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Les théories Postkeynésiennes (modèle Harrod-Domar) :

Section 02 : Revue théorique sur l’inflation

III. Les théories explicatives de la croissance économique :

1. Théories traditionnelles de la croissance économique (Exogène) :

1.2. Les théories Postkeynésiennes (modèle Harrod-Domar) :

Le modèle Harrod-Domar basé sur l’accumulation du capital étend sur le long terme l’analyse Keynésienne à capital fixe qui a montré que dans le court terme, l’économie peut s’installer dans un équilibre stable de sous-emploi.

En 1939, l’économiste Harrod élabore un modèle de croissance et le reformule en 1948. Il établit qu’une croissance équilibrée c'est-à-dire la croissance qui assure d’une part l’égalité entre épargne et investissement et d’autre part garantit le plein emploi, a peu de chance d’être réalisée. En effet, le taux de croissance de l’économie est le plus souvent différent du taux de croissance requis pour assurer l’égalité entre épargne et investissement. La situation la plus probable est donc d’une croissance déséquilibrée69. Il considère également seule la régulation extérieure qui permet le plein emploi.

68 FERGUENE Améziane, « Croissance Économique Et Développement : Nouvelles Approches », Edition Campus Ouvert, Meylan, 2011, P 20.

69DEUBEL.P, MONTOUSSE.M, « Dictionnaire de Sciences Économiques Et Sociales », Edition Bréal, Rosny, 2008, P 127.

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L’analyse de la croissance déséquilibrée c'est-à-dire l’instabilité de la croissance équilibrée se fonde sur la distinction de trois taux de croissance à savoir ; le taux de croissance garanti qui est la première découverte de Harrod, le taux de croissance naturel et le taux de croissance effectif.

 Le taux de croissance garanti (warranted gw) :

Est le taux de croissance qui permet à l’économie de suivre un sentier d’équilibre sur lequel les firmes planifient en permanence un montant d’investissement qui correspond exactement à la fraction du revenu national qui a été épargnée. Harrod combine la théorie du multiplicateur et principe d’accélération en utilisant la propension à épargner s qui intervient dans le multiplicateur et le coefficient marginal de capital, requis par les entrepreneurs en vue de la maximisation du profit c qui intervient dans l’accélérateur70.

D’une part, le montant de l’épargne (S) réalisé à la période t est fonction du revenu : ( 5 ) égal au montant de l’investissement réalisé (1), donc I est égal à 5 et d’autre part, les entrepreneurs fondent leurs anticipations sur la vitesse de l’évolution du revenu, autrement dit, l’investissement désiré est considéré comme une proportion constante (0) de la variation du revenu entre la période t et la période t+1, l’investissement désiré s’écrit : 0 (5 + 1 – 5 )

A l’équilibre, l’investissement désiré est égal à l’investissement réalisé soit: 5 = 0 (5 + 1 − 5 ) , c'est-à-dire, (l + − l )/l = m/n. Cette équation signifie qu’il existe un taux de croissance du revenu (5 + 1 − 5 )/5 égale à /0 qui permet la satisfaction des anticipations des entrepreneurs, ce taux est appelé par Harrod taux de croissance garanti (op = m/n).

Au total, cette équation signifie d’une part que lorsque le revenu croît au taux garanti, les entrepreneurs sont satisfait car leurs anticipations se sont révélées justes au plan global, autrement dit, les entrepreneurs désirent investir le même montant qui est réellement investi, et d’autre part, le taux garanti dépend de la valeur du paramètre s qui traduit le comportement des consommateurs et du paramètre c traduisant le comportement des investisseurs à la recherche du profit. On retient que le taux de croissance garanti est celui qui assure l’équilibre entre épargne et investissement.

 Le taux de croissance effectif (réel) :

Est le taux qui se réalise effectivement et qui correspond à la croissance effectivement réalisée dans l’économie (ΔY/Y). Il permet d’assurer l’équilibre entre épargne (S) et investissement (I), ce dernier est représenté par le stock du capital et donc à l’équilibre on a :

q = 1 … … . . (1)

65 Avec; q = 5 … . (2) 1 = 0 (5 + 1 − 5 ) … . (3) De (2) et (3) on obtient : 5 = 0(5 + 1 − 5 ) => (5 + 1 − 5 )/5 = /0 => rl/l = m/n = o

Cette équation signifie que le taux de croissance effectif de l’économie dépend du rapport entre l’épargne et du coefficient de capital. Ceci dit que les anticipations des entrepreneurs sont réalisées.

 Le taux de croissance naturel (os) :

C’est le troisième élément de la théorie de Harrod, il est défini comme le taux de croissance qui permet le plein emploi de la main d’œuvre. Il dépend de la croissance de la population et des progrès de la productivité du travail71.

Pour qu’une économie soit en situation de plein emploi permanent, la production doit croître au taux natureltu, donc le taux de croissance de l’économie g doit être à la fois égal au taux garanti tv ( /0) et au taux naturel tu. Pour Harrod cet équilibre entre les trois taux de croissance (o = op = os) ne peut être réalisé, il est donc impossible pour des économies en croissance de connaître un plein emploi continu72.

Le modèle de Harrod examine la dynamique des écarts entre ces trois taux de croissance, il en déduit deux types de déséquilibres qui accompagnent la croissance économique, le premier est de courte période fonction de l’écart (t − tv)et le second de longue période fonction de t ettu. En 1946, cette analyse a été renforcée par les travaux de Domar qui reposent sur l’investissement. Pour Domar, l’investissement exerce un effet sur la demande par le jeu du multiplicateur keynésien mais aussi sur l’offre en augmentant les capacités productives. L’effet de demande dépend de la proportion à épargner ‘s’ et l’effet sur les capacités productives dépend de son coté du coefficient du capital ‘c’.

Il considère qu’une croissance est équilibrée lorsque les deux effets sont équivalents. Mais puisque ces paramètres sont exogènes et indépendants, une croissance équilibrée est très improbable.

Les conclusions de Domar sont similaires à celles de Harrod, dans lesquelles ils constatent qu’une croissance équilibrée associée à une situation de plein emploi est presque impossible. Ils montrent que le sentier d’une croissance équilibrée est très étroit et que l’amélioration de cette situation nécessite l’intervention de l’État. Leurs travaux ont été élaborés dans un modèle de croissance

71 CORPRON. P, « L’indispensable En Économie Et Histoire Des Sociétés Contemporaines », Edition Bréal, Rosny, 2004, P 44.

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économique appelé modèle Harrod-Domar afin de montrer le caractère aléatoire de la croissance économique.