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Chapitre VII : Comment les adultes s’y prennent pour faire participer les enfants à la production

VII.2. Analyses et résultats

VII.2.6. Types de questions adressées aux enfants

VII.2.6.1. Types de questions posées par les adultes

Les types de questions, rappelons-le, sont de trois ordres : les questions totales, les questions partielles et les questions ouvertes. Les premières sont composées de questions fermées (QF) et alternatives (QA) ; les secondes d’ébauches (EBAU) et de questions catégorielles (QC) et les dernières de questions portant sur les événements (QE), de questions en « pourquoi/comment » (QPC) et de relances (REL).

Dans ces tableaux nous présentons les distributions des questions posées par les mères à la maison ainsi que celles posées par les enseignants à l’école pour chaque tranche d’âge lors de la lecture de chacun des supports.

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Support sans texte Support avec texte

Questions totales

Questions

partielles Questions ouvertes

Questions totales

Questions

partielles Questions ouvertes

QF QA EBAU QC QE QPC REL QF QA EBAU QC QE QPC REL MOYENNE MER ENF 3 ANS 30,0 0,7 2,8 46,7 14,2 2,5 3,1 52,7 1,3 0,7 30,0 7,5 5,7 2,0 MOYENNE MER ENF 4 ANS 31,0 1,7 1,4 41,2 12,1 8,8 3,9 41,7 2,2 4,7 32,8 10,4 6,9 1,3 MOYENNE MER ENF 5 ANS 27,0 2,4 4,6 40,6 11,2 9,9 4,3 44 6,5 0,0 34,9 0,6 11,4 2,6 MOYENNE MER 29,5 1,6 2,7 42,7 12,4 7,3 3,7 45,7 3,3 2,1 32,6 6,6 7,9 1,9 Tableau 12 Distributions des questions posées par les mères pour chaque tranche d’âge lors de la lecture du support sans texte et avec texte (moyennes en pourcentage)

Support sans texte Support avec texte

Questions totales

Questions

partielles Questions ouvertes

Questions totales

Questions

partielles Questions ouvertes QF QA EBAU QC QE QPC REL QF QA EBAU QC QE QPC REL ENS PS 18,4 0,0 7,5 43,9 17,2 11,6 1,4 10,2 0,9 9,1 50,6 14,6 14,6 0,0

ENS MS 27,7 2,4 2,4 51,1 5,9 3,5 7,1 28,3 0,2 3,6 40,9 8,7 14,7 3,6

ENS GS 23,9 0,8 17,7 36,1 8,0 11,5 1,9 16,7 0,0 18,8 47,4 0,3 4,4 12,3

MOYENNE 23,3 1,1 9,2 43,7 10,4 8,9 3,5 18,4 0,4 10,5 46,3 7,9 11,2 5,3

Tableau 13 Distributions des questions posées par les enseignants pour chaque tranche d’âge lors de la lecture du support sans texte et avec texte (en pourcentage)

Ces résultats nous permettent de mettre en évidence différents constats suivant les situations.

A la maison, les questions partielles prédominent en moyenne lors de la lecture du support sans texte alors que lors de celle du support avec texte, même si elles occupent une large part, les questions totales s’avèrent les plus présentes (hormis notamment pour les mères de ROM et de SIM qui restent dans les questions partielles). Les distributions de l’ensemble des questions sont très hétérogènes. Il est simplement possible de noter que, quel que soit le support, les questions en « pourquoi/comment » sont plus importantes dans le discours des mères des enfants plus âgés que des plus jeunes qui posent quant à elles en moyenne plus de questions fermées. Ceci peut alors justifier les conduites de guidage plus importantes des mères d’enfants plus âgés. Alors que nombre d’études (Danis, Bernard, & Leproux, 2000 ; McArthur, Adamson & Deckner, 2005 ; Zucker, Justice, Piasta & Kaderavek, 2010) postulent que les mères d’enfants plus âgés posent plus de questions catégorielles et plus de questions ouvertes, qui demandent plus de réflexions, que les mères d’enfants plus jeunes, nous ne

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faisons donc pas le même constat. Nous pouvons alors penser que nos mères de jeunes enfants se conduisent comme des mères d’enfants plus âgés et inversement pour les mères d’enfants plus âgés. En revanche, nous remarquons comme Dickinson & Smith (1994) que les mères des enfants les plus jeunes posent plus de questions fermées.

A l’école, quels que soient le support et le niveau de classe, les questions partielles prédominent. Leur nombre est notamment plus important lors de la lecture du support avec texte que lors de la lecture du support sans texte. Ces questions visent le plus souvent à évoquer les caractéristiques ou les actions explicites d’un personnage comme dans les exemples ci-dessous.

Exemple 48

ENS GS 131j qu’est-ce qu’il mangeait ce petit ours que le héron a vu ? PAI JES17a des myrtilles.

Exemple 49

ENS PS 100b pour avancer c’est une +..? PAI ROM11a rame.

En revanche, le nombre de questions totales est moins important lors de la lecture du support avec texte que sans texte (respectivement 18,8% contre 24,4%). Les questions totales, comme le souligne Rosat (1998), soit sont à « visée suggestive », et invitent les enfants à une conduite réflexive, soit à « visée confirmative », et permettent à l’enseignant de vérifier la compréhension des enfants, ce que nous observons dans les exemples ci-dessous.

Exemple 50

ENS GS 190a le castor c’est un personnage principal ?

Exemple 51

ENS MS 30b tu veux dire que le renard est orange ?

Exemple 52

ENS MS 111a est-ce que vous croyez que Grand Ours va le trouver ? ((ENS tourne la page))

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nombre de questions totales que l’enseignant de PS qui privilégie les questions ouvertes, de types évènementiel ou en « pourquoi/comment ». Ces questions ouvertes représentent 30,2% et 29,1% de l’ensemble des questions de l’enseignant de PS, respectivement lors de la lecture du support sans texte et avec texte, contre 16,5% et 27% pour l’enseignant de MS puis 21,4% et 17% pour l’enseignant de GS respectivement lors de la lecture de chacun de ces supports. Les questions ouvertes laissent plus de champ libre aux enfants et les engagent ainsi davantage dans l’évocation d’éléments moins explicites, de justifications et d’argumentations, dans des conduites plus réflexives et les invitent plus à donner par eux-mêmes une réponse non suggérée.

Exemple 53

ENS PS 128b que va-t-il se passer après ?

Exemple 54

ENS PS 265b pourquoi ils sont au-dessus de la montagne ?

Exemple 55

ENS PS 314a comment ils font pour ramer ?

Une partie de ces résultats s’approchent de ceux de Florin (1985) qui remarque que les questions qu’elle nomme « fermées (F-) » du type « ça a combien de pattes un lapin ? » dont une seule réponse est possible, et qui s’apparentent à nos questions partielles, représentent plus de la moitié des types de questions posées par les enseignants et les questions en « oui/non », qui correspondent en grande majorité à nos questions fermées, représentent environ 20% des questions. En revanche l’auteure souligne que les questions ouvertes représentent 15% de l’ensemble des questions posées alors qu’elles dépassent les 20% en moyenne chez nos enseignants. De plus, Florin (1991) ne remarque aucune différence significative dans le questionnement entre les divers enseignants alors que nous notons des divergences dans les conduites des enseignants de PS et GS notamment.

Par ailleurs, lorsque nous comparons les conduites des mères et des enseignants, nous constatons que les questions totales sont plus présentes dans les discours des premières que dans ceux des seconds. Ces différences de conduites pourraient être dues au fait que, comme le rappelle Florin (1985) ce type de questionnement permet de maintenir et de contrôler davantage la conversation que les autres types qui favorisent davantage une participation des

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enfants. En revanche, les ébauches se retrouvent davantage dans les discours des enseignants que dans ceux des mères.