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Les canaux de transmission entre le taux de change et la croissance économique :141

Section 01 : taux de change, inflation et croissance économique : une revue de la littérature. 128

II. Variation du taux de change et croissance économique :

2. Les canaux de transmission entre le taux de change et la croissance économique :141

commerciale ainsi que le degré de développement du marché financier.

2.1.Le degré d’ouverture commerciale :

On note d’abord, que le degré d’ouverture au commerce international constitue un point crucial de la relation entre le taux de change et le taux de croissance d’une économie. Ainsi, la théorie de la croissance endogène lui attribue un lien positif avec la croissance économique. Les économies ayant un degré d’ouverture plus élevé sont les plus en mesure d’intégrer le progrès technologique et de tirer davantage de l’élargissement des marchés (Barro et Sala-i-Martin 1995). Dans ce contexte, le mouvement de la balance commerciale est fortement lié à la gestion du taux de change réel. En effet, un taux de change réel bas permet d’accroitre les exportations par effet de compétitivité internationale, desserre la contrainte extérieure et permet d’importer du capital non produit localement et donc favorise la croissance.

Bailliu 2000, indique que l’ouverture aux flux de capitaux peut aussi générer des investissements qui ont des retombés positifs sur la croissance s’ils sont canalisés vers des placements productifs.

2.2.Le degré de développement financier :

Le deuxième canal par lequel le taux de change influe la croissance économique est celui du degré de développement du marché financier. Un secteur financier sain et développé peut favoriser la croissance économique quel que soit le type du régime de change. Cependant l’effet diffère d’un régime à un autre, il peut être plus prononcé dans le cas des pays qui ont un régime de changes flottants car l’existence d’un marché financier assez développé permet d’amortir les chocs de taux de change et offrir des instruments qui permettent de se prémunir contre la volatilité du taux de change.

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Levine (1997), définis comment le degré de développement du système financier mesurable par sa capacité à mobiliser l’épargne, à faciliter la répartition des capitaux et à améliorer la gestion du risque peut favoriser la croissance par le jeu de ses effets sur l’accumulation du capital.

3. Principaux enseignements théoriques et empiriques :

Certains travaux théoriques et empiriques se sont penchés sur l’étude de l’impact du taux de change sur la croissance économiques tels que :

3.1.Taux de change réel et output dans les pays en développement: « OUTPUT AND THE REAL EXCHANGE RATE IN DEVELOPING COUNTRIES: AN APPLICATION TO MEXICO » ‘KAMIN.S and ROGERS.J, 1997’

Kamin et Rogers indiquent que la dévaluation du peso Mexicain depuis 1994 a été source d’inflation et de contraction de l’activité économique. Toutefois, l’appréciation réelle ces dernières années s’est associée à une expansion de l’activité économique. Dans leur étude basé sur un modèle VAR, le résultat est toujours le même ; la dévaluation du Peso est suivie d’une contraction économique au Mexique. Ils soulignent également que leur résultat est conforme pratiquement à toutes les analyses antérieures de la dévaluation et la croissance économique au Mexique155.

3.2.Fluctuations du taux de change et activité économique dans les pays en développement : « EXCHANGE RATE FLUCTUATIONS AND ECONOMIC ACTIVITY IN DEVELOPING COUNTRIES: THEORY AND EVIDENCE »: ‘MAGDA KANDIL, 2004’

MAGDA.K revisite dans son étude la relation entre les fluctuations du taux de change et les performances macroéconomiques notamment la croissance pour vingt deux pays en développement. Son analyse introduit un modèle d’anticipation rationnelle qui décompose le mouvement du taux de change en composantes anticipées et imprévues et démontre les effets des canaux de demande et d’offre sur la croissance.

Le résultat de son investigation démontre que les variations anticipées du taux de change réduit significativement la croissance de la production sur le long terme. Par contre sur le court terme, la croissance de la production enregistre des fluctuations face au changement imprévu du taux de change. Il conclu que pour divers degré d’ouverture, les fluctuations du taux de change génère des

155KAMIN. Steven, ROGERS. John, « Output And The Real Exchange Rate In Developing Countries: An Application To Mexico », Board of Governors of the Federal Reserve System, International Finance Discussion Papers, N° 580, May 1997, P 01-40.

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effets négatifs sur la croissance économique pour les pays en développement vue la contraction de la production suite à une dépréciation de la monnaie156.

3.3.Le taux de change réel et la croissance économique : théorie et évidence : « The Real Exchange Rate and Economic Growth: Theory and Evidence »: ‘RODRIK. D, 2007’ Dans une étude économétrique de type panel, Rodrik tente de prouver qu’une sous-évaluation de la monnaie (un taux de change élevé) stimule la croissance économique. Il souligne également que cela est particulièrement vrai pour les pays en développement. En revanche, selon cet auteur, une surévaluation du taux de change est associée à une pénurie de devises, une défaillance du compte courant et des crises de balance de paiement qui nuisent à la croissance économique. Il soutient qu’une surévaluation pénalise la croissance tant dis que la sous-évaluation la facilite, cela est vérifié pour la plupart des pays à forte période de croissance associée à des monnaies sous-évaluées tels que la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, Taiwan, Ouganda, Tanzanie, et le Mexique157.

Il précise également qu’il existe peu de relation non linéaire entre le taux de change d’un pays et la croissance économique. Cette relation de linéarité se vérifie uniquement pour les pays en développement, elle disparait lorsque l’étude se limite seulement pour les pays avancés.

3.4.Le taux de change réel et la croissance économique: «The Real Exchange Rate and Economic Growth »: ‘Barry Eichengreen, 2007’

Einchengreen soutien l’idée que le maintient d’un taux de change réel à des niveaux compétitifs et l’évitement d’une volatilité excessive sont primordiales pour la croissance économique. Il rajoute également que ce n’est pas la stabilité du taux de change qui favorise la croissance mais plutôt son niveau moyen, dans le cas où le taux de change connait une surévaluation significative, il doit être rééquilibré afin d’encourager la croissance et le développement et ce à travers une dépréciation nominale conjuguée avec des politiques de modération salariales destinées à réduire les effets inflationnistes qui diminuent les revenus réels158.

De plus, Einchengreen souligne que les économistes considèrent l’éducation et la formation, l’épargne et l’investissement, les connaissances organisationnelles et technologiques comme

156MAGDA. Kandil, « EXCHANGE RATE FLUCTUATIONS AND ECONOMIC ACTIVITY IN DEVELOPING COUNTRIES: THEORY AND EVIDENCE », JOURNAL OF ECONOMIC DEVELOPMENT, Vol 29, N° 01, June 2004, P 100.

157RODRIK. Dani, « The Real Exchange Rate and Economic Growth: Theory and Evidence », John F. Kennedy School of Government, Harvard University, Cambridge, MA 02138, August 2007, P 01-02.

158EICHENGREEN. Barry, «The Real Exchange Rate and Economic Growth », the 8th annual conference of the W. Arthur Lewis Institute for Social and Economic Studies, Port of Spain, 27 March 2007, P 01-18.

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déterminants de la croissance. Le maintien d’un taux de change réel à un niveau compétitif sans volatilité améliore l’impact de ces variables.

Selon cet auteur, l’expérience des économies à forte croissance comme par exemple l’Asie de l’Est montre qu’un taux de change réel compétitif est un déterminant de la croissance par contre une volatilité accrue perturbe les exportations et l’investissement.

3.5.REGIMES DE CHANGE ET DEVELOPPEMENT : UNE ANALYSE QUANTITATIVE ‘Bouziane BENTABETet M’hamed ZIAD’

Dans cette étude qui traite la relation entre le régime de change et la croissance économique dans la région MENA (Algérie, Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) de 1980 à 2003, les résultats de ces deux auteurs suggèrent un effet significatif du commerce extérieur, de l’investissement, national et du régime de change sur la croissance de ces pays.

Pour le cas de l’Algérie, ils soulignent que la croissance est significativement influencée par le régime de change159.

3.6.Taux de change, ouverture et croissance économique au Maghreb : ‘N. ZIADI, A. ABDALLAH, 2007’

Dans une étude qui porte sur la relation du taux de change effectif réel, de son désajustement, du régime de change et de l’ouverture à la croissance économique au Maghreb pour la période 1966-2003 montre qu’en Algérie, l’ouverture ou la croissance étrangère n’influence pas la croissance économique du fait que les hydrocarbures englobent presque toute la part des exportations. En ce qui concerne la variation du taux de change réel et la nature de régime de change, ceux-ci n’ont aucun effet sur la croissance économique en Algérie. De plus, l’hypothèse de la surévaluation du taux de change réel qui nuit à la compétitivité de l’économie et à sa croissance n’est pas vérifiée dans le cadre de l’économie algérienne puisque l’insertion de l’Algérie à l’économie internationale n’est pas de type concurrentiel160.

3.7.Le taux de change réel et la croissance économique: «The real exchange rate and economic growth: revisiting the case using external instruments » ‘Maurizio Michael, 2016’

159 http://www.iefpedia.com/france/wp-content/uploads/2009/12/R%C3%A9gimes-de-change-et-d%C3%A9veloppement-Une-analyse-quantitative-%E2%80%93-Bouziane-BENTABET.pdf

160 ZIADI. Naoufel, ABDALLAH. Ali, «Taux De Change, Ouverture Et Croissance Économique Au Maghreb », Commission Économique pour l’Afrique des Nations Unies (UNECA), Rabat Maroc, 2007, P 14-15.

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Ce document examine l’effet du taux de change réel sur la croissance économique par habitant pour un échantillon de 150 pays sur la période 1970-2010.

Les résultats de cette étude dévoilent un effet statistiquement positif et significatif de la dépréciation réelle sur la croissance économique par habitant pour une période moyenne de cinq années, toutefois, ce résultat est valable uniquement pour les pays en développement. L’auteur confirme les résultats de Rodrik et conclu donc que la dépréciation réelle du taux de change influe amplement la croissance dans les pays en développement et sensiblement pour les pays avancés161.

Les résultats des travaux diffèrent d’un pays à un autre, certains économistes soulignent qu’une dépréciation de la monnaie nationale favorise la croissance économique au prix d’une inflation, tant dis que d’autres avancent qu’une surévaluation du taux de change est une source de croissance. Aucune théorie n’est parvenue à déterminer le régime de change ou bien la bonne mesure du taux de change qui favorise une croissance économique soutenue. Néanmoins, le seul point commun est que le taux de change ne produit pas ses effets directement sur les performances économiques mais plutôt par le biais des canaux de transmission.

Nous procédons maintenant à l’estimation de l’impact du taux de change sur l’inflation et la croissance économique dans le cadre de l’économie algérienne afin de pouvoir répondre à notre problématique et nos hypothèses.

161Maurizio Michael Habib and al, «The Real Exchange Rate And Economic Growth: Revisiting The Case Using External Instruments », Working Paper Series, European Central Bank, N°1921, June 2016, P 16.

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Section 02 : Approche méthodologique

L’approche méthodologique utilisée dans le cadre de cette étude consiste à la formulation d’un modèle économétrique afin d’étudier l’impact du taux de change sur l’inflation et la croissance économique en Algérie tout en mettant en relief les facteurs explicatifs les plus pertinents.

D’abord, nous mettons en avant une présentation théorique du modèle à utiliser ensuite nous décrivons les variables à étudier, leur évolution, le choix de la période d’étude et enfin la méthode d’estimation.