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En France : la Pédagogie Catéchétique Spécialisée (PCS)

ASPECTS GÉNÉRAUX, JURIDIQUES ET PASTORAUX

B. En France : la Pédagogie Catéchétique Spécialisée (PCS)

1. Origines et histoire de la PCS

Jusqu’à l’époque du Père Bissonnier, les jeunes « inadaptés » ne bénéficiaient pas d’une catéchèse appropriée car le catéchisme consistait en la mémorisation de savoirs doctrinaux, ce qui nécessitait des capacités intellectuelles que les enfants handicapés n’avaient pas forcément418. Le catéchisme national publié en 1937 puis celui de 1947 ignorent les

414 Conférence des Évêques de France, Délégation à la Pédagogie Catéchétique Spécialisée, Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat. Délégation à la Pastorale des Personnes Handicapées, Service National Famille et Société, Boîte à outils pour les

responsables en Pédagogie Catéchétique Spécialisée et en Pastorale des Personnes Handicapées dans leurs relations avec les établissements médico-sociaux, op. cit., p. 13. 415 Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis. Union Nationale des Associations de Parents d'Enfants Inadaptés, selon l’ancienne dénomination.

416 Association nationale qui « a pour but de permettre aux personnes handicapées intellectuelles d'affirmer leur droit à prendre part aux décisions qui les concernent et souhaite, par son action, modifier le regard porté par la société sur le handicap mental ».

http://nousaussi.over-blog.com/ Consulté le 22/03/2014.

417 Cf. Vittoria GIOBBE (dir.), op. cit., p. 46-47.

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difficultés rencontrées par les enfants handicapés.419 Maria Montessori avait, avant Bissonnier, ouvert les portes à la pédagogie catéchétique spécialisée en appliquant les méthodes éducatives de son œuvre à la religion420. « La pédagogie spécialisée est basée sur le postulat de l’inadaptation de la pédagogie ordinaire (méthodes, outils, supports) à une catégorie de population »421. Le Père Bissonnier se situait à la fois dans la continuité de Maria Montessori et en rupture par rapport à elle car il ajoute les plans philosophiques et théologiques à la réflexion psychologique et anthropologique de Maria Montessori422. Le Père Bissonnier est à l’origine en 1954 de la création d’une « sous-commission des inadaptés » qui fait partie de la Commission Nationale de l’Enseignement Religieux. Avec ses équipes, convaincu que les personnes handicapées mentales et/ou psychiques sont capax Dei, il mit en évidence que l’Église doit tenir compte elle-aussi des avancées de la psychopédagogie et ne plus s’en tenir uniquement à l’empirisme.

En outre, la catéchèse ne doit pas être abordée uniquement comme une information de l’intelligence, mais comme une transmission de Vie, cette Vie étant l’amour423. Cet amour, cette bonté de Dieu, se révèle dans la relation concrète entre la personne, le catéchiste et Dieu, c’est-à-dire dans un climat de prière et d’amour fraternel : Bissonnier reprit l’idée d’Heinrich Hanselmann dans Einführung in die Heilädagogik : l’enfant handicapé mental doit « trouver Dieu dans sa soupe ».424 Il s’entoura aussi de personnes compétentes dans divers domaines, dont la médecine.425 Il

419 Cf. Michel LUTRINGER, « La catéchèse spécialisée en France », in Lumen Vitae, vol. XXXVI, 1981, n°3, p. 284. Michel Lutringer, prêtre, a travaillé au CNER, responsable de la catéchèse spécialisée. Il est actuellement membre du Conseil d’Administration d’un établissement pour personnes handicapées à Colmar. CNER : Centre National de l’Enseignement Religieux.

420 Maria Montessori était médecin et pédagogue italienne. Elle développe ces idées dans Maria MONTESSORI, The child in the Church, London, Ed. Standing, 1929, 192 p. Elle fonde son raisonnement sur le décret de Pie X en 1905 sur la communion des petits enfants pour valoriser la liturgie comme mode de participation des enfants à la vie de l’Église. Ce texte de Pie X sera présenté plus loin. Cf. Catherine FINO, Anne HERBINET (dirs.), op. cit., p.39-41.

421 Cf. Jean-Yves LE CAPITAINE, op. cit., p. 129.

422 Cf. Catherine FINO, Anne HERBINET (dirs.), op. cit. p.42.

423 Cf. Henri BISSONNIER, « Une catéchèse de l’amour vécu avec des enfants psychotiques », in Ombres et Lumière, n°61, 1983, p. 28-30.

424 HenriBISSONNIER, Provoqués à l’espérance, op. cit., p. 161.

425 Cf. Documentation catéchistique, revue de la Commission Nationale de l’Enseignement Religieux, n°32, juillet 1956, p. 19.

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mit en place dès 1956 des sessions internationales de formation de catéchistes d’enfants handicapés.426 En 1959, il présidait à la création du « Service des Inadaptés » au Centre National de l’Enseignement Religieux (CNER).427 En fonction au BICE dès 1951, il appelait, avec ses pairs du Groupe d’études concernant les insuffisants mentaux de la Commission Médico-Pédagogique et Psycho-Sociale, à ce que se développe un « groupe international de catéchèse pour l’étude des diverses questions concernant la formation religieuse des insuffisants mentaux », en accord avec le Centre international d’études de la formation religieuse428. Peu à peu, des essais de catéchèse pour les « inadaptés » ont été expérimentés en paroisse, avec pour objectif de faire de cette catéchèse une œuvre qui concerne toute la communauté, dépassant l’action des quelques catéchistes, s’inscrivant dans la pastorale d’ensemble mise en œuvre par le curé de la paroisse, favorisant le plus possible l’accueil et l’épanouissement de la vie chrétienne des enfants handicapés. Ces expériences ont fait l’objet de publication.429

Le Père Bissonnier travaillait avec Marie-Hélène Mathieu, éducatrice spécialisée comme Denise Rouques, et Euchariste Paulhus. Ces pionniers430 furent très attentifs à ce que les personnes handicapées, considérées par le biais des différentes sciences humaines, soient

426 Cf. Documentation catéchistique, revue de la Commission Nationale de l’Enseignement Religieux, n°33, octobre 1956, p. 33.

427 Cf. Catherine FINO, Anne HERBINET (dirs.), op. cit., p. 87. Cf. Documentation

catéchistique, revue de la Commission Nationale de l’Enseignement Religieux, n°46, janvier

1960, p. 43-44.

428 Ce Centre existe encore de nos jours, il s’agit du Centre international Lumen Vitae, à Bruxelles. Cf. BICE, Conférence d’experts sur l’intégration sociale, professionnelle et

ecclésiale de l’insuffisant mental, op. cit.

429 Anne-Yvonne BOUTS, « Essai de catéchèse d’inadaptés en paroisse », in Documentation

catéchistique, revue de la Commission Nationale de l’Enseignement Religieux, n° 48, juillet

1960, p. 29-39. Anne-Yvonne Bouts était secrétaire diocésaine de l’Enseignement Religieux de Paris, où elle fut invitée par Henri Bissonnier à créer, pour le diocèse de Paris, le service de catéchèse spécialisée. Elle organisait avec Bissonnier les lieux de stage, élaborait en équipe des documents adaptés à destination des catéchistes et participait à l’animation de sessions nationales de formation à travers toute la France.

430 Ils furent pionniers dans le monde francophone et leur œuvre s’est étendue au monde entier, mais précisons qu’ils furent toutefois précédés par Ruth Wintergerst qui écrivit une thèse au début du XXème siècle sur l’éducation religieuse des enfants faibles d’esprit. Ruth WINTERGERST, Religiöse Erziehung des geistesschwachen Kindes als Aufgabe des

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reconnues comme sujets de plein droit dans l’Église et que leur statut de baptisé soit reconnu à part entière. L’Évêque de Strasbourg, Mgr. Elchinger431, a incité le Père Bissonnier à publier sa pédagogie, notamment dans les feuillets de pédagogie religieuse « Vérité et Vie », édités par le diocèse de Strasbourg, et dans Pédagogie catéchétique des enfants

arriérés,432suivi quelques années plus tard, d’un nouvel état des lieux de ses recherches dans Education religieuse et troubles de la personnalité.433

Un ouvrage majeur du Père Bissonnier, qui fut par ailleurs l’auteur d’un très grand nombre de livres et d’articles auxquels il sera fait référence en plusieurs lieux de cette recherche, reste Pédagogie de Résurrection, réédité plusieurs fois. Sans constituer un traité de théologie, ce livre part de la révélation chrétienne avec, pour point de départ « l’homme éternellement aimé de Dieu, appelé par lui et qui ne peut trouver le bonheur que dans cet amour et dans cette rencontre »434, même en situation de handicap. Bissonnier fait une comparaison imagée : ce point de départ est le cœur de la fleur, le reste (Evangiles, dogmes, témoignages des saints, sacrements, liturgie … sont les pétales autour du cœur, découverts progressivement, de façon concentrique, à la fois centrifuge et centripète.435 Bissonnier présente une « orthopédagogie »436 chrétienne à partir de son expérience très concrète de prêtre pédagogue et propose l’élaboration d’une catéchèse qui s’enracine dans la vie quotidienne des personnes handicapées dans la société puis dans le plan divin. Ce livre s’adresse à un large public : non seulement les catéchistes et les pasteurs mais aussi toutes les personnes qui accompagnent d’une façon ou l’autre les enfants et les jeunes handicapés, des secteurs sanitaires et médico-sociaux aux mouvements et aux familles.

431 Mgr. Elchinger était sensible à la question de la pédagogie catéchétique, ayant été directeur de l’enseignement religieux et de l’éducation chrétienne à Strasbourg lorsqu’il était chanoine, vers 1956.

432 Henri BISSONNIER, Pédagogie catéchétique des enfants arriérés, Paris, Fleurus, 1959, 3ème

édition, 240 p.

433 Henri BISSONNIER, Éducation religieuse et troubles de la personnalité, Coll. Pédagogie psychosociale / 7, Paris, Fleurus, 1968, 285 p.

434 Cf. Henri BISSONNIER, Pédagogie de Résurrection, op. cit., p. 10.

435 Cf. HenriBISSONNIER, Provoqués à l’espérance, op. cit., p. 169-171.

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Mais Bissonnier ne fut pas le seul à publier ses recherches. Denise Rouquès, fondatrice et responsable d’un Institut Médico-Pédagogique (IMP) pour fillettes handicapées mentales, a écrit Psychopédagogie des

débiles profonds, un ouvrage pratique à partir des expériences qu’elle a

menées avec ses équipes en psychopédagogie. Elle aborde toutes les dimensions de la vie et les étapes de l’éducation et de l’apprentissage, sans oublier, dans une partie distincte des autres, ce qui concerne la dimension catholique, par le biais de la catéchèse et de l’initiation aux sacrements. Toutefois, les méthodes qu’elle utilise et qu’elle décrit sont imprégnées d’une vision anthropologique et morale chrétienne.437 Elle est aussi l’auteur d’Initiation chrétienne des débiles profonds, autre manuel pratique s’appuyant sur l’ouvrage précédent et qui propose aux parents, catéchistes, pasteurs, des pistes pour l’éducation chrétienne des enfants handicapés mentaux, de la pré-catéchèse, préparant humainement et psychologiquement l’enfant à recevoir une catéchèse, à la préparation et la célébration des sacrements de l’initiation d’une manière qui respecte le plus possible la conscience morale, la capacité de choix et la liberté de l’enfant.438

Marie-Hélène Mathieu, membre de l’Union Nationale des Assistantes et Educatrices de l’Enfance, association professionnelle catholique fondée en 1947, a pour sa part organisé un Congrès sur Les responsabilités

chrétiennes de l’éducateur spécialisé, au sens où celui-ci, s’il est chrétien,

a un rôle à jouer dans l’éducation de la foi des enfants et des jeunes qui lui sont confiés, particulièrement en milieu fermé, ainsi qu’auprès des parents, dans le respect des convictions. Il s’agit d’envisager la personne handicapée dans sa globalité, donc sans oublier sa dimension spirituelle, voire de proposer le catéchisme, si les conditions le permettent dans l’établissement et en lien avec la communauté paroissiale.439 Enfin, fut

437 Cf. Denise ROUQUES, Psychopédagogie des débiles profonds, Coll. Pédagogie Psychosociale / 6, Paris, Fleurus, 2ème édition, 1969, 620 p.

438 Cf. Denise ROUQUES, Initiation chrétienne des débiles profonds, Coll. Pédagogie Psychosociale / 11, Paris, Fleurus, 1969, 237 p.

439 Cf. Marie-Hélène MATHIEU, Les responsabilités chrétiennes de l’éducateur spécialisé, Paris, Fleurus, 1960, 140 p.

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publié L’engagement chrétien du jeune inadapté, ouvrage d’Euchariste Paulhus440 et Jean Mesny, qui, pour leur part, se sont intéressés à la façon dont l’enfant handicapé, bénéficiant d’une éducation chrétienne et d’une catéchèse dispensée par des moyens adaptés, devient capable de s’engager lui-même dans la foi et dans l’Église.441 Paulhus a, par la suite, travaillé sur les aspects psychothérapeutiques de l’éducation de la foi : il montre que la catéchèse et l’acte catéchétique supposent une relation authentique avec le catéchiste, avec la communauté et avec Dieu, contribuant à l’équilibre affectif. Celle-ci n’est pas une psychothérapie et ne doit pas s’y substituer mais l’éducation de la foi a une dimension thérapeutique et, vécue dans des conditions de discernement adéquates, a des conséquences sur le traitement global de la personne handicapée.442 Quelques exemples seront donnés.

2. La PCS aujourd’hui : objectifs et fonctionnements

Le « Service des Inadaptés » institué au sein du CNER en 1959 devint en 1961 la Pastorale Catéchétique Spécialisée, PCS443. Anne Herbinet, durant de nombreuses années déléguée de la PCS au sein du Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat, définit ainsi la PCS aujourd’hui : « Le rôle de la personne chargée de la PCS au sein des équipes diocésaines (catéchèse et catéchuménat, pôles annonce de la

440 Euchariste Paulhus est prêtre du diocèse de Sherbrooke, au Canada, professeur en psychopédagogie à l’Université de Montréal.

441 Cf. Euchariste PAULHUS, Jean MESNY, L’engagement chrétien du jeune inadapté, Coll. « Pédagogie psychosociale » / 8, Paris, Fleurus, 1968, 253 p. Jean Mesny était prêtre du diocèse de Lyon.

442 Cf. Euchariste PAULHUS, L’éducation de la foi, aspects psychothérapeutiques, Paris, Le Centurion, 1982, 214 p. Avant lui, sans vouloir, précisait-il, faire de la « religionthérapie », Bissonnier avait déjà constaté que la religion contribuait au mieux-être de l’Homme, et il avait posé des constats en la matière : « Il nous a semblé à tous, membres des équipes catéchétiques, mais aussi membres des équipes médico-pédagogiques des divers Centres, que les enfants bénéficiaient grandement, même du point de vue psychique, d’une éducation religieuse faite avec soin et le minimum de compétence, de prudence aussi, surtout de façon positive. J’ai entendu plus d’un professionnel se déclarant non-croyant, psychiatre ou psychologue par exemple, revendiquer fermement ce droit de l’enfant (inscrit d’ailleurs dans la déclaration universelle des Nations Unies) et reconnaître que la catéchèse et la pratique religieuse semblaient bien avoir contribué à l’épanouissement de l’enfant ; voire à l’amélioration de son état. » Henri BISSONNIER, Provoqués à l’espérance, op. cit., p. 166.

443 Pour plus d’éléments sur la structuration et l’évolution de la PCS, voir CNER, Repères

pour une pédagogie catéchétique spécialisée, Coll. Pédagogie psychosociale, Paris, Fleurus,

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foi, …) est de veiller à ce que la responsabilité catéchétique de l’Église soit exercée auprès de tous, sans oublier ceux qui ont un handicap, une maladie ou des difficultés particulières. Pour cela, les responsables en PCS sont chargés de la formation des animateurs en catéchèse aux pédagogies ajustées aux personnes en situation de handicap. Prenant en compte d’une part l’évolution des moyens pédagogiques adaptés, et d’autre part les textes officiels (le Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse444 en France) les responsables en PCS inventent et développent les meilleurs ajustements pédagogiques. Il s’agit de permettre aux enfants, aux jeunes, aux adultes en situation de handicap de recevoir la plénitude des dons du Seigneur, en premier lieu les sacrements, et de les accompagner sur leur chemin de maturation de la foi. Une préoccupation particulière des équipes de PCS est enfin d’informer sans cesse et sans répit sur l’existence et les possibilités de la PCS : auprès des personnes elles-mêmes, auprès des familles, auprès des acteurs ecclésiaux, auprès des professionnels médico-éducatifs. »445

Il est nécessaire de faire entrer dans les habitudes la prise en compte systématique des personnes handicapées, notamment dans la catéchèse. Dans de trop nombreuses paroisses, en effet, des annonces sont faites à la rentrée de septembre pour proposer la catéchèse, ou bien il y a des affiches au fond de l’église, le tout sans faire référence à la possibilité, pour les personnes handicapées, d’y avoir accès. Les parents se sentent exclus et n’osent souvent pas interroger s’il existe localement quelque chose ou, le cas échéant, si cela peut être mis en place. Il revient à la paroisse de faire cette offre, d’en être l’initiatrice, sans attendre qu’il y ait une demande.446

La PCS permet aussi aux familles de trouver un lieu de parole pour

444 TNOC.

445 Conférence des Évêques de France, Délégation à la Pédagogie Catéchétique Spécialisée, Service National de la Catéchèse et du Catéchuménat. Délégation à la Pastorale des Personnes Handicapées, Service National Famille et Société, Boîte à outils pour les

responsables en Pédagogie Catéchétique Spécialisée et en Pastorale des Personnes Handicapées dans leurs relations avec les établissements médico-sociaux, op. cit., p. 13. 446 Cf. Claire BLAISE, « Rentrée des catéchismes. Pour tous ? Rencontre avec Anne Herbinet », in Ombres et Lumière, n° 165, septembre-octobre 2008, p. 12-13.

Voir aussi, même s’il est plus ancien, le document Proposition pour la formation initiale des

catéchistes d’équipes d’enfants. Document complémentaire pour la formation des catéchistes d’enfants et de jeunes handicapés ou en difficulté, CNER, septembre 1992, p. 7-8.

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échanger sur leur vécu, sur leur foi et la façon dont l’événement du handicap l’impacte.447

Le TNOC 448 fait peu référence au handicap, même s’il s’adresse entre autre aux catéchistes auprès des personnes handicapées449. Néanmoins, Catherine Fino et Anne Herbinet n’y voient pas un oubli ou une négligence mais plutôt une volonté de l’Église de France de ne pas mettre les personnes handicapées dans une catégorie à part mais de les considérer au même titre que tous les croyants, du moins dans un premier temps.450 D’ailleurs, le texte est explicite : « Dans la relation avec les personnes handicapées ou inadaptées, les propositions de premières annonces451 gagnent toujours à s’inscrire dans un effort d’intégration. De la même manière qu’un établissement spécialisé recherche des occasions de rencontres hors de l’établissement ou l’intervention de personnes extérieures, ouvrir la personne handicapée sur d’autres croyants et l’inviter à rejoindre les communautés paroissiales contribuent fortement à développer sa propre capacité à vivre en croyant. »452

Attention en effet à ne pas confiner les personnes handicapées mentales dans le giron de la pastorale ou de la catéchèse spécialisée, les

447 Cf. Catherine FINO, Anne HERBINET (dirs.), op. cit.,

p. 51.

448 Ce document n’a pas force de loi, mais il a tout de même reçu l’assentiment de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et l’approbation de la Congrégation pour le Clergé. Congrégation pour le Clergé, Décret N. 20062430 du 7 octobre 2006.

449 Cf. Conférence des Évêques de France, Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse

en France et principes d’organisation, Paris, Bayard éditions, Fleurus-Mame, Les éditions

du Cerf, 2007, p. 22.

450 Cf. Catherine FINO, Anne HERBINET (dirs.), op. cit., p.55.

451 Cette première annonce est « distincte de la catéchèse » et « a pour objet la connaissance des premiers éléments de la foi et de l’appel à la conversion ». Elle survient ponctuellement, à l’occasion d’un évènement particulier. À l’occasion du rassemblement International des catéchistes à Rome en septembre 2013, le Pape François précisait en quoi consiste le message fondamental de cette première annonce : « Jésus Christ t’a sauvé ! Les ministres de l’Église doivent être avant tout des ministres de miséricorde ». Dès lors, « … ce n’est pas paradoxal que les lieux principaux de la Première Annonces soient vraiment les lieux de fatigue, de pauvreté, de souffrance, lieux que nous tous, nous expérimentons. » Cf. François pape et al., « La première réforme, le style chrétien », in Études, 10/2013, Tome 419, p. 337-352. Voir aussi « "Première annonce", de quoi s’agit-il ? », in Handi Kat’ Infos, n°8, Juillet 2010, p. 2-4. Document à usage interne de la PCS.

452 Conférence des Évêques de France, Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en

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tenant alors à l’écart de la vie de la communauté paroissiale. Denise Rouquès proposait que les personnes soient accompagnées par une « marraine », issue de la paroisse, qui prenne l’engagement de veiller à ce que la personne handicapée puisse trouver sa place dans la communauté locale, en se rendant aux célébrations avec elle par exemple. Les marraines seraient en contact avec la famille et établiraient le lien avec les prêtres et la paroisse et se retrouveraient régulièrement à un niveau inter-paroissial pour partager leur expérience avec les prêtres.453 L’idée est aussi développée par le SPRED, SPecial REligious Development, initiative développée aux États-Unis, et Australie et en Grande-Bretagne. Il s’agit de permettre aux personnes handicapées de tout âge d’être accompagnées d’un « parrain » qui s’engage auprès d’elles pour deux ans. Il s’agit de personnes qui ne sont ni catéchistes, ni professionnelles dans le domaine du handicap. Elles suivent une formation deux fois par mois. Elles sont amies avec les personnes handicapées et permettent leur inclusion dans la