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L’inflation durant la période de planification :

Section 02 : Évolution de l’inflation

I. L’inflation durant la période de planification :

Durant cette période la masse monétaire à connu une croissance rapide supérieur à la production comme le montre le tableau suivant :

Tableau n°12 : Évolution de la masse monétaire et du PIB. Périodes Taux d’accroissement

de la masse monétaire Taux d’accroissement du PIB 1970-1973 14,2 % 12,0 % 1974-1977 26,6 % 30,5 % 1978-1979 23,9 % 21,3 % 1980-1984 19,6 % 15,7 % 1985-1987 10,0 % 5,8 %

111 BENISSAD. Hocine, « Essais D’Analyse Monétaire Avec Référence à l’Algérie», Edition OPU, Alger, 1980, P 132.

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Source : NAAS. Abdelkrim, « Le système bancaire algérien de la décolonisation à l’économie de marché », Edition MAISONNEUVE ET LAROSE, Paris, 2003, P 85.

On remarque que l’évolution de la masse monétaire est supérieure à l’évolution du PIB. Selon les données de la Banque d’Algérie la masse monétaire est passée de 12,1 milliards de dinars en 1969 à 257,9 milliards de dinars en 1987, cette hausse est reliée à l’augmentation du niveau des avoirs extérieurs en raison du renchérissement du prix des hydrocarbures. Cette situation a conduit l’économie algérienne à une inflation qui a atteint un maximum de 17,52% en 1978. Cela peut être une illustration parfaite de la théorie quantitative de la monnaie de Fisher qui stipule que l’inflation est un phénomène monétaire due à un accroissement anormalement rapide de la quantité de monnaie par rapport au volume de la production.

Cependant, la croissance de la masse monétaire a connu une exception en 1986 avec un taux très faible de 1,4% suite au contre choc pétrolier durant cette année et l’apparition du problème de la dette extérieure.

Malgré la baisse de la masse monétaire due à la diminution des avoirs extérieurs générée par la baisse du prix de pétrole, celle-ci reste toujours supérieure au PIB. Cette situation est justifiée par la continuité de l’injection de la liquidité par la Banque Centrale qui a conduit à une hausse de l’inflation.

Puisque le niveau de l’inflation dépend de la relation entre la quantité de la monnaie et la production, il est nécessaire d’analyser l’évolution du taux de liquidité de l’économie étant donné que ce dernier est le rapport entre la masse monétaire et le PIB. Ainsi, lorsqu’une économie est très liquide, les ménages et les entreprises détiennent un volume important de monnaie qui peut alimenter une forte demande de consommation et provoquer par là des tentions inflationnistes113. Le tableau ci-dessous retrace l’évolution du taux de liquidité de l’économie durant la période 1970-1989.

Tableau n°13 : Taux de liquidité de l’économie (1970-1989) Années Taux de liquidité

1970 54,45

1971 55,83

1972 59,83

101 1973 59,01 1974 46,66 1975 54,92 1976 59,07 1977 59,74 1978 64,52 1979 62,21 1980 57,56 1981 57,03 1982 66,42 1983 71,00 1984 72,76 1985 76,85 1986 75,80 1987 79,67 1988 83,82 1989 72,80

Source : Banque Mondiale (WDI).

L’analyse du taux de liquidité de l’économie algérienne dénote une surliquidité excessive durant toute la période 1970-1989 couverte par la planification financière, celui-ci a été nettement supérieur à 50% à l’exception de l’année 1974 atteignant le plus bas taux durant cette période (46%). Cette diminution du taux de liquidité est la conséquence de l’augmentation sensible des prix des hydrocarbures qui a eu pour effet d’accroitre les recettes d’exportations et donc une hausse du produit intérieur brut vu que le secteur des hydrocarbures occupe une place importante dans l’économie nationale.

On remarque également que durant la période 1979-1981 la liquidité a diminué en raison de l’augmentation de la production due à la hausse des recettes des exportations qui ont presque doublé et d’un niveau soutenu de l’investissement.

Enfin, de 1982-1989 le taux de liquidité a enregistré une hausse continue passant de 62% en 1982 à presque 73% en 1987 en raison de la baisse du taux de croissance de la production due aux blocages structurels qui ont caractérisé l’organisation et le fonctionnement de l’économie.

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On conclut donc que la période de planification qui s’étale de 1970 jusqu’à 1989 s’est conjuguée avec des taux d’inflation élevés due à l’injection de la monnaie par la Banque Centrale afin de répondre à la demande de monnaie des entreprises et du Trésor Public destinée au financement de l’économie.

La principale source de cette création monétaire est les crédits à l’économie tout au long de la période 1970-1984 comme le montre les statistiques suivantes :

Tableau n°14 : Source de la création monétaire (en %) 1970-1987

Périodes Avoirs extérieurs Créances sur l’État Crédits à l’économie Total 1970-1973 +18% +10% +72% 100 1974-1977 +12% +24% +64% 100 1978-1979 +9% +35% +56% 100 1980-1984 -3% +31% +72% 100 1985-1987 - +69% +31% 100

Source : NAAS Abdelkrim, «Le système bancaire algérien de la décolonisation à l’économie de marché », Edition MAISONNEUVE ET LAROSE, Paris, 2003 P 90.

On remarque que malgré la faiblesse des avoirs extérieurs par rapport aux créances et crédits, ils représentent une part non négligeable dans la création monétaire. Cette source d’origine externe accroit la liquidité bancaire et gonfle les recettes du Trésor à travers la fiscalité pétrolière. La part des avoirs extérieurs dépend du montant des réserves de change. Ainsi, de 1981-1987 les créances sur l’État était la cause principale de la création monétaire.

On conclut donc que cette expansion monétaire qui a résulté de la distribution des crédits a amplifié l’inflation. Ce phénomène est représenté par l’évolution de l’indice des prix à la consommation :

Tableau n°15 : Évolution de l’indice des prix à la consommation 1970-1989 Année 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978

103 Année 197 9 198 0 198 1 198 2 198 3 198 4 198 5 1986 1987 1988 1989 IPC 5,6 2 6,16 7,06 7,52 7,97 8,62 9,52 10,70 11,4 9 12,1 7 13,3 0 Source : Banque Mondiale (WDI).

L’indice des prix à la consommation a connu une augmentation continue durant toute la période de planification, il passe de 2,74 en 1970 jusqu’à 13,3 en 1989. Les prix des biens de consommation ont doublé entre 1967 et 1978.

A partir de 1985, les produits alimentaires ont connu une hausse notamment les viandes, les fruits et les légumes ainsi que les autres produits tels que le café, le sucre, l’huile et les produits céréaliers suite à la baisse des subventions et le glissement rapide du dinar114.

Au cours de la période 1970-1989, l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation avait atteint un taux moyen de 8,6% à cause de l’excédent de la masse monétaire destinée au financement du déficit budgétaire engendré par le contre choc pétrolier de 1986, à la reconstitution et au développement du secteur économique afin de rattraper le retard enregistré par l’Algérie durant la période coloniale.

En effet, la Banque Centrale dépendait du gouvernement et sa politique monétaire était centralisée et définie dans un cadre d’expansion monétaire au profit du Trésor et au détriment de l’économie réelle, donc durant cette phase d’économie planifiée, l’État algérien ne pouvait pas parler de politique monétaire au sens propre du terme.

La figure suivante retrace l’évolution de l’inflation durant cette période :

Figure n°02 : Évolution de l’inflation 1970-1989

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Source : Banque Mondiale (WDI).

Au total depuis 1970, le mode d’organisation de l’économie, la stratégie d’industrialisation adoptée, les structures économiques et sociales héritées de la colonisation et le modèle monétaire et financier qui sert d’appui à la politique de développement ont été les principaux facteurs d’inflation115.