mendicité, à l’exclusion, elle peut à nouveau exercer une participation sociale. Jésus n’agit pas ainsi pour rétablir la personne dans une dignité qu’elle aurait perdue à cause de sa déficience. Au contraire, il fait cela car il considère chacune dans sa dignité humaine intrinsèque. Par son action re-créatrice, il renforce encore cette dignité : il révèle que Dieu a créé l’homme à son image et qu’en Jésus, il a pris cette condition humaine236. Dans le mystère de la Rédemption, Dieu invite chaque homme à partager sa vie divine et à être membre du Corps mystique du Christ, y compris dans les pires situations de handicap.237

Alors, l’homme est digne parce qu’il est appelé à communier avec Dieu, dans un dialogue nourri par un amour libre.238 Cette liberté est telle que Dieu n’enferme pas l’homme dans la dignité que lui, Dieu, lui confère, il la respecte, comme justement espace de liberté où l’homme peut refuser

236 Cf. Pie XII, « Radiomessage de Noël », 22 décembre 1957, in AAS, n°50, 1958, p. 5 ; traduction française de l’Osservatore Romano, 27 décembre 1957.

237 Cf. Pie XII, « Discours au premier congrès international de neuropsychopharmacologie », 9 septembre 1958, in AAS, n° 50, 1958, p. 687 et 695. Cf. aussi Jean-Paul II, Les fidèles laïcs

: Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles laici" sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, n° 37, op. cit., p. 152-196.

238 Concile Vatican II, Constitution Gaudium et Spes, n°19, in Vatican II, Les seize documents

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l’appel de Dieu.239 La dignité n’est pas donnée par Dieu à l’homme selon ses mérites ou son statut social, elle est un don gratuit qui n’est diminué par aucun handicap ou conditionné par des conditions de communication. Elle est la même à tous les instants de la vie. L’homme est digne parce qu’il est homme. Il vit cette dignité en relation avec les autres hommes240

et avec Dieu, il nourrit sa dignité humaine de la relation, vécue notamment en Église241, et dans cette relation, il use de sa dignité en étant co-créateur, à l’image de Dieu.242 L’appel à la sainteté et à sanctifier le monde que Dieu adresse à l’homme est constitutif de sa dignité.243 Il concerne aussi pleinement les personnes handicapées qui sont d’ailleurs les invités inattendus du festin chez Luc 14, 12-21. Non seulement elles sont dignes d’y être mises à l’honneur, mais en plus, d’après le Pape Jean-Paul II : « Le porteur de handicap, avec toutes les limites et les souffrances par lesquelles il est marqué, nous oblige à nous interroger, avec respect et sagesse, sur le mystère de l'homme. En effet, plus l'on pénètre les zones obscures et inconnues de la réalité humaine, plus on comprend que c'est précisément dans les situations les plus difficiles et inquiétantes que ressortent la dignité et la grandeur de l'être humain. L'humanité blessée de la personne handicapée nous invite à reconnaître, accueillir et promouvoir en chacun de nos frères et sœurs la valeur incomparable de l'être humain créé par Dieu pour être fils dans le Fils. »244

La théologie apporte alors une nouvelle réponse à la question de la valeur de la vie d’une personne handicapée : qu'est-ce qui constitue sa

239 Concile Vatican II, Déclaration Dignitatis humanae, n°11, in Vatican II, Les seize

documents conciliaires, texte intégral, Coll. La pensée chrétienne, Montréal, Fides, p.

565-567.

240 Jean-Paul II, Les fidèles laïcs : Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles laici"

sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, n°37, op. cit., p. 152-196.

241 Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, n°55, 1991, in AAS, AN. ET VOL. L X X X I I I, n°10, p. 860-861.

242 Cf. Michel DUPUIS, op. cit., p. 595 – 606. Cf. aussi Joseph RATZINGER, « La grandeur de l’être humain c’est sa ressemblance avec Dieu », discours à l’occasion de la Conférence Internationale « À l’image et à la ressemblance de Dieu : toujours ? Maladies mentales, in

Dolentium Hominum, n°34, année XII, 1997, n°1, p. 16-19.

243 Cf. Jean-Paul II, Les fidèles laïcs : Exhortation Apostolique post-synodale Christifideles

laici" sur la vocation et la mission des laïcs dans l'Eglise et dans le monde, n°17, op. cit., p.

152-196.

244 Cf. Jean-Paul II, Message aux participants au symposium international sur le thème

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valeur fondamentale ? Le fait que la personne handicapée contribue au bien de la société : qu’elle donne une leçon de vie aux autres parce qu’elle réalise tel ou tel exploit sportif ou artistique qu’elle n’aurait peut-être jamais réalisé sans le handicap, ou qu’elle vit avec courage le quotidien ?