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Transition à l’économie de marché : Quelle croissance ?

Section 03 : Analyse de la croissance économique

II. Transition à l’économie de marché : Quelle croissance ?

A partir de 1986, l’Algérie entre dans une véritable crise économique caractérisée par une baisse considérable des importations qui sont vitales tant pour le secteur industriel (intrants, biens d’équipement) que pour assurer l’approvisionnement en biens alimentaires de base et autres biens de première nécessité. Ainsi, afin de maintenir les importations des biens stratégiques et éviter une explosion sociale, le pays a eu recours à l’endettement extérieur.

De plus, cette situation défavorable tant sur le plan économique que social a enclenché le débat sur la transition à l’économie de marché par l’engagement d’un processus de réformes économiques. Ce programme de réformes visait explicitement à rétablir les lois du marché dans le fonctionnement de l’économie et plus particulièrement à restaurer la contrainte financière sur les banques et les entreprises publiques afin de sortir de cette crise, améliorer la situation économique et accroître le niveau de la croissance.

L’examen de la croissance économique sur la période de transition à l’économie de marché permet de mettre en relief deux principales périodes entre 1990 et 2015 :

1. La période de récession :

130 DAHMANI. Ahmed, « L'expérience Algérienne Des Réformes, Problématique D'une Transition A L'économie De Marché », Annuaire de l'Afrique du Nord, tome XXXVII, ÉDITION CNRS, Paris, 1998, P127.

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Une période de récession de 1990 à 1994 est caractérisée par des taux de croissance négatifs du PIB atteignant -2,1% en 1993. Ces taux de croissance médiocres sont dus à des influences externes défavorables en termes d’augmentation de l’endettement extérieur.

C’est dans cette conjoncture défavorable que l’Algérie a sollicité l’aide du FMI et de la Banque Mondiale afin de négocier un PAS destiné à rééchelonner et rembourser la dette extérieur et à rétablir la situation économique dans le cadre d’une transition à l’économie de marché.

2. La période de relance :

A partir de 1995, la situation économique commence à s’améliorer ; la croissance du PIB tend vers la hausse et a connu deux périodes de relance : une première de 1995 à 1998 caractérisée par la mise en œuvre du PAS ainsi qu’une deuxième période de 1999 à 2015 durant laquelle les autorités ont mis en place des réformes économiques et des programmes de soutien à la relance économique.

2.1.La croissance économique dans le cadre du PAS :

Afin de stabiliser l’économie et de retrouver des niveaux de croissance à même de réduire un chômage en forte augmentation et d’améliorer le niveau de vie de la population, le gouvernement a mis en place un programme d’ajustement structurel en 1994. Dans le cadre de cet accord la croissance économique a connu l’évolution suivante :

De l’ordre de -2,1% en 1993 et de -0,9% en 1994, le taux de croissance économique a grimpé à 3,79% en 1995 et 4,09% en 1996 pour régresser en 1997 et atteindre 5,1% en 1998.

Le taux de croissance de 1996 (exceptionnel) a été tiré vers le haut grâce aux bonnes performances de l’agriculture. En effet, celle-ci a ainsi enregistré, pour la seconde année consécutive, une forte croissance estimée à 21,3% contre 15% en 1995, grâce essentiellement à la production des céréales qui a atteint 46,106 de quintaux131.

Par contre, le recul de la croissance en 1997 à un taux de 1,1% est dû principalement à la faiblesse des cours des hydrocarbures sur les marchés internationaux, à une croissance négative du secteur agricole de -25% par rapport à l’année 1996 et à une très forte baisse du taux de croissance du secteur hors hydrocarbures.

Au total, durant la période d’ajustement structurel la croissance économique a connu une hausse positive modeste avec un taux moyen annuel de 3,5% sur la période 1995-1998. Malgré la reprise

131ABDOUN. Rabah, « Un bilan du programme de stabilisation économique en Algérie (1994- 1998) », communication dans le colloque organisé par le C.R.E.A.D, le 14 et 15 juillet 1998, Alger.

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de la croissance économique pendant cette période, elle reste très fragile puisqu’elle ne s’appuie pas sur la productivité hors hydrocarbures. Cela est confirmé par la baisse de la production industrielle. Ainsi, malgré que la PAS ait permis de rééchelonner la dette extérieure et à ajuster les déséquilibres économiques, il n’a pas contribué à réaliser des taux de croissances soutenus.

2.2.La croissance économique post ajustement structurel :

Par rapport à l’année 1998, la croissance économique a chuté en 1999 pour atteindre un taux de 3,2% suite à la baisse des prix des hydrocarbures.

Le secteur des hydrocarbures reste le plus important dans la détermination de la croissance économique, ce qui a amené le gouvernement a créé le FRR (Fonds de régulation des recettes) en 2000 pour faciliter l’adaptation du budget à la volatilité du prix du pétrole et l’établissement d’une politique de dépenses publiques à moyen terme qui ne dépende pas des fluctuations des recettes pétrolières.

Par ailleurs, l’accroissement des revenus pétroliers et des avoirs extérieurs nets du pays, le désir de contenir davantage les pressions sociopolitiques, la volonté de réaliser des taux de croissance soutenus que le PAS n’a pas permis d’atteindre ont incité les autorités à mettre en place en avril 2001 un Programme de Soutien à la Relance Économique (PSRE), destiné à relancer la croissance à un rythme annuel de 5% à 6% .

Ce plan valable sur la période 2001-2004 doté de 525 milliards de dinars soit prés de 13% du PIB, est répartis sur cinq volets : 45 milliards de dinars pour l’appui aux réformes, 65,3 milliards de dinars destinés à l’agriculture et à la pêche, 114 milliards de dinars à l’appui au développement local, 210,5 milliards de dinars consacrés aux grands travaux d’infrastructures et 90,2 milliards de dinars alloués au développement des ressources humaines132.

Sur la période 2001-2004, la croissance a enregistré une moyenne de 5%. En 2001, la croissance a été marquée par une amélioration de la part de l’agriculture dans la production totale atteignant 9,2% du PIB contre 8% en 2000 en raison de la création du plan national de développement de l’agriculture (PNDA) soutenue financièrement par le Fonds National de Développement et de Régulation Agricole (FNDRA). En outre, les années 2002-2003 ont connu une hausse de la croissance respectivement de 5,6% et 7,2% fortement lié aux performances du secteur des hydrocarbures et une croissance du secteur agricole de 17% en 2003. Enfin, en 2004 la croissance a enregistré un ralentissement par rapport à l’année précédente soit 4,3% tirée principalement par une

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hausse du volume et du prix des exportations d’hydrocarbures couplée à une croissance agricole plus faible par rapport à l’année 2003 soit 2,2%.

Ainsi, l’aisance financière en matière d’hydrocarbures a incité les pouvoirs publics à poursuivre une politique budgétaire expansionniste en lançant le Programme Complémentaire de Soutien à la Croissance (PCSC), qui prolonge l’action du programme de soutien à la relance économique (PSRE) de 2001-2004 et prévoit pour la période 2005-2009 des dépenses publiques d’équipement de l’ordre de 50 milliards de dollars. Les objectifs principaux de ce programme sont l’amélioration des conditions sociales de vie des populations et la diminution du taux de chômage133.

En effet, le programme de soutien à la relance économique et le programme complémentaire ont ouvert une ère de croissance vigoureuse et soutenue. Celle-ci a été de l’ordre de 5,9% en 2005 en raison principalement de la hausse de la part des hydrocarbures et du BTP dans le PIB pour diminuer ensuite en 2006 atteignant 1,7% en liaison avec le recul de la production du secteur des hydrocarbures. Pour les années qui suivent, le taux de croissance a été modeste et n’a pas dépassé 3,4% en 2007, il a même chuté jusqu’à 1,6% à cause de la crise économique et financière de 2007/2008 et le choc pétrolier de l’année 2009.

Enfin, un troisième plan a été mis en place, s’étale sur la période 2010-2014 et prévoit une très confortable enveloppe budgétaire de 256 milliards de dollars, soit près de 156 milliards de dollars (11.534 milliards de dinars) d’investissements publics "neufs", et 130 milliards de dollars (9.700 milliards de dinars) pour l’achèvement de projets du premier programme quinquennal 2005-2009. Ce programme vise principalement le développement humain et l’amélioration des conditions de vie des citoyens134.

Sur la période 2010-2015, la croissance annuelle moyenne a été de l’ordre de 3,4%. Cette dernière a été tirée principalement par le secteur des services et du BTP en 2010 puis s’est ralentie en 2011 malgré l’expansion de la production agricole. Cependant, pour les trois années qui suivent, tous les secteurs ont contribué à la reprise de la croissance en dépit du recul du secteur d’hydrocarbures. L’analyse de la croissance depuis l’indépendance montre l’extrême dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures. Toutefois, malgré la faiblesse des autres secteurs ils contribuent également à soutenir la croissance économique.

III. Contribution des secteurs de l’économie à la croissance :

133 OCDE, Perspectives Économiques En Afrique, Algérie, 2005-2006, P 115.