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Principaux enseignements théoriques et empiriques :

Section 01 : taux de change, inflation et croissance économique : une revue de la littérature. 128

2. Principaux enseignements théoriques et empiriques :

2.1.Transmission de la dépréciation à l’inflation: une étude de panel: « The pass-through from depreciation to inflation : A panel study » : ‘I. Goldfajn and S.Werlang, 2000’

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Dans leur article, Goldfajn et Werlang fournissent une étude empirique concernant le lien entre la dépréciation du taux de change et l’inflation pour un échantillon de 71 pays durant la période 1980-1998, utilisant des données de panel.

Afin d’estimer le pass-through de la dépréciation à l’inflation, ces deux auteurs utilisent comme variables explicatives de cette relation : le PIB inclus pour prendre en compte l’idée selon laquelle avec l’accroissement des ventes des entreprises, il est plus facile de répercuter les augmentations des coûts aux prix finaux, le taux de change réel puisque les études antérieures ont montré que la surévaluation du taux de change réel est un déterminant important des dépréciations futures, l’inflation étant donné que l’environnement inflationniste peut déterminer la volonté des entreprises d’augmenter les prix en présence d’une augmentation des coûts et enfin, le degré d’ouverture, une augmentation de ce dernier produit un effet important sur les prix et donc sur l’inflation143.

Le résultat de leur étude a montré que le coefficient du pass-through a atteint son maximum au bout de 12 mois comme l’indique le tableau suivant :

Tableau n°25 : Coefficient du pass-through par type de pays 1980-1998

Mois Pays développés Pays émergents Autres pays en développement Pays OCDE Pays non OCDE 6 0,245 0,394 0,340 0,113 0,471 12 0,605 0,912 0,506 0,188 0,754

Source : GOLDFAJN Ilan, WERLANG Sergio, « THE PASS-THROUGH FROM

DEPRECIATION TO INFLATION: A PANEL STUDY », TEXTO PARA DISCUSSÃO N° 423, DEPARTAMENTO DE ECONOMIA PUC-RIO, Abril 2000, P 11.

Le tableau montre que le coefficient du pass-through est moins prononcé dans les pays développés que dans les pays émergents et les pays en développement. Ainsi, on remarque que la transmission est m2partielle au bout de six mois tant dis qu’elle augmente et devient presque totale pour les pays émergents (0,912). Goldfajn et Werlang ont trouvé que la dévaluation du taux de change réel était la variable explicative de la transmission pour les pays émergents, alors que pour les pays développés, l’inflation initiale en était la cause.

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2.2.Transmission du taux de change aux prix domestiques: « Exchange rate pass-through to domestic prices » : ‘U. Choudhri et D. Hakura 2001’

Choudhri et Hakura (2001) ont étudié la relation entre le taux de change et l’inflation pour un échantillon de 71 pays, autrement dit, ils ont estimé le degré de transmission des variations du taux de change aux prix afin de tester l’hypothèse suggérée par Taylor (2000). Ils ont établit un nouveau modèle macroéconomique de l’économie ouverte pour la période 1979-2000 avec comme variable : l’inflation domestique (IPC), l’inflation étrangère et le taux de change effectif nominal.

Leur résultat montre l’existence d’une relation de corrélation positive entre le degré de transmission des variations du taux de change et l’inflation, de plus, le coefficient du pass-through est complet pour la plupart des pays de l’échantillon.

Les effets de cette variation dépendent du climat inflationniste. Un climat de forte inflation induit une hausse du degré de transmission, car les effets des chocs monétaires sur les coûts sont plus persistants, ce qui confirme l’hypothèse de leur modèle selon laquelle un degré élevé de transmission est associé à un régime de forte inflation. Ils soulignent également la prise en compte de l’impact des climats à forte inflation sur l’estimation du coefficient pass-through dans les prévisions des banques centrales afin de ne pas le surestimer144.

2.3.Établissement des prix et transmission des variations du taux de change : théorie et vérification empirique : ‘M. Devereux et J. Yetman (2003)’

Devereux et Yetman ont construit deux modèles théorique et empirique afin d’estimer la transmission des variations du taux de change aux prix pour un échantillon de 122 pays y compris l’Algérie. Ils considèrent que les variations du taux de change se transmettent aux prix avec un degré qui varie d’un pays à un autre et ce en fonction de la lenteur d’ajustement des prix en économie ouverte. En plus, cette transmission est déterminée de façon endogène par le régime de politique monétaire.

L’hypothèse fondamentale de leur modèle est que la transmission est liée à l’orientation de la politique monétaire de sorte qu’une politique monétaire excessivement expansionniste implique un taux moyen d’inflation plus élevé ainsi qu’une plus forte volatilité du taux de change145.

144CHOUDHRI. Ehsan, HAKURA. Dalia, « Exchange Rate Pass-Through To Domestic Prices: Does The Inflationary Environment Matter ? », IMF Working Paper, WP/01/194, December 2001, P 20.

145 DEVEREUX Michael, YETMAN James, «Établissement Des Prix Et Transmission Des Variations Du Taux De Change : Théorie Et Vérification Empirique », Bank Of Canada, séminaires et recherche, 2003, P 392.

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Le résultat de leur étude montre que le coefficient du pass-through est compris entre 0 et 1 pour la plupart des pays, par exemple pour le cas de l’Algérie le coefficient est égal à 0,47 mais il est non significatif. En outre, ils soulignent que ce coefficient est corrélé au taux d’inflation, il augmente mais de façon non linéairepuisqu’au delà d’un certain seuil, le taux d’inflation moyen ne devrait plus influer sur lui.

2.4.Pass-through du taux de change et politique monétaire: «Exchange rate pass-through and monetary policy » : ‘F. Mishkin, 2008’

Suite à la dépréciation de presque de 40% du dollar américain par rapport à un panier de devise importantes depuis l’année 2002, F. Mishkin souligne que la persistance de cette dépréciation conduit fortement à une inflation. Selon lui, une baisse de la valeur du dollar est susceptible d’augmenter le coût des importations ce qui alimente la hausse des prix à la consommation.

Il indique également que la mesure du risque d’inflation dû à une dépréciation de la monnaie nationale dépend de la part de cette baisse transmise aux prix à l’importation puis aux prix à la consommation. Le degré de transmission de cette dépréciation à l’inflation peut être élevé dans un environnement monétaire instable où les chocs monétaires alimentent à la fois une forte inflation et une dépréciation du taux de change. Toutefois, cette transmission s’est réduite ces dernières années dans quelques pays qui poursuivent des politiques monétaires stables et prévisibles146.

2.5.Etude du FMI : Comprendre l’inflation en Algérie « Understanding inflation in Algeria »

Dans son étude le FMI a tenté de déterminer les facteurs explicatifs de l’inflation qui a augmenté en 2012 après quelques années de stabilité. Les variables explicatives utilisées dans le modèle sont : PIB réel hors hydrocarbure, la masse monétaire au sens M2, taux de change effectif nominal, me prix du pétrole et l’indice des prix des importations.

D’après les résultats de son étude, il existe une relation de long terme entre l’inflation et ces variables explicatives. La masse monétaire et l’inflation sont les principaux déterminants de l’inflation à long terme. Quant au taux de change effectif nominal, une dépréciation de 1% de ce dernier traduit une hausse de l’inflation de 0,1%. De plus, un choc sur le taux de change effectif nominal entraine un déclin faible des prix, ainsi l’impact commence à apparaitre seulement au début

146MISHKIN. Frederic, « Exchange Rate Pass-Through And Monetary policy », Speech at the Central Bank of Norway, Bis review 27/2008, P 02.

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du deuxième trimestre. La conclusion de l’étude du FMI est que le taux de change nominal n’est pas le bon instrument pour contenir l’inflation en Algérie147.

2.6.Étude du FMI : Détermination de l’inflation en Algérie : « Determination of inflation in Algeria »

Dans une autre étude durant la période 1996-2002, le FMI a fournis une estimation de l’inflation en fonction de ses principaux déterminants à savoir : la masse monétaire au sens M1, le volume des importations et le taux de change effectif nominal. Le résultat suggère un impact important dans le long terme des facteurs monétaires sur l’inflation, ce qui confirme les arguments monétaires selon lesquels les facteurs monétaires sont les déterminants dans le processus inflationniste.

Ainsi, dans le long terme, l’inflation est corrélée positivement au taux de change et la masse monétaire. En effet, une dépréciation de 1% du taux de change augmente l’inflation de 0,17%, toutefois sur le coure terme le taux de change n’a aucun impact sur l’inflation148.

Le FMI souligne également que le taux de change n’influence pas la variation des prix sur le court terme, il l’affecte seulement sur le long terme, et cela dû à l’existence d’un marché parallèle.

2.7.Étude économétrique de la Banque d’Algérie :

Dans une étude économétrique de type VECM fondée sur la théorie des méthodes quantitatives et portante sur les déterminants de l’inflation sur la période 2001-2013, la banque d’Algérie a identifié les facteurs explicatifs de l’évolution de l’inflation.

L’objectif de cette étude vise à détecter d’une part les déterminants de l’inflation en Algérie à partir de l’équation estimée de long terme et d’autre part, à mesurer la contribution de chacun d’eux à l’évolution de l’inflation. Ainsi, les variables retenues dans cette étude sont l’indice des prix à la consommation, la masse monétaire au sens M2 hors dépôts des hydrocarbures et hors dépôts en devises, l’indice des prix des produits à fort contenu d’importation déflaté par le TCEN, le taux de change effectif nominal contre les monnaies des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie TCEN, et l’indice des prix de la production industrielle publique et privée de l’activité agro-alimentaire149.

147 IMF country report No. 13/48, “Algeria : Selected Issues Papers, 2013, P 29-33”

148 IMF Country Report No 04/31, “Algeria: Selected Issues and Statistical Appendix”, 2004, P 25-28.

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Le résultat de cette étude démontre que c’est toujours la masse monétaire qui contribue d’une grande part par rapport aux autres déterminants soit 67%, les prix à l’importation contribue seulement de 7% tant dis que la contribution du taux de change effectif nominal est de 11%.

2.8.Pass-through du taux de change en Algérie: « Exchange rate pass-through in Algeria » : Kamel Si Mohammed, 2015

Un modèle économétrique de type VAR a été estimé dans cette étude qui porte sur le pass-through du taux de change aux prix à la consommation et à la production pour une période trimestrielle qui s’étale de 2002 jusqu’à 2011. L’étude estime le pass-through de deux taux change à savoir : le taux de change euro/dinar et le taux de change dollar/dinar.

Les résultats empiriques montrent que l’appréciation du taux de change traduit une hausse de l’indice des prix à la consommation. La transmission du taux de change contre l’euro est complète et augmente dans le temps par rapport au taux de change dollar. Par contre, la transmission du taux de change traduit une réaction négligeable de l’indice prix à la production. Ces résultats ont été justifiés dans cette étude par l’augmentation des prix mondiaux des matières premières et le démantèlement des barrières commerciales algériennes après l’entrée en vigueur dans l’accord euro-méditerranéen, sachant que ce dernier est le plus grand partenaire commercial sur environ la moitié des importations algériennes150.