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Impact de la variation du taux de change sur l’inflation :

Section 01 : taux de change, inflation et croissance économique : une revue de la littérature. 128

1. Impact de la variation du taux de change sur l’inflation :

La variation du taux de change correspond à une hausse ou à une baisse de la valeur de la monnaie. Dans le cadre de notre étude on se réfère à une baisse de la valeur de la monnaie (dépréciation). Ainsi, une baisse de la valeur de la monnaie nationale a généralement comme effet d’accroître les prix des biens importés finaux et intermédiaires. Dans le premier cas, une augmentation des prix provoque une hausse des prix des produits inclus dans la formation du panier de consommation, ce qui créé par conséquent une inflation (inflation importée). En outre, une augmentation des prix des intrants importés se traduit par une hausse des coûts de la production, ce qu’on appelle une inflation par les coûts.

Ces effets peuvent être directs ou indirects, selon qu’ils s’exercent directement sur les prix ou par le biais de leurs répercussions sur la composition ou sur le niveau de la demande globale et sur les salaires tel qu’ils sont présentés dans la figure suivante139 :

139 LAFLECHE Thérèse, « L’incidence des fluctuations du taux de change sur les prix à la consommation », Revuede la Banque du Canada, Hiver 1996-1997, P 22-23.

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Figure n°05 : Canaux de transmission d’une dépréciation de la monnaie aux prix à la consommation (cas du Canada).

Source : LAFLECHE Thérèse, « L’incidence des fluctuations du taux de change sur les prix à la consommation », Revuede la Banque du Canada, Hiver 1996-1997.

Cependant, notre travail de recherche ne s’intéresse qu’aux effets directs entre autre les effets de la dépréciation sur les prix notamment les prix à la consommation.

La répercussion de la dépréciation de la monnaie nationale sur les prix est appelée transmission de la variation du taux de change. Autrement dit, la variation des prix intérieurs due à une variation du taux de change correspond au degré de transmission des variations du taux de change, ceci est appelé Exchange Rate Pass-Through (ERPT).

Ce concept a été traditionnellement défini comme étant la variation en pourcentage du prix en monnaie nationale d’un bien importé induite par une variation de un point de pourcentage du taux

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de change nominal entre le pays exportateur et le pays importateur. Cette définition a évolué au fil des ans pour englober d’autres types de prix, notamment les prix à la consommation140. Deux éléments importants caractérisent ce phénomène à savoir ; le processus et le degré de transmission.

1.1.Processus de transmission :

Le processus de transmission s’établit en deux étapes, d’abords les mouvements du taux de change se répercutent sur les prix des importations pour influencer ensuite les prix à la consommation puisque le panier de consommation contient généralement des produits locaux et des produits importés du reste du monde.

Toutefois, ces mouvements peuvent se transmettre directement aux prix à la consommation particulièrement aux prix intérieurs. Ceci s’explique comme suit : une dépréciation de la monnaie nationale renchéris les prix des biens importés finaux ou intermédiaires et donc augmente la demande sur les biens produits à l’intérieur du pays en concurrence à ceux venant de l’extérieur vue la différence des prix. L’intensification de cette demande exerce des pressions à la hausse sur les prix intérieurs et les salaires, par conséquent pousse les prix intérieurs à la hausse et donc créé de l’inflation.

1.2.Degré de transmission :

La transmission des mouvements du taux de change peut être complète si la dépréciation de la monnaie nationale se répercute entièrement sur les prix des importations, en revanche elle peut être qualifiée incomplète ou partielle, lorsque seulement une partie de la dépréciation se transmet aux prix des importations.

Le degré de transmission diffère d’un pays à un autre, certains connaissent des degrés de pass-through fort tel est le cas des pays en développement et des pays émergents fortement ouvert tant dis que d’autres ont enregistré des degrés ou des coefficients faibles comme par exemple les pays développés et les pays adoptant le ciblage d’inflation et qui conduisent des politiques monétaires crédibles. Ce degré dépend également de la part qu’occupent les biens importés dans le panier de consommation.

En effet, le degré de pass-through est influencé par les facteurs suivants141 :

140BAILLIU Jeannine, BOUAKEZ Hafedh, « La transmission des variations des taux de change dans les pays industrialisés », REVUE DE LA BANQUE DU CANADA, PRINTEMPS 2004, P22.

141GOLDFAJN Ilan, WERLANG Sergio, « THE PASS-THROUGH FROM DEPRECIATION TO INFLATION: A PANEL STUDY », TEXTO PARA DISCUSSÃO N° 423, DEPARTAMENTO DE ECONOMIA PUC-RIO, Abril 2000, P 6.

132 1.2.1. Le niveau de l’activité économique :

L’accroissement des ventes durant les périodes de forte activité économique est un facteur déterminant du pass-through compte tenu de l’idée selon laquelle la hausse des coûts liés à la dépréciation de la monnaie nationale se répercute plus facilement. Par contre, lors des périodes de récession, une forte dépréciation n’implique pas nécessairement une augmentation des prix domestiques puisque les entreprises n’ajustent pas leurs prix proportionnellement à la hausse des coûts ;

1.2.2. Le taux de change réel :

La surévaluation de la monnaie domestique est un déterminant important de la dépréciation future de cette monnaie (Goldfajn and Valdes, 1999). Ainsi, la dépréciation de la monnaie nationale ne produit pas forcément des tensions inflationnistes lorsque le taux de change réel est surévalué, bien au contraire, elle constitue une correction de cette surévaluation initiale du taux de change afin de lui permettre de trouver son état d’équilibre. Toutefois, lorsque la dépréciation est excessive, dépassant la valeur nécessaire pour retrouver le taux de change d’équilibre, elle provoque certainement de l’inflation ;

1.2.3. L’environnement inflationniste :

une politique monétaire anti-inflationniste et une crédibilité des autorités monétaires sont des facteurs importants qui déterminent le degré de la variation du taux de change sur l’inflation des prix à la consommation, voir même le réduit. Dans leur modèle, Gagnon et Ihrig souligne que lorsque les autorités monétaires mettent fortement l'accent sur la stabilisation de l'inflation, il y aura moins de répercussions des variations des taux de change sur les prix à la consommation142. En se basant sur un modèle empirique, Taylor (2000) a également montré que le degré du pass-through augmente avec le niveau d’inflation. Ces résultats indiquent que dans un environnement inflationniste, les variations du taux de change se répercutent d’autant plus sur les prix. De plus, Taylor souligne que si l’inflation est persistante, les entreprises considèreront que la hausse des coûts est également persistante ;

1.2.4. Le degré d’ouverture :

Le degré d'ouverture d'un pays au reste du monde devrait également affecter le coefficient du pass-through. Une économie est fortement sensible aux variations du taux de change lorsque son degré

142GAGNON Joseph, IHRIG Jane, « Monetary Policy and Exchange Rate Pass-Through », International Journal of Finance and Economics, N° 9, pp 315-338.

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d’ouverture est élevé. Cependant, il est possible d’observer un lien négatif entre l’inflation et le degré d’ouverture dans les pays ouverts adoptant une politique monétaire crédible ;

1.2.5. Le régime de change :

Avec un régime de change flexible, le pass-through permet de maitriser l’inflation puisque ce régime confère une plus grande autonomie à la politique monétaire et donc offre une meilleure protection contre les chocs extérieure. En revanche, dans les régimes de change fixe, toute action visant à stabiliser l’inflation entraine une volatilité au niveau de la production (M. Devereux, 2001) ;

Enfin, le degré de transmission de la variation du taux de change aux prix et plus particulièrement aux prix à la consommation a diminué ces dernières années. Ce recul peut être expliqué par le passage à un climat de bas taux d’inflation dans les pays industrialisés grâce à l’adoption de politique monétaire plus crédible, ce qui a confirmé l’hypothèse de Taylor (2000). Un autre facteur qui a contribué à cette baisse est celui du changement de la composition de l’indice des prix des biens importés en faveur des secteurs où la transmission des variations du taux de change est moindre. Cette explication a été étayée par les résultats de Campa et Goldberg (2001).

Cette diminution du coefficient du pass-through peut avoir des conséquences importantes sur la politique monétaire. En effet, une baisse du degré de transmission des variations du taux de change aux prix à la consommation influe sur les prévisions des autorités monétaires relatives à l’évolution future de l’inflation, lesquelles jouent un rôle très important dans la conduite de la politique monétaire surtout pour les pays qui adopte le ciblage d’inflation. De plus, si les autorités monétaires fondent leurs prévisions d’inflation sur des estimations qui ignorent la diminution du degré de transmission, les effets des variations du taux de change sur l’inflation peuvent être surestimés. Le degré auquel la variation du taux de change se transmet au prix est une importante question dans les débats sur les politiques monétaires et de change appropriée. En effet, maintes études théoriques et empiriques se sont penchées sur cette question. Nous allons présenter les principaux enseignements des études empiriques.